« à vau-l’eau… » : quand on laisse le courant nous porter, vers l’aval donc (vau) et sans rien pouvoir y faire. En politique, on appelle ça « le chien crevé au fil de l’eau » , ça se pratique largement encore de nos jours… ça part en quenouille, mais bon, on laisse filer. Filant donc – ici, la métaphore aquatique -, on peut y ajouter la précision suivante, qui nous vient de la pratique qui prévaut à l’Educ’Nat : Surtout pas de vagues ! Bref, je vais vous dire, ce titre calembourien, c’est pour pointer une histoire lamentable, la desserte des aéroports parisiens. On sait la minabilité des transports vers et depuis Roissy, RER B en grève chronique quand il n’est pas en panne ou bouchonnant ; ligne à juste titre réputée « craintive » ; pratiquement rien – quelques rames ont toutefois été aménagées comme il faut – pour poser ses bagages, qu’on coince comme on peut dans les couloirs déjà bien étroits. Mais c’est ça ou les taxis, officiels ou pirates, ça ou les chers cars Air-France, ça ou les bouchons sur l’autoroute et aux portes de Paris (*). Bref c’est décourageant, c’est une contre-pub ; il faut vraiment avoir envie de venir ! Comme le ridicule ne tue pas, les arrivants à l’aéroport on droit aux banderoles « Paris vous aime ! » … et vous le prouve !
Pour Orly c’est ubuesque, c’est une histoire de bisbille. La SNCF (les RER) et la RATP (les bus) ne s’aiment pas, se le disent tous les jours, et se sont arrangées pour ne jamais se mettre d’accord sur une solution simple, pratique, rationnelle ; ceci sur le dos des voyageurs. On a donc fait des demi-trucs, des trucs tordus. La navette automatique OrlyVal, futuriste à son lancement, qui aboutit au fameux RER B (voir plus haut), est là depuis 30 ans, illustrant l’incapacité des décideurs à imposer des solutions pratiques et de bon sens. A part Orlybus (souvent saturé) qui relie proprement la capitale à l’aéroport – mais dans l’inconfort d’un bus brinquebalant et à rallonge – tous les autres moyens sont, excusez le mot, merdiques. C’est RER + bus, navette + RER. Mais voilà l’histoire, à partir de 2024, il y aura le métro de la ligne 14 jusqu’à Orly ! On va donc pouvoir enterrer OrlyVal, qui n’aura plus aucun attrait… OrlyVal, fruit d’un juteux contrat avec le groupe Matra ; « le train le plus cher du monde » (plus d’un euro le kilomètre), comme titrait cet article. On aura juste perdu 33 ans.
Tibert
(*) 2 h 30 de Roissy aux Gobelins en taxi : qui dit mieux ?