Forces de vente : du vent

( Non, je ne suis pas à glandouiller au Teknival du côté de Châteauroux. Aucun goût pour me dandiner sur mes deux pattes pendant quarante-cinq minutes de temps en temps, avec la peau du ventre qui vibre, les oreilles comme des calebasses et des échanges par signes, vu le boucan. Et puis j’ai mieux à faire. Au fait, c’est un rassemblement interdit. Ah bon ? interdit ? ah… bof… )

Mais ça rouspète dur chez les enseignants des matières tertiaires de l’enseignement professionnel. Soyons précis : il s’agit essentiellement de femmes en fin de carrière. Il paraît même qu’il y en aurait 800, un nombre assez réduit finalement, qui devraient se reconvertir – dans l’enseignement général des collèges, leur propose-t-on. De fait, on voit mal une prof « forces de vente » de 53 balais se reconvertir à l’enseignement de la soudure ou du ferraillage à béton.

Macronibus a annoncé qu’on allait faire la peau à ces filières « de gestion » qui mènent tout droit, hélas, chez Popaul-Emploi, bref au chômage. Gestion, administration, vente, commerce ou encore accueil sont des enseignements de déclassés, des fourre-tout pour les malheureux pas fichus d’apprendre un métier. Un métier ? chaudronnier, soudeur, menuisier, fraiseur, couvreur, boucher, pâtissier, charpentier, chauffagiste, maçon, staffeur, plaquiste, coiffeur, électricien, charcutier, peintre, étalagiste, cuistot, carreleur… on en manque cruellement et partout. En revanche, hôtesse d’accueil, ou vendeur de godasses, on en a de trop.

C’est un fait, on se passe volontiers des petits gars à zoner dans les entrepôts-hangars « Mister Sofa » , à la chasse au client pour tenter de lui fourguer des canapés affichés 1 995,99 mais finalement en promotion spéciale à 995,99 ; on n’a plus du tout besoin de sténos-dactylos, la compta se fait quasiment au presse-bouton… la gestion ? c’est vague ; l’administration c’est idem. Le tertiaire « bas de gamme » vit et se vend mal, et c’est – heureusement – la revanche des techniciens sur les bureaucrates. C’est bien normal : puisqu’il semble qu’on veuille, en haut lieu, ré-industrialiser le pays (bonne idée !) il y faut, en nombre, des mains expertes, habiles, utiles, et puis des têtes bien faites, où ça ne sonne pas creux. Mais que va-t-on faire des petits gars qui finissent actuellement en roue libre, près du radiateur, dans un vague et inutile CAP de gestion voué au chômage ? il ne s’agit plus de 800 malheureuses professeures en fin de carrière, on parle de gros effectifs, là, et d’authentiques boulets.

Tibert

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