En cette dure aridité journalistique de juillet, réduite, c’est dire, au Tour de France, voilà du supposé juteux et neuf : le précédent titulaire du poste de Président de l’Assemblée Nationale, monsieur De Rugy, a paraît-il organisé des gueuletons somptueux en son pied-à-terre professionnel, l’hôtel De Lassay… des gueuletons à nos frais, ça va sans dire, sinon ça n’aurait pas intéressé les journaleux. On y a dégusté du homard de concours et bu du Château Cheval Blanc (*), des trucs ruineux… Là où le bât blesse –Médiapart le dit, avec toute la bienveillance qu’on lui connaît 😉 – c’est que De Rugy y aurait invité ses amis : pas des repas d’affaires, donc !
Médiapart contre Gala, en somme, en un match assez équilibré… madame De Rugy bosse en effet pour le second, brouet journalistique pipôle, dont d’antiques exemplaires fatigués meublent classiquement, accompagnés de Notre Temps, les pénibles attentes chez le dentiste. Médiapart serait-il jaloux ?
Mes amis, il n’y a là aucun scoupe, c’est populiste, c’est d’un banal ! on soulève là pour la n-ième fois un coin du voile sur l’inusable même scène, extraite du vaudeville « La soupe est bonne » , sur le thème de l’usage traditionnel, gaspillatoire et douteux des deniers publics. Si De Rugy a claqué un chouïa de nos impôts en bouffes abusivement somptueuses, il n’est que le successeur d’innombrables fines gueules à nos frais.
C’est un grand classique, tenez : au cinéma… L’exercice de l’Etat. On y voit Michel Blanc, Chef de Cabinet du ministre des Transports Olivier Gourmet – un nom prédestiné – se taper une copieuse collation faite maison avec un copain de promo de l’ENA, alias Didier Bezace, venu discuter carrière en privé : il arrose son mâchon, non d’un « Vieilles Treilles » de chez Magnat-Villages, acheté la veille chez l’arabe du coin, mais d’une bouteille de Montrachet bien évidemment prélevée sur la cave du ministère. Il est vrai qu’il bosse à pas d’heures, c’est dur, l’exercice de l’Etat… faut se sustenter…
Un autre ? Les saveurs du palais, bâti sur une histoire vraie : Catherine Frot en cuisinière personnelle de Jean D’ormesson-Mitterand, lui concoctant de petits soupers « tout simples » à l’Elysée : eh oui, c’est fatigant, la bouffe de la Cuisine Centrale tous les jours. Et d’aller chercher en catastrophe et en TGV 1ère classe de belles truffes fraîches, du côté de Brive, pour raviver les papilles fatiguées de Tonton…
Bref : rien de nouveau, Médiapart en mal de copie nous ressort là de vieux clichés sur le mode de vie de nos princes républicains, et De Rugy est fondé à réagir façon « ben quoi… c’est banal, normal… pas de quoi s’esbaudir »… Là est le drame, mes amis : c’est effectivement normal ! s’humecter le gosier au Ministère entre grosses légumes ou proches amis avec un honnête Corbières à 10 balles ? se taper de la lotte au lieu du homard (**) ? non mais, vous rigolez, ou quoi ? Il ne peut y avoir que du haut de gamme dans les frigos des ministères ; on ne fait pas les courses chez Lideul, dans les ministères.
Tibert
(*) Du Saint-Emilion – rouge évidemment – sur du homard ? il doit y avoir maldonne.
(**) voir plus haut, même anomalie d’accord mets-vin. Quoique, de la lotte (de la baudroie) à la bordelaise ?
Ce qu’il y a de bien aujourd’hui, grâce aux réseaux « sociaux » notamment – … ce que bien avant leur création VGE appelait « les autoroutes de l’information » sans du tout se douter qu’il en serait un jour lui aussi la victime… – c’est que TOUT se sait ; voire même est filmé, même les remugles de perversion les plus malodorants. Et tiens, à propos de gastronomie (et des oeufs brouillés aux truffes chers à notre VGE déjà cité, pour lesquels il convoquait la brigade des chefs à n’importe quelle heure du jour ou de la nuit, jusqu’il y a peu les cuisines du Palais avoisinaient les appartements privés de la Présidence. Pourquoi ? Parce que Vincent Auriol – à qui on doit une rénovation importante de l’Élysée, dont la suppression de la « cage aux singes », l’horrible verrière qui défigurait tout le perron d’entrée – souffrait lui aussi de petits creux à pas d’heure et avait pour habitude d’aller se mignoter son frichti lui-même et en personne, histoire de ne pas réveiller indûment ses valeureuses troupes de maîtres-queux…)
Mais revenons à nos réseaux-délateurs : je pense à des « parents » qui ont récemment filmé leur gamin attaché à poil à un arbre (avec moult gros plans sur le zizi) et diffusé ensuite la vidéo sur le Net, pour le « punir »… La nouvelle vient d’une agence de presse internationale sous tutelle russe mais répandue dans le monde entier ; ça s’est passé du côté de Béthune (Y’avait pas un notaire qu’avait eu droit à ce genre de publicité il y a qqs décennies dans le même coin ? Ça doit tenir à l’atmosphère* marine du sol mineur, qu’elle est mauvaise là-bas…) et ça devrait être jugé prochainement au tribunal de. Mais non d’un Schtroumpf de Mordel de Berde !!! y’avait pas des procédures « à huis clos » pour ce genre d’affaires, jadis ? Est-il vraiment besoin d’étaler au grand jour toute la perversité de l’espèce humaine, au risque d’éveiller certaines… vocations sous-jacentes ? À qui profite le crime là-dedans, au final ?
