Plusieurs quotidiens nous informent, en ce moment, et assez largement, du procès contre la structure nommée Scientologie, pour exercice illégal de la pharmacie. Intéressante chronique des pratiques assez curieuses de cette boîte, qui arrive à soutirer des dizaines de milliers d’euros à des recrues assez crédules pour suivre des programmes de « purification », de sauna intensif, de vitamines et de mesures de résistance électrique à l’aide d’un multimètre (prix chez Casto, environ 50 euros) qui coûte, lui, 4.800 euros, une fois labellisé « Officially Scientology Certified ». Moi, si je devais formuler un souhait, ce serait de trouver ce superbe ohmmètre plaqué-or en location chez Kiloutou ou chez Casto, justement, vu que ça sert occasionnellement, et certainement moins qu’un vibro-masseur de forme anatomique – qui procure, par ailleurs, de plus grandes satisfactions.
C’est là sans doute que réside la différence, nette, claire, tangible, entre une Eglise et une Secte : outre qu’elles professent toutes deux les mêmes inepties à dormir debout, outre que le désir d’immortalité, ou le refus de mourir, en est le ressort sous-jacent constant, outre que les officiants ont tous le même goût du déguisement et des accoutrements farfelus et rigolos – qui en chapeau pointu, qui en robe longue et dentelles, qui en s’interdisant de se raser la barbe – bref, outre tout le reste, dans les églises on vivote avec les 35 euros et 4 boutons de culottes de la quête, tandis que dans les sectes on retourne les poches des fidèles, pour vérifier qu’ils ont tout bien vidé.
D’où l’intérêt d’être dans une secte ! bien évidemment, pas du côté des fidèles, mais du côté des officiants. C’est là tout l’enjeu de la chose : soit on fonde sa secte, et on en est bien évidemment le Grand Officiant, donc habilité à plumer les adeptes ; soit on entre dans une secte, et alors il faut ramer, payer, payer… s’accrocher, tenter de gravir les échelons, jusqu’à atteindre le niveau où ça se retourne, où l’on passe du statut de pigeon à celui de vautour. On n’est plus là dans la sciento, mais dans l’ornitho-logie. Drôles d’oiseaux.