Le prédicat – la nouvelle tarte à la crème des pédagos fous de l’Educ’Nat, qui va permettre de passer à la trappe et en douceur le COD, le COI, la proposition subordonnée relative et j’en oublie, le prédicat est ici « très clair » (*), comme disent à tout bout de phrase nos politiciens : « Make America great again » (rendre sa grandeur à l’Amérique) ; c’est ce que nous annonçait « Casque d’Or » hier lors de son investiture.
Quid de ce projet ? eh bien c’est totalement à côté de la plaque. Car l’Amérique est un énorme continent, étranglé en son milieu, avec, au Nord de l’étranglement, le Canada (le plus vaste des pays américains), les Etats-Unis, le Mexique ; au milieu, le Guatemala, le Salvador, le Honduras, le Nicaragua, le Costa-Rica, Panama ; au dessous, le Venezuela, la Colombie, l’Equateur, le Brésil, le Guyana, le Surinam, le Pérou, la Bolivie, le Paraguay, l’Uruguay, l’Argentine, le Chili. Je continue avec les états iliens, Cuba, les Barbades, Saint-Domingue, Haïti, Trinidad-et-Tobago… et d’autres, je pourrais vous y ajouter des DOM-TOM divers et variés, Guyane française, Martinique, Guadeloupe etc… je m’arrête, ça suffit comme ça, comme a dit Goethe sur son lit de mort.
Que monsieur Trump emboîte le pas à tous ceux qui confondent abusivement les USA avec l’Amérique – comme si pour désigner l’Allemagne on disait l’Europe ; on vous regarderait d’un drôle d’air … – c’est quasiment prévisible, normal, tant on tient communément pour quantité négligeable les nombreux pays qui partagent l’Amérique avec les USA. Mais c’est géographiquement, politiquement, humainement, économiquement, culturellement faux ! Monsieur Trump, je rectifie donc votre prose, avec votre permission : « rendre aux Etats-Unis leur grandeur« . Aux Etats-Unis et eux seuls, car je parie un paquet de cahuètes que vous vous contrefoutez de rendre, par exemple, au Chili ou au Mexique leur grandeur. Un bon mur, tiens, c’est ça qu’il leur faut, aux Mexicains, et « ten feet higher » si ça ne leur plaît pas, et qu’ils le payent.
Tibert
(*) On peut supposer que lorsqu’ils n’usent pas de cette annonce liminaire, ils sont beaucoup moins clairs, voire abscons.
– « Prédicat » avez-vous dit, M’sieur l’Abbé ??? je vous le mets avec l’étole et le surplis ?
Une manie bien française : quand on a changé le nom d’une chose, on estime avoir fait une révolution… Je fais partie d’une portion extrêêêêêmement restreinte des bacheliers à l’ancienne à avoir vu mon premier bac remplacé par un « examen probatoire »… qui n’aura vécu qu’un an. Mais du temps que je prospectais pour des boulot à grandes rafales de CV, fallait à chaque fois que j’explique pourquoi j’avais deux seconds bacs (Sciences Ex. et Philo) mais pas de premier !!!
Remarquez que je viens d’entendre sur France Musique un jeune plein d’avenir qui revendiquait… une licence de violon ! Après, c’est le doctorat. *
Ca m’a rappelé le sketch de Poiret et Serrault à propos du permis de conduire les grands orchestres.
Si encore c’était apporté sur le ton de l’humour ! Mais non, tout ça est d’un sérieux mortel. Les Français sont nuls en géographie, c’est légendaire. Mais les Américains n’ont rien à leur envier, qui désignent couramment tout ce qui n’est pas les USA sous le vocable de « Remaining (ou remains) of the world ». Il me souvient d’une sale blague qu’un journaliste européen avait faite à Reagan lors d’une interview-télé : il lui avait présenté une carte d’Europe muette et lui avait demandé d’y situer la France… ce dont le cowboy de série « B » s’était montré bien incapable. Du héros de western façon sous-John Wayne, on est passé au Cyril Hanouna d’outre-atlantique…
Tout va bien.
– « Et la culture, Môssieur ? »
– La quoi ?
– O.K…
Paraîtrait que la première chose qu’a fait ch’Trumpf en emménageant dans le bureau ovale, ç’aurait été d’en faire enlever le buste de Martin Luther-King. Aucune autre indication sur l’origine de l’info. Mais ça paraît tellement gros que ça pourrait bien être un hoax !
Kwâkil en soie**, on n’a pas fini de rire, m’est avisss.
* Absolument authentique.
** Vêtement liturgique de cérémonie qui se porte par dessus le prédicat.
…. J’oubliais : maintenant qu’on peut être titulaire d’un doctorat en musique avec spécialisation cymbale-dixieland ou grosse-caisse, va falloir se méfier : plus question d’amuser les copains en sortant votre violon du temps du conservatoire pour leur réjouir les oreilles de votre version personnelle du « Schöne Rossmarin' » de Kreissler, fausses notes comprises ! Pas de doctorat en violon ? Pas de simple licence ?? Mais c’est de l’exercice illégal de la musique ça, cher monsieur ! Allez zouh, au « goulp » !! *
Vous riez ? détrompez-vous : aux USA (encore !), il y a des tas d’endroits où les musiciens professionnels ne peuvent pas jouer sans l’aval des « syndicats de musiciens » officiels ! Et passer outre peut coûter très cher, dont l’interdiction définitive de pratiquer sur le territoire fédéral…
* Le « goulp », c’est le légendaire cachot souterrain des shaddocks… Les oubliettes, mais en plus exigu.
Merci pour ces précisions utiles au mélomane / musicien modeste que je suis. Je vais de ce pas m’inscrire chez CFDT-Zizique pour régulariser ma situation. Hors les « partenaires sociaux », point de salut !