Opacité du référentiel

Le « référentiel bondissant » (éventuellement exocentré) serait, paraît-il, un canular. Une pure invention destinée à nuire aux doctes et précis pédagogues qui pondent de savants et abscons programmes de ludique décérébration pour nos chères et petites têtes blondes. Certes il est avéré que les « apprenants » (les élèves), le « champ lexical » (le vocabulaire, les termes employés : les champs lexicaux désespérés sont les plus beaux) et le « milieu aquatique profond standardisé » (toute étendue d’eau propre à la natation : les piscines, mais pas que) font partie du jargon Educ’Nat indispensable au sérieux des propos : impossible de prendre des Diafoirus de ce calibre pour des Charlots. Mais le référentiel bondissant n’existe hélas que dans les canulars, ou les cauchemars. C’est dommage, les profs de gym’ (d’Education Physique et Sportive, ça le fait mieux) nous auraient proposé là un joli terme pour shooter dedans.

Constatons-le une fois de plus : l’enflure règne dans le discours, de même que toute loi se doit d’être complexe, bourrée d’exceptions et amendements, sinon ce serait trop facile, vous auriez l’impression de, vous risqueriez de comprendre.

Lacan le disait en substance – et surtout le mettait en pratique – au long de ses séminaires, du moins c’est ce que j’ai cru vaguement percevoir à la tentative de lecture : plus on est opaque et indémerdable, plus on vous respecte ; l’opacité, l’abscons (*) c’est le pouvoir. Soyez abscons – restons poli : soyez opaque, on vous vénèrera.

Tibert

(*) j’ai vainement cherché le substantif d’abscons ; essayé absconsitude, très laid. Finalement je l’avais sous le nez : adjectif substantivé, l’abscons règne en maître à l’Educ’Nat, cet  amphigourique mammouth que donc nous vénérons.

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