( Cher, à tous points de vue !) ici l’orthographe est la même, la cherté et le chérissement. Reste la chère, qui est chère et de plus en plus moche ; et d’une les restos envisageables sont en vacances, fermés, absents (*)…, bref pas envisageables ; et de deux, on est coincés entre « en bas » les gargotes façon kébab-pizza-hamburger et « en haut » les esthétiques et larges assiettes dressées où trône une modeste boule de compote de joue de boeuf, complantée d’un biscuit de dentelle de farine de pois chiche, et encerclée par huit petits pois et deux zébrures artistement disposées d’un épais liquide brun-roux, lointaine évocation d’un vinaigre balsamique qui aurait zappé son séjour réglementaire à Bologne. Entre les deux, blanquettes, garbures et gratins tentent de survivre.
Mais je digresse… je viens au propos de ce billet, cet imam marocain Iquioussen, qui prêche des trucs pas compatibles avec notre république et nos valeurs : le ministre de l’Intérieur veut l’expulser ; un tribunal administratif le désapprouve, estimant que la quiétude familiale de cet homme prévaut sur le danger qu’il représente (**) ; le Conseil d’Etat est appelé enfin en arbitre, et approuve le ministre. Donc on peut l’expulser, d’autant que le Maroc ne s’y oppose pas (?)… mais il a disparu, l’imam ! on le cherche… vous vous rendez compte du boulot pour expulser UN étranger indésirable ? Généralisons : il y a des milliers, sinon dix fois plus, de ce genre d’individus expulsables. C’est là où l’Etat de Droit avoue qu’il n’y arrive pas, « Non ce la faccio più » . Magnifique Etat de Droit, que le Monde nous envie, armé d’une petite cuiller et d’un seau pour vider la Brière !
Mais, pour vous remonter le moral et mettre un peu d’ambiance, un truc plus léger… j’ai par devers moi un manuel « scolaire » , deuxième édition, programme du 18 août 1941, « La femme au foyer » (économie domestique, enseignement ménager et hygiène, puériculture). J’en lis parfois des passages, pour me rafraîchir… Extrait :
—- Lecture —-
Simple bonheur
L’homme rentre du travail. La femme, qui l’attend, prend ses deux petits par la main et va à sa rencontre. Il sourit en les voyant si beaux et si bien tenus.
« Bonjour, dit-il, ça va ? – Tu vois ! » Et leurs yeux se disent leur joie de se retrouver. Mais les enfants crient: « papa ! papa ! » Il se baisse, les embrasse, prend le plus petit sur son bras, et lui et sa femme, tenant l’autre par la main, rentrent a la maison.
Sur le seuil, il s’arrête, regarde la salle claire et si propre où le dîner l’attend. « Ah ! la bonne odeur de soupe ! dit-il. — Et puis tu sais papa, dit l’aîné, joyeux, il y a une tarte ! – Une tarte ? – Mais oui, j’avais des mûres que j’ai cueillies hier en les promenant et, comme je sais que tu aimes cela.… – Quelle bonne et brave femme tu fais, dit le père, jamais tu ne recules devant la peine pour nous faire plaisir ! » Et posant le petit à terre, il l‘embrasse à son tour. Elle sourit, récompensée.
Y a-t-il un plaisir payé par l’argent qui vaille ce bonheur-là ?
… je vous pose la question. Madame Rousseau, Sandrine, va a-do-rer ! il manque juste le barbecue.
Tibert
(*) Je ne sais plus quel philosophe allemand contemporain et francophile affirme que trois locutions caractérisent notre pays : « fermé » ; « en grève » ; « en panne » .
(**) Curieux sens de l’intérêt de la nation, ce tribunal. Au fait, existe-t-il des instances qui évaluent, récompensent ou sanctionnent le travail et les décisions de ce genre de juges ? si oui, c’est vachement discret. On a juste le droit d’abonder ça avec nos impôts, on n’en sait pas plus. Entre pairs, n’est-ce pas… « cher confrère » …