Peau de chagrin chez les ploucs

C’est du vécu, une belle tranche de vécu. Tout frais : voilà, je dois poster un colis assez urgent – du matériel électronique à réparer. Samedi c’était trop tard pour aller à la poste, j’attends ce lundi. Et ce lundi matin 9 heures je vais au bled le plus proche, what else ?, 4 km à parcourir, trop long pour aller à pied, trop crevant à vélo (gros dénivelé), et donc je prends ma caisse. Patelin vivotant mais vivable, 2.000 habitants environ, deux boucheries, deux boulangeries, trois restos, deux supérettes, un dentiste… et une poste ! pas une agence postale, non, une Vraie Poste. Mais… la poste «est fermée le lundi toute la journée».

C’est nouveau, avec un bel écriteau en dur sur la porte. Notez bien que le courrier est distribué, on voit vaquer les facteurs-et-les-factrices dans la rue, mais le bureau, lui, est fermé… en juillet elle était ouverte le lundi. Rude nouvelle, mais bon… le service public, hein, il y a des hauts mais aussi des bas… donc je reprends ma caisse – diesel, 10 ans d’âge, environ 7 litres aux 100 – et je vais au bourg le plus proche, 6 km de là, plus gros, avec une belle poste. Mais la poste… est close : elle «ouvre de 10 h. à 12 h. le lundi». Il est 9h 20… que faire ? attendre quarante minutes ? pfff… je décide, puisque j’ai deux-trois courses à faire au chef-lieu de canton, d’y aller  aussi sec : on y dispose de deux bureaux de poste ! c’est 10 km plus loin.
Rendu sur place à la première poste, la plus importante : elle est fermée ! pour cause de rénovation. Eh bien… mais 2,5 kilomètres plus loin, la deuxième poste, elle, est ouverte ! alleluïa, merci Mon Dieu et le Service Public.

Bref j’ai roulé 40 km aller-retour pour aller poster un colis, j’ai perdu un temps considérable, j’ai brûlé 3 litres de gasoil soit environ 4,20 euros. Que dire ?  C’est un service public de m… qui nous est fourni, malgré des taxes et des impôts mahousses. On veut clairement pousser tous les «ruraux» à peupler, eux aussi, des achèlems blêmes avec vue imprenable sur la barre d’en face et les rodéos de Mobs trafiquées en dessous, les contraindre à fuir les cambrousses : les cambrousses ne sont pas rentables !

Au fait, ce serait trop demander, puisque les buralistes, les bistrots, les… font couramment office de point-relais pour retirer des colis, qu’ils le fassent aussi pour déposer des colis ? c’est trop dur ? pourtant ça n’a pas l’air si compliqué, même les postiers y arrivent !…on veut nous faire crever, ou quoi ?

Tibert, fatigué

3 thoughts on “Peau de chagrin chez les ploucs”

  1. … Mouiiii ? et vous croyez que c’est nouveau ? dans le courant des années 70, j’habitais un charmant village des environs d’Obernai, en Alsace. Il y avait un bureau-de poste débit de tabac permanent. Permanent ? Sauf à l’ouverture de la chasse et… pour toute la durée des vendanges : on était informé de la fermeture momentanée de cette « Recette Auxiliaire des Impôts » (eh oui…) par une page arrachée à un agenda usagé et scotchée grossièrement sur la porte, en plein vent. Sans autre forme de procès et en toute illégalité, par ailleurs ; un jour, mon employeur de l’époque m’envoie – par recommandé – le chèque de ma participation aux bénéfices de la Sté, soit… 15.000 f de l’époque (Env 2275€ en 78 !)
    Comme j’étais au taf, je reçois un avis de recommandé dans ma bwâte à lettres. Le samedi matin suivant, je me pointe au bureau et là, surprise : on a perdu mon recommandé !!!!! Je menace, j’éructe, je gronde, rien n’y fait, sauf une remarque d’un tact et d’une délicatesse qui me font vraiment sortir de mes gonds : « … Eh d’abord, c’est les gens pas bien qui reçoivent des recommandés. » (avec un accent péquenaud alsacien que je vous laisse imaginer…)
    Le lundi suivant, je suis donc – furibard – au bureau de poste d’Obernai, dont dépend la recette déjà citée. Accueil de l’Inspecteur Principal : « Ah, une réclamation pour le bureau de B….. ? » Puis, m’indiquant de l’index une pile de courrier d’au moins 7 ou 8 cm sur son bureau : « Posez-la sur les autres. Quand il y en aura assez, je ferai une réclamation au ministère. »
    Et c’était l’Alsace, pas le Gers ou la Haute Garonne !
    Quelques huit jours plus tard, en rentrant du boulot le soir, je trouve mon recommandé au fond de ma boite à lettres (et qui a signé le récépissé ?), sans justificatif autre qu’une « explication » gribouillée au Bic violet baveur sur un quart de feuille de cahier d’écolier pliée en quatre : ma lettre était tombée entre le comptoir et le mur. Ni regret, ni excuse. Olééééééééh !
    Pour le reste, je suis contraint à l’emprisonnement depuis bientôt 20 ans (pas assez de fric pour déménager. Et pour où ?) ici ; une « ville » de 3500 habitants à 35 km à l’ouest de Toulouse. Et durant cette période, j’y ai vu disparaître au moins 15 à 20 « petits » commerces ; ce qui fait que désormais, dès que vous avez besoin de quoique ce soit de pas tout à fait courant/ordinaire, c’est ou Toulouse ou Auch. Même la dernière quincaillerie (indispensable pour l’entretien, le bricolage et l’outillage agricole) a fermé il va y avoir un an. Pour ne rien dire de la librairie-papeterie – seule et unique commerce « culturel » – qui est partie depuis presque 3 ans et n’a jamais été remplacée.
    Alors ? Ben tôt ou tard, la « ville » crèvera (d’autant, outre la gestion calamiteuse de sa municipalité, que la nationale qui la dessert va prochainement être déviée. Ce sera la fin de tout.) et vous croyez que je la pleurerai ? Ben, c’est raté !!! Au fait, si vous avez qqchose comme un ancien corps de ferme à louer, faites-moi signe !
    T.O.

