Vous allez adorer aller à la Réunion en VilPrix. Le Vilprix, c’est ma version cocorico-béret-baguette du terme LowCost : ce low-low-cost qui consonne si mal et nous rappelle de pénibles époques, foutons le à la belpou, dehors les Rosbif, et vive le Vilprix.
Tenez, Frenchblue : une compagnie française, mais oui, malgré le nom anglo-machin. « Bleu de France », en anglais, forcément, ça vend mieux. Frenchblue veut faire du Vilprix-long-courrier. Longue vie donc à « Bleu-de-France », qui va vous transporter de Paris à Punta Cana (Répoublica dé San Domingo) ou à la Réunion (département de la Réunion) à vil prix, et puis c’est tout. Ah si, le retour aussi quand même.
Moi j’ai loué une bagnole récemment ; par internet évidemment, dans une compagnie de bonne surface et bien connue, sérieuse etc. Appelons-là Huitx. J’en ai marre en effet des loueurs « pas chers » genre Cheap-Car qui vous menacent à 11 h du soir, avec le jet-lag dans les pattes, dans un bureau glauque à Palerme ou Torremolinos, de vous taxer de 8.000 euros à la moindre égratignure au véhicule – j’avais pourtant souscrit l’assurance qui allait bien, zéro franchise, du béton, tout compris, mais apparemment j’avais mal compris… bon bref, je continue :
Ah me dit l’aimable guichetière de Huitx en anglais, je vois que vous n’avez pas pris l’assurance pour les pneus ? je vous suggère de la prendre… c’est un petit supplément, et les pneus… ah bon, les pneus ce n’est pas la voiture, donc ?
Et puis les bris de surfaces vitrées ? c’est fortement conseillé… tiens je pensais que les surfaces vitrées… bon… les surfaces vitrées… mais les poignées de portières ? elles sont assurées ? et l’antenne-radio ? parce que l’antenne-radio, ça craint, non ?
Vous voyez le truc : avant vous louiez une bagnole assurée comme une bagnole, maintenant vous prenez un truc {carrosserie-moteur-sièges-volant-pédales + pneus + vitres + GPS + … }. Vous achetez des services en rondelles prédécoupées – prédécoupées par les marquéteux.
C’est mieux, c’est mieux pour vous, vous expliqueront les marquéteux véreux qui ont conçu ces brillants moyens d’augmenter les marges : comme ça vous ne payez que ce dont vous avez besoin. Evidemment si vous êtes assez vicieux pour additionner toutes les options raisonnables, vous constaterez que c’est nettement plus cher qu’avant, mais quelle idée saugrenue ! pourquoi faire des comparaisons inutiles, vous vous faites du mal, là…
Voilà, on en est là, ils n’ont pas encore détaché l’option « aller pisser » dans les vols à Vilprix. Mais ils l’étudient, courbes de fréquentation, panels de consommateurs, sondages à l’appui. Reste au Dirlo du marquétage à décider de présenter ça sur Powerpoint au prochain meeting du board. Avec, soyons humains, possibilité de prendre l’option sur place en cas de besoin – c’est le cas de le dire. Mais avec surtaxe de 40 %, vous comprenez, les frais de dossier.
Tibert, avec un besoin urgent.
« … Avec, soyons humains, possibilité de prendre l’option sur place en cas de besoin – c’est le cas de le dire. Mais avec surtaxe de 40 %, vous comprenez, les frais de dossier… »
Z’avez un wagon de retard, là, cher Tibert… Je ne sais pas si c’est encore le cas, mais jadis, pour prendre un TGV, y’avait automatiquement un « léger » supplément sur le train ordinaire.
Un exemple : je faisais régulièrement, du temps que j’étais en activité, le trajet SNCF Toulouse-Matabiau/ Paris Austerlitz… : j’aime pas les zavions et j’adore les trains de nuit… En plus, ma destination parisienne était à deux pas d’Austerlitz : un plaisir esthétique de ballade l’été, aux aurores et à pied, quant il faisait beau. Et le « Capitole » était un train de prestige, avec des vrais compartiments et un bar ou une vraie voiture-restaurant (et pas un « self » avec plateau casse-gueule genre Cantine-Renault-Flins suivant l’heure !!! Si-si.)
