César et nos minets

Voici revenu le temps des Césars (allez, au pluriel, il y en aura pour tout le monde). La corporation des z’intermittents du cinoche va pouvoir se congratuler, s’admirer et se faire admirer. On y remerciera l’équipe technique et les producteurs, on y visionnera quelques morceaux choisis.

Mais c’est plutôt bien, par ailleurs, qu’on fasse ainsi la nique aux Oscars d’Amérique, car Hollywood n’a pas le monopole de la création cinématographique, et toc ! Et si Valérie Lemercier est en verve, ça peut se révéler intéressant.
Mais mon propos se veut ici plus grammatical que cinécentrique, car traitant de « nominé » : de l’anglais  « nominated » (précisément pour les Oscars) : on est rivaux des amerlocs jusqu’à singer leurs mots.

Donc que faudrait-il dire ? nomination -> nominé ? voyons : une …ation a pour verbe correspondant …er ! exemples : sommation sommer / ablation abler / rotation roter (burp) / crémation crémer / libation liber … impec’.

Bon, que sont ces films « nominés » ? ce sont des films retenus (sélectionnés, choisis, nommés)  pour briguer les Césars, et n’est pas forcément César qui est nominé … César qui est notre minet ! C’est bourré de fautes, ce billet.

Signé : Minet le bien nommé.

Bidochons

Il paraît qu’en chaque homme il y a un cochon qui sommeille – c’était un dicton de chrétien, maintenant avec les religions sans cochon, que dire ? – et je puis ajouter (« rajouter » en français de tous les jours, j’y consacrerai bientôt un billet) qu’en tout Français il y a un Bidochon qui sommeille.

Vous aurez noté que je n’ai rien dit concernant les Françaises, en qui le dicton ne voit sommeiller nulle truie, et si la célèbre Mme Bidochon (Raymonde) n’est pas citée ci-dessus, c’est qu’elle est clairement moins conne que son mari, bien qu’ayant ses limites.

Donc les média radiophoniques, et notamment une radio périphérique prétendument Numéro 1, ont aujourd’hui longuement tartiné sur une « bonne blague » faite par un humoriste à notre Royal(e) candidate, blague consistant à se faire passer pour un ministre canadien – vous imaginez l’accent de bûcheron québecois – et à extorquer à ladite Ségo quelques phrases imprudentes propres à dilater la rate des z’auditeurs.

Ah ah, je me marre (aux canards).

Gageons que le pitre qui a commis cette chose aura à coeur, par souci d’équilibre, de piéger téléphoniquement le petit Nicolas, par exemple en lui annonçant que sa femme le re-quitte (poilant !! on se bidonne !), ou toute autre farce propre à réjouir le bon peuple.

On est là dans la même veine que les sinistres et laborieux Guignols, experts dans le gras, le schématique et le lourdingue. De la politique pour abrutis.

Rengaine hivernale et autres

Hier mardi et cette nuit il a neigé en divers coins de la France : étonnant !

Pourtant nous sommes en Janvier, période où les sociétés d’ôtôroutes, si efficaces pour nous ponctionner 1 euro tous les 20 km en moyenne, n’ont évidemment aucun souci quant aux conditions de circulation sur leurs concessions ruineuses.

Donc comme d’hab’, poids lourds en travers, bouchons homériques, chasses-neige au compte-goutte et de toutes façons bloqués par les bouchons, milliers de passagers coincés dans leurs bagnoles toute la nuit, ou dans un gymnase avec des sandwiches dans le meilleur des cas …

Un routier, interwievé ce matin, nous comparait aux allemands, qui écoutent les bulletins météo (ouais, ils font ça !!), sablent / salent préventivement (c’est possible, ça ? ), mettent 2 chasses-neige par portion d’autobahn pour déneiger en tandem 2 voies de chaque côté à un rythme d’environ 70 km par heure … et c’est gratoche ! chez nous, un chasse-neige dans le meilleur des cas, 30-35 km/h, une seule voie déneigée, et on paye !

Et tous les ans ça recommence, et tous les ans les autoroutiers jurent qu’ils vont y mettre les moyens.

C’est carrément à désespérer de ce pays.

