La langue est bizarre, on le découvre tous les jours, du genre des mots affecté au petit bonheur – quoi de plus féminin qu’un corsage, un vagin ? – à l’usage des adjectifs composites, tels rectiligne et isochrone… rectiligne et curviligne font la paire, et recti- (droit) fait pendant à curvi- (courbe) ; mais son voisin iso- (égal) se trouve, lui, orphelin, a perdu son frère ennemi, erre seul dans la langue. Où est passé « inégal-chrone » ?? où es-tu, an-iso-chrone ? anisochrone est hélas inusité, et isochrone, tout comme isobare, isocèle, isocline, iso… etc, sont seuls au monde. Pauvres iso(s)… y z’au…raient pu y remédier, tout de même.
Et rectifier, hein ? encore un qui est tout seul, lui aussi. Curvifier est aux abonnés absents. Et pourquoi ne pourrait-on pas curvifier une structure rectiligne ? hein ? tout ça fait la part belle au droit, au tout droit, et, écrivons-le, n’ayons pas peur de le coucher sur le clavier du portable, à la morale victorienne, au « straight« , comme on dirait outre Manche, et même nettement plus loin – vous pouvez continuer à nager – outre-Atlantique.
« Straight« … justement, j’y viens ! car la cerise sur le gâteau, celle que je voulais poser, vermillonne et visiblement bourrée d’additifs, au sommet de ce billet, là d’où je vous écris (tôt sous la neige, ravitaillé par les corbeaux), ce sont les deux composites violemment sexistes, carrément réac’ : hétéroclite et hétérodoxe. Où sont passés homoclite et homodoxe ? hein ? disparus corps et biens, probablement victimes d’une expédition anti-homos.