Ce matin, attendant le bus NN (et non le tram 33, je n’allais pas manger des frites chez Eugène), je me poste sous l’abri ad hoc, avec ses deux panneaux publicitaires habituels derrière le banc habituel ; je n’y prête pas attention et leur tourne le dos. Arrive un type… normal, genre rouquin quarantenaire. Je ne suis pas son manège, mais je perçois qu’il fourrage, à droite, sous la vitre protectrice du panneau le plus éloigné. En fait il a l’air de chiffonner et rouler en boule le panneau de papier où figure le message de pub. Ah bon… il change le message, peut-être ? mais le voilà qui vient faire pareil sur le panneau juste voisin. Je regarde mieux… en fait, il saccage le panneau, le rendant illisible ! Il se relève content, son oeuvre accomplie ; je lui demande ce qu’il fabrique, et de m’expliquer que c’est une action contre un produit néfaste, mauvais pour la Planète, qu’il sabote donc les pubs pour la bière Corano mexicaine, beuurk, surproduction, alcool, terrible pollution, menaces sur la bio-diversité et les petits oiseaux, déforestation… je lui fais remarquer, a) que déforestation ? sûrement pas, vu que madame Hidalgo a promis de planter (enfin, faire planter…) 110.000 arbres à Paris – on va les compter, madame Hidalgo ! ; b) que je suis majeur et assez grand pour décider moi-même de donner suite, ou pas, aux appels du pied et aux chants de sirènes de la bière Corano ; ce n’est pas à lui de me dicter mes achats de bière, de guider mes choix. Son action commando, là, c’est qu’il nous prend pour des sous-citoyens à éduquer, et puis c’est de la censure ; il se comporte en censeur, rôle dont je ne lui reconnais ni la compétence ni le droit. Si ça se trouve, il dégonfle aussi les pneus des voitures trop opulentes à ses yeux ?
On en est restés là, le bus arrivait… voilà l’écologie aujourd’hui, mes amis : punitive, ça c’est déjà dans ses gènes depuis le début, « ah non pas la Corano, c’est mauvais ! » mais autoritaire, sûre de ses certitudes, et disposée à nous les imposer – à nous rééduquer, pour notre bien et celui de la Planète, ça va de soi. Des tas de goulags ont prospéré sur ce genre de prémisses.
Tibert
PS- Personnellement, la bière en question, que monsieur Chirac semblait affectionner, n’a pas ma clientèle. Evocation lointaine d’une bière, beaucoup de marketing, et trop d’additifs ! la bière, c’est de l’eau, du malt, du houblon, du savoir-faire, et basta ! je boycotte en particulier toutes celles qui contiennent du sirop de glucose, ce passe-partout industriel sournois. Et puis sa contenance ! comme quasiment toutes les bières-bouteilles de l’Hexagone, elle affiche un misérable 1/4 de litre, juste de quoi humecter les amygdales. Le 1/3 de litre devrait être la norme. En somme, cet écolo-activiste anti-pub prêchait un converti – mais c’est mon choix, aussi libre et lucide que possible. Ses interdits, il peut se les mettre où je pense.