( Il paraît que Cnews est la chaîne télé de la Marine, claironne monsieur Dupont-Moretti. Ma foi, c’est vrai qu’elle « y a eu été » , à CNews, la Marine ; mais pas qu’elle, non ? sinon je plains les pauvres audito-spectateurs attachés à cette chaîne (remarquez, il y en a qui laissent M6, C8 ou Nrj12 en boucle comme toile de fond au salon, alors…) En revanche, quand je regarde la 2, la 3, France-Info… – je passe sur TF1 pour cause de saturation de pub – j’y entends en boucle l’antienne « Dormez braves gens, tout est calme, on a la situation bien en mains, on s’occupe de tout » . C’est vrai que ça rassure, aaaah… on est bien gouvernés ! Et hop, vite notre « Plus grand soleil » , notre match de foot. )
Mais j’ai lu (c’était dans La Montagne, rustique canard auvergnat ) qu’Edouard Philippe, l’ex bien connu, qui se remue pas mal ces temps-ci, émettait l’avis suivant : « Il serait extrêmement déraisonnable d’imaginer que la victoire de Marine Le Pen puisse être inenvisageable ». C’est le genre de truc tortueux qu’on propose en test de Q.I. : reformuler sans contresens et sans aucune négation la phrase « Je ne nie pas qu’il soit interdit de ne pas apporter foi à la dénégation suivante… » . Reformulons donc, c’est utile : selon monsieur Philippe, la victoire de la Marine [à la Présidentielle de 2022, sans doute, NDLR] est-elle… a) – raisonnablement envisageable ? b) – pas à envisager, raisonnablement ? Je ramasse les copies : « On peut très raisonnablement imaginer que la victoire de la Marine soit envisageable » . Bon… au passage, on pourra se demander où monsieur Philippe a bien pu apprendre à tire-bouchonner ainsi sa pensée. Mais pourquoi en est-il, en est-on arrivé à ce constat (sombre / désespérant / désabusé, au choix) ? Eh bien, hélas, il semblerait que « là-haut » on continue à traiter avec une grande légèreté – voire avec mauvaise foi, « dormez braves gens » , air connu – les gros soucis des Français, qui se demandent, question essentielle autant qu’existentielle, s’ils reconnaîtront leur pays d’ici quelques années, au train où ça va et où on laisse aller.
Tibert