Durs temps pour le cinoche : madame Haenel, Adèle, claque la porte, sauf pour quelques très rares mettrices en scène et théâtreuses qui lui bottent, quand même. Nous voilà tous orphelins… on ne sait pas comment on va pouvoir affronter l’endemain, désormais, sans Adèle H (une autre Adèle H., évidemment). Tenez, témoignage testamentaire précieux, ultime bouteille à l’amère, Télérama a choisi de publier la lettre d’adieux d’AH au cinoche. Vous y découvrirez, si vous n’aviez déjà avidement lu et apprécié ce texte, la profondeur d’une pensée… profonde ! Les comédiens sont, comme chacun sait, nos phares dans la nuit.
Voyez d’abord comme elle manie avec brio la novlangue genrée, faisant ainsi ressortir comme iel se doit les femmes-et-les-hommes, bien partout où c’est le cas (« …les voix de celleux qui organisent la résistance pour que tous les humains [et les humaines, NDLR] puissent vivre dignement… » (*). Et puis notez comme elle a tiré toustes les leçons de l’Histoire des civilisations : les viols et les violeurs, c’est la faute du capitalisme ! « Il y a urgence : il n’y a plus d’avenir vivable pour personne à très court terme dans le cadre du capitalisme » , clame-t-elle. Ce système odieux – père de tous les vices et sévices, croit-on comprendre – ayant émergé et s’étant structuré au 19 ème siècle, on a du mal à raccorder tout ça… Gilles de Rais, le marquis de Sade, Casanova, Don Juan… ? le capitalisme ?
Cet acte d’accusation tombe là comme un cheveu sur la soupe d’Adèle : elle crache là dans la soupe, justement, qui l’a mise sous les feux de la rampe ; admettons qu’elle ait des griefs contre les mâles, contre le milieu du cinéma… bien. On en a entendu d’autres, sur ce monde-là, c’est même de l’ordre du poncif, du cliché ! Mais « c’est la faute au capitalisme » ? c’est un scoop ! moi qui songeais au patriarcat, à la force brute, à la testostérone… Ben non, voyez. Il reste à Adèle H. à rejoindre dare-dare une chapelle révolutionnaire, il y a du choix ! pour y combattre en toute sororité l’hydre capitaliste, lutter pour instaurer une société « où l’on puisse vivre dignement » , que vous nous en direz des nouvelles. Hélas personne n’a jamais pu en vérifier sur la durée les bienfaits annoncés ; d’aucuns ont même le culot d’affirmer, au vu d’expériences contemporaines, que c’est plein d’inconvénients – voir dans un passé récent la défunte RDA, dont personne à gauche n’a très envie de causer…
Tibert
(*) Mon correcteur orthographique est d’un modèle assez ancien, et macho avec ça ! il me souligne celleux en rouge !