Déconstruction des milliardaires

( Au PS, ça élit… qui ? ben… on ne sait pas trop. Ils se déchirent, au PS, c’est moi, non c’est moi. Adieu le PS, bye bye, coulez bien. Sinon, restez bien sages derrière LFI, ça rassure. )

Mais une délicate polémique s’étant levée entre monsieur Michel Sardou, chanteur et un peu acteur, et madame Sandrine Rousseau, pétroleuse femelle des Verts, nous avons pu goûter quelques échanges. A la manif hier, elle, Sandrine, tirait une salve avec un panneau « Sardou ta gueule » … c’était nous faire témoins de leur différend. Il se trouve en effet que cette femme proclame vivre avec un « homme déconstruit » et s’en trouver fort heureuse ; Michel S. en écho, se disant ni misogyne ni féministe, plaint sincèrement le pauvre type, qui doit en baver, on vous laisse imaginer la galère.

Et puis, autre son de cloche, mais tout aussi décoiffant, et enfonçant hardiment les bornes de la démagogie et le mur du çon cher au Canard Empêtré, la toute nouvelle Cheffe des Verts, madame Tondelier, énonçait il y a peu « Nous voulons une France sans milliardaires. À quoi ça sert un milliardaire ? Sérieusement, à quoi ça sert un milliardaire ? » . Pol Pot ne disait pas autre chose, et l’on sait comment ça a fini.

Mais heureusement pour nous, les Verts ne sont pas encore aux manivelles. Ceci dit, l’avenir semble assuré, le lait – forcément bio – et le miel du même métal vont couler, avec ces prometteuses Vertes : la coupeuse de têtes, allez hop les milliardaires, au trou, et la coupeuse de roubignolles, si vous me passez ce mot laid. Car, qu’est-ce ( çékoi ?), un homme déconstruit ? un ex-mâle en pièces détachées ? quelles pièces détachées ? ou bien des gravats ? avec le livret imagé Ikea qu’on se gratte la tête pour essayer de le re-monter ? ou le robot téléguidé, genre Guinea-Pig de la « Marque Jaune » , où Sandrine a remplacé le diabolique professeur Septimus ? manipulé par la Femme avec un F majuscule ?

Point d’orgue des citations féministes-extrémistes, Sandrine R. lançait : « Laissez-nous changer le monde » . Non mais… et puis quoi encore ?

Tibert

Peut mieux faire

Hier à l’Assemblée Nationale, le Chef du PS, monsieur Faure, et le ministre du Travail, monsieur Dussopt, s’invectivaient… tandis que le second – qui fut socialiste, proche de madame Aubry, mais seuls les imbéciles se cramponnent à leurs certitudes – lançait à son contradicteur « vous êtes dans la roue de La France insoumise, vous vous faites marcher dessus par Jean-Luc Mélenchon » , monsieur Faure y allait d’un couplet culpabilisant : « Vous êtes aujourd’hui de celles et ceux qui allez défendre un projet de loi où celles et ceux qui ont commencé à travailler entre 14 et 20 ans auront à cotiser 44 années quand tous les autres n’auront à cotiser que 43 ans » . C’est moi qui ai graissé les mots en gras, pour vous, chers lecteurs, car monsieur Faure n’y est pas, eh non ! sa phrase pleine de cell’zéçeux est bancale, largement perfectible, car pour avoir bon à la bonne expression de la Bonne-Pensée il eût fallu qu’il y aille d’un « … quand toutes et tous les autres n’auront… gnagnagna… » . Avec la liaison, obligatoire évidemment, sinon ça sonne mal, ça donne toutezétouss.

Ah oui, je sais, c’est dur. Entraînez-vous, monsieur Faure. Suivez le cours d’élocution inclusive, entraînez-vous en vous brossant les dents le soir. Toutezétouss, allez ! Car il faut, il faut, absolument, qu’on voie – qu’on perçoive, qu’on entende, du moins – dans l’hémicycle du Palais-Bourbon, celles et ceux qui sont femmes. Comment, sinon, défendre leurs retraites ? je vous le demande.

