Debunker toi-même !

Je me baladais, promenade de santé bien fraîche, cet après-midi… eh oui ça caille ces temps-ci. Au frais, donc, et préoccupé. D’abord et d’une, la dernière livraison de « Télémara » – en termes de niveau général et culturel, c’est hélas le seul canard « télé » qui se tient – m’avait un peu chauffé, y trouvant un ensemble massif et sans nuance de thèmes rebattus et « de gauche » , sur les effectifs de fonctionnaires, sur le « grand remplacement  » (meuuuh non ça n’existe pas), la chronique d’un nommé Gontier, masochiste pervers qui se tape les émissions où Zemmour est invité chez C8 (double peine !) aux fins de se répandre ensuite en commentaires sarcastiques et désagréables… que ne se visse-t-il sur les intervious de madame Hidalgo, de monsieur Jadot ? il faut arrêter de se faire du mal… Bref… ah oui, on y subit aussi l’article a-genre qui fait fureur chez nos progressistes attrape-tout, le/la iel, supposé(e) désigner une personne de genre ambigu, il ou elle, va savoir. Quand l’infecte écriture inclusive ne peut pas passer par la porte, elle passe par la fenêtre, ici par la fenêtre de Télémara. Je propose un truc simple : que la personne concernée nous dise comment il faut l’appeller, et puis on s’y tient, et basta !

Mais je diverge, là… Télémara nous assure que de « Grand Remplacement » il n’y en a pas plus que de beurre dans un croissant à l’huile de palme hydrogénée. C’est bien entendu en réponse aux affirmations zemmouriennes (Le Peniennes ?), le livre de Renaud Camus, etc. Et, justement, en devanture d’une vitrine de libraire, me baladant dans le froid, donc, je vois un bouquin d’un nommé Hervé Le Bras, démographe, titre : « Il n’y a pas de grand remplacement » . Aaah… on est donc devant des affirmations contradictoires. Tenez, l’article de Slate sur le bouquin de monsieur Le Bras. Au passage, cette revue du Houèbe et de gauche nous inflige un « débunker » détestable, du pur rosbif pour ne pas écrire démystifierdémystifier c’est français, c’est banal… Il faut, mordicus, que les journaleux nous étalent leur superbe niveau d’anglais.

Un point de grammaire, d’abord : au présent, « il n’y a pas » (de Grand Remplacement), correspond bien à la réalité visible et actuelle – à part de petits remplacements ici ou là. Mais ça ne dit rien du futur : et si c’était un processus évolutif ? on pourrait étayer ça avec des chiffres, peut-être ? essayer de mesurer sans a priori idéologique ce qu’on perçoit subjectivement. Tenez, puisqu’il s’agit essentiellement, paraît-il, d’immigration de populations musulmanes… les chiffres sont assez fiables sur un point, on s’accorde à dénombrer environ 2.500 mosquées déclarées. Il n’y en avait qu’une poignée en 1970, et en termes d’évolution, c’est calculable, depuis 1970 « le nombre de mosquées a été multiplié par 24 » . C’est loin d’être négligeable, c’est loin de l’ épaisseur du trait, n’est-ce pas ? Et dans le futur, qu’est-ce que ça va donner ?

Mais si l’on peut compter les minarets, on ne peut pas compter les personnes. Monsieur Le Bras, pas plus que monsieur Zemmour et les autres polémistes, ne peuvent avoir accès aux vrais données sur les populations, parce que c’est, non pas strengt verboten, Drès Zéfèrement Indertit, mais en pratique, tout comme (en outre, et par définition, l’immigration illégale n’est pas quantifiable). L’article cité ici de Libération éclaire le sujet : pour interroger l’origine ethnique (*), il faut marcher sur des oeufs, demander la permission à la CNIL, détailler la démarche, et puis justifier de la pureté de ses intentions. Péroraison de l’article : « il est faux de dire que de telles statistiques sont illégales : elles sont contrôlées » !

Elles sont contrôlées, donc. Et l’on est, si l’on veut poser scientifiquement la question Grand Remplacement oui ou zut, face à des imprécisions terribles, je cite : « Selon que l’on croie l’INED ou le Conseil Français du Culte Musulman, le nombre de personnes de culture musulmane (c’est à dire issues de pays musulmans ou qui en tirent leurs origines familiales) oscille entre 2,3 et 7 millions » . Cet article est assez circonstancié et donne, précisément, des fourchettes… mais larges, les fourchettes ! Je résume : c’est le rideau de fumée et l’incantation, la France à propos de l’immigration : surtout ne rien mesurer sérieusement, c’est dangereux ; et puis psalmodier haut et fort et à tâtons ses credos politiques, mais si, et que non, mais pas du tout, mais vous fantasmez…

Tibert

(*) Les Etats-Unis, et d’autres, n’ont pas ces pudeurs de chaisières. On sait assez précisément là-bas la composition ethnique des populations, même si c’est exprimé en pouces et en pieds-carrés.

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