Mais bon, je suis moi-même désormais un vieux schtroumpf (rien à voir avec Onc’ Donald, rassurez-vous…) et je n’arrive pas à me faire à l’idée que tout ça s’appelle le progrès ; comme par exemple… notre cher baccalauréat généreusement octroyé à plus de 88% des postulants.
Quand je vois le français – et surtout l’orthographe ! – pratiqués ultérieurement par lesdits « lauréats », je m’interroge sur le niveau de désolation des calamités qui ont bien pu valoir aux 12% de recalés restant d’avoir… trébuché sur ce tremplin à nullités ! Faut vraiment le vouloir, non ???
Ch’ais pas où c’est qu’on va, mais on y va… et bille en tête ! Qui disait déjà : « Le progrès marche comme les écrevisses : à reculons, à reculons… » ?? J’ai pas encore retrouvé.
T.O.
(*) « Atmosphèèr’ !? Atmosphèèèèr’ ?? Est-ce que j’ai… », etc. etc.
12 % d’échec au bac’, c’est nettement plus intéressant que les sèches-cheveux dorés à la feuille d’or ou les grands crus gaspillés au bénéfice de gens qui n’y connaissent probablement rien et supposent que le Pouilly-Fumé est un Pouilly-Fuissé boucané au bois de hêtre : nos dirigeants puisent à peu près tous et sans états d’âme dans une manne sans fond – il suffit d’augmenter les impôts. Mais laisser 12 % de nos gamins sans ce diplôme-pochette-surprise qui ne signifie plus rien, c’est ça le scandale. Il faut le donner à tous : les recalés vont devoir faire boucher, maçon, plombier, carreleur… quelle horreur ! dire qu’ils rêvent de vendre, en costard-cravate, des canapés hideux chez Butorama…
C’est vrai que ça interroge, ces pourcentages massifs. Elles sont devenues, nos chères têtes blondes, terriblement plus performantes que celles de ma génération ! le Q.I. moyen monte, monte… dommage qu’on ne puisse pas aller au delà de 100 %, l’Educ’Nat serait pour.
Mais je vois que vous me rejoignez, là, sur les moeurs dispendieuses de nos élites. En somme : Médiapart fait du pastiche de Gala pour pas grand-chose, tant il y aurait à dire. Les Gilets Jaunes auraient de quoi être remontés comme des coucous sur un truc comme ça, mais en ce moment ils fatiguent…
… Remarquez, le Bac fonctionne – ou fonctionnait ! – aussi dans l’autre sens… Après mes trois bacs (Eh oui : l’examen probatoire (!) imposé UNE SEULE ANNÉE, en 1963 ; le bac Sciences-Ex l’année suivante et à l’instigation de notre prof de Philo (Jacques Lumalé, honneur à sa mémoire) le Bac philo, passé en septembre de la même session « pour la gloire » : étant déjà bachelier, je n’ai eu à repasser qu’une épreuve de français et une de philo, bien entendu…), j’envisageais de faire l’École Vétérinaire, ayant toujours eu un « contact » peu commun avec nos frères zanimôs. Je me procurai donc les annales des épreuves d’entrée des années précédentes… et demeurai complètement découragé par le niveau en math, matière où je me suis toujours montré d’une nullité exemplaire !
Des années plus tard, je discutai de la chose avec le vétérinaire d’Erstein – venu chez nous pour soigner l’un ou l’autre des 17 (!!) chats et chattes de ma compagne de l’époque – et que j’assistais pour lors. Je lui fis part de mon désarroi : « Eh oui, me répondit-il : vous savez combien de jeunes médecins-généralistes débutent en bossant comme des fous pour un salaire à peine égal au SMIC ?* Pour éviter ça pour les vétos, on a imaginé un niveau mathématique quasi-hors normes, histoire de faire redoubler deux à trois fois la première année aux « apprentis » : seuls ceux dont les parents pourront assumer la dépense répétée continueront le cursus. Il fallait une forme de sélection rigoureuse à l’entrée, on a choisi la plus vieille : la sélection par le fric. J’en ai souffert moi-même et ça fait que des gens comme vous, qui auraient fait d’excellents praticiens, se retrouvent sur la touche. Ou découragés : rares sont les animaux qui savent compter au-delà de trois ! »
T.O.
(*) D’où le « Numerus Clausus » imposé jadis par Hollande et ses sbires. Avec le résultat qu’on sait et les « déserts médicaux »… d’aujourd’hui… Question : vaut-il mieux un médecin, même pas forcément génial, ou pas de médecin du tout ?
Le fait est qu’un toubib (ou véto) mauvais en maths, ça la fout mal, pas vrai ? pour compter les globules rouges…