On est bien peu de chose

Deux trucs : un, Le Fig’ragots titrait ce matin (ça a été rectifié dare-dare, mais on l’a vu de visu sur l’écran, hilares ; je ne puis hélas que citer de mémoire) : « 22.564 morts ont perdu la vie« . Certes ! et je dirais même plus, paraphrasant la FDJ, la Française des Jeux à qui joue-perd : «  100 % des morts ont perdu la vie « . Merci le Figaro pour ce truisme et ce moment de grâce (là je paraphrase l’ex-femme politique NKM, Nathalie Kosciusko-Morizet, qui parlait du métro…).

Et puis monsieur Henri Weber, figure de la gauche, vient de mourir. Comme il était Covid-positif, on va le compter +1, dans les morts du jour, à l’actif dudit virus. En fait, il avait 75 ans, et ce n’est sûrement pas moi, qui ne l’ai plus croisé depuis juin 68,  qui pourrai soutenir qu’il avait, ou pas, atteint de toute façon le bout de son rouleau… ptêt’ ben qu’oui, ptêt’ ben qu’non. Mais voilà un gars que la gauche unanime salue, irremplaçable, grande figure, etc… et c’est bien normal : il en était, de la gauche, la gauche institutionnelle, assise et rassise – sénateur, c’est dire, il y a pire comme situation, une réélection tous les 9 ans. C’est un ex-dirigeant brillant, jeune et trotskiste, qui a ainsi entrepris de « se ranger des voitures » et de rallier les rangs plus paisibles, puis les huiles socialistes, plutôt que de continuer à prôner et appeler de ses voeux le MGS, le Matin du Grand Soir. Nombreux d’ailleurs sont ceux qui ont accompagné ou suivi sa démarche : le PS, du moins ce qu’il en reste, et les éclats de son explosion de 2017, sont truffés d’anciens militants de la LCR, de LO, des Lambertistes, Posadistes et autres innombrables nuances de la descendance idéologique de Léon T. le barbichu. Ben quoi… ils ont vu de la lumière, ils sont entrés (*)…

C’est bien normal, on évolue, et nombreux sont ceux dont les certitudes d’une jeunesse folle et radicale se diluent, s’arrondissent – comme le tour de taille – et s’édulcorent, quand elles ne se font pas carrément la malle. Et non, ce n’est pas tourner en eau de boudin, c’est juste qu’en prenant de la bouteille, on gagne en lucidité, en jugeote ; en d’autres termes, si l’on perd en vigueur, on devient un peu moins con.

Tibert

(*) Sans aller jusqu’à évoquer l’entrisme ! pratique chère aux groupies de Léon le Barbichu.

2 thoughts on “On est bien peu de chose”

  1. Seigneur Djïzeuss’
    Mais où sont donc les « socialos » des premières générations ??? Notamment mon grand-père maternel, Fernand Lepers et ses frères Cyril, Henry et surtout Achille, 1er adjoint au maire de Roubaix (Eugène Motte) au tout début du XXème, à la ténacité duquel Roubaix doit entre autres son hôpital (La « Fraternité ») et son Hospice (Barbieux), toujours en service aujourd’hui. Honneur à leurs mémoires !
    J’ai souvenir les avoir entendu raconter ce qu’ils en avaient bavé pour défendre les ouvriers contre le « Grand Capital », du temps qu’on connaissait ROUBAIX sous le sobriquet de « Citadelle du Patronat Français » et qu’elle et sa succursale de Mazamet comptaient à elles deux notoirement plus de grosses fortunes que Paris et sa banlieue ! Mazamet, la « Genève » de la Montagne Noire…
    J’ai encore souvenir d’une ignominie inventée par les patrons de l’époque : chaque ouvrier devait posséder un « carnet de travail » s’il cherchait du boulot et/ou voulait changer d’emploi. Sur ce carnet figurait une rubrique « Syndicat » dans laquelle l’employeur notait si l’ouvrier en question était syndiqué ou pas, s’il fréquentait l’église, etc. etc. Le carnet de mon oncle Cyril (que j’ai conservé) portait – à l’encre rouge ! – la mention « socialiste actif ». Inutile dire qu’il ne pouvait plus trouver aucun travail avec cette ignominieuse marque au fer !* Du coup, lui et ceux qui étaient dans la même situation se trouvaient contraints, pour survivre, d’ouvrir des « estaminets » dans lesquels, outre la boisson et parfois la cantine, on trouvait des endroits pour tenir les réunions politiques – le plus souvent clandestines -, qui ne pouvaient pas se tenir ailleurs ! Il y a d’ailleurs, dans l’ancienne caserne des pompiers de la ville (militaires, à l’époque), aujourd’hui reconvertie en musée (à l’instar de la piscine municipale, superbe par ailleurs, que j’ai pas mal fréquentée du temps que j’étais lycéen) une salle « Achille Lepers »…
    Alors, les escrocs obèses qui se réclament aujourd’hui du « Parti Socialiste », vous comprendrez tout le bien que j’en pense !
    T.O.
    (*) Outre les pièces et autres rapports que j’ai déjà évoqués ici (du côté de mon paternel ceux-là…), j’ai encore, parmi les archives de ma famille maternelle, des correspondances écrites entre Jean Jaurès et mon grand-oncle Achille où, outre remercier ma grand tante pour les bocaux de confiture qu’elle lui avait envoyés – c’est elle qui tenait la « cantine » dont je parlais plus haut -, Jaurès évoque les « tensions internes » qu’il redoute ; qui travaillent déjà le PS à l’époque et qui aboutiront, au Congrès de TOURS en 1920, à la scission entre Parti Socialiste et Section Française de l’Internationale Ouvrière (SFIO)
    Mais le pauvre Jaurès avait déjà été assassiné depuis un moment…
    P.S. / Si cet aspect de l’Histoire vous intéresse, ne cherchez pas sous mon pseudo ; Timothy Olgersson n’en étant qu’un, pour des raisons diverses qu’il serait trop long d’exposer ici…

    1. Ah bon ? Timothy Olgersson, c’est un pseudo ? moi qui vous croyais parent de Selma Lagerlöf.
      Eh oui, au congrès de Tours, Jaurès était mort depuis 6 ans, sous les balles d’un villain. Trotski-Bronstein avait alors 35 ans, et ne projetait pas d’entrer au PS pour y noyauter…

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