« Vite bâclé », en Rosbif, se dit quick and dirty. On sait que la chaîne Avalàlavavite (ce n’est pas du javanais) Quick interdit désormais au chaland de Roubaix qui a une petite faim pressée de manger chez elle du lard, du jambon, même du non-porc pas béni par le mufti du coin. Tout hallal (sauf la bière, paraît-il) ou passez votre chemin. C’est maintenant un resto Avalhallalàlavavite.
Et les responsables d’expliquer que c’est « une expérience ». Le canard cité ici nous dit : « (…) le marché de l’alimentation hallal en France est une niche en plein essor, évaluée à près de 5,5 milliards d’euros pour 2010, selon Solis, un cabinet spécialisé dans les études marketing ethniques (*). « Nous voulons seulement voir comment la clientèle réagit à cette offre », explique la marque » (Quick, NDLR). « Offre« , disent-ils ? terminologie approximative : offre obligatoire.
On serait tenté de rouspéter. Communautarisme, exclusion, sectarisme blahblahblah. Mais réfléchissons deux secondes, ou plutôt posons la question « restaurants casher Sarcelles » à notre moteur de recherche chéri. Aussitôt sous nos yeux ébahis se dresse une liste d’une douzaine de lieux. Il existe donc des restaurants confessionnels juifs en France. Surveillés sérieusement par le Beth-Din du coin. Bien… et cela pose-t-il problème à la laïcité ? pas que je sache.
Il me souvient que rue du Chemin Vert, à Paname, on trouvait jadis une boucherie Casher pas chère (elle a disparu) ; de même au long de l’avenue de Paris au Kremlin-Bicêtre, et autres places, trouve-t-on plusieurs boucheries Hallal : et alors ? c’est pour les croyants, les pieux… nul ne me met un flingue dans le dos pour me contraindre à hallaler y acheter mon bifteck. Les restos végétariens ? pas moyen de s’y mettre un morceau de viande sous la langue… c’est confessionnel tout autant. Poussons un peu plus : les sandwicheries ? on y pratique la religion du sandwich, impossible d’y acheter des piles jetables ou du pétrole lampant. Scandaleux, non ?
Ne connaissant pas Roubaix, je suppute qu’une forte communauté musulmane y réside ? forte, voire très largement représentée ? si les musulmans de là-bas préfèrent une bouffe approximative et fissa-fissa mais hallal plutôt que de se taper de bons petits plats au caboulot du coin, c’est dommage mais c’est leur choix… et si je veux déguster une belle côte de porc-persil-purée arrosée de vin rouge, je vais ailleurs qu’au Quick de Roubaix : il y a encore le choix.
Souhaitons toutefois que le Quick fissa-bouffe de Roubaix indique TRES CLAIREMENT que c’est Hallal chez eux et rien d’autre. Qu’on sache à quoi s’en tenir ! Quant à moi… eh bien, pour moi c’est tout vu. Je mange, disons, environ 2 à 3 fois par an dans un rapido-bouffe. Au petit bonheur (si l’on peut dire) du hasard et de la dure nécessité, quand il fait très faim et rien d’autre à se mettre sous la dent. Je persisterai à fréquenter ces enseignes au plus 2 à 3 fois par an, en faisant un large détour si c’est du Quick. J’ai horreur de bouffer hallal, casher, confessionnel… ma mécréantise se rebiffe. Et je vous invite à en faire autant.
Un dernier mot : la presse nationale nous a bassinés en son temps avec le Ramadan, la fin du Ramadan, la fête du mouton, tout ça… aucun intérêt, mais ça meuble. Hier c’était le Mercredi des Cendres, le début du Carême pour les Chrétiens. Quel canard en a causé, sinon les feuilles cathos ?
Tibert
(*) Quand certaines âmes sensibles s’émeuvent à entendre « statistiques ethniques » – ciel ! c’est ethnique, les boîtes de markétinge, elles, ont peu d’états d’âme, justement. Markétinge ethnique, fric, et toc.