    1. On a des expériences similaires, je vois. La fin des petits bleds à taille humaine. Près des villes : ça devient de la banlieue, bien moche et impersonnelle, avec pour horizon les hangars criards et les parkings de la Halle aux Grolles, La Foirtouille et ConfoBut. Trop loin ? promis à crever, plus ou moins vite. Avec la bénédiction satisfaite des élites urbaines et très parisiennes. Mais soyez écolo : pour vos courses, prenez votre vélo !! si si, pour préserver la Planète 😉
      Et puis des corps de ferme à acheter, tant que vous en voulez, il y a pléthore ! et pas cher ; juste un gros boulot de réhabilitation. Pour louer, c’est moins facile.

  2. … Ah si, il y a un point sur lequel ma « campagne » n’a plus rien à envier à Toulouse, la Grand-Ville : les loyers. Quand il y a une dizaine d’année, un important sous-traitant d’Airbus (Latécoère, pour ne pas le nommer*) est venu installer son usine dans des conditions financières tout à fait intéressantes sur notre belle « zone artisanale » (des avions artisanaux ? Depuis la cage à poules bricolée ficelles-et-vieux draps-de-lit du mec qu’avait pas encore de planche à réaction pour traverser le Tchanneull’**, on n’avait pas vu ça…), les loyers ont fait un bon de 200% en quelques semaines. À défaut de culture – j’ai pas dit d’agri-culture -, les gersois savent très bien où est leur porte-feuille : de moins en moins de services pour de plus en plus de dépenses. Quant à la qualité, on n’en parle même pas ! Mais quoi, tout le monde n’a pas le bonheur/honneur d’être citoyen de la »Capitale Européenne du foie-gras », avec des majuscules ! et comme notre maire actuel – apparemment indévissable depuis trois générations – est fou à lier, il n’a rien trouvé de mieux qu’un projet de « lotissement aéroportuaire » ; autrement dit des villas-piscines-jaccuzzis princières desservies directement par un aérodrome privé qui les auraient jouxté !!! Sauf que l’endroit projeté était (est toujours !) une cuvette avec une forte pente qui, pour y aménager une piste d’atterrissage/ décollage praticable par autre chose que des hélicos (et encore !) aurait exigé des travaux littéralement pharaoniques ! Comme son délire a provoqué une levée de boucliers sans précédent, il y a (provisoirement ? ) renoncé. Alleluiah, alleluiah ! Mais maintenant, chaque fois qu’on se plaint à lui d’une insuffisance quelconque en matière d’urbanisme, la réponse automatique tombe : « Si on ne m’avait pas interdit, mon projet gnagnagna, maintenant on aurait les sous qu’y faut pour, etc. etc. » Comme quoi la mégalomanie Trumpienne est une maladie hautement contagieuse. Même dans les endroits les plus reculés. En attendant, je ne vous dis pas le déficit budgétaire accumulé depuis sa dernière « magistrature » ! La prochaine municipalité (Il ne se représenterait pas, paraît…) ne va pas rigoler, croyez- moi !
    T.O.

    (*) Il y a qqs années, le papy Latécoère avait été arrêté à la frontière avec la Suisse avec une valdouse pleine de lingots d’or qu’il voulait « mettre à l’abri ». Raté. C’est lui qu’on a failli mettre définitivement à l’abri du soleil ; il n’y a échappé que considérant son âge avancé, comme Chichi. Dieu merci ! Et qui c’est qu’aurait encore payé sa pension complète, sinon ?

    (**) Un certain Blériot, qu’avait des bacchantes superbes. « But alors, you are french ??? »

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Recopiez ces symboles *