La monoculture fout le camp

Le Monde nous sort une superbe amorce d’article (l’intégralité est payante, mais on peut s’en passer) : « Comment l’extrême-droite a infiltré les médias » . A vrai dire, le « comment » n’y est pas, du moins dans la partie gratuite du topo ; c’est le simple constat que depuis quelque temps il est des stations télé, des radios – les canards, c’était déjà en place – qui propagent ou laissent s’exprimer des thèses et des thèmes dits « de droite » . Et de nous citer des noms, au Figaro, à Valeurs actuelles, à CNews, etc… Dans une « bulle » sur un dessin (humoristique ?) illustrant le sujet, un type commente « … maintenant on a un écran géant 4K pour suivre l’épandage de fange sur la monoculture » . Voilà un clé de lecture : les thèmes de droite c’est la fange, pour rester poli, et avant c’était la monoculture… de gauche, forcément de gauche. C’était le bon temps… Daniel Mermet… Marie Colmant… on communiait.

Autre clé de lecture, je cite : « A l’arrivée, 91 députés d’extrême droite, dont 89 du Rassemblement national (RN), viennent de faire leur entrée à l’Assemblée nationale » . C’est donc la faute à la fange – à l’épandage de ce lisier, pour être clair – perturbateur de la monoculture, si autant de députés RN ont déboulé ! ( et les électeurs ? les 40 % d’électeurs du RN et assimilés ? où étaient-ils ?). Sinon, vous pensez bien, l’inarrêtable Mélenchon serait premier ministre…

Eh bien ma foi, moi, je suis ravi d’entendre – si ça me chante, librement, suivant mes humeurs – des voix discordantes ! ravi de ne pas avoir à subir l’exclusivité des prêchi-prêcha « Bonne-Pensée » de France-Inter ou de France 2-3, les analyses biaisées et patelines des chroniqueurs patentés « Pays des droits de l’Homme » (*), les compassionnistes des pauvres délinquants multirécidivistes malmenés, les explicateurs « c’est la faute à la société » , les vindicatifs d’Oxfam, les pasionarias de l’abrogation immédiate des frontières et du relativisme culturel « tout se vaut » (**). Chacun peut se faire son miel, de droite, de gauche, du milieu, panaché, nuancé… et c’est largement préférable à la monoculture.

Tibert

(*) C’est curieux, « Droits de l’Homme » – terriblement macho, non ? – n’a pas encore fait place à une version corrigée inclusive, « Droits de la Personne Humaine » par exemple. Alors, ça roupille, à la LDH ?

(**) En toute logique, si tout se valait, on serait mal embarqué pour définir les fameuses « valeurs » dont on se gargarise, et à critiquer les idées de droite !

Péjoratif, le neutre

( Une superbe étude de France-Info, qui enfonce des portes ouvertes (*), mais pas que : sur le ressenti des gens à propos de rejet, de discrimination, de menace… « racisme, sexisme, islamophobie » . On notera qu’en matière de religion, seul l’Islam est questionné ; en gros donc, tout semble baigner pour les chrétiens, nonobstant les très nombreuses agressions dont leurs lieux, leurs symboles, leurs représentants sont victimes. Et puis l’on pourra pointer la perverse confusion – soigneusement entretenue par les « victimes » – entre la critique de l’Islam et le racisme : c’est une religion, pas une ethnie, encore moins une race ! et en France il est licite de critiquer les religions. Mais je voulais me faire l’écho d’un commentaire de lecteur, que je trouve clair et lucide, bref voilà :

« Islamophobie » : ce néologisme sur-employé et sur-exploité par l’extrême gauche (par ailleurs anticléricale, allez comprendre !) et les artisans de l’idéologie multiculturaliste, qui vise à déconstruire la nation par la dilution ethnique des peuples et le relativisme culturel, est un outil forgé par l’islamisme politique précisément dans le but de brouiller les lignes entre islam et islam fondamentaliste (essentialiste), et d’imposer son expression identitaire sécessionniste comme une norme, échappant à toute critique de forme (l’exhibitionnisme vestimentaire) et de fond (la sape méthodique de la République) » )

