La dernière séance

( Macronius, encore lui… pourquoi tant de haine ? et jamais UN SEUL interviouvé dans les micros-trottoirs pour dire qu’il apprécie ce président opiniâtre, équanime et stoïque sous les casserolades à sec. Popularité autour de 28 % ? ça fait un peu moins de trois avis favorables sur dix – suivant des sondages que je soupçonne fort d’oublier des tas de voix, dont la mienne ! Où sont-ils, ces oiseaux rares ? pas à casseroler, certes ! Ceci ne rend pas cette réforme bancale des retraites plus sympathique, mais qui trouverait des grâces à un projet qui va contraindre à travailler deux ans de plus (dans 7 ans) ? Ceci étant, je lis que le rade basquo-espagnol « Peña Pil Pil » à Pérols, dans le 3-4, où Macronious est allé impromptu boire une mousse – sans demander la perme, comme vous et moi quand nous avons soif – s’est retrouvé ensuite au coeur d’une tempête d’insultes : c’est d’une imbécilité crasse, malfaisante, pire encore que les concerts de poêles à sec. Le Houèbe charrie des tonnes de cochonneries, proférées par des hordes d’abrutis (*), ça se vérifie tous les jours. )

Et puis le cinéma… hier je passe devant une salle ; prix d’un billet standard : 10, 90 euros ! 11 euros, quoi, en comptant l’usure des semelles. Vous imaginez ? 11 euros pour être assis dans le noir pendant deux heures à mater un écran avec des images qui bougent ? On va où, là ? eh bien on va à la mort du cinéma, bientôt la salle à 11 euros la séance « finira en garage, en building-supermarché » , comme chantait Schmoll. J’ai à ce propos trouvé du sens à la gueulante de l’actrice Blanche Gardin, sollicitée pour se produire (une journée de tournage à 200.000 euros le cachet) dans une série de chez A-ma-zone. Non que je souscrive à l’ensemble de ses opinions, que je devine plus ou moins. Mais ce qu’elle dit du cinéma et de son devenir est pertinent, et malheureusement, involontairement, prophétique. « Je n’ai pas envie que dans dix ans plus personne n’aille au cinéma et qu’on soit tous en train de mater des séries sur le canap’ en se faisant livrer des burgers par des sans-papiers qui pédalent sous la pluie » . C’est très exactement comme ça que ça va se passer, et peut-être plus vite que ça, sauf peut-être la pluie et le pédalage – elle a un peu forcé le trait, là… Des rondelles de vidéo scientifiquement conçues et calibrées, qu’on accompagnera de pizzas (de makis, de burgers, de tacos, de chicken-wings, de wraps, de… mais surtout pas de blanquette de veau ni de truffade) au fond du canapé. Renoir, Bunuel, Hawks, Kaurismäki (**) et tutti quanti ? au musée !

Tibert

(*) Si vous m’appliquez ce propos, grand bien vous fasse. Personne n’est obligé de me lire.

(**) Je vous l’ai sûrement déjà dit, j’apprécie les oeuvres de cet auteur : laconisme, sobriété, humanité, et de l’humour, même dans le noir.

A capella, a casserola

( Il n’y a pas d’accent sur « a » , a contrario (inversement, en latin), a capella (à voix nues), au contraire de « à la bonne vôtre » , qui est bien de chez nous). Ceci précisé, merci maître Kapellôt, on a le droit d’apprécier les concerts de cuillers de bois – l’outil idoine pour touiller la semoule – sur les fonds de poêles ou de casseroles, mais c’est exactement la même démarche, quand on fait ça au moment où Macronious cause en différé dans le poste à 20 heures, que de vouloir, Nupessiennes et Nupessiens « en colère » , rendre le débat inaudible (vociférations, chahut, insultes) ou l’enliser dans des milliers d’amendements absurdes. C’est puéril, pas à la hauteur, et ça ne sert qu’à cabosser les poêles, se faire une tendinite, et accessoirement rendre sourd, ce qu’on obtient de manière plus jouissive grâce à des manoeuvres solitaires et furtives. )

