Cinoche, huitième art : parmi les oeuvres que j’affectionne tout particulièrement, il est des classiques comme Amarcord, La grande bouffe, Casque d’or… que j’ai pu voir et revoir à satiété ; un jour sans doute, quand tous les Mickeys auront été réédités en Haute-définition, les Studios Duschmoll nous les sortiront en copie neuve relookée et en DVD-blueray, mais je m’en fous… et d’autres qui m’ont laissé des souvenirs éblouis, mais devenus introuvables, perdus désormais dans l’anonymat des pellicules quelconques. Par exemple Bof ou l’anatomie d’un livreur, de Faraldo, Confidences pour confidences, de Thomas, Charles mort ou vif, de Tanner.
Charles mort ou vif : le DVD figurait – faisait de la figuration – dans les rayons, à la médiathèque de ma ville ! je me suis empressé de le réserver, et me suis organisé une séance cinoche du soir : disons qu’il a fallu 2 séances pour en venir à bout ; ayant calé 20 minutes avant la fin pour cause de fatigue extrême, je me suis attaqué le lendemain au morceau restant, tel Sir Edmund Hillary donnant l’assaut à l’Everest depuis le camp IV.
C’est avec tristesse que j’ai constaté combien ce qui m’avait ému, exalté, subverti lors de ma première vision de cette oeuvre m’a paru niais, faux, artificiel, ridicule pour tout dire. Les thèmes post-soixante-huitards étalés sans aucun recul, les maximes du style « soyez réalistes, demandez l’impossible« , les babas barbouilleurs et bohèmes qui balancent les voitures à la benne, s’organisent en communauté idyllique… le libéralisme sexuel, tiens comment tu trouves ma femme, elle t’aime bien tu sais… tous ces thèmes de rupture qui avaient trouvé en moi des résonances profondes m’ont laissé sceptique, froid, critique.
Quelque chose est bien mort quelque part ; et le plus triste, c’est que je ne sais pas si c’est du côté de Charles que c’est mort, ou du mien. Ou des deux.