On le sait, les Français sont très mauvais en langue anglaise. De nombreux articles ont récemment répercuté les résultats d’études assez tragiques, montrant que nos jeunes sont largement à la remorque, juste devant les Chypriotes, les Italiens et les Turcs, quant à la maîtrise de la langue anglaise. Et de s’interroger : y aurait-il un gène malin anti-rosbif chez nous ?
Par ailleurs, je lis ça : 25 % seulement des écoliers Anglais apprennent le français. Peau de chagrin ! d’abord ça les emmerde, ensuite ce n’est plus obligatoire chez eux de se taper l’apprentissage d’une autre langue, et puis ils ont LA langue, pas vrai ? celle qui est partout, »your attention please« , la panacée pour se faire comprendre, de Tokyo à Libreville… ouais… mouais… boarf…
Disons 3 petites choses là-dessus :
– premio, ce n’est pas l’anglais qui a été élu l’élu, l’Espéranto des aéroports, le Sabir des modes d’emploi… c’est l’Etats-unien. Sans la puissance, l’hégémonie des USA, l’anglais serait un petit langage régional.
– deuxièmo, nous avons, nous, Français, un vrai problème – comme tous les Latins, d’ailleurs – avec l’élocution des anglophones : comment nos oreilles peuvent-elles découper en rondelles de mots distincts leur purée vocale ? ces innombrables w, et ces r, a fortiori ces wr qui, dans une bouche anglophone, ne donnent que de la bouillie. Déjà c’est dur à entendre, « rough » (un aboiement !) avec l’élocution de la BBC, mais collez donc un accent écossais ou texan par là-dessus…
Nous autres, Latins, ar-ti-cu-lons, toutes nos consonnes sont audibles, nous n’utilisons pas les wouwou, les wawa, les chiffons en flanelle. Le w est anecdotique, d’ailleurs c’est quasi toujours comme un v, un v qui s’entend, « valise », « vieux », et notre r est dur et clairement audible, ou, délicatement rrrrroulé, s’entend à 10 mètres (22 pieds).
Et puis on glose trop sur le « th« , ce fameux « ze » de chez nous qui provoque l’hilarité des Rosbifs : d’abord on le perçoit assez bien ; « the » ça s’entend, ça se perçoit. Dans notre bouche, « ze » est certes approximatif, mais clair, puisque ça fait rire.
– troisièmo : il n’y a pas une langue anglaise, il y en a des tas… le Sabir des aéroports (passengers are requested… we remind you that smoking in the toilets…) et des hôtels (I have a reservation for one night…), l’anglais des non-anglophones (ah… l’anglais d’un Espagnol, d’une Grecque : clair, audible, ar-ti-cu-lé !!), et, hélas, l’anglais des anglophones avec ses innombrables variantes, ses accents si divers, du Kenya à Singapour, en passant par Minneapolis et Calcutta. Lequel faut-il apprendre ? les petits gars de Liverpool feraient bien d’apprendre l’anglais tel qu’on le parle ailleurs que chez eux.
Et puis soyons donc un peu chauvins, nom d’un chien ! quand un Rosbif nous cause CHEZ NOUS dans sa langue, renvoyons-le à ses chères études : moi pas comprendre ! Comme eux chez eux.
Tibert