Mais Canto ? depuis hier soir je sais que ça existe. Peu après que des concerts de percussions de cuisine avaient tenté de couvrir le discours enregistré, le même Macronibus, dans la pénombre nocturne d’une rue parisienne, poussait la chansonnette avec des passants. Un chant pyrénéen, pourquoi pas ? les Pyrénées lui bottent, très bien, ça vaut la Lorraine et le Rouergue, c’est de chez nous. C’est aussi clairement moins furtif, moins dangereux qu’un scooter très matinal regagnant l’Elysée à l’issue d’une tendre nuitée, casque non bouclé. Le Parigot raconte cette chorale mâle et pyrénéenne, et l’assortit d’un terrible bémol : « Problème (et polémique) : cette application est proche de l’extrême droite » . Allons bon ! Je suis donc allé voir chez Canto… voyons voir… voyons voir… Canto… bzzz… ah… voilà… plein de trucs… tiens, au hasard, les chants du XXème siècle… ben y a de tout ! La butte rouge (la Commune de Paris), c’est extrême-droite ? Bella Ciao, Le chant des partisans, Mon vieux Pataud ? c’est « facho » ? On ira pendre notre linge sur la ligne Siegfried ? c’est pro-nazi ? On marche sur la tête, là. C’est le journaleux qui a perdu sa boussole, ou la sienne se sera coincée d’un côté.

Ah, effectivement il n’y a peut-être pas « On est lààà… on est lààà » . Je ne suis pas allé vérifier, faites-le si ça vous chante (sic). Je constate simplement que, pour certains médias, chanter « Le refuge » (dans les montagnes pyrénéennes) c’est droite extrême ! Et chanter La Jeune Garde, ou L’Internationale, c’est pas l’extrême en face ? Comparons, faisons le parallèle, le décompte des cadavres, c’est une échelle qui parle : au son de L’Internationale – versions russe, chinoise, albanaise, est-allemande, hongroise, tchèque, polonaise, vietnamienne, cambodgienne… combien de morts ? même question pour le Horst Wessel Lied, les hymnes de la Phalange, des colonels grecs, le Duce, Pinochet, Salazar… en face. C’est assez équilibré, pas vrai ? ça se vaut, dans l’inhumanité.

Au son du Refuge, combien de morts ? ceux qui n’ont pu s’y abriter.

Tibert

Les tas de droits

( C’est une provocation ! affirment des têtes de la gauche, de la gauche-gauche, et de la droite-droite : Macronibus aurait signé la promulgation de la loi funeste, dite « des 64 balais » , à 3 h 28 le 15 avril… l’heure où les rats rongent les reliefs de bouffe au pied des poubelles, l’heure où les tagueurs compulsifs peignent leur désir d’exister sur les murs ; l’heure indue où les infirmières de nuit se font un cahoua après avoir été changer des perfs et consulter des moniteurs qui clignotent et font bip-bip. Alors donc, le Chef-en-Chef n’a pas le droit à l’insomnie ? à la rumination nocturne ? à satisfaire une envie d’uriner, puis à se dire, miction accomplie, « mais tiens, tant que j’y suis, si je signais ce truc ? ça sera toujours ça de fait » ? … Je vais vous dire : à 22 h 54, à 6 h 07, à 11 h 23, ce n’aurait JAMAIS été le bon moment. Le bon moment, le geste pas provocateur, la décision qui aurait permis aux opposants de crier victoire on a gagné il est foutu, c’est s’il s’était dit que c’était une loi conne et mal fichue, et donc, poubelle, on reprend tout depuis le début.