Mais autre chose : J’ai comme vous 😉 écouté le discours de madame Borne à l’Assemblée. Belle tenue, catalogue de bonnes intentions, tandis que les LFI se comportaient comme de stupides potaches de 5ème en cours d’anglais ou d’arts plastiques. Mais je ne vais pas me tuer à décortiquer ses annonces ; j’ai juste pointé les génuflexions au Politiquement Correct de genre. C’est le petit bout de la lorgnette, je sais, mais quand même… bref voilà ma conclusion ; quand c’est positif, on y va du « celles et ceux » , « toutes et tous » et autres formules qui vont bien ; quand c’est négatif, critique, péjoratif, c’est « ceux » tout court, le neutre.

« Nous avons toutes et tous conscience de l’urgence et de la nécessité d’agir… » ; « Honte à ceux qui attaquent les policiers » . En somme, la « plume » de madame Borne considère que les malfaisants sont tous mâles – pourtant il m’a bien semblé que, chez LFI… – ou bien il y a deux « plumes », une adepte du celzéçeux pour distribuer les bons points, l’autre, résolument dans l’orthodoxie grammaticale, pour les blâmes. Virez la première, madame Borne, pour la concision et l’élégance de vos textes, et pour faire la nique aux dévots de l’épicène.

Tibert

(*) L’expression des femmes, concernant les agressions sexistes dont elles sont victimes, est bien plus fournie : évidemment, ça tient à la libération de la parole, pas à une augmentation de l’activité harcelatoire des mâles, toujours aussi lourdingue, et qui n’a guère évolué – peut-être même diminué, mais j’en doute.

S’inscrire, dans le futur

( Messieurs Quatennens et Bompard bombardent, comme attendu, et comme de bien entendu, la prochaine et rituelle prestation de madame Borne à l’Assemblée : elle ose ne pas demander un vote de confiance ! Ce n’est pourtant ni la première ni la dernière qui joue le coup comme ça. Elle sait compter, madame Borne : à Polytechnique on fait des trucs plus compliqués. Elle n’a aucune envie de se faire hara-kiri pour l’éventuel bonheur (*) des LFI’s. En leur temps, Raymond Barre, Michel Rocard, Édith Cresson et Pierre Bérégovoy ont fait de même, donc c’est légal, sinon plaisant. Dont acte ! on attendra la 6ème république (« populaire » , à n’en pas douter) chère à monsieur Mélenchon et la Nupesse pour changer les règles. )

Et puis en Italie, suite à l’effondrement dramatique d’un glacier très – trop – fréquenté, on pose une nouvelle fois le problème de la surfréquentation : « Le week-end on a l’impression d’être sur les Champs-Elysées tellement il y a de trafic. Ce n’était pas le cas il y a quelques années. Maintenant avec ce tourisme de masse, il faut faire des choix… » . Eh oui, on est trop nombreux, on a trop de loisirs, et l’on veut tous, c’est curieux, se faire la Joconde (un selfie de préférence, en lui tournant le dos, pour garder une trace, « J’y étais » ) plutôt que d’aller contempler la clôture du 27, rue des Colibris (des Fauvettes, des Loriots… (**)) dans un récent lotissement de maisons SamSuffy. A la bonne saison, l’ascension de l’Everest voit des cordées faire la queue… bref la Planète devient clairement invivable.

