J’ai une fois de plus bondi sur ma chaise, et pour la même raison que d’habitude, en lisant dans « Le Monde » un compte-rendu des récentes « Rencontres de l’UOIF », entendez l’Union des Institutions Islamiques de France . Compte-rendu intéressant, la problématique « l’Islam est-il compatible avec la République » y est abordée clairement (bémol, on y évoque des « droits » mais surtout pas des « devoirs » ; or le b-a-ba d’une vie en société c’est le binôme droits-devoirs, comme Jules-et-Jim ou Réaumur-Sébastopol, sinon c’est bancal) ; clairement… mais avec une grosse entourloupe. Entourloupe que je rencontre très très souvent, notamment chez nos chers « politiques », jamais avares d’une ânerie, et je pense bon – vox clamantis in deserto, hélas – de recadrer ce truc.
Je cite l’article : « L’interdiction demandée par certains élus du voile à l’université (…) maintient à vif la blessure de la loi de 2004 interdisant le port du voile à l’école pour les jeunes filles musulmanes. » La blessure, rien que ça ? Il est curieux que ne se sentent blessés que les seuls Musulmans – les Musulmanes, en fait, les mâles n’ayant aucune gêne vestimentaire, même en été – car ce qui est dit là sur la loi de 2004 est faux. On désinforme à tour de bras sur cette loi poil-à-gratter : eh oui, la loi de 2004 interdit tous les signes religieux « ostentatoires », et donc les croix trop visibles, les kippas, les voiles, les turbans sikhs… sont aussi interdits. Les Juifs laissent leur kippa dans la poche à l’école publique : se sentent-ils blessés ? Ils n’en expriment pas le sentiment, en tout cas. Le but clairement annoncé, et c’est très bien, c’est de ne pas empiéter sur les croyances des autres.
Ce n’est quand même pas la faute de la République française si le principal signe religieux des femmes musulmanes est un voile sur les cheveux : imaginez si les catholiques devaient sur instruction divine trimballer une croix en bois de 80 cm de long ! si les Juifs pieux sortaient leur attirail à prier, phylactères, papillotes, ruban sur l’avant-bras, cube sur le front… rien n’interdit de se coller un chapelet dans la poche, une discrète médaille autour du cou, etc.
Donc si « blessure de la loi de 2004 » il y a, c’est que la loi de 2004 est mal lue. La loi de 2004 elle est juste, comme dirait élégamment Normal-Moi ; elle s’applique à tout le monde, y compris aux athées et agnostiques – gros plus pour ces derniers, ils n’ont rien à ajouter ni enlever, les veinards !
Tibert