J’ai bien une idée : ce serait, par exemple, au lieu de se lancer des noms d’oiseaux avec des effets de manches, de discuter du projet, l’amender, le perfectionner, corriger les insuffisances, les dispositions injustes, mal calibrées… bref, faire le travail des parlementaires. Et au diable les génuflexions à la Bonne-Expression.

Tibert

Appareils

Sondages : faut-il avoir peur de... ? avoir peur de manquer d’essence, de métros, de fonctionnaires au boulot, de cantines et de cours scolaires… « Faut-il avoir peur ? – Oui – Non » . Et d’abord, est-ce que la peur se décrète ? « Ayez peur ! » , qu’ils nous serinent, à la télé, sur toutes les chaînes. Tremblez, Français. La CGT Mines-Energie annonce, dans sa toute-puissance, sûre et dominatrice, qu’elle va couper le courant aux parlementaires qui sont favorables à la réforme (des retraites, what else ?) … On est déjà dans l’après, là, ou comme si on y était : le chaos, comme en 95 quand Juppé s’est fait ravaler sa réforme. On va nous escagasser, comme on dit à Marseille, et le pire c’est que les sondages disent, comme d’hab, syndrome de Stockholm, que nous sommes majoritairement contre – enfin… contre la réforme ; quant aux grèves saccageuses et meurtrières, on ne nous demande pas si nous sommes pour !

Madame Marine, dans son coin à droite, ne préconise pas la paralysie du pays pour punir Macron – et nous d’abord par la même occasion : on ne se mélange pas avec les rouges. Mais elle mène son parti « contre », elle aussi. Proposerait-elle d’autres schémas de réforme ? bof, non. Est-ce bien la peine ? Elle est contre, et voilà.

Je ne dis pas que ce plan de réforme est nickel-chrome. J’ai entrepris de me faire mon opinion ; j’ai bien écouté madame Borne, étudié les arguments de monsieur Berger de la CFDT, et d’autres observateurs mesurés (*), et ma foi il y a des bases, valables, à travailler (je persiste à dire que cet « âge limite » de 64 ans est de trop et parasite le débat). Mais je t’en fous, pas question de débattre : c’est le bras de fer annoncé, le tout ou rien ; la mobilisation sera massive, affirme le patibulaire moustachu-en-chef de la CGT, qui a bien la tête de l’emploi. C’est décidé, c’est comme si c’était fait : les appareils sont dans les blocs de départ (**), pour faire avaler sa réforme à Macron.

Mais un peu partout en Europe de l’Ouest, l’âge de la retraite c’est 65, 67… parce que nous vivons nettement plus longtemps, parce que l’argent des retraites ne se trouve pas sous le sabot d’un cheval (et ils n’ont pas, loin de là, la complexité de nos régimes, de nos niches « aux petits oignons » ). Mais les appareils ont décidé qu’en France, c’est différent. L’exception, bien de chez nous… et ce serait, donc, disent les appareils, à nous de suivre ?

Tibert

(*) Ceux de LFI, de la CGT, des écolos rouge-vert, du PS, je les compisse : curieux sens du débat démocratique, par définition, selon eux, avant même d’avoir ouvert la bouche, Macronious a tort.

(**) Des starting blocks, en rosbif sportif. Ce qui veut dire ex-ac-te-ment la même chose, mais outre-Manche.

