Transports et soumission

Deux brèves sur deux informations qui, sans se télescoper, donnent à broyer du noir…

La moins pire, parce que c’est carrément risible : les Conditions Générales d’Utilisation (CGU)… en principe il faut, sur le Houèbe, avant tout achat ou transaction, cocher la case ad hoc « J’ai lu et j’accepte les CGU gnagnagna… » : sinon que dalle, ça ne fonctionnera pas. Vous les avez lues, avant de cocher, les CGU ? ben non, comme tout le monde ! c’est emmerdant, technique, juridique, écrit petit, indémerdable. Pourtant vous cochez, forcément ! c’est à la fois risible et scandaleux… savoir si vous n’avez pas signé pour devoir faire trois fois le tour de la cour de récré en marche en canard ? venir les dimanches matin pendant six mois briquer les cuivres chez AuxChamps ? … et le législateur s’en fout. Le pompon à la SNCF : un volontaire désigné de la revue Que_Choisir s’en est tapé les CGU en lecture intégrale, soit 256 pages et environ 7 heures. Cochez donc les CGU de la SNCF, en toute confiance… s’ils ont besoin de 256 pages pour tout « border » , c’est qu’ils ont tout bordé ! mais le législateur ? il s’en fout, je vous l’ai déjà exprimé, ça ne le touche pas. (*)

Et puis ce fait d’hiver dans le Pas-de-Calais ; un chauffeur de bus demande (courageusement !) à un passager d’éteindre son joint : non seulement il fume, mais c’est du shit ! Non mais… il se prend trois coups de surin. On ne sait évidemment rien du profil du fumeur irascible… peut-être était-il contrarié, cet homme ? car c’était un homme, l’article le laisse entendre. La moralité, c’est que la Terreur est sous-jacente mais bien présente ; qu’un chauffeur de bus raisonnable regarde la route et ferme sa gueule ; qu’un journaliste prudent n’enquête pas sur les sujets qui fâchent (–> décapitation, égorgement…) ; qu’on peut critiquer presque toutes les religions sans risquer sa peau… qu’un candidat aux présidentielles proscrit par les milices de l’ultra-gauche ne peut pas faire campagne. La liberté d’expression tend à s’arrêter là où certains ont décidé que ça gêne leur confort, leurs certitudes… leur projet.

Tibert

(*) J’y ajoute – j’en ai déjà traité – l’opacité scandaleuse sur l’origine des viandes qu’on nous vend : impossible de savoir si l’on finance ou pas les cultes israélite ou musulman en achetant de la viande. Moi, personnellement, je tiens à ma mécréance et je refuse de mettre la main à la poche pour les religions, a fortiori sachant qu’on nous cache volontairement cette information, disponible et utile. On en est réduit à n’acheter que du porc, ou à se faire végétarien.

Farce et arnaques

( Les autoroutes « privatisées » – en fait bien « à nous » mais sous tutelles privées – vont être encore plus chères d’environ 2 % : vous voulez échapper aux pièges des radars vicieux ? dans les bleds, aux gendarmes couchés, chicanes, ralentisseurs, zones 30, piétonnes ? en rase campagne, aux 50 / 70 / 80 (90 ? va savoir…) ? alors raquez, et cher ! essence hors de prix, ravitaillements onéreux, l’autoroute vous tend ses bras coûteux. On peut à tout hasard rappeler que nous devons ça à monsieur Villepin, qui expliquait ici et confusément que, vu que la situation financière était très bonne en 2006 – bien meilleure que maintenant – il fallait se désendetter et larguer les autoroutes ! On va donc continuer à se faire tondre… sauf à boycotter, si possible, ce qui me va bien ; on prendra son temps… )

Mais au fait : grande victoire pour madame Taubira, qui a savamment glissé du petit parti Radical-de-Gauche (un variant « cassoulet » et rondouillard de la souche socialiste, sous la houlette du patron de presse Jean-Michel Baylet) au service du septennat Hollande, se situant maintenant en électron libre « de référence », posture de rassembleur, espoir de la gauche… espoir mon oeil, pour rester poli ! Cette primaire populaire, ce bide annoncé, inspire trois constats : a) Taubira était forcément grande favorite : outre qu’elle coche deux précieuses cases (femme, « de couleur » ), les votants comptaient ainsi naïvement forcer la main aux quatre ténors récalcitrants, les contraindre à l’unité de candidature ; b) les dés étaient pourtant pipés avant de commencer : Jadot, Mélenchon, Hidalgo – sans oublier Roussel, même posture pour le PCF – ont été couchés / cochés sur les bulletins de vote sans l’avoir demandé, refusant par avance le résultat ; c) au lieu de huit ou neuf candidats – beaucoup trop – ça en fait neuf ou dix !

La manoeuvre a donc tourné en eau de boudin. Il y a une morale à cette histoire : on vient, sans programme, bon dernier arrivant, se poser en recours, tout sourire, pour rafler la mise. C’est bien normal que ça foire, et puis je vais vous dire : ça ne me chagrine pas du tout.

