On peut plus rien dire

( Aujourd’hui, c’est manifs à tous les étages. Pour la Marine, contre la Marine, pour l’état de droit, pour un état de droite, pour les salaires des contrôleurs de la SNCF, pour… y a du choix. En faisant vite vous pouvez peut-être en faire 2-3 à suivre, des manifs. Si j’étais vous je zapperais la séance de footing du matin, ça remplace. Des baskets, donc, vêtu léger, et ménagez vos cordes vocales ! )

Mais je me disais : on peut plus rien dire ! (sauf ce que je me disais). Vaut mieux la fermer, c’est clair. Les taiseux, les laconiques, les pas bavards, c’est tout bon pour vous : vous risquez moins. Tenez, j’avais été frappé par l’indignation – un sacrilège, carrément – qui avait accueilli cette déclaration d’une sportive visiblement chrétienne : « l’homosexualité est un péché » , énonçait-elle. Homophobie ! s’écriait-on. Haro sur la footeuse ! Lui faire ravaler son point de vue, de toute urgence. Mais, nom d’une pipe, dans les prêches musulmans par exemple, c’est un discours constant, c’est haram, l’homosexualité, c’est un péché, tout pareil. Donc quand c’est un imam musulman qui l’énonce, ça glisse tout seul ; en revanche, une Caucasienne, chrétienne, c’est insoutenable…

C’est une opinion : l’opinion d’une chrétienne, à tort ou pas, sans doute datée, mais qui correspond à celle – identique au point de vue des imams – des autorités chrétiennes. On a le droit d’avoir une opinion, non ? non ? sans forcément vouloir précipiter les « déviants » du haut d’un immeuble – ce qui est la préconisation de certaines autorités religieuses, heureusement pas en pratique chez nous.

Idem, monsieur Praud, de chez C-Niouzes, deux-trois jours plus tôt, émet un avis sur un projet de loi assez radical, assez rude, qui préconise qu’on fasse, quasiment, signer, au préalable, un accord écrit à la personne qui nous botte, qu’on tente de séduire, avec qui l’on souhaite mélanger ses émotions, ses humeurs… selon lui, c’est juste inspiré par la rancoeur : « Il y a beaucoup de femmes qui n’ont pas eu la chance d’être regardées par les hommes et qui, de ce fait, nourrissent parfois contre eux un sentiment de revanche ». C’est très con, ce qui est dit là : une ânerie. Ceci dit, le projet de loi en question va trop loin : les non-dits ça existe, les regards, les sourires, les atomes qui se crochent, tout ça.

Donc, monsieur Praud émet une opinion stupide ? on peut le lui dire, ça sert à ça les discussions, vous déraillez, c’est très con, etc. Mais voyez : chez LFI on saisit aussi sec l’ ARCOM, le gendarme de l’audiovisuel, allez hop (ah si l’on pouvait faire interdire C-News, quel pied). Monsieur Praud est convaincu, c’est épouvantable, de radicalo-féministo-phobie ; il faut le faire taire. C’est la liberté d’expression 2.0, vue d’un certain côté, toujours le même.

Tibert

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