Fournitures et délivrance

( La maire de Paris, madame Hidalgo, en a marre des trottinettes en libre service (en « free floating » , écrit dans un thouïtt son adjoint Belliard , qui cause français en rosbif). C’est vrai, zut quoi, elle est obligée, sortant de sa mairie, de les enjamber, renversées comme des quilles, ça fait désordre, pas propre. On en trouve n’importe où, de ces engins, en vrac, dans les caniveaux… et puis les utilisateurs se conduisent comme des sauvages ; il y a déjà eu des morts. Du coup, remontée comme un coucou, elle va lancer un vote citoyen (une votation, disent les Suisses, qui s’en servent infiniment plus que nous, et ils ont raison) pour savoir si les Parigots sont d’accord avec elle ou pas. A ce propos, elle veut aussi instaurer un code de la rue… pour fixer qui fait quoi et comment : je ricane tristement ! Un jeu de règles de plus, et qui restera lettre morte, comme les autres. Vous savez quoi ? écrire que tel truc est interdit, tel autre obligatoire, les trottinettes à deux, les couloirs de vélo, le gilet orange, gnagnagna… c’est comme pisser dans un violon pour jouer la Chaconne en ré mineur de Bach : ça ne suffit pas. Il faut les faire appliquer, les faire respecter, ces règlements : information, éducation, pédagogie, et sanctions. Sinon ? sinon, rien, ça continue comme avant. )

Et puis je lis dans Le Monde International : « Covid-19 : la Chine suspend la délivrance de visas pour les Japonais et les Sud-Coréens » . La délivrance… the delivery, en rosbif. C’est aussi, notons-le, lors d’un accouchement, l’expulsion du placenta ; et puis Délivrance c’est le titre d’un excellent film de John Boorman, mais en anglais c’est deliverance, et non delivery : la fin d’une contrainte pénible, non le scooter pétaradant qui vous apporte une pizza molle et tiédasse… En fait, le Monde Diplomatique veut maladroitement signifier, là, en sabir anglophone, que la Chine suspend la livraison de visas, la fourniture de visas, l’octroi de visas.

Tiens, l’ octroi ! on l’a oublié, celui-là. Mot-Janus à deux visages, donner (octroyer) et prendre (l’octroi comme impôt). Honneur à l’octroi, donc, avec un p’tit bout d’un poème de René-Guy Cadou, dans son recueil Hélène ou le règne végétal :

Je n’irai pas tellement plus loin que la barrière de l’octroi,

que le petit bistrot tout plein d’une clientèle maraîchère…

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Désespoir de l’énergie

( Il y a un truc qui me dépasse, moi, dans cette affaire de difficile réforme des retraites… bon sang, mais qu’est-ce qui compte ? le temps qu’on a travaillé ! ça, et les conditions plus ou moins dures de ce travail, alias la pénibilité (*). Si je commence plus tôt, je finis plus tôt, et inversement, non ? si je veux m’arrêter à 59 ans et 5 mois, eh bien allons-y (**), je fais les démarches idoines, on me calcule les billes qui me reviennent pour les X trimestres travaillés, et je pars avec… c’est simple, et je ne vois toujours pas où est la nécessité de définir un âge légal de départ à la retraite – et d’agiter le chiffon rouge avec. LE chiffre, le chiffre qu’on nous propose et qu’il faudra peut-être avaler, c’est 43 annuités de boulot. )

Et puis c’est reparti… notons d’abord avec satisfaction qu’on semble enfin décidé à faire la peau à « presque tous » les régimes spéciaux de retraite ; ce n’est que justice évidente, et pas trop tôt. Mais voyez, devant le front uni des syndicats – hors les fonctionnaires, 8,7 % des salariés sont syndiqués, soit un sur 12 – voyez comme madame Borne leur demande gentiment de ne pas mettre les Français à genoux : c’est bien de la sollicitude de sa part ! Mais où en sommes-nous ? voilà déjà la menace des CGT-pétrole de rebeloter la grève des raffineries, grève sanglante de l’automne et qui a laissé bien des séquelles. On a découvert – ironie de la chose, grâce à monsieur Poutine – que l’énergie n’est pas une ressource « naturelle » ; c’est, presque autant que l’eau (***), une denrée stratégique, vitale, sans commune mesure avec les baleines de parapluie ou le cirage-crème. On constate ainsi que quelques centaines de clampins bien placés peuvent mettre le pays en panne, bien pourrir la vie de leurs concitoyens… et quelle initiative a été prise « là-haut » pour casser cette situation mortifère, pour garantir le libre accès des Français à l’essence et à l’électricité ? rien.

