Une émission sur Europe 1 ce soir, à propos des lois en préparation sur le service minimum.
On interviouve un cheminot, hostile comme de bien n’entendu à ces textes. Et ledit cheminot de critiquer la disposition spécifiant qu’il faut se déclarer gréviste 48 heures à l’avance. « Ouais, y a des gars, la veille ils savent pas, le jour-même en voyant les copains, tu fais quoi toi ? tu fais grève ? ouais après tout, mais je me tâte… bon allez on y va, faut ce qu’y faut… donc les grèves ça a un caractère de spontanéité, voyez ? alors avec cette loi, on va perdre de la spontanéité… »
(Notez au passage la puissante motivation prolétarienne, la volonté de lutte qui transparaît à travers ces propos : ce serait presque de l’Eisenstein)
L’admirable ressenti que voilà, que nous pourrons mettre en regard du ressenti du voyageur SNCF, penaud sur son quai de gare sans train, spontanément pas pris en charge bien que muni de son billet. De savoir quelques heures plus tôt à quelle sauce on allait le rouler dans la farine – pour des questions auxquelles il est totalement étranger – lui aurait peut-être permis de s’organiser ? ah mais là ça va pas être possible, mais notez bien que c’est spontané, donc comme ça c’est quand même mieux, vous vous ferez bien une raison.