Bon, vous avez lu les journaux ? Le Monde fait dans l’euphémisme (« des affrontements »…), Le Parigot parle de « chaos », etc, on ne va pas énoncer toutes les variantes de ce que De Gaulle appelait la chienlit. La fonction régalienne de l’Etat qui consiste à maintenir l’ordre, la paix civile et la sécurité des biens en a pris un coup sur la cafetière hier, à l’occasion du troisième opus de Gilles et John – enfin, de tous ceux qui, affublés de la chasuble bouton d’or en guise d’étendard ou de faux nez, ont consciencieusement saboté, détruit, brûlé, tagué, etc. Cela s’appelle de la subversion.
Mais, certes, on a coincé un nombre record de fauteurs de troubles supposés. Ouais… on connaît par coeur le scénario à suivre, quand il va s’agir de les châtier : 1) ils passaient par là par hasard, candides et sifflotant un air joyeux, 2) Y a pas de preuves, 3) Ils ont eu une enfance malheureuse. On en punira, allez, une douzaine. Et des petits rappels à la loi, qui ne mangent pas de pain. Bref on prétend éteindre un feu de forêt avec un goupillon trempé dans l’eau bénite.
Le préfet du 4-3 retranché au troisième étage de la Préfecture du Puy, observant les CRS tenter de protéger les lieux (qui ont cramé en partie), c’est l’image de nos institutions (*). Je pense, nous sommes nombreux à penser que c’est fini, ça doit changer, le style paire de motards ouvrant la route à la grosse bagnole noire et rutilante avec son fanion tricolore. On pourra pointer la surdité et la cécité de ceux qui nous gouvernent, et ça ne remonte pas à hier matin. Surdité, cécité, et j’y ajouterai arrogance et condescendance, les deux mamelles de celui qui vous propose 3-4.000 euros pour acheter, et plus vite que ça, des bagnoles aujourd’hui (demain, on ne sait pas) politiquement correctes qui en coûtent huit à dix fois plus, changer de chaudière – une pompe à chaleur, voyons, y a qu’à mettre une pompe à chaleur ! – et puis quoi ? Et, tenez, le coup du 80 km/h, c’est exactement de la même veine, aussi condescendant et déconnecté de notre quotidien. En fait ça devait forcément, cyniquement, provoquer plus de « prunes », rapporter du fric : du fric « pour la transition écologique« , qu’ils disaient ! Tout comme le surcroît de taxes sur les carburants dont on sait qu’il doit surtout servir à compenser le manque à gagner sur la taxe d’habitation, bien qu’invoquant le motif hypocrite et faux-cul des Saintes Energies Renouvelables.
Tibert
(*) Tenez, cet article de La Montagne, le canard des Z’auvergnats ; un député du Cantal s’y épanche sur l’arrogance et la condescendance, etc etc… je lui ai même piqué ses mots : on est d’accord, lui et moi.
« La fonction régalienne de l’Etat » dont vous parlez, cher Tibuche, pourrait même, tout bien considéré, s’avérer sa seule fonction licite. Assurer l’ordre, la défense, la protection et la sécurité des biens et des personnes sont les bases sur lesquelles se construit toute organisation sociale. Tout le reste n’est que littérature et blablabla… Vous parlez à juste titre de ces grosses limousines noires à fanion tricolore précédées de couples de motards : l’image même du ministre en déplacement dans ces contrées reculées où grouille la piétaille. Est-ce que l’un – un seul ! – de nos ministres se souvient qu’à l’origine, le mot latin de « minister » (génitif ministri) désigne un serviteur ? on ne trouve encore ce sens que dans l’expression archaïque de « ministre du culte », c’est à dire celui dont le service était d’assurer le culte.Voilà un terme dont le sens est depuis fort longtemps perverti. Mais la race humaine EST perverse.