Cette Planète n’est pas faite pour 8, 9, 10 milliards d’humains, c’est tout, et c’est tragique. Les écolos-verts peuvent invoquer la décroissance, c’est aussi et surtout de décroissance humaine qu’il convient de discuter. On peut organiser des numerus clausus, des inscriptions limitées sur le Houèbe pour toutes les attractions, du Fuy du Pou à la Grande Rumaille en passant par le Musée du Drapo – c’est toujours ça de moins à s’agglutiner – mais il reste que nous sommes en train de surpeupler cette terre. Grosses guerres, épidémies massives, tsunamis… ce sont des solutions, mais pas forcément bienvenues : à nous de nous montrer lucides – on peut toujours rêver !

Tibert

PS – De l’eau (de la lagune) à mon moulin : sur Ouest-France, cet article narrant comment Venise tente d’endiguer les marées de touristes : les visites d’un jour devront se faire sur pré-inscription payante. Vous verrez, ça va se généraliser.

(*) Détruire, disent-ils

(**) Pour éviter les surfréquentations et les embouteillages hélas prévisibles, le nom de la rue a été changé.

Manque de Pô

( J’ai pu discuter avec une qui-dame, qui me déclarait avoir changé ses habitudes d’ablutions matinales… comme le ballon d’eau chaude est assez loin de la salle d’eau, il faut un temps « Grand T » pour que l’eau arrive à la douchette à bonne température. Vous voyez le truc… eh bien, au lieu de regarder distraitement se perdre 3-4 litres de flotte propre mais trop froide dans la bonde, un seau récupère ce précieux liquide, qui sera utilisé pour, au choix, {arroser les plantes / une chasse d’eau d’appoint / laver le carrelage…}. Pas mal, non ? la dame pousse le vice jusqu’à récupérer une grande partie de l’eau de rinçage, laissant pour ce faire le seau à ses pieds durant ses ablutions. Ce qui, vous le comprendrez, élimine l’option arrosage des plantes – et la carafe bien fraîche pour le pastis, ça va de soi. Mais pour la chasse d’eau, no problemo, ça marche ! Si vous économisez chacun 3 litres par jour, ça va faire… bzzbzzzbzz… 30.000 m3 d’eau épargnés tous les jours. Tous les jours, un étang rond de 140 m. de diamètre sur 2 m. de profondeur. Manque plus que les poissons. Pas mal, non ? Et n’oubliez pas que la douche lave mieux que le bain, et bouffe 5 à 8 fois moins d’eau.)

Mais tout ça, c’était un hors-d’oeuvre pour cette triste nouvelle : l’Italie décrète l’état d’urgence pour plusieurs régions du Nord, dont le Piémont. Plus assez d’eau, eh oui, canicule précoce et pas de pluie. Le Pô, le fleuve le plus important, est à l’étiage… si vous revoyez « Riz amer » qui se passe, justement, sur les plantations de riz dans le delta du Pô, ce sera « Rires amers », car de riz, il n’y en aura plus du tout si ça continue.

Et pourquoi tout ça ? eh bien il y a des années que l’on alerte sur l’ineptie et la néfasteté (néfastitude ? ) de certaines cultures très consommatrices d’eau – ceci au pire moment, durant le plein été – et connement productivistes. Vous pensez au maïs ? vous avez bon. Ce maïs qu’on cultive essentiellement pour faire du fourrage qui nourrira les bovins. Et vas-y que je te pompe l’eau dans la rivière déjà bien basse pour arroser mes hectares de maïs assoiffé ! Il y a des alternatives, bien entendu, le sorgho, notamment, tenez, cet article. Ceci étang (*), le site Semencemag prend la défense de la culture du maïs, que l’on maîtrise très bien, paraît-il. Faites-vous une opinion… mais il reste que l’eau devient rare ; et que la question de la récupération des eaux usées devient cruciale : sur ce point la France est très en retard, je cite ce dernier article : « Seulement 0,2 % d’eaux usées sont traitées en France, contre 8 % en Italie, 14 % en Espagne et plus de 80 % en Israël. » . On a donc de la marge, c’est ça la bonne nouvelle !

Tibert

(*) C’est un jeu de mots aqueux, dans le droit fil (de l’eau) de mon propos.