Tibert

(*) Pénibilité : un coefficient multiplicateur, par exemple marteau-piqueur, coeff. 1,3 donc 6 mois de marteau-piqueur = 2,6 trimestres.

(**) On subit là, et sans remède en perspective, une des trois tares du travail en France : dévalorisation et sous-paiement des métiers manuels, sur-évaluation des diplômes initiaux par rapport à l’expérience acquise, et les « séniors » très tôt sur la voie de garage.

(***) Imaginez un gang susceptible de priver le pays d’eau, en toute légalité…

Inutile de résister

( Et de une, la SNCF m’écrit « Raymond, (*) , votre carte Sénior va arriver à expiration... » : j’ai horreur de ces familiarités. Ils ont mon nom, mon âge, mon adresse… ils peuvent écrire « Monsieur Tibert-le-Chat, votre carte gnagnagna... » : ça, d’accord. Un peu de tenue, zut quoi.

Et puis le groupe musical Indochine ne veut pas jouer dans un festival, vu que ça doit se passer à Perpignan, ville dont le maire est affilié au RN. Le Parigot écrit d’ailleurs « …Perpignan, une ville RN » , raccourci amalgamant, sommaire et mensonger. Sectaire, petit et bas du front. Puisque c’est ça, je vais en représailles refuser d’aller à Paris tant que madame Hidalgo en sera maire. Non mais… )

Et puis allons-y d’un parallèle hardi entre, a) La Russie qui déplore cyniquement que les Occidentaux – appelons-les comme ça – aident militairement l’Ukraine par l’apport de plus d’armements : « C’est regrettable, ça va prolonger les souffrances des Ukrainiens » . En somme, disent-ils, laissez-vous faire, ça ira plus vite, on veut juste vous envahir et vous vassaliser, à quoi bon résister ? … et b) l’amorce d’un article du Monde, où l’universitaire franco-québecois Francis Dupuy-Deri regrette, de son côté, que « La charge contre les études sur le genre et le racisme menace la liberté académique » . Selon lui, les polémiques en réaction aux thèses et aux poussées idéologiques du woke, de l’antiracisme, du féminisme… (**) seraient juste là pour retarder, gêner, empêcher les avancées espérées ; monsieur Finkielkraut, notamment, il ferait rien qu’à les embêter !

C’est vrai, zut quoi… on perd du temps, là…. laissez-vous faire, ça ira plus vite.

Tibert

(*) En fait, rassurez-vous, ce n’est pas Raymond. C’est daté, Raymond.

(**) Et l’intersectionnalité ! ou comment découvrir, émerveillé d’avoir inventé l’eau tiède, la notion mathématique d’intersection d’ensembles.

Insolite expression

( La réforme des retraites… 64 ou 65 ans ? je parie qu’on va nous sortir 64, c’est moins dur à avaler… ceci dit – je ne suis ni à la CGT, ni d’ailleurs à aucun syndicat – le problème est mal posé, la question biaisée. Et d’une, il est d’abord important de mettre à l’unisson les régimes de retraite, TOUS les régimes, pour en finir avec les inégalités, les niches, les privilèges iniques de « certaines catégories de personnels » . Et de deux, nous savons tous qu’à partir de, disons, la cinquantaine, le salarié – le cadre, en particulier – est bon à jeter : trop cher, pas assez dynamique, etc – ironie de la chose, ce sont des cadres de plus de cinquante ans qui mènent cette politique anti-« vieux » . Le chômage des anciens, donc, jusqu’à 64 ans ? superbe progrès social. )