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« Trop de loi tue la loi » … Bien content ! Le Monde reprend mes thèmes (voir « Lire la loi’). Voyez donc :

http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3226,36-858601,0.html

Je cite : « La production est non seulement plus importante au fil des ans, elle est cumulative. « Dans la tradition britannique, explique un fonctionnaire du Parlement, les textes se suivent et se remplacent. Chez nous, ils se complètent. »  Eh oui, les engliches n’aiment pas les empilages de textes se référant les uns aux autres – on les comprend – , tandis qu’en France – patrie de la Clarté, comme chacun sait – certains … « défendent le système en expliquant que « la tradition française oblige à comprendre la règle dans son épaisseur historique ». Et puis, objecte-t-on, « ne nous leurrons pas, le droit n’a jamais été, nulle part, accessible au quidam !« .

Et wouala, c’est dit ! Admirez … j’aime assez les arguments du style « épaisseur historique » : les lois c’est comme un Big Mac, plus c’est empilé meilleur c’est ! Les incultes qui avancent ces âneries n’ont sans doute jamais pris connaissance des techniques documentaires d’historisation des textes, qui permettent de consulter toutes les versions d’un même topo, tout en préservant la lisibilité de chacune.

Et retenez, Quidam, que le Droit n’est pas destiné à vous être accessible.

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Entendu hier soir l’ineffable M. Didier Migaud, parlementaire socialiste, fustiger les propositions du petit Nicolas à propos de sa « politique de toujours moins d’impôt ».

Puis-je lui faire remarquer qu’il manque à sa diatribe des précisions importantes quant au point de départ de cette politique ? Usons d’un parallèle avec le sport cycliste : si nous nous trouvions avec notre bécane au sommet du col du Galibier (ou de l’Iseran, ou du Somport etc…) quelle autre politique que de descendre ? hein ? M. Migaud ? hein ?

Cappuccino

Toujours sur Pierrot la soutane, si vous suivez … alias feu l’abbé Pierre : il fut d’abord père capucin, comme chacun ne sait pas, avant de passer dans le ‘civil’, pour cause de santé fragile ; mais bon, on n’est pas ici sur l’hagiographie de M. Grouès, d’autres s’y emploient avec ardeur ; on parle de capucins : de l’italien cappuccino, petite capuche !

Vous voyez, la petite capuche ? le dôme de lait mousseux saupoudré de cacao, crépitant de petites bulles blanches (tiens, tu fais du sous-Delerm, façon « Première gorgée de bière », plagiaire ! ) à la surface de la tasse fumante et parfumée ?
Tout ça nous ramène inévitablement – voir un de mes précédents billets sur la furtivité – à la grande confrérie des capuches : coiffures humbles d’hommes dissimulant leur piété sous l’anonymat de ce couvre-chef uniforme, adeptes de l’ombre sur les yeux. Et dans ce genre les pères capucins furent donc des précurseurs, suivis – bien des siècles plus tard – par leurs disciples à sweat-capuches, d’jeunes des quartiers, qui sur le plan du couvre-chef n’ont donc rien inventé …

Reconnaissons toutefois que cet autre incontournable de la tenue de quartier, le très patatoïde pantalon « baggy » – qui fait irrésistiblement penser à une panne de sphincter anal – ne relève pas, lui, de la tenue historique des pères capucins.

Grouès sur le quai

Celui qui avait choisi ‘ l’abbé Pierre ‘ pendant la dernière guerre comme pseudo de clandestinité – comme d’autres Morland ou Fabien – , alias Pierrot la soutane pour ses amis d’Emmaüs, a cassé sa pipe, et pourtant il ne fumait pas.

J’ai eu la surprise, par un beau soir clair et frais de septembre 1997, sur le quai de la gare de St Gervais – non loin de Chamonix – de le trouver, attendant là un train en correspondance avec un ami. Je partais avec quelques collègues faire le Mont-Blanc, que je me suis fait, merci.

Il était parfaitement conforme à l’image que nous donnaient les télés, avec sa soutane, ses lunettes, sa barbe, son béret et sa canne. Reconnaissable entre tous.

Nous ne l’avons pas abordé, monsieur Henri Grouès, sur ce quai ; d’ailleurs, que lui aurions-nous dit ? et puis ne souhaitait-il pas voyager peinard, loin des z’interviouzes, des media, des journaleux, des badauds ?

Alors bon vent vers Dieu le Père, s’il y en a un, Monsieur l’abbé. Avec ou sans Lui, ce petit billet a été écrit pour vous saluer, pour saluer un homme qui s’en va.