Et, en fait, c’est même pas vrai, le coup du 3 h 28 ! il a signé, je cite, entre 17h30 et 23h56 le vendredi 14 avril, en sirotant sa camomille édulcorée, pas encore en pyjama. Ah, vous voyez ! c’est pas du tout provocateur, ça. )

Mais autre chose : Je lisais hier que des voleuses à la tire fort jeunes, en bandes, manifestement des gamines issues des ethnies de l’ex-Yougoslavie, écument la gare de Chessy, qui permet de rallier EuroDisney, en banlieue parisienne. Une touriste imprudente et mal inspirée s’est fait piquer 8.000 euros en liquide ! Evidemment, les flics arrivent parfois à gauler les fautives ; mais voyez : « Elles refusent systématiquement les prises d’empreintes et les photos. Au commissariat, elles baissent la tête, mettent leurs cheveux devant les yeux, de crainte d’être filmées. Lorsqu’on leur donne un gobelet d’eau pour boire, elles tirent sur leurs manches pour ne pas laisser d’empreintes digitales… » : elles connaissent la musique, on les a chapitrées. Mineures ou réputées telles – et allez donc prouver qu’elles ne le sont plus ! – on ne peut quasiment rien faire pour les empêcher de nuire et re-nuire, dès qu’on les relâche dans la nature, faute de moyens pour les mettre hors circuit criminel. Nous avons ainsi chez nous un copieux arsenal de lois garantissant les droits de…, les droits des…, de sorte que le droit à la sécurité, le droit de ne pas se faire dépouiller, passent largement après ! Très sombrement, très logiquement, l’Etat de Droit, qu’on invoque à tout bout de champ, dont on se gargarise, permettra à notre démocratie de périr à coup sûr. L’image que ça m’inspire, c’est le gentilhomme un peu versé dans le noble art de la boxe, et qui affronte chevaleresquement un groupe de malfrats rompus au maniement du surin, aux coups de genoux dans les joyeuses et aux coups de boule : on ne joue pas la même partition ! mais hélas on joue dans la même cour ; il serait pertinent, un beau jour, de s’en aviser.

Tibert

Variations sur l’humain

(J’ai lu sur Le Parigot ce titre : « Une personne morte heurtée par un train » : ce train TER a donc heurté un cadavre, c’est tragique et idiot, me suis-je dit. Quelle idée de se suicider sur la voie ferrée avant le passage du train ! juste pour emm..der le monde, quoi !… A moins que ce soit un crime, et que, ne disposant pas de scie adéquate, on ait transporté le corps sur les rails pour laisser la loco faire la découpe ? Mais pas du tout : à lire le corps (sic) de l’article, on découvre qu’en fait le train a percuté un être vivant, le tuant. Mais ça change tout ! Le journaleux, les idées claires dans sa tête, aurait pu titrer « Un homme (une femme, un humain [mot épicène, NDLR]…) tué au passage d’un train, le trafic TER, gnagnagna... » . Comme quoi le titre ne suffit pas, il faut aller creuser, chercher la vérité plus profond. )

Et puis ça bruit autour de la LDH, la Ligue des Droits de l’Homme : elle est dans le collimateur de monsieur Darmanin, on en cause… et la gauche politique, des LFI, des PS, des écolos, des PCF… se fend de communiqués de soutien ; vous pouvez même faire un don. Du coup (*) j’ai été jeter un coup d’oeil aux sites Houèbe de la LDH. Etonné que ce noble organisme – créé il y a 125 ans à l’occasion de l’affaire Dreyfus – n’ait pas changé son blaze pour « LDH – Ligue des Droits des Humains » ; en effet, là où est l’Homme, la Femme est invisible ! nous serinent les féministes radicales et radicaux ; l’humain (qui inclut l’humaine, donc ?) est bien plus approprié, paraît-il.

