Pour clarifier le débat

Je ne vais pas vous causer des essais de pub éphémère sur les trottoirs : cela justifierait de longs développements. De quel droit l’espace public est-il privatisable ? vous me direz, les terrasses des bistrots empiètent largement déjà ! et en hiver c’est opaque et massif, une terrasse de bistrot, bâchée, chauffée, enfumée… effectivement, les terrasses bouffent les trottoirs, et les motos-je-me-gare-où-je-veux, et les vélos qui circulent pas gênés, et les bagnoles garées abusivement, et les crocrottes des chienchiens qu’il faut contourner. Face à ces appropriations scandaleuses du domaine public, des municipalités vont tenter de détourner plaisamment votre attention, de rentabiliser gaiement le bitume au ras du sol : Bubo-Bubon-Bubonnet, et puis Couscous Gare-Bite bon comm’là-bas, etc. Faites comme moi : essuyez-vous les pieds dessus ! à l’inverse des colombins canins, Ne laissez nulle place / Où le pied ne passe et repasse etc etc, bref, piétinons et faisons en sorte de ruiner ces initiatives indignes. La pub se met à faire le trottoir : la réalité dépasse la métaphore.

Oui, mais je voulais traiter du débat, le débat sur le racisme. Ayant lu attentivement, je vois nettement plus clair, muni de deux articles  (du Monde, what else ?) juteux et pleins de sens. Où il se dit savamment que, c’est quasi lacanien, le langage est structuré par le racisme. Le premier topo traite du « raciste pas raciste » ; le paradigme incarné de cette galipette, de ce concept oxymoresque serait l’humoriste Michel Leeb, notamment dans un sketch sur les Africains. Chapeau (*) de l’article :  » Le racisme n’est pas une opinion, mais un fait structurel  » (**). Le péché originel, en quelque sorte… Vous êtes Blanc ? c’est irréparable. Et vice-versa.

Le deuxième article se pare des oripeaux de notations scientifiques (vocabulaires R et AR) mais nous agrippe le paletot avec un titre carrément olé-olé :  » Non-souchiens ou racisé.e.s, la novlangue des dévôts de la race « . L’auteure – ou l’autrice, ou l’auteuse, l’Académie nous dira un jour, peut-être, la bonne parole – semble renvoyer dos à dos les tenants des deux camps, coupables de jargoniser des concepts bancaux. J’ajouterai qu’elle y apporte sa contribution pénétrante, je cite : «  … par exemple, le mot ‘souchien’ signifie avant tout ‘non-souchien’  « . Et toc ! c’est tout de suite plus clair, non ? la créatrice de ce néologisme sous-canidé (très très désobligeant, il faut bien le dire), avait donc en tête de désigner l’opposé de ce qu’elle voulait nommer… de l’art de viser dans les coins, en somme ; voire de se tirer une balle dans le pied.

Reste que la péroraison de ce papier qui tire à hue et à dia est, croit-on comprendre, réconfortante : il semble qu’on y défende, qu’on veuille y défendre la langue française, face aux dévôts de la race de toutes obédiences. Si c’est ça, si j’ai bon, là, je serai bref : +1 !

Tibert

(*) Chapeau, c’est tout de même plus mignon que abstract, non ? chapeau, c’est bien trouvé.

(**) le racisme, un fait structurel ? comment un fait structurel peut-il constituer un délit ?  vous avez trois heures.

2 thoughts on “Pour clarifier le débat”

  1. Lire ce qui se passe à Paris (nombril du monde et centre de l’Univers, comme chacun sait) reste toujours fort amusant quand on vit comme moi dans une ancienne étable « loftée », qui n’a pas servi depuis pas mal de temps à ses locataires originel.les* mais qui n’est tout de même pas celle de Bête-les-Aime. Certains jour de pluie, quand j’ai emménagé il y a une dizaine d’années, il y flottait parfois encore une légère odeur de bouse sèche. Mais ça sent bon, la bouse naturelle entièrement à base de fleurs des champs. Et la superbe charpente toute taillée-main vaut bien quelques petits sacrifices ; c’est elle qui m’a séduit.
    Une question que je me pose : est-ce qu’on devient parisien par dévolution ou par… destinée ? Après tout, j’ai été Rédac-Chef pendant près de dix ans de deux zagamines dont le siège se trouvait rue Darwin (dans le 18ème, juste au bas des escaïers de la Butte) et, exceptées une ou deux escapades mensuelles dans la capitale, je téléguidais tout d’ici, au miïeu des canards ! Vive Internet, grâce auquel y a désormais aussi une vie ailleurs qu’à Pantruche ; même que des fois, elle est pas triste, je vous prie de me croire !
    La buplicité envahit les trotwars parisiens, dites-vous ??? Navré pour vous, mais c’est pas nouveau : tout juste après la guerre, alors que j’étais encore un bambin joufflu (soupîîîîrr…), j’avais déjà vu ça sous forme de projection de diapos à la verticale sur les trotwars de Zürich. Bon, c’était en Suisse, OK !
    La solution ? ici, même en ville, y’a PAS de trotwars !
    Autre chose. Le français baragouine ? Eh bien, cher Tibert, vous ne saviez pas encore que plus une pensée est indigente – pour ne pas dire rudimentaire** ! -, plus elle éprouve la nécessité de se parer d’oripeaux (de zébi) chatoyants ? Une grande partie de la force de nos zorglommes politiques ne va pas chercher plus loin ses appâts (au sens « vache laitière » du terme ; façon calendrier routier Pirelli). Quant aux néologismes forgés de toute(s) pièce(s) pour combler les lacunes du vocabulaire extrêmement restreint du p’tit d’jeun’ d’aujourd’hui – mais pas que ; les pisse-copies aussi font très fort ; du genre « dangerosité » pour risque… ou plus radicalement encore « danger » tout simplement -, je crois avoir déjà dit ici ce que j’en pense (de bwebis feurcie…)
    Partir d’une étable pour parvenir aux pis Relli, avouez qu’il fallait oser ! La boucle est bouclée. Quant à la pub qui fait le trottoir, a-t-elle seulement jamais été conçue pour autre chose ? Vous vous souvenez des graffitis pornos de Pompéï ? Un temps, il fallait même soudoyer les gardiens du site pour soulever les panneaux de bois qui les masquaient… Publicité payante, déjà !

    *Cette torduegraphie inclusive à la con est l’une des plus superbes âneries que j’aie vue depuis que je sais tenir une Sergent-Major…

    ** La « speakanalyse » (comme dit mon p’tit n’veu de Sydney) a même édifié là-dessus son fonds de commerce et ce ne sont pas Lacan et ses séides qui me diront le contraire !
    Et à part ça, le réveillon, c’était comment ? Moi, super !

    1. Réveillon ? récapitulons : huit huitres (dur à prononcer, huit huitres) de Bouzigues calbre 3 avec jus de citron et toasts aux rillettes de canard, et puis… heu… j’ai oublié…? ce me semble, des spaghetti aux brocoli, pignons de pin grillés et anchois – délicieux. Et une lichée de Muscadet sur lie par là-dessus. Un vieux comté farpumé en fines lamelles sur une bonne pomme croquante, juteuse et sucrée. Houala… vous savez tout.
      Au fait, appâts… « ne va pas chercher plus loin ses appâts… » : appas serait plus indiqué, façon Molière et bonnets 90-C, comme vous le soulignez. Mais c’est une coquetterie de langage, fi donc.

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