( Hier, piéton sur le trottoir, dans une rue en légère déclivité, je fus doublé-frôlé, très vite, par une silencieuse trottinette électrique surgie derrière moi. C’est tout ? c’est tout. Ce mec – c’était un homme – n’avait pas le droit de rouler sur un trottoir, il s’en foutait, comme de juste par chez nous, vu que ça n’est jamais sanctionné. Si j’avais fait un geste, un mouvement latéral, il me percutait… et c’est comme ça tout le temps. La mairie de Paris a bien raison – pour une fois que madame Hidalgo ne me donne pas de l’urticaire – de s’interroger et d’interroger les citoyens sur le sujet. A tout le moins, a) il est urgent d’immatriculer ces dangers publics, de manière lisible et fiable ; b) on pourrait peut-être enfin changer de politique ? par exemple, faire appliquer les doctes règles qu’on édicte – sinon, c’est comme de pisser dans un violon pour jouer « Les Yeux Noirs »… )
Et puis, je ne sais pas si vous avez vu le truc, mais tout grandit – sauf la hauteur sous plafond dans les immeubles modernes, de plus en plus rikiki : c’est sans doute plus rentable, et le législateur s’en fiche. Mais, tenez, les bagnoles… la Renaud-Cliôt par exemple, mais c’est général : à sa sortie en 1990, 371 cm de long ; actuellement 405 cm, soit 9 % plus longue. Dans le même temps, de combien votre garage s’est-il allongé ? et la largeur des rues ? C’est toute une philosophie derrière ce constat : plus grand, c’est mieux ! Les annonces matrimoniales, c’est typiquement, côté féminin, la rengaine « cherche bel homme, grand, distingué… » . Les petits, même chouettes, resteront seulabres. Pourtant, avec un escabeau, ça le fait, non ?
C’est cet article du Parigot qui m’a inspiré ici : on s’y demande si les palmettes (les smârtfônes), qui s’étirent, enflent, ne sont pas en train de devenir trop grandes pour nos mains, ce qui serait idiot. Au point qu’au Japon on vend des rallonges de pouce, pas pour des explorations anatomiques plus ou moins ludiques, mais pour oeuvrer commodément et d’une main sur l’écran du cellulaire. Au passage, je reviens sur cette manie conn… servile et anglomane de dimensionner les écrans en pouces, unité que DEUX seuls pays dans le monde persistent à utiliser légalement, les USA et les Bahamas Inférieures… Les pays où l’on fabrique ces matériels (le Japon, Taiwan, la Chine, la Malaisie, le Pakistan…) sont d’ailleurs tous utilisateurs du SI, le Système Métrique International, comprenne qui pourra. Je vous donne donc le truc : depuis 1956, on a figé le rapport jusqu’alors imprécis, et 1 pouce = exactement 2,54 cm, pile-poil (*). Si les journaleux respectueux de leurs lecteurs et des lois (**) faisaient l’effort, ils découvriraient que les écrans de mobiles dépassent souvent les 17 cm, et ça devient débile : nos mains, elles, ne grandissent pas.
Tibert
(*) A la louche, 4 pouces font 10 cm, et si vous insistez, un petit chouïa de 1,6 mm. Cocasserie, l’étalon (sic)-longueur des mesures anglo-saxonnes vaut 36 pouces ; c’est la verge (le yard), de fort belle taille : 91,44 cm.
: (**) Sur wiki, on peut lire « le Code pénal français interdit l’utilisation d’unités de mesure différentes de celles établies par les lois et règlements en vigueur (article R.643-2), cela afin de garantir une information juste du client » . Encore un article du Code pénal « qu’on s’assoit dessus » , inutile, en l’air : jamais personne n’a été puni pour ça !