Et puis à passer en revue les articles visibles sur les divers sites LDH, je constate une très grande similarité de thèmes avec ceux de LFI, Nupesse et tutti quanti. En grappillant ici et là, tenez, le site de Clermont-Ferrand est assez éclairant : articles sur les mégabassines, sur les « violences policières » (**), avec des « toutes et tous » , des « … les observatrices et les observateurs... » : on est en plein dans les fondamentaux de la langue « de gauche » , là, l’écriture inclusive obligée, les thèmes LFI et assimilés. Cerise sur la flognarde ou le pounti, on y dégote un renvoi – renvoi d’ascenseur ! – vers un article de La Montagne (je vous en ai causé) qui met en garde, pendant que des ultras de gauche cassent et brûlent un peu partout, contre les agissements de l’extrême-droite à Clermont !

Bref ce sont les mêmes, ou sinon ça se superpose bigrement ! Evidemment, la LDH se drape dans sa glorieuse histoire, ses combats – entre autres en faveur de la laïcité, il y a bien longtemps – pour argumenter contre les attaques qui la visent. Mais la LDH des nos jours est à ce point calquée sur les partis politiques cités plus haut qu’on ne peut s’empêcher de trouver ça bizarre, curieux, et sûrement pas fortuit. Serait-ce, comme disait plaisamment Jacques Duclos, Bonnet-Blanc et Blanc-Bonnet ? ou l’inverse ?

Tibert

(*) Du coup, très tendance ! on met des du coup partout. Quel coup ? j’ignore, mais il paraît que ça vaut le coup.

(**) Le Monde s’est fendu d’un article savant et chiffré pour étayer (angle de tir, distance, vitesse du vent, impact…) une présomption de tir tendu d’un lance-grenade – c’est prohibé, normalement – de la part des forces de l’ordre à Ste-Soline. Je n’ai en revanche trouvé aucune étude sur les angles de tir des coquetels Molotov qui ont mis le feu aux gendarmes ou à leurs véhicules.

Les hordes

Il y a deux-trois jours, le Monde titrait sur la détresse d’Etretat, petit bourg marin et normand, qui a la malchance de jouxter des falaises crayeuses, vertigineuses, découpées, bref spectaculaires : eh bien à Etretat la mairie a entrepris de tenter de sauver ce bled des ravages touristiques. Etretat étouffe.

Saint-Malo étouffe itou, tenez, c’est encore Le Monde qui en cause. Les indigènes se font jeter, place aux touristes, aux visiteurs, aux résidents secondaires, aux R-bi’and-bi.

Venise, je ne vous dis pas, c’est carrément infernal : 50.000 habitants héroïques, 30 millions de visiteurs par an. Saint-Tropez, petit village peinard de pêcheurs et de boulistes des années 50, on a renoncé, ça bouchonne et le Perriet-tranche est à 20 balles chez Sénéquiet. Le Mont-Saint-Michel, visitez-le un mardi, un jeudi, en plein milieu de janvier par temps de pluie, après avoir vérifié qu’il n’y a pas de vacances à ce moment-là.

Les touristes, ravageurs, c’est l’Attila d’aujourd’hui. Là où ils randonnent, l’herbe qui borde les sentiers ne repousse pas, piétinée indûment par des armées de godillots à la recherche de la plus courte trajectoire. En souvenir : mégots, papiers gras, barquettes et PQ usagés, cadavres de bouteilles, canettes et emballages… Mais ça ne s’arrête pas là : les commerces, c’est la cata ! C’étaient des bouchers, quincaillers, primeurs, droguistes, poissonniers, bistrots…. ce sont des agences immobilières, des coiffeurs-visagistes, des agences immobilières, des galeries d’ « art » , des boutiques de souvenirs, des agences immobilières, des kébabs-pizzas-falafels-sandwiches-tacos, des Fissa-bouffe, des salons de thé, des brasseries chic… et des agences immobilières. Avec des boîtes à clés planquées un peu partout.

La semaine de quatre jours, dont on vante les grands mérites, qu’on expérimente ici et là, va certainement arranger les choses, vous verrez ça. Avec quelques jours fériés judicieusement placés, ça va faire des mois de mai toute l’année, des loisirs à ne plus savoir qu’en faire – vu qu’on ne lit plus -, des Cabourg-Deauville-Etretat-Dinard-Saint-Malo en rafales. Des Pointe du Raz non-stop 24/24, 7/7. Des Musée Soulages à la queue comme tout le monde ! Réservation en-ligne obligatoire.

