Hier encore ( j’avais vingt ans gnagnagna… où sont-ils à présent mes vingt ans…) je répondais à un distingué commentateur de ma prose : « ( Au fait, les péages autoroutiers n’ont pas été suffisamment mentionnés. L’appropriation de ce réseau par des boîtes privées est un scandale en soi ; les tarifs exorbitants en sont un autre.)« . Et, tiens, rattrapé par l’actualité, je lis ce matin que dans la nuit le péage de Bandol, sur l’A50, a grillé ! des GJ pyromanes, mais au lieu des palettes et des pneus, c’est un poste de péage…
Et vous savez quoi ? la ministre des transports est transportée de détresse à évoquer les pertes déclarées par les sociétés d’autoroutes au cours des semaines écoulées. Deux-cent-cinquante sites de péages touchés… horreur… et le ministre de l’écologie, dont on se demande d’où il parle – l’écologie des péages, ça fonctionne, ça ? – De Rugy de se lamenter : « Sans doute que c’est l’Etat qui va devoir payer une grande partie de la facture (…). Ou sinon, cela sera répercuté d’une façon ou d’une autre sur les tarifs d’autoroutes, ce qui est bien dommage ». Bien dommage, ah la la ma pauvre dame.
Je ne fais pas ici l’apologie du vandalisme, cramer des installations c’est très très con, mais tout de même ! pas un poil de recul chez nos ministres ! à emboîter le pas aux sanglots de Vinci et consorts ! Payer quasiment 40 euros de droit d’usage pour faire Clermont-Ferrand-Paris par autoroute, c’est normal, ça ? Ils réalisent ? non. Ils ne réalisent pas.
Puisque nos Chefs sachant-sacher sont si à cheval sur les chiffres de la mortalité routière, à surveiller ça comme le lait sur le feu, au mort près : c’est sur les autoroutes – NOS autoroutes, on les a payées, elles sont aux Français – qu’on se tue le moins. Il est évident que des tarifs de péage raisonnables, jouables, permettraient au plus grand nombre de rouler sereinement, vite et en sécurité. Moi-même, je ne prends l’autoroute que contraint et forcé, la mort dans l’âme : question de principe. Je préfère me payer une bouffe, un pot, ou faire des économies, que d’engraisser le concessionnaire-propriétaire de l’autoroute et ses actionnaires, qui me feraient pourtant gagner du temps en toute sécurité. Ceci dit, si fortuitement, un opportun hasard, la barrière de péage est hors service, ça peut changer la donne…
Tibert
… Et encore, ne vous plaignez pas Tibuche : en Espagne, y’a des « autopistas » où on a droit à un péage tous les 500m… Enfin, pas tout à fait mais presque ! Quant aux « autrostrade » italiennes, mieux vaut pas les emprunter… surtout quand il y a des ponts ! C’est pas Valéry-Squart-de-mes-deux qui nous avait assuré qu’après 30 ans de « concession au privé », nos belles autoroutes chèrement payées nous reviendraient ? Ou j’ai rêvé ?
Ouais. Ben elle est belle l’Europe avec tout ça !
Certes. Mais que vient faire l’Europe dans tout ça ?
Au fait, j’ai pu jouir, si je puis dire, d’un barrage filtrant des GJ à l’orée d’un rond-point : vingt bonnes minutes à mijoter quasi à l’arrêt. Et j’ai été effaré par les interminables files de camions – des balèzes, des gros ! – de toutes nationalités, stationnés-plantés comme moi et ma modeste charette. On a du mal à réaliser, mais notre pays est un gigantesque billard à semi-remorques !
Mouiiii… et y’a des endroits où on se demande où ils ont appris à conduire ! Notamment pas loin d’ici, sur « la Narbonnaise », où les gros-culs espagnols de puissance à peu près équivalente font la course entre eux pendant des kilomètres en bloquant les deux voies de l’autoroute, au grand dam des bagnoles qui ne peuvent pas doubler et qui sont obligées de les suivre à la queue-leuleu…
Je m’en étais plaint un jour à un gendarme lors d’un contrôle : « Oui, on sait monsieur. Mais il faut qu’on les prenne en flagrant délit, et ça c’est pas gagné… »
En attendant, je ne suis pas pour prendre les suisses comme modèle, mais leur vignette obligatoire pour les véhicules étrangers qui « usent » de leurs autoroutes, c’est vraiment pas con : y’a certaines de nos infrastructures (autoroutes de l’Est, par exemple) où on voit plus de camions tchèques, hongrois ou roumains – quand c’est pas carrément russkoffs… – que de poids lourds français ! Et qui c’est qui paie ?
J’avais déjà soufflé à nos Chefs cette recette helvète de la vignette-autoroute annuelle : simple, pas de prise de tête ni de logiciel indémerdable ni de portiques ruineux, mais efficace. C’est sans doute trop simple, ça doit manquer de sophistication, nul écho à ma suggestion. Mais les portiques Ecotaxe, ça c’était bien français, complexe et boursouflé à souhait, et direct à la poubelle – à nos frais, y compris la mise à la poubelle.