Je lisais récemment un commentaire sur la récente décision d’un tribunal de prud’hommes, à propos d’un licenciement motivé par le fait que des salariés avaient projeté des actions malveillantes à l’égard de leur patron ; pas de passage à l’acte, mais ces projets étaient détaillés sur le célèbre réseau social (social mon cul !) « Fesse-bouc » ; eh bien, chers auditeurs, ledit tribunal avait validé le licenciement… eh oui, car Fesse-bouc n’est pas réputé de l’ordre du privé, donc il s’agissait de menaces publiques ! et toc.
Et dans les commentaires des lecteurs, je lus (passé simple, ça date de quelques semaines) à peu près ceci, à côté d’un conditionnel mal foutu, genre « si je serais… », mais passons : « … si on va sur Fesse-Bouc c’est sur Internet et sur Internet il n’y a pas de privacité. »
Ciel !… privacité… du rosbif pur jus à la sauce gauloise, la « privacy » britannique francisée vite fait à la serpe. Rayez-moi ça, c’est nul, privacité.
Bon, certes, c’est nul, mais que faut-il dire, ou écrire ?
Privacy, c’est à la fois la sphère privée et l’intimité, voire la confidentialité. On tire les rideaux le soir pour préserver son intimité. Les conversations téléphoniques sont du domaine de la sphère privée (de l’intimité).
En fait, c’est bien de sphère privée qu’il s’agit. Pourquoi une sphère, d’ailleurs ? un cube, un parallélépidède, une pyramide, une ove, un cylindre… privé, ça marcherait aussi. On rejoint ainsi la topologie chère aux matheux : c’est une enveloppe, un domaine privé, voilà tout. Avec Fesse-bouc, point de domaine privé !
Mais les Rosbifs le disent en UN mot !! pourquoi pas nous ? eh bien, tenez, si vous voulez absolument UN mot, eh bien je ne sais pas faire. Confidentialité, non, et sûrement pas intimité ! – évidemment on a le « domaine privé« , impeccable, mais je vous propose le « quant-à-soi » : c’est lyonnais, comme la cervelle de canut et les godiveaux, et ça fait TROIS mots. « Sur Internet, il n’y a pas de quant-à-soi« . Trois mots, et alors ? je vais vous dire, ou plutôt vous l’écrire : les cossards et les saboteurs de langue qui cherchent à tout exprimer en UN mot, j’en ai justement un, cambronnien, à leur disposition.
Tibert
Et tiens, encore une : “une ove…” ove c’est mâle. UN ove, ou un oeuf, quand on ne tient pas absolument à faire savant.
Au fait, parallélépipède c’est maintenant un “pavé droit” : trop compliqué, le parallélépipède, les élèves s’emmêlaient les crayons.