Ordre juste

Tiens, cette coquetterie de notre Royal(e) candidate républicaine : « ordre juste » ! Vous ne serez pas sans vous être aperçus que cette femme cultive tout un potager d’expressions destinées à renouveler le langage politique, en d’autres termes à remplacer la langue de bois – qui a pourtant beaucoup de cercles concentriques à son tronc – par des termes plus frais, plus vrais.

Eh bien, « ordre juste » me plait. Pas à cause de Mister Arnaud M. l’impertinent qui y a goûté (à l’ordre juste), mais en soi-même : belle idée.

Car en effet (ah ah quelle horreur, « car en effet » !! – reprenons) : Car il peut y avoir le désordre, juste ou pas (ce que refuse notre candidate, et là je vous laisse un instant de réflexion pour bien comprendre que le désordre est à bannir chez S.R.), ou l’ordre ; et cet ordre peut être « un peu juste », comme une paire de chaussures (trop serré, quoi !), juste-juste (ric et rac : « un ordre ric et rac », vous voyez ça ?), juste tout court, comme on en rêve, et enfin carrément injuste.

L’ordre injuste : Pinochet, Salazar, Staline, euh… vous voyez ? bon on passe notre tour. Mais si bien évidemment il n’est pas question d’un ordre injuste, alors pourquoi avoir besoin de préciser qu’il doit être juste ? Ah ah…

Eh beh : supposez que S.R. ait dit « Montebourg, au piquet, car il faut de l’ordre ». Vous voyez tout de suite le tableau : ouais, autoritaire, tout ça, fille de militaire, etc.

Donc, juste un peu d’ordre, hein, pas trop. C’est vite lourd à digérer. Surtout dans un parti socialiste.

Eponyme

Bon, on ne va pas gloser-bloguer (horrible néologisme) sur la punef de M. Montebourg, je suppose qu’innombrables sont ceux qui s’y seront mis, à juste titre n’est-ce-pas ! Juteux sujet, assez hilarant ma foi et qui laisse bien augurer de la suite de la campagne.

Je reviens sur des problèmes d’expression… il me souvient qu’étant salarié d’une grosse boîte dans une vie antérieure, il me fut demandé de remettre un rapport détaillé comparant les prestations de N entreprises de logiciel informatique ; ce que je fis. Mes chefs – j’en avais plusieurs – devaient le lire et y réfléchir avant de statuer. L’un d’eux, assez à cheval sur les fautes de français (eh, oh, j’en fais pas beaucoup), me renvoya mon brouillon biffé à cet endroit : « … le logiciel MachPro, de la société éponyme » ; il avait rectifié comme suit : « … de la société Eponyme ».

Rêveur, je m’interrogeai sur l’égarement qui avait fait prendre à cet éminent chef l’adjectif « éponyme » pour un nom propre ! Eut-il ignoré le sens de ce mot, il lui suffisait de consulter son dico ! « Eponyme : qui donne son nom« . Simple, non ? homonyme éponyme synonyme patronyme …
Mais aussi, combien de fois entendons-nous : « Duchmol, créateur de l’entreprise éponyme » : eh non, mon ami ! c’est dans l’autre sens. Retournez la phrase…

Ou bien : ‘ « En attendant Godot », le film à grand succès tiré de la pièce éponyme’ : là aussi, faut-il biffer rageusement en rouge ? car « en attendant Godot » n’est pas un nom, stricto sensu. Mais avouons que c’est bien plus véniel – on a respecté le sens de filiation – que d’inverser les rôles.

Donc vive le blockbuster (c’est pas un nom propre) « En attendant Godot ». Et surtout, que M. Montebourg reste au piquet pendant un mois, il l’a largement mérité par ses insolences, et comme dit l’autre, c’est l’ « ordre juste ».

ISFistes

Nous sommes en pleine tempête médiatique sur les revenus des candidats à la future élection, dont notre petit Napoléon hyperactif, lequel nous épate car il paye l’ISF depuis l’an dernier … est-ce à dire qu’il ne disposait pas de 720.000 euros de patrimoine déclarable avant 2005 ?? le maire de Neuilly, le ministre des Finances et de l’Intérieur réunis ?

Nous retrouvons ici les bonnes pratiques des vrais riches : TRES bien conseillés (très cher) par des experts en fiscalité rompus aux z’arcanes de la Loi, ils passent à l’aise (Blaise) à travers les diverses taxes et ponctions ; voir notre Pasqua national qui – le pôvre – échappait aussi à l’ISF et louait simplement son logement. Tandis que le « riche » lambda qui possède 900.000 euros dont les 2/3 représentent son appart’ a plus de mal à se payer un conseiller fiscal de haut vol.

