L’œuvre et l’homme, vaste sujet

…ou la femme et son oeuvre, comme vous voudrez, l’ « homme » du titre c’est le genre humain indifférencié, et merde à l’écriture pleine de .e. tout partout. L’homme et son oeuvre ? où est le problème ? eh bien… la rétrospective Polanski à la cinémathèque de Paris, pardi. Du Couteau dans l’eau à Carnage, plein de films, inégaux, parfois quelque peu hollywoodiens mais généralement du dessus du panier, avec des joyaux comme Cul-de-sac ou Le Locataire.  Polanski est accusé de viols, au pluriel, et ne peut pas poser le pied sur le sol des USA, sinon couic, au trou.

Alors, madame Schiappa (voir le Fig’haro sur le lien indiqué plus haut) nous dit « C’est ce qui contribue à la culture du viol que de minimiser ou de relativiser les viols ou les agressions sexuelles selon le talent ou la notoriété de la personne« . C’est un point de vue… qui fait peu de cas de la présomption d’innocence ! mais élargissons à d’autres types de délinquance, l’assassin, le cambrioleur, le raciste, puisque l’expression et l’acte racistes tombent sous le coup de la loi ? on pense évidemment à Céline ! faut-il enterrer le Voyage et puis Mort à crédit, etc… parce que Louis-Ferdinand était un infâme antisémite ? idem, revenant aux moeurs sexuelles, le très controversé André Gide – dans Bagatelles pour un massacre, le même Céline moquait de manière imagée les moeurs homosexuelles de Gide avec les « petits bédouins » : Gide appréciait en effet les très jeunes mâles du Maghreb. Alors on boycotte l’écrivain Gide, ce pédophile ? parce qu’il ne faut pas « minimiser ou relativiser les viols ou les agressions sexuelles selon le talent etc etc… » ? mais on ne minimise rien, que je sache. La rétrospective Polanski n’a pas pour but de passer l’éponge sur ses frasques et ses possibles délits sexuels : il s’agit de cinéma, point-barre.

Il y en a qui exigeaient la mise au pilon de « Tintin au Congo », ouvrage raciste, colonialiste, etc. C’est effectivement un ouvrage très critiquable : eh bien, restons lucides et critiquons-le, tout en en goûtant l’intrigue et le graphisme. On est adultes, oui ou zut ?

Tibert

2 thoughts on “L’œuvre et l’homme, vaste sujet”

  1. C’est un travers très commun et très propre aux incapables de déplacer le sujet… L’oeuvre d’art étant par définition intouchable (sinon, on passe pour un gros con… Mais quand on n’est bon en rien, on devient critique d’art.), on va s’attaquer aux « périphériques ». Oui Céline était un infâme anti-sémite, mais le réduire à ça serait une énorme bêtise : On n’écrit plus de la même façon – on ne NE PEUT PLUS écrire de la même façon ! – avant et après Céline… Ce n’est en rien une appréciation mais un simple constat et ce ne sont pas Audiard ou Boris Vian et leurs multiples avatars – pour ne citer qu’eux ! – qui me diront le contraire.
    De même, Wagner aussi était un affreux anti-sémite. Ce qui est fort dommage, mais en tout état de cause, le personnage n’avait pas grand chose de sympathique ; quand on voit par exemple comment il a abusé du malheureux Louis II ou cocufié proprement quelqu’un qui lui vouait une admiration sans bornes… En contrepartie, on ne doit pas oublier non plus qu’il vouait à Mendelssohn une véritable admiration. Cependant, tout homme est intimement tissé de ce genre de contradictions.
    Faut-il pour autant stigmatiser l’ensemble de son oeuvre ??? La question ne se pose même pas.
    Le gros problème de notre époque, c’est qu’elle mélange tout. Et s’il n’y avait que celui-là…

  2. +1, comme on dit. Et puis il y a l’aspect historique qui est totalement gommé par ceux qui mélangent le personnage et son art. C’est une mise à plat, en somme, qui nie toute lecture en perspective.

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