Tibert

Latéralisation des grosses bouffes

( Impératifs, péremptoires, les Verts actuels ne sont plus des démocrates, mais des pères-la-morale culpabilisants et brutaux. En gros, EUX ( ooups… excusez, « Elles-et-Eux » ) savent, agissent, ordonnent, et c’est forcément, de base, pour notre bien. Les initiatives urbanistiques « apaisées » de Grenoble, Bordeaux, Montpellier – liste non limitative – le prouvent abondamment. Mais en plus, ils sont compliqués à plaisir ! tenez, ils proposent de rétablir un ISF – le Saint-Graal des Gilets Jaunes, l’Alpha et l’Omega de la Justice Sociale – qui fera derechef fuir les assujettis qui le pourront, donc les plus fortunés. Jetez un oeil à ce projet ubuesque, où l’on va jauger l’empreinte carbone d’une action Crédit Agricool, Pernault-Rikard, d’un placement foncier, d’une SICAV monétaire… à quelle aune ? celle des ONG bien-pensantes qui promeuvent la chose. On peut néanmoins et raisonnablement conjecturer que les élections à venir nous épargneront cette nouvelle, aberrante et inefficace – mais hautement symbolique ! – usine à gaz (d’effet de serre)).

Mais autre chose : Le Monde nous régale d’un article « orienté » sur « Viande, digestif et extrême droite : bienvenue dans la Mangeosphère » : il ressort que bouffer gras et calorique, des cochonnailles et des plats de terroir, et s’en réjouir, et le faire savoir, c’est d’extrême-droite. Bien… si l’on prend bêtement le contrepied, à l’extrême-gauche on se taperait donc des carottes Vichy arrosées de jus de citron, des fromages maigres et des nouilles à l’eau ? c’est trop idiot. Mais reprenons le point-de-vue du Monde, qui pourrait, qui sait, voir dans l’apologie de la cochonnaille un penchant raciste, islamophobe ? il est d’autres credos alimentaires tout aussi extrêmes, voire extrémistes, que nos zélés journaleux de gauche se gardent de stigmatiser : quid des ridicules interdits religieux, qui préjugent que le Très-Haut, là-haut, note d’un crayon sourcilleux le contenu de milliards d’assiettes ? des carences alimentaires assumées du veganisme ? sans aller chercher jusqu’aux délires sectaires des buveurs de pipi ou de jus de pissenlit, des bouffeurs de racines crues, des jeûneurs rituels… si d’aucuns glorifient avec abus la bonne bouffe à la française , a) ils n’ont pas totalement tort sur la qualité, il nous reste encore ça d’agréable dans ce pays avant que les bekabs-frites, les BigMaqs et les fafalels vegan aient triomphé ; 2) Ils bouffent trop ? trop gras ? eh bien ils mourront plus vite, le Monde devrait s’en réjouir, ça fera des ennemis de moins. Et puis, au fond, c’est une façon comme une autre de choisir sa fin de vie, comme Noiret, Mastroänni, Piccoli et Tognazzi – qui n’étaient pas, à ma connaissance, d’extrême-droite.

Tibert

… mais Creuse encore

( Un petit aperçu du monde qu’on nous prépare : vous avez entendu causer du nouveau site Houèbe SNCF-Connect ? (*) Eh bien, si vous installez cette application sur votre prolonge, votre palmuche, bref votre mobile, on vous demande si vous acceptez les biscuits… par curiosité, et si vous avez un quart d’heure de libre, cochez donc l’option où l’on choisit ce qu’on veut ou pas, de ces cookies : c’est Kafka, Ubu et Orwell à la fois. Des kyrielles de noms, des dizaines de boîtes sont friandes de savoir ce que vous foutez avec votre mobile, de scruter vos habitudes, de savoir si vous préférez la lessive en poudre ou les strings brésiliens. Vous espionner ? pensez vous ! tsss… non, c’est pour votre plus grand bien, allez… Bref, je résume, dans le monde d’avant, on achetait un ticket en carton, on pouvait payer en espèces – on peut encore, pour quelque temps ; on compostait incognito, on était contrôlé ou pas ; personne n’en était informé sinon volontairement. Maintenant « ils » savent à chaque instant qui, nommément, a acheté quoi, en visitant quels sites, quand, à quel moment il a utilisé ce truc, et dans quel but. Nous sommes à poil, en quelque sorte… )

