Aux USA, on va voter, comme ils disent, au « midterm« , à mi-course du mandat décoiffant de monsieur Trump. Des législatives, en quelque sorte, pour corriger le tir de l’élection tonitruante de Donald T, ou, si ça se trouve, pour enfoncer le clou populiste et mal hotru d’il y a deux ans. A ce sujet, on glose, dans Le Monde, sur les dizaines de milliers de citoyens états-uniens qui ne pourront pas voter, Amérindiens, Noirs, Latinos… pour des raisons diverses et pas toujours honnêtes.
Cependant, chez nous, en opposition avec ces dispositions contestables, voire louches, nos Chefs ont pris d’autres initiatives : TOUS les handicapés vont pouvoir se pacser, se marier – puis éventuellement divorcer, ça se passe dans cet ordre-là – et voter ! Tous les handicapés ? tous. Un paraplégique, un aveugle, une manchote… ça va de soi. Mais un trisomique, une Alzheimer, un autiste ? Je cite l’intéressant article du Monde, encore lui, qui traite de ce sujet : « Avant 2009, la norme restait l’interdiction [ du droit de voter, NDLR] et le juge pouvait être saisi pour la lever. Aujourd’hui, les personnes sous tutelle ont toutes le droit de voter et c’est au juge de demander une interdiction. (…) L’Unapei estime à 100 000 le nombre d’handicapés mentaux sous tutelle en France, ce qui porte à 400 000 le nombre total d’handicapés mentaux en âge d’être inscrits sur les listes électorales« .
Voilà : avant on pouvait autoriser à voter, maintenant c’est par défaut la démarche inverse. Je ne sais pas comment les juges chargés des tutelles vont affronter, se coltiner ces 100 000 interdictions éventuelles du droit de voter ; songeant aux pratiques de nos politiciens, incontournables visites aux maisons de retraite, chaleureux serrages de cuillères aux mamies plus très opérationnelles dans leur fauteuil roulant (« et surtout n’oubliez pas d’aller voter dimanche ! Dugenou, vous vous souviendrez ?« , je m’interroge… derrière ces manifestes « bonnes intentions », est-ce bien sensé, et surtout franc du collier ?
Tibert
… Si j’étais méchant (ce que je ne saurais être, vous me connaissez !), je dirais que ça ratisse profond du côté de nos zommes pilotoques. Pour avoir créé et dirigé un temps un CAT (du temps que ça s’appelait comme ça ; le « Logis de Pompois » à Thouars, dans les deux Chèvres ; il y existe toujours), je dirais que j’ai souvent rencontré des « handicapés mentaux » – ou classés comme tels – dont le QI était largement supérieur à celui du politicien moyen. Ben oui. Et pas qu’en France…
Je me souviens avoir fait (sur ordre de ma direction générale) visiter mon établissement à un homme politique libanais, arrivé de Beyrouth pour s’inspirer de nos méthodes afin de créer une série d’établissement similaires au Liban.
J’ai passé (perdu ?) ma journée à faire visiter les divers ateliers, à expliquer et illustrer nos méthodes, à faire le portrait de notre pensionnaire-type, etc. etc. à un type resté muet comme une carpe durant toute mon « exhibition »…
Le soir venant et alors que je commençais à en avoir ras-la-casquette de tout ça (j’avais d’autres chats à fouetter !), je termine la visite en l’invitant à poser les éventuelles questions que sa journée ne pouvait pas avoir manqué de susciter…
Après un moment de réflexion, le type se lance : « Et quel est, selon vous, votre pensionnaire le plus handicapé ..? »
J’avoue que je m’attendais à tout… sauf à celle-là ! Mais comme il en faut d’autres pour me déstabiliser, je lui ai répondu, du tac au tac « … Jusqu’il y a peu, je croyais que c’était moi… mais j’avoue que depuis peu, j’ai comme un doute… »
Je n’ai jamais plus eu de nouvelles de son projet.
Effectivement, 1) bien des gens supposés sains d’esprit sont stupides politiquement, et votent pour la couleur de la cravate ou le mignon minois ou tout autre critère imbécile ; 2) des tas de handicapés mentaux sont assez « intelligents » pour pouvoir voter lucidement ; mon propos est de m’interroger sur la capacité de la Justice à détecter et traiter les incapacités des 100.000 handicapés mentaux qui aujourd’hui, par défaut, ont le droit de vote ! alors qu’avant c’était la démarche inverse…
Je vais vous dire : bien des Français catalogués mentalement normaux votent comme des ânes, sans aucune idée politique claire. Alors, qu’on fasse voter les Alzheimer… ça ne changera pas grand-chose. Soyons fous, comme on dit !
Tout à fait d’accord, madame Olga. C’est ce que je concédais à T.O. dans ma dernière intervention. Oh que oui je connais des « sains d’esprit » qui ont politiquement la jugeote d’un petit pois ! Mais on rejoint là le débat sur le « bon » seuil des facultés mentales : Hitler avait réglé ça à son aune, ce qui a donné des résultats épouvantables (et nous voilà au point Godwin !).