Je vous entretiens ici des champions de l’absentéisme non planifié (quoique…) chez les fonctionnaires municipaux. Un site nous en parle, relayé par Le Figaro et Le Point, forcément, pour nuire, vous pensez bien, et nous donne le palmarès des villes où les employés municipaux sont les plus transparents, absents, indisponibles, pas à leur poste – en dehors de leurs congés légaux, évidemment.
Palme d’or : Montpellier – 39,16 jours d’absence par an, loin devant Grenoble, médaille d’argent avec 35,45 ; puis Strasbourg (31,96).
Cuillère de bois : Besançon – 14,16 jours d’absence par an « seulement ».
Voilà… bien entendu ceci ne comprend pas les congés payés, soit 5 semaines, plus les jours fériés légaux, genre 14 Juillet, Ascension etc. A la grosse, donc, à Montpellier ça fait 39 + 25 + 4 = 68 jours ouvrés d’absence du boulot par an, sur 261 jours ouvrés théoriques maxi (52 fois 5 jours +1) dans l’année : il en reste 193, 193 jours à travailler, tout de même, c’est pas rien.
Il n’est pas inutile de remarquer, ceci expliquant cela, ou hasard fortuit, que Montpellier est une des toutes premières villes pour le palmarès des taxes locales, foncière, habitation… qui y matraquent très lourdement les malheureux habitants. Des esprits malveillants pourraient avancer que les effectifs des fonctionnaires territoriaux sont peut-être abusivement gonflés, d’où des taxes insupportables. Mais ce sont de mauvais esprits.
Dans la vertueuse Besançon, au contraire, on travaille 25 jours de plus par an qu’à Montpellier, soit largement 2 jours de plus par mois. Hélas, Lille, Amiens, Nice, Marseille ne figurent pas au palmarès, ces villes n’ont pas de chiffres, ou inexploitables…
Et pourquoi je vous raconte ça ? parce que ça signifie que les mairies de Montpellier, Grenoble, etc… sont incompétentes à gèrer leurs employés communaux, et qu’il serait justifié de virer les DRH (*) de ces villes. Car, de deux choses l’une :
– ou bien les conditions de travail y sont absolument infâmes, décimant les valeureux travailleurs, qui tombent comme des mouches,
– ou bien ces mêmes employés abusent et profitent impunément du laisser-faire de leurs édiles.
Dans les deux cas, il est urgent de faire quelque chose, ça va mal. L’IFRAP, l’organisme qui a pondu ces chiffres, nous dit : « Un fort taux d’absentéisme révèle un problème de gestion d’équipe ou de motivation au travail. A Montpellier, certains agents semblent par exemple avoir un double travail» (**)
Rassurons-nous, munis de ces précieuses mises en garde, les élus de nos villes soi-disant mal gérées sauront redresser la barre, et rapidement : aux Municipales de Mars, tout le monde sera beau et gentil.
Tibert
(*) DRH, les Directeurs des Ressources Humaines, ou les Chefs du Personnel, en langage clair.
(**) Comme vous voyez, c’est juste un problème de motivation.
C’est exactement ce que nous raconte en long en large et en travers le narrateur de « L’art français de la guerre » prix Goncourt 2011 (Alexis Jenni).
Je cite ce début prometteur « Au début de 1991 je travaillais à peine. J’allais au travail lorsque j’étais à bout d’idées pour justifier mon absence. »…
Je vous laisse le soin de poursuivre le temps de ce premier chapitre la description fantastique de l’audace d’un employé qui n’avait pour tort que de n’être pas fonctionnaire.