Mais hier, regardant les infos à 13 heures à la télé, j’ai eu un bref aperçu d’une entrevue Macron-journaleux, au ton curieux ; trouvant les questions-réponses d’un niveau navrant, jugeant ça d’une démagogie outrancière – jusqu’où Macronious va se vautrer pour bichonner son image ! j’ai zappé… ça s’appelait les Rencontres du Papotin. Je découvre en fait ce matin que Le Papotin, c’est d’abord un groupe, un canard produit par des adolescents et des adultes autistes ! et que ces entrevues ont déjà pu mettre sur le gril (*) – je cite une liste – Margerin, Mireille Mathieu, Anne Hidalgo, Renaud, Vincent Cassel, Daniel Pennac, Cedric Villani, Jacques Chirac, Stéphane Hessel, Roselyne Bachelot, Claude Allègre, Barbara, Gilles Lellouche… et Macronious.

Bref, je m’étais mépris. Ces questions curieuses, décalées, ce ton familier, tutoyant, cette ambiance non compassée, inhabituelle, c’est le Papotin, c’est assez unique, et ma foi c’est excellent. Ceci étant, qu’est-ce que Manu-les-rouflaquettes est allé faire là ? on l’a invité ? il a demandé à être invité ? il avait préparé ses réponses ? choisi ses interlocuteurs ?

Répondant à d’indiscrètes questions, il expliquait ses deux échecs de jeunesse au concours de Normale-Sup… et cet aveu : « J’étais trop amoureux pour être sérieux ». Allons, il l’est visiblement toujours ! ça ne laisse pas d’inquiéter pour cette réforme des retraites.

Tibert

(*) Gril avec UN SEUL L à la fin. Le grill des gargotes à steaks sauce barbecue « Métro » + frites surgelées + salade « offerte » , c’est un barbarisme.

L’homme et la pantine

( Grâce à l’entremise du Grand Rabbin, Où-est-le-bec et le recteur de la mosquée de Paris ont débattu pendant six heures (p…, six heures !) du différend qui les oppose – d’une certaine épaisseur, donc ! ils ont provisoirement suspendu les hostilités… à suivre. Il serait dommage que la liberté d’expression en sorte malmenée, mais je vous fiche mon billet que ce sera le cas.

Et puis Le Monde traite du « body composting » , qui en français pourrait se traduire par « compostage du corps » : un enterrement au vrai sens du terme, le retour à la terre, au lieu de moisir entre quatre planches, ou de partir en fumée. Mais quel est la valeur ajoutée de cette expression anglaise (états-unienne, en fait) ? zéro, c’est exactement comme le français, mais en anglais. Aaaah… du body composting ! fichtre ! bigre ! )

(*) Voir ma note plus bas. Je me suis bien diverti ce matin à lire cet entrefilet mignon sur l’initiative du maire PS – forcément PS – de Pantin, dans le 9-3 : il veut renommer sa cité « Pantine » pendant cette année 2023. Notez, ça compte pour du beurre, c’est purement symbolique. D’ailleurs l’accueil à cette farfeluterie est assez mitigé… Pourquoi cette idée saugrenue ? c’est paraît-il pour abonder la cause des femmes, pour, dit-il, « alerter sur les inégalités persistantes entre les femmes et les hommes » . Ces deux types d’humains sont non seulement différents et inégaux à bien des égards – et c’est chouette, non ? – mais il reste des domaines où les premières ont encore pas mal à ramer, on est d’accord.

Ceci dit, le maire de Pantin.e connaît mal sa géographie et les noms des villes de France : il en est des neutres, des féminins, des masculins, et donc c’est assez équilibré ! Je dirais même, les villes « femmes » sont très nombreuses ! Tenez, La Réole, La Ricamarie, La Napoule, Villeneuve – et non Vil Neuf ; Bussières-Poitevine, dans le 8-7, clame sa féminité… et tant d’autres. Les Essarts, Les Andelys, Les Issambres, chez les pluriels neutres, des Queers, peut-être ? et puis des mâles, bien sûr, il en faut pour féconder le débat, Le Havre, Le Guilvinec, Le Croisic, Le Veurdre… je n’ai pas les statistiques des proportions de genre pour les 36.000 communes de notre beau pays, mais la diversité y est. Essuyez vos lunettes idéologiques, monsieur le maire, voyez la vanité de votre initiative, moche décalque des errements du langage inclusif.