LR… idicule

Les bidouilles politiciennes se suivent et font rire – feraient rire, si ce n’était pas lamentable. J’apprends hier que le Grand Chef des Républicains, les LR, monsieur Christian Jacob, quitte son poste et va se mettre à l’anglais intensif ! Je cite Wikipedia : « Il quitte la présidence du parti le 30 juin 2022. Annie Genevard, vice-présidente déléguée devient alors présidente du parti » . Ahhhh enfin ! Qu’il se mette à l’anglais, ma foi, il n’est pas le seul à manifester des lacunes dans cette langue, dont les phonèmes sonnent bizarre à nos oreilles : « My taylor is rich » et « his sister is not a boy » vont lui faire le plus grand bien ; et puis son départ de la tête des LR est aussi une bonne nouvelle. Il est grand temps que ces braves gens se prennent entre quatre-z’yeux et dépoussièrent leurs fondamentaux… Le dernier épisode parlementaire, l’élection du Grand Manitou de la Commission des Finances, a illustré une manoeuvre assez cynique des Macronieux ; en s’abstenant dans le vote pour ce poste, ils ont laissé la porte grand-ouverte à deux options : soit le candidat LFI si les LR ne votaient pas pour celui du RN, soit ce dernier dans le cas contraire – les LR eux-mêmes, minoritaires dans les deux schémas, n’ayant aucune chance. La rigidité doctrinaire des LR, réaffirmée par monsieur Jacob – « jamais de compromission avec le RN » , a voulu que ce soit LFI qui gagne, en la personne d’un trotskiste déclaré… belle et noble posture, suicidaire… Cerise sur le baba, c’est en termes aussi définitifs que le même Jacob affirmait ne pas vouloir de pacte ni d’alliance avec Macron : alors… on reste au milieu, bien « planté » !

Sur des points politiques essentiels, LR montre une variante velléitaire, timorée des positions du RN – la défense et illustration de notre culture, le refus de l’immigration illégale et massive, l’exigence de sécurité – ils sont nettement moins véhéments sur les carences pourtant évidentes de la Justice. Sur d’autres points, l’économie, la politique étrangère… quand le RN se montre démagogue, populiste, anti-européen, LR affiche des positions bien plus saines, mais à quoi bon ? c’est grosso-modo le même credo que chez les Macroniens. En bref, LR c’est le RN édulcoré sur la Francité, une copie de la Macronie sur le reste.

Alors, à quoi sert LR ? bonne question…

Tibert

En principe, en théorie…

( J’en ai assez de lire des traductions aussi nulles : les Etats-Uniens usent et abusent de l’expression «  …fucking machintruc… » , il y a un fucking bidule à tous les coins de phrases. Par exemple on nous raconte les errements subversifs de Donald Trump lors de l’assaut au Capitole en janvier, citation : « Je suis le putain de président… » ; en remontant à l’anglais il a sûrement dit « I’m the fucking president blahblahblah… » , c’est comme ça qu’ils causent. Pas nous ! pas nous… une traduction propre et correcte en français, c’est « Putain (merde quoi, féchier, etc) c’est moi le président (je suis le président), amenez-moi gnagnagna… » . C’est un détail, je sais, mais tant qu’à traduire ce putain de président, autant le faire bien : le mot à mot donne des résultats piteux. )

Mais autre chose : une illustration lumineuse du système français des lois, décrets et réglementations… Je vous serine que nous sommes les champions des lois « en l’air » , inapplicables, inappliquées ; les enfreintes ne sont jamais sanctionnées. Nous avons donc un magnifique système législatif ! ultra-complet. Dès qu’un tricycle avec un frein arrière défaillant provoque un accident, on sort une loi concernant les tricycles défaillants du frein arrière. Sauf que c’est lettre morte, comme d’hab… personne pour faire appliquer ce truc, c’est mal pensé (*), on n’a pas les moyens, ou les effectifs, on a d’autres priorités….

