De quoi je cause ? à votre avis, de quoi je cause ? allez, vous vous en doutez bien.
Tout d’abord, en préambule, remarque liminaire : tout n’est pas négatif dans ce montage ! La garde à vue de monsieur Sarkozy a certainement valeur pédagogique : on n’oubliera pas que c’est sous son quinquennat présidentiel que les statistiques des gardes à vue se sont littéralement envolées. Il y a comme des effluves de retour de bâton. C’est fortuit, bien entendu.
Mais à part ça…
« Les faits sont graves » lance monsieur Valls d’un air sévère. Il parle, évidemment, de faits (des évènements établis, prouvés, certains !). Mais chuut, personne ne sait rien sur ces faits, vu qu’il y a secret de l’instruction. Sauf si monsieur Valls a eu accès au dossier, qui sait ? des fuites ? allons donc. Qui peut croire qu’il y a eu des fuites ?
Et donc ce sont des faits ? pas des suspicions, des soupçons, des présomptions, la recherche de la vérité ? il est avéré que ? de notoriété publique ? monsieur Valls, allez, soyez sympa, racontez nous ça.
Mais c’est dans les journaux, me direz vous. Du moins des morceaux choisis. Choisis comment ? Vous connaissez la technique pour citer les critiques, par exemple si le célèbre chroniqueur cinématographique DuGenou, dans les Inrocks, écrit : « ce film est une superbe merde » ; on en fait une accroche : « Dugenou (les Inrocks) – « superbe ». Eh bien là c’est pareil, c’est l’art de la découpe, on vous arrange, dans les feuilles à scandales politiques, des extraits signifiants. Des extraits d’écoutes téléphoniques au très long cours (très longue recherche de la vérité), par exemple le souhait de sinécure (pas obtenue) à Monaco pour un ami, et les tentatives d’influencer, gnagnagna. On vous distille les bouts de fuites à faire fuiter, les « bonnes feuilles », le best-of du croc-en-jambe. Ces écoutes judiciaires sont évidemment confidentielles, mais là c’est la « transparence de la Justice ».
Des écoutes sûrement juteuses, jouissives, pour tout dire. Et je ne puis m’empêcher de penser, face à la mise en scène, à la théâtralisation de la mise en examen de monsieur Sarkozy, à ce titre de film de Chabrol : « L’ivresse du pouvoir« . Jouissif, sûrement, de signer des papiers qui permettent de faire débouler, à point d’heure, à la nuit noire, un type aussi important, encadré par des flics.
Mais si la pratique du walk of shame fonctionnait en France et pouvait se justifier, comme aux States pour DSK, évidemment, on aurait fait ça de jour.
Tibert