Que je vous fasse partager mes lectures… Je lis, ce matin tôt, comme d’hab, le Monde et autres canards gratuits sur la Toile ; et je tombe sur cette tribune. J’avais lu, il fut un temps – début février – un billet de Kamel Daoud (l’auteur de « Meursault, contre-enquête« ) à propos des agressions massives de femmes Blanches lors de la nuit de la Saint-Sylvestre à Cologne : « Cologne, lieu de fantasmes« . Il y disait clairement son point de vue, j’étais d’accord avec lui. Je résume grosso modo : Cologne, collision culturelle… le monde arabo-musulman a du chemin à faire – et il y gagnera – vers la reconnaissance des femmes comme êtres humains, au même titre que les hommes.
Badaboum, dix-neuf types lui tombent sur le râble : « Jamel Daoud recycle les clichés orientalistes les plus éculés« . Je résume encore à la louche : Daoud alimente l’islamophobie avec ses lieux-communs sur l’image de la femme dans l’Islam, en fait le noeud du problème c’est que c’est la faute à la société… Navré, je constate que Daoud prend ça dans les gencives, se tait…
Aujourd’hui, autre son de cloche, un journaliste du Monde reprend tout ça de manière assez synthétique : « Kamel Daoud ou la défaite du débat« . Outre, chers lecteurs, qu’au long de son article (lisible gratos et in extenso, allelouïa) on vous donne les liens vers les précédents billets – ce qui allège mon travail – ce journaliste, Michel Guerrin, vient à la rescousse de Daoud, et replace le débat dans son contexte politique. Un beau travail de synthèse…
…et une belle illustration in vivo de cette ligne de fracture entre la lucidité et le Politiquement-Correct, ce baillon de la pensée et de l’expression. Je suis ravi, évidemment, parce qu’on remet les dix-neufs contempteurs de Daoud (*) à leur place. Leur billet collectif méritait une mise au point, voilà qui est fait, et bien fait.
Certes, chers auditeurs, il pourra vous sembler ardu de vos taper la lecture de quatre textes assez exigeants : le mien, c’est fait ; il vous reste 1) Daoud, mais vous l’avez sûrement déjà lu ; 2) ses dix-neuf contradicteurs ; 3) le dernier intervenant, objet de mon billet : du pain sur la planche, mais ça vous stimulera les méninges, ça vous changera des « Feux de l’Amour ».
Tibert
(*) Contempteur, mazette ! ça change des métaphores sportives. Tenez, je lisais ça hier à propos de matches de foot : « Toulouse crucifie Saint-Nazaire » (ou l’inverse, ou Beauvais, je m’en fous) : ça va loin…