C’est dur d’échapper à l’abaya, ces temps-ci. Quelque support d’information qu’on consulte, c’est abaya à tous les étages. Que faire ? en rajouter une couche ? allez hop, on en cause, vite fait, pour évacuer le sujet. Tenez, en guise d’introduction, cet extrait utile d’une tribune de la ministre Agnès Pannier-Runacher dans le Fig’ragots : « Le débat qui a suivi l‘interdiction courageuse de l’abaya à l’école par mon collègue, Gabriel Attal, a permis de lever le voile (*). Une grande partie des responsables de gauche, à l’exception notable du Parti communiste et de certains membres du Parti socialiste, ont définitivement abandonné les combats qui… » . Elle pointe là, madame APR, une flagrante contradiction : d’un côté on argumente « ben quoi c’est juste une robe longue, c’est pas religieux, enfin quoi… » , cependant que sur les Tique-Toque musulmans on crie à l’islamophobie, on cherche à contourner l’interdiction, on abonde en encouragements, « allez-y les soeurs, ils veulent nous stigmatiser, courage, Allah vous le rendra » . Détail affreux, les Insoumis de chez LFI, désormais engagés à tirer profit du communautarisme jusqu’à l’os, et tournant le dos à toute l’histoire de la gauche laïque, sont les fervents défenseurs de ladite robe, malgré son évidente connotation confessionnelle.
Mais, plus sérieusement : c’est vraiment une obsession, cette persistante volonté d’invisibiliser les femmes, poussée à l’infâme chez les Taliban afghans ; il y a là, derrière un déni de la moitié de l’Humanité, quelque chose de profondément pervers… comment peut-on, dans toute femme non bâchée, ne voir qu’un objet de convoitise sexuelle ? et la grâce ? et le naturel ? et la liberté ? le mâle, de son côté, ne serait-il que cette caricature d’un chibre ambulant, en chasse, habilité à sauter sur toute paire de chromosomes XX non camouflée, empaquetée ?
Mais je change de sujet, marre de l’abaya. Nous avons vécu fin juin-début juillet des jours d’émeutes ; fort heureusement la Loi reste, et les poursuites contre les casseurs-pilleurs-incendiaires suivent leur cours, ceux qu’on peut identifier ne dormiront pas tous impunis. Cependant les séquelles restent aussi, et quelque part « la rue » , comme on dit chez LFI, a changé les choses, a gagné !… tenez, cet article d’il y a quelques jours, du Parigot : « maintenant on évite les conflits » , disent les flics. C’était déjà souvent le cas auparavant ; désormais c’est clairement la peur de la bavure et de ses conséquences, des émeutes, de l’embrasement qui va décider des conduites à tenir : c’est navrant, c’est moche, mais c’est comme ça.
Tibert
(*) C’est moi qui souligne : c’est pas mal trouvé !