Le voleur de bicyclette

Traduttore, traditore, comme toujours : le titre français de ce film de De Sica trahit l’original : « ladri di biciclette« , « les voleurs de bicyclettes », le tout au pluriel ; car il y a d’abord Antonio, 40 ans, qui se fait voler sa bécane par un « jeune », l’empêchant ainsi d’aller bosser, puis, échouant à la récupérer, et voulant néanmoins aller bosser, se résout à en voler une lui-même – et se fait gauler, pas de pot.

Cette histoire triste bégaye aujourd’hui, avec ces mioches de 6 et 10 ans qui se font interpeller à la sortie de l’école à Floirac (pas « arrêter », comme l’écrit Le Monde… « interpeller », nuance ! ) et emmener au poste, sur suspicion de vol de bicyclette. Effectivement, un des 2 vélos a été « emprunté », comme on dit pudiquement, c’est l’euphémisme qui convient. L’autre vélo ? nickel-chrome, il serait d’origine honnête.

Et la France entière de hurler à la Stasi, à la dictature, « salauds de flics », etc. La France entière ? non pas, le courrier des lecteurs de l’Hibernation est très largement dans cet esprit, mais pas tout le monde… et il y a du bon sens, et du vécu authentique – parce que ça m’est arrivé à moi aussi, de me faire piquer des vélos, biciclette, en italien – dans la réaction que je cite partiellement : « Personnellement, j’ai déjà passé plusieurs fois 4h dans un commissariat pour déclarer des vols de vélos, et j’aurais largement préféré que ce soient les merdeux qui ont volé mon vélo qui soient à ma place au poste de police » . Et  je vous invite à lire la suite, tout aussi pleine de bon sens et de vécu.

Il se peut que la méthode des flics de Floirac soit trop brutale. Il se peut que le deuxième vélo soit d’origine honnête, que l’emprunt du premier soit un réel emprunt (avec accord du propriétaire, donc !) : la suite le dira. Mais je reste scié devant ce fait ahurissant : c’est la première fois, à ma connaissance, que la police s’intéresse à un vol de vélo. C’est un début, on va peut-être enfin amorcer un retour à une société normale, où le voleur est poursuivi et puni, où la victime est considérée comme la victime, et non comme un acariâtre et un emmerdeur.

On va peut-être bientôt voir péricliter les revendeurs d’antivols de vélos ! il n’y en aura plus besoin… on va gagner du temps, sans ces putains d’antivols… non, je blague, là.

Tibert

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