Maintenant, c’est TGV obligatoire ou presque (je ne sais même pas si y’a encore un Capitole ?) avec un détour par Bordeaux-St Jean (??) au lieu de la superbe gare de Limoges, une vilaine voiture-salon-bar-marchand-de-journaux vert clinique ou jaune PTT équipée de tabourets pareils à ceux des vendeuses de chaussures jadis et avec, bien entendu, un « léger supplément ». Or, cerise sur le gâteux, arrivée à Montparnasse, donc obligation de prendre métro ou taxi pour aller là où je devais. Là, le « léger supplément » par rapport au Capitole, ça commençait à plomber sérieux, nolens-volens… Mais c’est pas tout : si, comme ça m’arrivait souvent, je ne maîtrisais pas parfaitement mon « timing » parisien, jadis je sautais dans le train à Paris sans billet et je payais ma place directement au contrôleur. Coût de l’opération (tout à fait légale…) : quelques 30% de mieux que le prix « normal » du billet au guichet ; sans la queue, toutefois… Or maintenant, en plus, le prix n’est plus fixe (contrairement à la distance, qui reste la même. Sauf qu’au retour, c’est plus long de qqs kilomètres qu’à l’aller. Explique qui pourra ; ça doit être à cause des virages pris « à la corde » à l’aller…) : Plus vous approchez de votre date de départ pour réserver, plus c’est cher !!! Tout ça pour faire le boulot à la place du guichetier et imprimer votre billet vous-même sur votre ordi. Caisse on s’amuse !
Donc, surmontant ma répugnance, j’ai UNE FOIS pris l’Airbus depuis Blagnac (à 50 km d’ici, contrairement à la gare d’Auch, nettement plus proche.) : plein à craquer (Or, je suis claustrophobe ; un des avantages du train, y’a de l’espace libre. Sauf si on le prend un 15 août…) ; une heure de trajet au lieu de 5 1/2 et largage à Orly Sud, à pas vingt minutes du Panthéon par le RER… et c’est moins cher que le train en 1ère !!! Y’avait même une ménagère avec un sac de patates pour sa fille, qu’habite à Pantruche mais qui préfère bouffer les pommes de terre du jardin de sa Mômon, à Tournefeuille. Paraît qu’on étudie même un zinc où on pourrait voyager… debout ! Y nous prennent pour des prolos japonais ?
Pou revenir à mon Air-Trolley, je me serais cru dans les années 70 dans un Illiouchine 14-taxi ( le DC 3 russe…) que les paysans de Sibérie empruntaient sans hésiter pour aller vendre un cageot de tomates ou bien une ou deux poules au marché libre de Moscou… : y’avait une de ces ambiances, je vous dis pas ! Ca puait la sueur de prolétaire, la vodka de bois, le mauvais tabac noir et la fiente de canard, mais caisse on rigolait ! Et je peux vous assurer qu’au détour des conversations, le Soviet Suprême et ses dirigeants en prenaient pour leur grade !
Vous voulez mon avis ? Tout fout le camp…
@ + !
… Ah oui, j’oubliais : le TGV économise… 20 minutes sur le trajet en train « normal » !!! Ca fait tout de même cher de la minute gagnée. Surtout quand y’a un problème de métro ou un embouteillage et que vous marinez dans votre jus une bonne demi-heure/trois quart d’heure à l’arrivée à Montparno…
Mais moi aussi j’ai j’ai fait 14-18 !! Les trains de nuit se sont fait la malle, c’est du passé poussiéreux mon cher monsieur ; mais j’ai longtemps pris le Quimper-Lyon, une couchette du haut de préférence, descente par tous les temps sur le délicieux quai nocturne et glauque de Saint-Germain-des-Fossés vers 4 h 25, correspondance pour Clermont-Ferrand à 6 h 15 ou quelque chose comme ça – quand il n’y avait pas grève des cheminots, et à Clermont ce sont des féroces de la grève. La salle d’attente de Saint-Germain-des-Fossés, je connais ! alors restez modeste… et puis je vous signale que Montparnasse-Gobelins ça se fait très bien à pied, ça descend même sur Port-Royal ; c’est bouclé en 30 minutes, ajoutez-y 12 minutes pour rallier Austerlitz par la rue Buffon ou le Jardin des Plantes s’il est ouvert et pas trop poussiéreux. Comme quoi le TGV ça permet de satisfaire aux injonctions gouvernementales : 45 minutes de marche active pat jour. Et puis mangez donc 5 fruits ou légumes, etc etc.
