M. Séguela, grand communicateur, et qui a sans doute le goût de la provocation, énonce, pour faire semblant de voler au secours de Petit-Nicolas – à qui d’aucuns reprochent sa tapageuse montre Rolex, typiquement bling-bling – que, ben quoi c’est bien normal, « enfin ! tout le monde a une Rolex ! si à 50 ans on n’a pas une Rolex, on a raté sa vie !! « .
Qu’en est-il exactement ? D’abord, moi je n’en ai pas, de Rolex. J’aurais donc raté ma vie… mais voyons monsieur Séguela, j’ai déjà une autre marque de montre, et je ne vois pas l’intérêt de me mettre une brochette de montres au poignet. En fait j’en ai juste trois, que je porte alternativement, selon les besoins et l’humeur : une à 30 euros, pour le vélo le sport la rando, moche de chez Moche mais pas fragile et affectivement neutre (si elle est foutue ou perdue je m’en tape), l’autre qui me vient de mon défunt père, une vieille mais belle (ici une marque suisse assez réputée) mécanique-automatique avec indication de réserve de marche et au cadran jauni, un truc de collectionneur pour les collectionneurs, mais pour moi la montre de mon père ; et enfin ma montre, (même marque suisse assez réputée, mécanique-automatique, du même genre mais sans indication de réserve de marche, en acier, fine, sobre, discrète et – pour mon goût – de bon goût. Voilà, j’avoue, j’ai atteint et dépassé les 50 balais, et je suis un raté : je n’en ai pas, de Rolex.
En fait, j’aurais pu m’en payer une : la Rolex bas de gamme coûte dans les 3.400 euros, une somme, mais pas une GROSSE somme. Rien à voir avec les ruineuses pièces de collectionneurs façon député socialiste de l’Essone ! Evidemment, un smicard hésite à claquer 3.400 euros dans une montre ; mais c’est loin d’être inabordable. Moi, si je n’ai pas de Rolex, c’est que je les trouve moches, épaisses, volumineuses, envahissantes, m’as-tu-vu, avec leur énorme bracelet acier à chier.
Bling-bling, quoi, pour faire court.