Si vous connaissez un petit endroit peinard, sans aucun intérêt touristique, musée, grotte, gouffre, cascade pittoresque, vierge noire, église classée, rétable moyenâgeux, beffroi étonnant, roche tremblante, tradition curieuse, tympan typique, jacquemart original, que sais-je, surtout gardez-vous le jalousement. « Ils » seraient fichus d’en faire un site touristique, d’y jeter des kyrielles d’autocars troisième-âge, si vous avez oublié, détail affreux, qu’à la Saint-Macaire on y processionne derrière la Confrérie des Joueurs de Manille-Coinchée.

Tibert

Le goût et le coût

( J’ai vu récemment un film à la télé – sur Arte, peut-être ? – intitulé « La lutte des classes » : sympathique scénario, rien à voir avec Marx et Engels ; il s’agit des soucis et des embarras des classes de Primaire dans les quartiers ethniquement « mélangés » à Paris (forcément, à Paris !). Plein de doctes poncifs sur le racisme et comment s’en débarrasser ; monsieur Baer y campe un plausible percussionniste un peu foutraque dans un groupe de rock genre « métal lourd » … on a ainsi droit à un échantillon militant de la production de ce groupe sous le métro aérien – sans doute Nation-Etoile par Barbès – en soutien aux « migrants » . Le texte est, pour une fois, audible et pas anodin : on y déclare (usant d’un verbe plus vulgaire) sodomiser le pape ! Plus loin, tentant de minimiser la chose, si je puis dire, ledit batteur énonce qu’il aurait pu aussi bien s’agir de déféquer (en terme plus choisi) sur Mère Teresa… je vais vous dire : cramponnons-nous à la liberté d’expression, il y faut de la conviction, même si l’on s’attaque là, de manière ordurière, à une religion inoffensive (*). Car s’en prendre pareillement au Grand Rabbin aurait évidemment déclenché des tollés, voire des procès ; quand à une troisième religion monothéiste, je vous laisse imaginer. Liberté d’expression, ouhlaaa! très prudente, donc. )

Et puis je vais encore pousser un coup de gueule : il est décidé, en haut lieu culturel et financier, qu’à la rentrée de septembre les achats de bouquins en-ligne seront grevés, en dessous de 35 euros, de frais de port de 3 euros. Le but, nous explique-t-on, c’est que nous fréquentions plus les libraires ! au lieu de traîner nos fesses derrière un clavier d’ordinateur, à commander paresseusement chez A-ma-zone ou à la Fnaque. Allez donc, disent-ils, allez humer l’encre des livres appétissants que le libraire – profession très menacée – a disposés pour vous sur ses présentoirs… parcourir les rayonnages, lire furtivement deux-trois pages savoureuses, repartir avec quelques chouettes achats, promesse de beaux moments. Ouais… encore une fois, les bouseux peuvent crever. Car au Carrouf’Marquète ou au Tabacs-Journaux de Broignoulat-sur-Creuse – pas de librairie digne de ce titre à moins de 23 km à la ronde – il y a bien des bouquins sur deux tourniquets, si si ! on y trouve les opus de Guillaume Lévit et Marc Mussaud, deux-trois polars d’industriels de la chose, la dernière production de madame Nos-tombes, des trucs sur Comment guérir ses verrues ou Soigner son arthrose par la méditation … j’arrête là. Pour trouver autre chose ? eh bien… quand on a le houèbe à la maison ou chez un voisin obligeant, et qu’on aime lire, on passe commande ! c’est idiot, hein ? et ça va coûter plus cher. On le devra aux ministres des Finances et de la Culture réunis.

Tibert

(*) En 1766, le chevalier de la Barre fut torturé et mis à mort pour moins que ça – des soupçons de blasphème, rien de plus. La liberté d’expression a bien progressé… enfin, pas partout !

