Je traversais une esplanade bétonnée et grisâtre avec ma louloute ; vacances scolaires débutantes, la marmaille traînait dans les rues, et nous avons pu observer le manège de 4 « jeunes » dont l’un, plus petit, se faisait sadiser, rudoyer, par l’un des grands, les 2 derniers commentant paisiblement la scène. Age ? dans les 13-14 ans, sans doute des 4ème. L’un des « arbitres », à haute et intelligible voix : « … pas tirer ta mère ! ».
Intéressante perspective, pour un jeune ado, que de « tirer sa mère » ! Oedipe bien tardif, autant qu’inceste abominable entre tous. De simples mots ? sans doute, mais pourquoi ces mots de sexe mécanique ? tant pis encore une fois pour les femmes, simples trous à boucher, même « sa mère ».
Tiens, pour vous remonter le moral : cet article assez éloquent sur la révolte sage d’élèves du 9-3, qui écrivent pour crier « au secours, Monsieur l’Inspecteur d’Académie, on ne peut pas bosser dans vos boîtes, faites quelque chose ! « . L’Inspecteur en question n’y peut rien, bien évidemment : ce n’est pas avec 2 vigiles de plus qu’on va résoudre la question.
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Au passage, les missives à Monsieur l’Inspecteur réclament des moyens, plus de moyens… consternante rengaine : des moyens, il n’y en a pas, et il y en a de moins en moins. C’est une époque de serrage de ceinture ; on a eu les 30 glorieuses, nous entrons dans les 10, 15… pouilleuses. D’ailleurs, les écoles privées, avec les mêmes moyens, ne connaissent pas cette atmosphère de guerre civile. Redisons-le donc : il est des pays où l’enseignant, devant 40 gamins, parle dans un silence attentif et respectueux, et sans vigiles derrière la porte. Ce n’est donc pas une question de moyens. C’est une question de morale ambiante.