Je lisais sur un autre site quantités de propositions offertes à notre réflexion par les adeptes de Gilles & John pour revenir aux fondamentaux de la « chose publique ». Plein de choses fort intéressantes parmi lesquelles se trouvent à coup sûr « la » ou « les » solutions à la ou aux situations actuelles. Sauf que l’Europe – qui devait nous apporter ces solutions… bien heureux angélisme ! – n’a fait qu’ajouter les problèmes des autres pays aux nôtres propres et qu’en tout état de cause, ces solutions exigeraient, pour être efficaces, une propension à l’honnêteté proche de la sainteté – ou tout du moins de l’ascétisme ! – de la part de ceux chargés de les mettre en oeuvre…
Vous savez comment on attrapait les singes jadis en Afrique ? On creusait un trou de la taille du poing fermé de l’animal dans une noix de coco vide fixée au tronc d’un arbre. Puis on emplissait au deux tiers ladite noix de cacahuètes.
Le singe passait son poing dans le trou, l’emplissait d’arachides… et ne pouvait plus le sortir, vu le volume qu’il avait pris. Mais sa cupidité était telle que l’idée de lâcher les cacahuètes lui était impensable… et donc il restait coincé, prisonnier de son avidité, et il suffisait l’aller ensuite le récupérer tranquillement.
Jamais je n’aurais osé prétendre ici que nos chers zorglommes politiques sont au moins aussi cons que des singes : vous me connaissez !
Pourtant, certaines fois quand même…
T.O.
Vous avez bon, si je puis dire. Toutes les tentatives de créer des sociétés « meilleures » se sont fracassées sur la triste réalité, à savoir que dès qu’un être humain détient un poil de pouvoir, il en abuse, ou alors il est carrément atypique – incapable, saint, illuminé, bref inapte. Il me souvient d’une employée de bibliothèque publique, obscure « gratte-papier » donc, que j’ai dû solliciter pour renouveler ma carte d’accès : elle m’a montré son pouvoir – de nuisance en l’occurrence – et envoyé sur les roses, ayant trouvé le défaut formel et idiot qui tue. Pas grave, à cette échelle. Mais plus haut… c’est pareil ! et bien plus gênant.
… Mon père disait : « Pose n’importe quelle casquette sur la tête de n’importe quel abruti, et aussitôt le voilà chef-de-gare… »
Hélas.
Arrogance, Condescendance et Incompétence ! vous ne me ferez pas croire qu’il n’était pas possible de recevoir l’information par quelque indic ou proprio du saccage de boutiques et autre local samedi par des hordes tardivement arrivées. Il suffisait d’y envoyer des pitbulls, des milices issues des forces spéciales de police, de gendarmerie ou d’armée de terre pour leur foutre une bonne raclée … ou alors c’était voulu … attention, on dit « jamais 2 sans 3 » !
Oui sauf que l’armée n’est pas entraînée à gérer des manifs sans casse ! avec des troupes militaires entraînées au combat de rue ce serait vite réglé mais il faudrait ramasser les cadavres ! je vous laisse imaginer les réactions… je redis ici que la démocratie est faible et dépourvue de réponses adéquates à ce genre de situations. Une seule bavure policière et c’est tout un pataquès, les journaleux de Pediamart et de A2 s’étranglent d’indignation, mais agresser et blesser des flics à coups de billes d’acier ou de pavés c’est « une juste colère » !! Il serait effectivement judicieux et utile de gauler massivement les vrais casseurs, ceux qui montent les barricades : il y faudrait des unités de police dédiées.
Ceci étant, la justice est tout aussi faible. Voyez les peines des types pris samedi : trois mois avec sursis ! rien, quoi. Il est urgent que l’on définisse et fasse appliquer des peines de « réparation ». Tags sur les immeubles ? au kärcher jusqu’à ce que ça brille ! pavés arrachés ? à la réparation des chaussées. Et sans sursis. Mais comme vous le savez, un petit bémol : la justice est indépendante.
Tiens, une citation pour remonter au début de mon premier commentaire sur cette série :
« Le pouvoir politique a pour fonction essentielle de poser les conditions de la justice sociale, sinon il perd sa légitimité. C’est parce qu’ils ignoraient cette fonction que les présidents et les partis dominants ont été tour à tour éliminés”
Blog de Bertrand Renouvin.
De mon côté, j’ai parlé de « seule fonction licite » là où vous parliez de « fonction régalienne », mais c’est kif…
Soupîîîîr…