C’est le printemps, les oeufs de Pâques, en provenance de Chine, sont quasi prêts à bondir sur les étals des pâtissiers, Jésus de Nazareth ressort sa couronne d’épines et s’apprête à refaire le Golgotha par la face Nord comme tous les ans, pâle imitation de Mitterand à la Roche de Solutré – lui préférait la Pentecôte, il fait meilleur – et à se faire stigmatiser.
Et il est vrai que ça stigmatise dur, en ce moment. Il ne fait pas bon être patron de grosse boîte – voiture de fonction, stock-options, bonus divers et variés, jetons de présence (en cas d’absence, ils demandent un billet d’excuse) quand ça foire de toutes parts, que l’EBITDA part en vrille et que l’unique solution pour ne pas couler consiste :
– premio à jeter par dessus bord tout ce qui est jetable, par exemple les salariés,
– deuxio à sortir sa sébille pour aller quémander des sous à l’Etat – à nous, quoi.
C’était simple et discret jusqu’à ces jours-ci : quand on n’avait plus de sous, on s’en refaisait un peu, suivant la recette énoncée plus haut, afin de toujours se ménager un gros petit bout de fromage à partager en deux, un bout pour les actionnaires, un bout pour les bonus des dirigeants.
Eh bien, ça ne marche plus ! ça rouspète dans les chaumières – ça ils s’ent foutent – mais aussi en haut lieu ! plus moyen d’être tranquillement mauvais gestionnaire et de tirer le jackpot quand même : on se fait dénoncer !! le civisme dénonciateur de patrons voyous sévit, Mme Parisot fronce les sourcils, jusqu’au Chef Sarko qui dit que c’est pas juste.
Tiens, ce matin, l’Hibernation y va de sa petite dénonciation du jour, nous désigne des garnements en train de mettre le doigt dans le pot de confiture : une filiale du Crédit Agricole. Encore des banquiers.
Grand concours doté de nombreux lots de consolation : trouver des patrons, mauvais de préférence, à stigmatiser. Avant qu’ils aient atterri avec leur parachute.