Les encombrants déposés sur la voie publique à la sauvage ? c’est 135 euros d’amende, c’est affiché sur les camions-poubelles à Paris. Mais citez-moi un quidam qui aurait été sanctionné pour avoir déposé un encombrant sauvage… c’est pourtant courant d’en voir un peu partout sur les trottoirs. je vous passe les mégots, les papiers, les crottes du clebs, les… Idem, des zélés du vélo un peu sourcilleux se sont acheté un radar-vitesse ; la limite à Paris étant de 30 km/h (c’est inutilement répressif, naïf, aberrant, les types qui ont pondu ce règlement ne roulent qu’à l’abri d’une voiture avec chauffeur, lisant la presse du jour sur leur mobile…), ils ont voulu vérifier. Ils se sont donc « amusés » à mesurer la vitesse des engins sur les voies parisiennes : eh bien personne – en dehors des embouteillages, évidemment – ne respecte la règle ! Et une règle « en l’air » , une ! On pourrait en citer des tonnes comme ça.

C’est notre système, que voulez-vous. Un monceau d’empilements de directives et contraintes fines, détaillées… purement théoriques. Et tout le monde le sait !

Tibert

(*) Tenez, il faut théoriquement au moins 2 secondes d’intervalle entre 2 voitures se suivant : avec quoi on mesure ça ? avec rien, on ne mesure pas, c’est infaisable ; quand ce sera faisable ce sera obsolète.

Marqueur.e

J’ai pu voir une photo datant du jour de la « Fierté Homo » à Paris – au fait, pourquoi en être fier ? c’est comme ça, et puis c’est tout – avec la lunette arrière d’un bus où l’on pouvait lire « Paris fier.e » . La RATP allait de son petit soutien à la Bonne Cause, et donc tout Paris en était, nolens volens, et sous la houlette de madame Hidalgo, fier.e. Au fait, savoir si Paris est mâle ou femelle, alors là…

Et puis l’on me communique un tract rigolo, car trompeur, siglé et signé « Ensemble » ! a priori donc c’est du Macron ? ben non, c’est un « mouvement pour une alternative de gauche, écologiste et solidaire » , qui entretient la confusion… et ce tract (très utile, car imprimé sur une seule face, donc utilisable en brouillon, notes de courses sur le frigo, pense-bête… * ) y va de sa prose inclusive, lui aussi. Extrait : « Dans le 13e arrondissement, Sandrine Rousseau et Rodrigo Arenas sont élu.es pour la NUPES » – ça semble leur faire plaisir, bon courage les amis, mais là n’est pas mon propos. Car ce qui se voit clairement, c’est l’alignement très fort des sensibilités « de gauche » sur le choix et la révérence à l’écriture inclusive, cette néo-vérole grêlée. On sait ce que je pense de cette monstruosité grammaticale, que je mets au même niveau qu’un infinitif pour un participe passé. Le plus cocasse, c’est qu’ a contrario et à l’oral, on constate de plus en plus l’abandon du féminin là où il devrait figurer, « Où elles sont mes chaussettes noires ? – je les ai mis dans le tiroir du bas » ; aussi bien à gauche qu’à droite, d’ailleurs.

Bref, si à l’oral on s’assoit souvent sur le féminin, c’est fatigant – d’ailleurs le genre des mots un peu rares est souvent trahi -, à l’écrit et « à gauche » on serre les rangs, l’écriture inclusive, y a qu’ça ! c’est une belle merde posée sur notre beau langage, « et ça marche » ! et tant pis pour le français, qui peut aussi se faire du souci pour d’autres excellentes raisons, anglicisation galopante, orthographe aux oubliettes, langage SMS, verlan ou sabir des banlieues… .