Et, imaginez un peu… si le maire de La Souterraine voulait promouvoir les pauvres hommes, hein ? Tiens, si vous avez des changements de genre cocasses à proposer, le concours est ouvert.

Tibert

(*) Si vous avez lu le bouquin de Pierre Louÿs, ou vu le film de Duvivier avec BB…

Chimères, lubies

( Les récentes citations de Où-est-le-bec (*) sur les musulmans… je m’abstiendrai d’y ajouter mon grain de sel. C’est le cas de le dire, c’est salé ! c’est salé, et naturellement on a droit aux cris, provocation à la haine, etc, et on a porté plainte. C’était couru, tant le débat se limite désormais à traquer l’islamophobie, ce serpent de mer mal bâti. Il est dommage que l’article du Figaro traitant de la réaction de Michel Onfray à cette querelle soit payant : le philosophe y entame un commentaire de texte, on y devine donc des réserves sur les phrases énoncées, citations ou pas citations, guillemets ou non. Eh oui, « le maître, dit le maire, est un abruti » / « le maître dit : le maire est un abruti » , n’expriment pas la même chose. Il nous reste donc à lire nous-mêmes la transcription du dialogue Onfray-Houellebecq « Fin de l’Occident ? » pour nous faire une opinion. )

Mais j’en viens à mon propos. Citation : « L’amélioration du niveau scolaire des élèves, l’égalité des chances et l’amélioration du fonctionnement de l’école » : tels sont les trois travaux d’Hercule que le ministre Ndiaye se propose d’accomplir dans son pré carré ministériel de l’Educ’Nat. Vous noterez, il veut améliorer deux des rubriques – louable résolution façon Nouvel An, et il y a de la marge ! – quand pour l’égalité des chances- comment améliorer une égalité ? – il doit faire appel à un absolu : une équation mathématique, donc, Chances (A) = Chances (B). Par exemple, A, fille d’immigrés à peu près illettrés, logée-entassée dans une cité sensible où les commerces de proximité ont tous renoncé, la télé sur N6 ou PF1 à longueur de journée, les devoirs sur un coin de tapis, et les mobs à pots trafiqués qui bombinent inlassablement sous les fenêtres ; B, père cadre sup, mère agrégée de Lettres, logé au calme et au large. Egalité des chances ? ma caricature A-B postule qu’il n’y en a pas, qu’on brasse du vent, là. Egalité ? pour entretenir cette fiction on s’aligne sur le plus faible : voir le bac, dont les statistiques laissent penser que nos chers petits sont largement meilleurs que 50 ans plus tôt… on a juste ouvert grand la porte et déplacé le curseur.

Ce qui fonctionne, en revanche, c’est, dans un cadre indispensable de discipline, de calme, de respect (on peut rêver), la motivation, le courage, l’opiniâtreté, du côté des potaches ; l’exigence, la rigueur, la sollicitude, chez les enseignants. L’école de la République a produit moult brillants sujets pourtant partis sur les pauvres bases de mon exemple A ; on pense évidemment à Albert Camus, mais il y en a des tas d’autres.

Payer les enseignants correctement, les soutenir, bannir l’antienne « pas de vagues » . Exiger l’ordre, s’en donner les moyens, et l’obtenir. Renoncer à la démagogie. Et faire péter les ghettos !

Tibert

(*) On se demande parfois, face à certains chiens très touffus, où est la tête, où est la queue ? il me vient la même remarque à propos de l’écrivain et de son bec – pour la queue il n’y a aucun doute.