Mais … c’est quand même mal vu, la technique « faites ce que je dis, faites pas ce que je fais » ! On peut donc parier un paquet de cacahuètes que si Mister Sarko paye l’ISF depuis récemment pas longtemps, c’est qu’il a jugé plus prudent de le payer, ceci dans le cadre de sa candidature élyséenne : se faire épingler comme échappant à cet astucieux impôt eût fait désordre…

Au fait, pourquoi ne pas partir en Suisse au lieu de finasser avec des SCI, des zeuvres d’art, des investissements dans les DOM-TOM ? eh beh, Président de la République et résident suisse, il faudrait prendre un abonnement TGV Paris-Zurich, c’est assez cher !!

Ma tuture

Lu ceci ce matin dans « Le Figaro » (quoi, il y a des lecteurs de ce torchon réac ?) sous le titre « voiture minimale » : voir http://www.lefigaro.fr/automobile/20070105.WWW000000251_voiture_minimale.html
« À quoi bon en effet changer de voiture si c’est pour se morfondre dans les embouteillages, subir la traque robotique des radars et acquitter toujours plus d’impôts liés à l’achat et à l’usage d’un véhicule ? Cela ne fait plus de doute, la voiture neuve motive un peu moins les Français, pour qui le budget automobile est le deuxième poste de dépenses familiales. »

Eh bien en voilà une analyse qu’elle est lucide ! Je me le disais bien moi aussi … hein, à quoi bon se fendre d’une grosse bagnole neuve et chère pour aller se traîner dans les queues ou les traversées de hameaux, rouler tétanisé de crainte – un oeil sur le compteur, un oeil sur les panneaux de signalisation, un oeil sur la route, un oeil sur les possibles planques de pandores – et se faire flasher pour des misères de 3 km/h.

Et le même Figaraldus de poursuivre : « Ceux qui disposent de revenus plus conséquents, et qui se tournent volontiers vers les marques étrangères, n’ont pas encore fait ce raisonnement, mais pour combien de temps ? »

Or, à votre avis, à quel lectorat s’adresse ce canard ? aux petits, aux sans grade ? ben non bien évidemment, c’est « ceux qui disposent de revenus plus conséquents » ; donc notre brave canard est en train de leur sussurer : « les mecs, revendez votre BM, votre Benz, votre A8 et achetez une Clio 3, une 307 … d’occase de préférence ; vous vous z’en porterez mieux ! »
Voilà un vrai journal patriote, qui soutient notre industrie nationale !

Bravitude et soupe au cochon opposable

Bon, il est des jours où l’inspiration est en panne, et la sagesse est de ne rien écrire, ou de puiser dans les innombrables questions soulevées par notre belle langue, ses dérives, ses atrocités (« opportunité », « adresser », « solutionner », « faire du bronzing » etc …) ; bref il est des jours sans.

Mais mais mais depuis peu quel bouquet de beaux sujets ! La « bravitude » de notre Royale Ségo (« bravoure » ? « titre de brave » ? au total ce n’est pas idiot, « bravitude », pas dans le Larousse mais logé à la même enseigne que le magnifique « abracadabrantesque » cher à notre Chirac national mais dont la paternité revient à Arthur R., comme de bien entendu. « Bravitude » aurait-il une aussi illustre origine ?

Mais aussi cette soupe au cochon « discriminatoire » au SDF pas catholique ! quelle trouvaille. Et quelles vertueuses indignations de nos Politiques ! Poussons un poil (de cochon) le bouchon : quand va-t-on fermer enfin les charcuteries pour cause de « discrimination » ? non mais c’est insultant pour les musulmans et les juifs, ces boutiques à cochon !! Fini les rillettes, le pâté de campagne et les pieds panés (et bonjour tristesse).

Et enfin, le récurrent problème du logement des plus démunis nous donne le délicieux « droit opposable ». Superbe découverte : nous avions des droits, inscrits dans la Constitution ou dans nos lois – dont le droit au logement – mais pôvres de nous ils n’étaient pas opposables ! Juste des droits pour de rire, des pistolets en plastique, de la monnaie de Monopoly … des droits de Mickey.

France, patrie des Droits opposables de l’Homme, ça sonne mieux, non ?