C’est le Parigot qui le proclame : « Absentéisme : des chiffres affolants dans la fonction publique territoriale« . Et de renchérir : « 44 % des agents des collectivités territoriales ont été absents au moins une fois en 2015. C’est donc presque 50 % de personnels supplémentaires arrêtés dans la fonction publique territoriale par rapport au privé. »
Cerise sur le kugelhopf : « à Amiens, les fonctionnaires titulaires s’arrêtent presque quatre fois plus (49,3 jours !) que leurs homologues non titulaires (13,7 jours)« . Cherchez pourquoi… ça ne devrait pas être trop dur.
Bon, je ne vous fais pas de dessin : je prétends que les communes, les régions… bref la Fonction Territoriale est gérée, au plan des Ressources Humaines, par des incapables, ou des calculateurs cyniques, et sur notre dos. C’en est ici un bout de preuve…
Et j’entendais avant-hier un maire – c’était au JT de 13 h sur France 2 – pleurer ses budgets peau-de-chagrin, la faute à Macron qui va leur sucrer la manne des taxes d’habitation ! et de nous apitoyer : il allait désormais devoir faire des choix ! mettre la piscine municipale aux normes « accès des handicapés » ou se payer un superbe rond-point stupide de plus… débaucher des contractuels (pour les fonctionnaires territoriaux, c’est foutu, c’est trop tard, ils sont là comme des berniques sur leur rocher), resserrer les services… sniff… détresse… Mais, bienvenue dans la vraie vie, monsieur le maire ! le citoyen lambda, lui, qui n’a jamais eu la faculté d’augmenter les impôts locaux pour se payer tout ce qui lui plaît, fait des choix tous les jours !
Je soupçonne notre Macron national de manoeuvrer en loucedé pour qu’enfin les maires, les collectivités territoriales cessent de vivre au dessus des moyens de leurs administrés : malgré ses ridicules et quasiment incantatoires « celles et ceux« , « toutes et tous » (*), on ne peut que l’approuver sur ce point. Au moins sur ce point.
Tibert
(*) J’y reviens dans mon prochain billet. Révisez en attendant : le sketch de Desproges « Françaises, Français, Belges, Belges… »
Tiens donc ?
Ça me rappelle qu’au début des années 80 et alors que j’habitais Obernai (« Charmante bourgade nichée dans le vignoble au pied des Vosges », comme on dit dans les dépliants touristiques… mais en plus, pour Obernai c’est vrai… ou ça l’était, à l’époque !), une tendre amie m’avait signalé que la municipalité cherchait un chef des travaux, ce qui correspondait tout à fait avec ma formation d’archi et mon C.V. jusque-là…
Je postule donc ; je suis fort aimablement reçu par le 1er adjoint au maire ; lequel, sans autre préambule, me déclare que mon « profil » correspond tout à fait au poste et que mon CV lui aussi est très convaincant… en foi de quoi, il ne me prendra pas au poste ! « Stuprrre !! », comme dit là-bas (prononcez « Stupeurr » et ne pas confondre, S.V.P !)
– Mais pourquoi, Monsieur le Maire-Adjoint ???
– Mais parce que, mon pauvre monsieur, je vois que vous avez dirigé de gros chantiers à l’étranger et que vous avez été, semble-t-il, efficace au delà de toute espérance*… Mais c’était dans le privé. Ici, il s’agit de diriger des fonctionnaires municipaux titularisés… C’est à dire aussi des électeurs potentiels, donc à manipuler avec précaution : c’est une toute autre affaire et je ne voudrais en rien être à l’origine de votre éventuel suicide..!
Six ou sept ans plus tard, je me retrouve contractuel pour la ville de Blagnac (31) chargé des activités de l’orchestre classique au sein de son « Syndicat Intercommunal à vocation culturelle « … Même topo : je « dirigeais » une équipe de territoriaux ; lorsque nous donnions un concert un peu loin et en soirée, il arrivait que par le jeu des « heures supp » majorées, mes « assistants » atteignissent leur quota d’heures de travail hebdomadaire… en une seule soirée ! Résultat, tout le reste de la semaine je devais me démerder tout seul… face à 40 musicien/nes ; un chef parano (je ne citerai pas de nom…), leur matos, leur transport, leur logement et leurs repas et plus souvent encore leurs petits bobos intimes ; pour ne rien dire de leurs phobies (c’est d’une fragilité, les musicos classicos, on croirait jamais !!!)
En trois saisons et qqs de service, j’ai pris 10 ANS de rides ! En outre, les salaires des territoriaux et leurs « primes » étaient indexés sur je ne sais trop quoi et augmentaient régulièrement alors que mon propre salaire, fixé par contrat, n’a JAMAIS bougé d’un iota en dépit d’une inflation qui, à l’époque, n’était pas nulle ! Le plus terrifiant restant les « compétitions sportives intercommunales » : mon chauffeur de bus/garçon d’orchestre, tennisman paraît-il convenable, représentait la ville de Blagnac chaque année aux compétitions du mois de mai. Pendant 10 jours, il jouait au tennis toute la journée… en étant payé exactement comme s’il avait effectué son travail normalement. Et comme il m’aimait bien, après ses sets du jour, il passait au bureau pour prendre sa douche, me raconter ses scores et se plaindre de la chaleur et du reste, alors que moi, j’avais couru toute la journée dans tous les sens pour arriver à honorer tous nos engagements.
Je l’aurais tué. Mais ça aurait encore fait des histoires : nos locaux jouxtaient le commissariat de police municipale !
Alors les fonctionnaires, moi, vous savez…
* Arabie Saoudite et Émirats, à l’époque : il m’est arrivé de superviser des chantiers avec qqs centaines d’intervenants de 16 nationalités différentes… NDLR.