Allez, une goulée d’air frais…

Dans un mois, dans un an, comment souffrirons-nous, / Seigneur, que tant de mers me séparent de vous ?
Que le jour recommence et que le jour finisse / Sans que jamais Titus puisse voir Bérénice…

Tibert

(*) Pour les tracts imprimés recto-verso, il reste les marges, l’allumage du barbecue, les cocottes en papier…

Les Pierrot lunaires, à la rigueur

( Je lis avec avidité les petites amorces d’articles du Fig’ragots : c’est souvent alléchant 😉 et il était question des meilleurs restos de l’été… à Paris, forcément à Paris. Bon… je butine un chouïa… je vais voir… j’affiche la carte du mieux noté… miam ! cher peut-être, mais on est à Paris, n’est-ce-pas… tenez, ce plat du menu-déjeuner à 38 euros, texto : « Filet de Lieu jaune snacké, piperade (poivrons, olives noires, pignons de pain, coulis fumée, herbes), beurre blanc » : notez le « coulis fumée » (quesaco ?) et puis les « pignons de pain » : les intolérants au gluten éviteront. )

Mais, autre chose… à Poitiers, il est très mal venu de se grimer la figure en noir, même en privé, pour faire la fête et si on a une grand-mère martiniquaise ! c’est, en français, du (de la ?) « blackface » , et c’est très-très malpoli ! menaces de mort en perspective… les stagiaires-flics municipaux qui se sont livrés à cette fantaisie au cours d’une petite soirée festive ont été suspendus. Comme quoi on considère comme acquis, dans notre belle société Politiquement Très Correcte, que les Juifs, et eux seuls, ont le droit de raconter des blagues juives, mais là, faites le parallèle, ce n’est même pas vrai ! si, tout de même… un « caucasien » bien pâle pourrait se tartiner la figure au blanc d’Espagne, se grimer en clown blanc, ça pourrait passer sans que ça provoque des réactions disproportionnées : il se dit que le racisme anti-blanc n’existe pas.

Et pour terminer, je constate que j’étais très pessimiste sur les résultats du Bac : ce n’est pas du 89 %, c’est du 97,5 % l’an dernier. Allons, encore un effort, il reste 2,5 % de cancres… l’épaisseur du trait… il faudra bientôt « traiter » le correcteur sur sa copie (« nik ta race sale p… » , etc etc…) pour encourir une mauvaise note. Le Monde nous apprend aussi, que, phénomène curieux, des correcteurs ayant rendu leurs notes supposément verrouillées, les ont vues gonfler inexplicablement… et de s’interroger gravement, cela ne va-t-il pas conduire à la dépréciation de ce diplôme ? tu l’as dit, bouffi !

Tibert

Souple, l’ardoise

( Madame Borne, qui tient toujours les manivelles à Matignon vu que Macron le lui a demandé, est invitée par la gauche (les députés, mais pas que : il y en a qui s’en mêlent et ne sont pas concernés) à demander un vote de confiance à l’Assemblée. Si vous y voyez une tentative de croc-en-jambe, une manoeuvre malveillante destinée à la dégommer, c’est que vous avez l’esprit mal tourné ! c’est d’un vote « de confiance » qu’il s’agit : c’est pourtant clair, non ? )

Mais les orages dévastateurs se suivent et après leurs passages ça ressemble de plus en plus à des champs de bataille. Ne me racontez pas que c’est nouveau : du côté de 1985 à Nantes, j’y étais, j’ai pu assister au hachage menu du toit de mon immeuble par des grêlons « gros comme des balles de ping-pong » ; après ces premières vagues de destruction, il pleut, forcément, la laine de verre pendouille aux plafonds crevés, gorgée d’eau, ça pèse des tonnes, les plafonds cèdent, etc etc… vous voyez le tableau. Mais il est vrai que c’est apparemment plus fréquent de nos jours. Les assureurs assiégés… bâchage des toitures… pénurie de bâches… interminables démarches pour faire réparer… couvreurs surbookés… escrocs qui tentent d’en profiter… c’est la cata, et ça devient chronique.