Détruire les fractures

Le timbre rouge va disparaître ; selon la tradition orale, collé sur une enveloppe confiée à la Poste via les boiboîtes jaunes, il permettait de l’envoyer (l’enveloppe) en 2 jours maximum au fin-fond du Tarn-et-Meuse. Terminé, nous dit-on ; il n’y aura plus que des lettres lentes, vertes, paisibles, genre « y a pas l’feuu auu laac ! » avec l’accent du Léman. La Poste, toujours plus peau-de-chagrin (*), va remplacer ça par du traitement électronique, vous pensez bien !

Mais voilà : on / ils se trompent de cible. De deux choses l’une : ou bien vous avez une connexion au Houèbe, un mobile moderne ou un ordi, et vous savez utiliser la messagerie de votre bouzine : vous envoyez des emails ! c’est rapide, gratuit, et ça marche. Pourquoi faire appel à la Poste ? Ou bien vous n’y comprenez pas grand-chose, l’informatique et vous ça fait deux, Windôze vous fait horreur, alors vous écrivez des lettres, comme au bon vieux temps… lettres que vous postez ensuite avec un timbre vert, puisque c’est du vert, maintenant. Et, si ça vous chante, une violette séchée dans l’enveloppe, ce que l’email ne sait pas faire – pas encore, mais on y travaille. Ça va mettre deux jours ? eh bien ça mettra deux jours. Quand c’est pressé-pressé, on téléphone…

L’Insoumise-Française Manon Aubry (bizarrement, rien à voir avec madame 35-Heures « Quand c’est flou, y a un loup » ) a thouïtté un truc sur le sujet : « Alerte disparition de l’envoi du courrier par la poste remplacé par… un email ! Ou comment continuer à détruire nos services publics et la fracture numérique avec ! » . Si ce n’est pas de la confusion mentale, qu’est-ce ? la Poste qui veut détruire la fracture numérique ! On aura tout entendu, cette année. Voyons, madame… enfin…

Mais la même madame Aubry (Marion) énonce là, tout de même, un truc utile : le projet de la Poste pourrait amener à faire payer les lettres – des courriers électroniques, en fait – passant par ses pattes : l’invention de l’email payant, en quelque sorte. Ce que la Planète entière n’a pas réussi à faire, les PTT françaises y réussiront peut-être.

Notez, les cyber-cafés le font depuis longtemps : on paye pour lire / envoyer ses emails. C’est là sans doute l’évolution qui pourrait VRAIMENT sauver la Poste, donner une nouvelle motivation à nos chers préposés. Oubliez ceux qui ont Internet chez eux, c’est mort ; la vraie bonne clientèle, ce sont les réfractaires, les « fracturés-numériques » , les anciens, les solitaires en quête de chaleur humaine. Donc, une pompe à bière derrière le guichet de la buraliste, des flacons sur les rayonnages, des ordis en libre service (payant), une ou deux aimables monitrices pour aider pépé à naviguer sur le Houèbe et rédiger son courrier, des flippers, un billard, un juke-box, des fléchettes comme chez les Rosbifs…… voilà qui va revitaliser les centre-villes de nos mornes bourgades. On pourrait pimenter ça avec des hôtesses… mais ne dérivons pas. Il faudra bien entendu revoir les horaires, décaler vers le soir, les week-ends…

Et c’est là que le bât blesse ! j’entends d’ici les protestations : et mes 35 heures ? et mes congés-maladie ?

Tibert

(*) Dans mon bled, la poste est fermée le lundi ; les autres jours, c’est selon… selon la vitesse du vent, les congés de maladie et les aléas des rotations de postes, c’est le cas de le dire. On peut devoir faire 25 km (pas à vélo ! les côtes sont redoutables) pour aller poster une lettre un peu urgente, de village – zut, la poste est fermée ici aussi – en village : ah tiens c’est ouvert ! Ou comment faire la peau aux services publics, notamment et en priorité là où il n’y a plus guère que ça pour donner un semblant de vie.