…Z’êtes fâché, Tibert ? Vous devriez pas, surtout pour tenir un blog public !
Je n’ai jamais dis que je faisais Montparnasse-Gobelins, mais que l’endroit où je bossais à l’époque était nettement plus près d’Austerlitz que de Montparnasse… Pour le reste, le Jardin des Plantes, j’y ai fait mes premiers pas quand j’étais haut comme un trognon de pomme : nous habitions rue de Jussieu. Et puis j’aime et je continuerai d’aimer les trains de nuit – pour des raisons purement personnelles -, que ça vous paraisse dépassé ou pas : « Question of feeling », comme on dit outre-atlantique. Vous avez pris le Transsib du temps de sa gloire, avant qu’il ne devienne une attrape-à-touriss comme il l’est aujourd’hui ? Tout un monde ! Un « digest » roulant de l’intégralité des Républiques Socialistes Soviétiques ; rien de tel pour prendre « en temps réel » la température d’un peuple ! Pour les Illiouchine 14, aucune raison de ramener ma science non plus : du temps de l’URSS, on le prenait plus facilement que le métro ici, vu les distances hénaurmes d’un pays largement plus étendu que les USA ! Sauf qu’ils étaient gratuits ou presque et loin d’être aussi propres et aussi bien entretenus que nos métros parisiens, malgré les armadas de babouchkas fonctionnaires de l’Aeroflot chargées de leur astiquage aux escales : je me souviens de l’un d’eux dont les immatriculations étaient à la limite du lisible tellement il y avait de dégoulinantes de toutes sortes sur la carlingue… Quant aux sièges, ils étaient souvent plus percés que celui qui porte ce nom à juste titre et on se calait le cul sur les ressorts comme on pouvait, avec des exemplaires des Izvestia ou de la Pravda, par exemple : pas de quoi ramener sa science !
Ce que je voulais souligner, c’est que progressivement, notre « société de consommation » va en marche arrière – comme vous le soulignez vous-même ! – et que le progrès marche comme les écrevisses : « à reculons, à reculons… » (Jules Renard) ; de plus en plus cher pour de moins en moins de service (s). Le progrès ? un divin prétexte pour sacrifier le service public sur l’autel de la consommation et vous taxer de « légers suppléments » à tous les coins de rue… La France, pays de l’égalité au point de l’avoir fait figurer dans sa devise, est aussi celui où il y a le plus de passe-droits en tous genres et de cartes « V.I.P » ou « Client Privilégié » : on est bien loin de la nuit du 4 août. Quelle vanité ridicule et surtout, quelle rigolade !
Tiens, parlons des transports publics dans la région parisienne, puisque vous semblez y tenir : plus de rames plus que trentenaires en service que de champignons après la dernière pluie ; des voies à l’abandon ou tout comme (vous vous souvenez de l’accident du Paris-Limoges il y a qqs années ? Mise en cause : déjà un défaut d’entretien de la voie…)
Tout ça pour quoi ? Pour permettre à qq vulgum pécus de se prélasser à plus de 300km/h dans un TGV dont j’ai dit tout le bien que je pensais et dont le développement délibéré engloutit la majeure partie du fric des investissements de la SNCF ; le tout pour faire concurrence à un transport aérien totalement inadapté à la taille du pays quant à lui : La France, c’est tout petit ! Il n’y a pas si longtemps – du temps ou Air-Inter florissait encore… -, il y avait un nombre ahurissant de navettes quotidiennes A/R Toulouse-Blagnac/ Paris, pour ne citer que ça : il me souvient avoir été contraint un jour de rentrer en début d’après-midi à Toulouse. A part l’équipage, j’étais LE SEUL PASSAGER dans le zinc ! Résultat, Air Inter (Compagnie publique…) a mis les clefs sous la porte. Etc, etc. Et on n’a pas encore tout vu. Vous savez quoi ? Moi vivant, on me ne verra jamais monter dans un véhicule urbain sans chauffeur s’il n’est pas prioritaire et sur des rails !!! Bon, avec le pot que j’ai, d’ici mon dernier soupir Google aura mis au point le corbillard téléguidé et mon ultime parcours se fera sans élégants chevaux noirs ; sans velours et plumets itou sur le toit du carrosse funèbre mais avec le GPS, direction le « 11 » (là, seuls les toulousains comprendront).
De toute façon, ce jour-là j’aurai plus droit à la parole, alors…
A la bonne vôtre !