J’étais en train – et en voiture, miracle de notre langue, ce n’est pas incompatible – d’écouter à la radio de bord, tout en conduisant, car ce n’est pas encore interdit « pour votre sécurité », et sur le vif – in vivo, en d’autres termes, ou « en live« , pour les rosbifiants – la proclamation du palmarès du Festival de Cannes. Ah que de beaux moments, où l’on remercie l’équipe technique, le perchman, l’assistante au maquillage et surtout, surtout son producteur, sans qui ce film n’aurait pu se faire.
Et, c’est connu, j’ai un faible pour Isabelle H, l’actrice, s’entend, car sur le plan personnel nos routes ne se sont jamais croisées, ou alors ça s’est fait incognito, derrière des lunettes noires, ce qui ne me pose pas de problème existentiel. On n’ignore pas que cette année, c’est elle qui présidait la mouture 2009 du festival… je prêtais donc une oreille complaisante à l’énoncé des prix, appréciant la nomination de Machin, et Schmurz-Bidule aussi, etc. Bon, et le suivant ?
Bon, et le suivant ? voilà qu’on nous sort du chapeau, exceptionnellement, un « prix exceptionnel » pour monsieur Resnais ! Monsieur Resnais qui présentait en compète un nouveau film, « Les herbes folles », n’ayant pas été jugé digne de recevoir la palme d’Or, on lui a donc vite fait confectionné une palme de Bronze, ou de Fer Blanc. C’est qu’il fallait le ménager, lui filer un hochet, à monsieur Resnais, qu’il ne parte pas bredouille, pensez, à son âge.
Allez, monsieur Resnais, on ira le voir, votre film, prix exceptionnel ou pas, parce que votre production est en général d’une autre qualité que les nigleries habituelles ; et, tenez, je vais vous l’écrire, votre discours de remerciements, au lieu du sirop poli et convenu que vous leur avez servi : « Mesdames-messieurs, je ne suis pas venu ici pour recevoir une suçette. Si mon film n’était pas digne d’un prix dans le cadre de ce palmarès, ce n’était pas une raison pour m’humilier avec votre merdaille « exceptionnelle » ; des films j’en ai fait, et j’en ferai encore, si j’ai la pêche et le financement, et je n’ai pas besoin de votre kermesse en pingouins pour les faire connaître et apprécier. Allez, salut, votre gadget, là, je vous le laisse, comme je vous laisse à vos embrassades et vos congratulations. »
pcc : Tibert