Intolérance, des tollés rances

(Syllogisme : monsieur Poutine déclarait, il y a quelques jours, que « l’objectif de l’armée russe était de repousser les Ukrainiens « à une distance telle qu’ils ne pourront pas nous infliger de dégâts » . Voilà qui répond enfin à une angoissante question : mais keskiveu ? que veut-il, le Poutine ? Hélas, c’est là un syllogisme redoutable ! qui ne fait que jeter de l’encre sur une incertitude glaçante. Car s’agissant des territoires conquis au printemps 2022 par les Russes, Donbass et Louhansk à l’Est, au Nord de la Crimée jusqu’à Kherson, des référendums bidon en ont organisé le rattachement à la Russie : ce serait la Russie ! C’est donc à partir de ces nouvelles limites de territoire qu’il faudrait « repousser les Ukrainiens à une distance telle que… » ? à suivre itérativement cette logique { repoussement / référendum / annexion / nouvelles frontières } on voit clairement où ça peut mener. Reste à souhaiter que ce soit un projet foireux. )

Et puis ça intolère de partout, ça devient critique d’intolérance, de refus de l’autre. Tenez, la toute nouvelle députée PS de l’Ariège, madame Froger… à gauche, oui, mais moins hargneuse, moins couteau-entre-les-dents qu’à la Mélanchonie ; elle a eu le grand tort de battre la candidate LFI : elle avait pas le droit ! On l’a ainsi aspergée d’eau, traitée de collabo, de facho ; « Il y avait vraiment de la haine sur leur visage, c’était impressionnant » , dit cette élue, encore toute remuée. Le facho, selon la définition en vigueur à LFI, c’est juste de l’autre côté de la bordure !

Ailleurs, et dans la même veine – venant du même bord – on a vu d’aucuns tenter d’empêcher des mitingues ou des apparitions publiques de monsieur Zemmour ; madame Agacinski interdite de parole, monsieur Finkielkraut devoir s’enfuir par une porte de service, etc. En face, si je puis dire, le chanteur de variétés Bilal Hassani – pas du tout du tout ma tasse de thé, et très connoté LGBT – a du renoncer à se produire dans une ancienne église, désacralisée et servant de salle de spectacles depuis longtemps ; à Nantes, deux saltimbanques, qui communiquent façon pédagogie souriante sur la question très tendance du genre, se sont fait emmerder, et la mairie a porté plainte , une association très catholique ayant fait du foin contre le spectacle pour enfants intitulé « Fille ou garçon ? » (*) . Bref la liberté d’expression est malmenée, et très mal perçue, comme vous voyez. C’est pourtant essentiel, tout comme le droit symétrique à protester et contredire ! On peut ainsi, à voir le paysage ambiant, redessiner la frontière de la gauche vrai-de-vrai, telle qu’elle se voit, arbitre autoproclamée des bonnes manières : si l’on n’en est pas c’est qu’on est un facho !

Tibert

(*) Pas vu ce spectacle, évidemment, j’ai passé l’âge-limite. Si c’est pour promouvoir l’égalité, que les mâles peuvent sans inconvénient faire la vaisselle, repasser le linge et jouer à la marelle – et symétriquement pour passer la tondeuse, le barbecue, la bagnole et le foot – j’applaudis des deux mains ; si c’est pour promouvoir le changement de sexe ad libitum, je suis plus réservé…

Dos au mur

( Les étudiants radicaux qui occupaient une fac, à Bordeaux (*), ont invité en douce l’ex-chef d’Action Directe, J-M Rouillan, à y faire un topo… je cite l’article du Point qui en cause : Rouillan a été invité par les instances locales de Révolution Permanente (RP) [une scission d’une chapelle du NPA trotskiste de monsieur Poutou, NDLR] à s’exprimer sur le thème de « la répression policière et de l’acharnement de l’État contre un prisonnier politique ». On est en plein dans les fondamentaux, là, à répéter que c’est la faute à la police ! Sauf que l’ex-prisonnier en question a entre autres sur le dos, avec ses associés de l’époque, deux assassinats, ce qui explique qu’il ait passé du temps à l’ombre – sûrement du fait de la répression policière ! Un des participants à ce colloque en convient : « Assassiner le patron de Renault, ce n’est pas ça qui permet de faire la révolution ! » : nous voilà rassurés, il semblerait qu’il y ait d’autres voies. )