Donc, qu’est-ce qu’on attend pour modifier nos tuiles, nos ardoises, nos plaques de zinc, nos… bref notre façon de couvrir nos toits ? on est condamnés à se cailler les sangs pendant des lustres chaque fois qu’un orage à grêles sera annoncé ? il doit bien exister des trucs pour ça, non ? des surfaces élastiques, des films souples, des… des tuiles à absorption de chocs, je sais pas, moi… ingénieux ingénieurs, on attend vos avancées techniques – oooups… technologiques, ça fait plus savant.

Tibert

Ludique ?

( Je vais quitter un temps la politique, du moins la politique vue de près. Un peu las, c’est dur la politique, et puis il faut que ça décante, que ça mûrisse. Notre Mélenchon d’insoumis, décidément toujours très en verve, demande à madame Borne ( « Aucune légitimité, zéro ! » ) de se soumettre – ce n’est pas le verbe employé mais ça y équivaut – à un vote de confiance (traduisez : de défiance, si possible) des députés… et d’où il cause, lui ? il est député ? non. Quelle légitimité a-t-il ? même pas au niveau d’un Poulidor, bien qu’ayant progressé d’une place. )

Mais le bac de français, j’y suis allé y jeter un cil, alerté par des commentaires ici et là. Commentaire de texte, justement, comme de coutume chaque année, et cette année c’était un extrait d’un roman d’une autrice (une auteure, une écrivaine) vivante ! pas de la conserve, donc, comme le plus souvent. C’est une Sylvie Germain, une Germain donc, à ne pas confondre avec la matheuse Sophie Germain, qui illustra les sciences exactes au 19ème siècle. Je fais une digression sur cette Germain, parfaite autodidacte des maths – elle étudiait à la bougie la nuit, il n’y avait pas de LED ni d’ailleurs d’électricité – et qui pour progresser dans cette science, se mit au latin et au grec ! et entretint une correspondance savante avec monsieur Gauss lui-même, LE Gauss, bref le plus grand. C’était une époque où étudier était considéré comme une promotion… mais passons.

Bref, l’extrait du roman « Jours de colère » de Sylvie Germain sur lequel ont tenté de plancher nos chères petites têtes blondes comportait quelques difficultés – c’est le bac, c’est super sélectif le bac, exigeant !! oh combien ! pas un jeu pour débiles vers 12h 15 à la télé ! – et notamment le mot « ludique » … hélas, ludique fut jugé abscons, abscons étant lui aussi hors de la liste des 800 mots connus et utilisés. Les mots qu’on a utilisés abondamment sur les réseaux-poubelles, une fois l’épreuve terminée, c’était du genre « Nique bien ta race Sylvie Germain à vouloir nous faire cracher des refs à Tarzan » . Un autre : « Jvais te niquer ta grosse mère (…) Tu es qui wsh ???? » . Madame Germain, carrément menacée, y est allée de son petit commentaire personnel, et ma foi j’adhère à son point de vue. Extrait… « C’est grave que des élèves qui arrivent vers la fin de leur scolarité puissent montrer autant d’immaturité, et de haine de la langue, de l’effort de réflexion autant que d’imagination, et également si peu de curiosité, d’ouverture d’esprit » .

Il est assez ahurissant qu’on s’en prenne à Sylvie Germain, qui écrit ce qu’elle veut ! autant insulter tout effort de réflexion, de création… Les fautifs sont ceux qui ont largement surestimé le niveau des potaches, et trouvé pertinent de faire plancher sur ce texte des gosses immatures, incultes et fiers de l’être, les autres étant selon le terme consacré des bouffons. Mais pas de souci, on aura les 89, 5 % de réussite. Voire plus ! c’est dire si le niveau est bon – et progressera encore, en évitant des écueils tels que « ludique » .

Tibert