Le rapport Attali (Attila est un bon calembour et a déjà été employé) est décidément une mine pour le gloseur-billetiste en quête d’inspiration. On apprend à son propos que ce qui motive l’ire des z’UMP contre ledit rapport, c’est notamment que deux des professions qu’il propose d’ouvrir – taxis et coiffeurs – et qui se lèvent comme un seul homme pour hurler qu’on les égorge, sont des professions de parole. Entendez par là que taxis ou coiffeurs partagent avec vous – votre nuque ou votre reflet dans le rétroviseur – de longs moments qu’ils jugent généralement utile de meubler de leurs propos pertinents et de leurs remarques profondes sur la nature humaine(*). Et bien évidemment, si votre coiffeur est remonté contre les propositions Attali, il va vous tartiner, tout en vous champouinant, son aversion contre le pouvoir en place, ses sbires, ses élus locaux… qui vont avoir des soucis à se faire réélire : vous suivez ? Si le rapport Attali s’en était pris aux mimes et aux nageurs-sauveteurs, cela n’aurait pas fait de vagues, ceux-là ne causent pas.
Et je me dis que coiffeur, c’est tout de même une sacrée responsabilité, pour que personne ne puisse ouvrir une boutique sans avoir en poche son Brevet Professionnel ! dur métier, où pourtant, que je sache, les ravages éventuels ne prêtent jamais à conséquences irréparables : les cheveux repoussent généralement, sauf sabotage.
Comparons avec la profession de psychothérapeute : zéro diplôme exigé, zéro stage professionnel, liberté totale de visser sa plaque : demain matin si ça me chante, je serai psychothérapeute. Ces gens-là et les coiffeurs partagent la particularité de « soigner » la tête de leurs clients ; mais au vu des diplômes requis, il semblerait que les seconds prennent manifestement de bien plus gros risques !
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(*) une des raisons pour lesquelles je ne fais jamais appel aux services des coiffeurs… s’il existait des coiffeurs taciturnes, peut-être y reviendrais-je ?