Et puis je lis sur Ouest-France qu’un nouveau Mur des Cons a été érigé. C’est à Sciences-Po de Lille, dans le 5-9. Les « cons » placardés sur le mur en question ont le grand tort de s’opposer à l’occupation de cet établissement ! vous vous rendez compte ? faut-il être con ! Les étudiants qui occupent les locaux – et détiennent certainement la preuve qu’ils sont dans le Vrai – ont donc décidé qu’il convenait d’afficher publiquement les noms et les trombines de ces cons d’opposants sur un panneau bien visible. C’est « mieux » que le premier Mur des Cons du Syndicat de la Magistrature, qui était à usage interne ; là c’est l’Affiche Rouge du groupe FTP-MOI, Manouchian etc… revisitée par des élites de gauche et sans états d’âme ; on peut tirer à vue !

Tibert

(*) Cette fac a subi des dégâts considérables – occupation oblige, « la révolution n’est pas un dîner de gala » , disait un illustre Chinois – et ne pourra vraisemblablement pas rouvrir avant septembre.

Punefs collectives

( Je me réjouis de constater la rogne de monsieur Mélenchon après l’échec de la candidate Nupesse aux législatives partielles en Ariège, au profit d’une PS « classique » de fréquentation moins hargneuse : allez savoir pourquoi, quand la gauche politique est évoquée, les canards sortent tous le Mélenchon de leur manche, systématiquement ! C’est l’Oracle, dirait-on… Zut quoi, il y a d’autres centres d’intérêt, dans la vie. Et puis allez comprendre – c’est idiot, je sais, c’est nerveux – quand il écume, je biche. )

Et puis : a) les rares Parigots qui se sont exprimés font un score plébiscitaire contre les trottinettes en libre service (en free-floating, selon monsieur l’adjoint Belliard, qui cause excellemment engliche) ; b) quelques morts de plus à Marseille, sur fond de guerre de territoires pour la dope : là-bas on rase les murs, de peur de se prendre une balle perdue. Même constat accablant pour les très mauvaises habitudes de ce, de notre pays, où l’on a depuis des lustres baissé les bras à éduquer-contrôler-sanctionner.

Les trottinettes électriques à emprunter, c’est génial ! très pratiques, d’apprentissage immédiat, peu chères, silencieuses (trop), propres, etc. Mais vu que des tas d’abrutis s’en servent comme des… abrutis, des sagouins, des pirates, et qu’ils bénéficient d’une impunité totale, eh bien c’est devenu le foutoir, ingérable, dangereux, et l’on finit par tout stopper pour arrêter le massacre : tout le monde est puni ! et d’abord les utilisateurs raisonnables de ces bécanes. Il existe des sanctions, pourtant, pour les engins sur les trottoirs, déplombés, à deux, qui zigzaguent, etc… mais vu qu’on laisse benoîtement, lâchement faire n’importe quoi sans sévir, voilà le travail.

Idem la drogue : qui fait vivre les dealers ? qui leur finance le Porche Caillène, la Béhème M4 ? les consommateurs. Les premiers responsables de la m… qui a envahi les cités, ce sont les bouffeurs de came. Attention, j’ai souvent évoqué ici la légalisation du cannabis, qui me paraît – comme à des tas de gens très mesurés dans leurs points de vue – sensée et indolore (avec l’éducation et les bémols nécessaires) ; le reste ? même histoire que les trottinettes ! on a laissé, on laisse les consommateurs, furtifs et cependant aisément visibles, engraisser impunément ce circuit délétère. Ce n’est plus un délit d’être pris avec de la dope, c’est une contravention : on a décidé ça pour que ça fonctionne mieux… et ça ne fonctionne pas mieux ! vu que de contraventions, il n’y en a pas plus que de constats de délits. Et donc on ramasse des cadavres, comme d’ailleurs les cadavres de trottinettes, qui font aussi désordre, mais en moins sanglant.

Tibert

PS – Suggestion : que les trois opérateurs de trottinettes parisiens stipendient des agents assermentés – sans uniforme ! – pour zoner dans les rues et coincer les utilisateurs dangereux. Les punir, donc, pas forcément des prunes, restons humains, mais oui, des prunes aussi, ça calme ! des avertissements, des blâmes… et au besoin la radiation des droits à utiliser les TROIS flottes. On reviendrait rapidement à des comportements plus corrects. Mais je dis sans doute des grossièretés, là…

Après les farces à poissons

( Madame Schiappa, Marlène, en couverture de Playboy ? et alors ? elle est au moins aussi photogénique – et quelle chevelure ! – que des tas de femmes dont on voit les trombines, cadrées serré, en buste ou en pied, partout et tout le temps : la Marine, mesdames Borne, Rousseau, Autain, Macron… je m’arrête là. Halte à la censure ! Serait-il contradictoire d’être sexy ET femme de hautes responsabilités ? à quand la burqa, donc, pour nos ministresses ? Feu Giscard avait, dans ses mémoires, avoué avoir observé avec concupiscence madame Saunié-Seïté – alors ministre des universités – faisant un laïus (son corps musclé, ses jambes bronzées, et cette pensée bizarre : «Quand elle faisait l’amour, elle devait y mettre la même véhémence»). Gageons que ça fonctionne toujours, en 2023, les hormones, le sentiment, les formes, l’émotion (chabadabada-chabadabada) !… du moins tant qu’on n’aura pas prouvé que ça produit du gaz à effet de serre.)

Je vais glisser sur les « NON  » des LFI, Verts, PCF, à rencontrer madame Borne cette semaine qui vient : rien de surprenant de la part de groupes qui ont saboté le débat ou l’ont globalement snobé. Attendons plutôt de voir s’il sort quelque chose de comestible de ces consultations bornesques, où les syndicats iront de concert et en principe fermement résolus à ne rien céder.

Et puis cette confirmation d’un net infléchissement anti-Occident du discours poutinesque, où l’idée d’Eurasie était déjà largement diffusée ces dernières années, pour faire pièce à l’Europe occidentale : ce coup-ci c’est la barre à l’Est toute, vers des « amis » tels que la Corée du Nord (qui fabrique d’excellentes munitions) et la Chine, mais pas le Japon ! A ce sujet, je lis ici que le mandarin devient, avec l’anglais, langue obligatoire – au détriment du français, allemand, espagnol… – à l’Institut de Physique et de Technologie de Moscou, établissement d’élite. Le mandarin, étonnante langue parlée pleine de finales traînantes et modulées, redoutable langue écrite ! J’ai toujours pensé que l’alphabet, avec sa petite trentaine de signes, est une avancée déterminante par rapport aux langages à idéogrammes, qui auraient dû en crever. Pas du tout ! Si le Vietnam a son alphabet latin avec le chu Quôc ngu, si la Malaisie privilégie le malais – alphabet latin itou – avant le mandarin, les idéogrammes ont la vie dure, l’informatique aidant – la complexité des machines à écrire le mandarin n’est plus un frein. Il faut admettre qu’on peut prendre plaisir à fréquenter – modérément ! – ces signes terriblement hermétiques, pour de croustillantes surprises : il paraît que le symbole « maison » est constitué du symbole « cochon » coiffé par le symbole « toit » . Vérification faite, c’est ma foi vrai ! j’aurai vécu assez âgé pour découvrir ça.

Tibert