Mais, autre chose… ça se passe dans la Creuse ( « A touché le fond, mais creuse encore ! » ), où Macronibus a cru utile pour son image, récemment, d’aller mettre ses richelieus dans la boue, humer le bon air… Il y a quelque temps, là-bas, des militants « anti-ondes » (un « Comité pour l’abolition de la 5G et de son monde » ) ont incendié un relais téléphonique / radio / télé près de Limoges. C’est un délit, évidemment, hypothétiquement de type terroriste, et ça a emmerdé des centaines de milliers d’habitants du coin. L’enquête subséquente a cherché et trouvé des suspect. Bien… mais voilà, les flics venus interpeller un de ces suspects étaient trop nombreux ! Et le canard La Montagne de relayer la chose de façon, disons… orientée ! La journaleuse chargée du papier a manifestement choisi son camp. Je cite : « Les habitants soutiennent la personne interpellée. Les habitants ont été choqués par le déploiement de force... » . « Les habitant.e.s, pourrait-on écrire à la mode PS et bien-pensance inclusive, s’agissant de ces protestataires venus en nombre, et qui dénoncent l’ « arbitraire policier » ! En somme, quand on incendie un relais télécom, d’abord l’enquête est pas bonne, « ça peut pas être elle, c’est l’institutrice, elle est près de la retraite » (en gros, c’est le contraire vertueux du délit « de sale gueule » ) ; ensuite, je cite, « on criminalise le moindre acte de contestation » … L’incendie criminel d’un relais télécom, ce serait donc, bof, un simple petit acte de contestation. Voyez, la 5G et ses terribles ravages (**), n’est-ce-pas… et puis pourquoi mobiliser tant de flics, je vous le demande, quand tous les militants « anti-ondes », copains et sympathisants des villages alentour ont été rameutés pour manifester ?

Pour finir, une citation d’un manifestant, interviouvé dans cet article croustillant de partialité à propos des faits reprochés aux suspects : « des actions qui visent à rendre le monde plus juste, plus vivable » . En somme, on devrait les remercier.

Tibert

(*) Au fait, sans rire… OuiGo ce n’est pas eux, c’est une autre boîte !… une autre application à installer !… pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué, hein ?

(**) Ce qui ne veut pas dire que la 5G soit le Graal, le truc à privilégier, au détriment d’autres urgences : il reste des tonnes de zones et d’habitants très mal desservis, voire pas du tout, par la 4G, la 3G, et même la 2G, l’internet filaire, la fibre optique, même un bête ADSL proprement installé et suffisamment véloce… et ça c’est inadmissible quand on prétend imposer partout la déshumanisation du « tout numérique » – et c’est prioritaire.

Des santons et une saucisse

La mauvaise nouvelle d’abord, ou la bonne ? allez, on finira avec la bonne. A Palavas, bled maritime proche de Montpellier, on a volé, dans l’église Saint-Pierre, les santons « chers » de la crèche de Noël. Préjudice de 300 euros, pas une fortune… mais c’est dégueulasse ! ceux qui ont fait ça sont des ignobles. Une église, en principe, c’est ouvert – de moins en moins, justement à cause des voleurs, qui en profitent. Viendront les jours où les églises resteront fermées sauf en de rares occasions, du fait des vols ET du fait que les anciens – surtout des anciennes, les mâles lâchent la rampe plus tôt qui viennent encore y prier seront passés de l’autre côté. C’est triste ? c’est triste. Mais ce qui interpelle, c’est la réaction de celle qu’on interviouve dans l’article cité : « Là, j’ai du mal à pardonner » . Les bras m’en tombent… Mais zut quoi, il n’y a rien à pardonner ! c’est un délit crapuleux, d’une bassesse particulière. On porte plainte, dans ces cas là, et l’on espère vivement, parce que c’est infâme, que… 1) les fautifs se feront gauler, ce qui n’est pas gagné ; 2) qu’ils seront fermement punis, ce qui n’est pas gagné non plus ! Eh oui, pour espérer voir punir les malveillants et leur ôter l’envie de recommencer, il faut conjuguer police efficace + justice ferme. C’est simple, mais pas tant que ça.

Et puis je me suis dilaté la rate à lire l’accroche d’un podcast (une bande audio, quoi…) sur le site Houèbe de Ouest-France. C’est une mignonne histoire, où la technique (la technologie, comme on dit pour faire plus de mousse) et l’astuce viennent au secours d’un chien-chien en difficulté. Comment un drone-saucisse a permis à Médor, qui n’était pas végétarien, de retrouver ses bons maîtres…

Allez, à +, si vous le voulez bien.

Tibert

À Vol haut

« à vau-l’eau… » : quand on laisse le courant nous porter, vers l’aval donc (vau) et sans rien pouvoir y faire. En politique, on appelle ça « le chien crevé au fil de l’eau » , ça se pratique largement encore de nos jours… ça part en quenouille, mais bon, on laisse filer. Filant donc – ici, la métaphore aquatique -, on peut y ajouter la précision suivante, qui nous vient de la pratique qui prévaut à l’Educ’Nat : Surtout pas de vagues ! Bref, je vais vous dire, ce titre calembourien, c’est pour pointer une histoire lamentable, la desserte des aéroports parisiens. On sait la minabilité des transports vers et depuis Roissy, RER B en grève chronique quand il n’est pas en panne ou bouchonnant ; ligne à juste titre réputée « craintive » ; pratiquement rien – quelques rames ont toutefois été aménagées comme il faut – pour poser ses bagages, qu’on coince comme on peut dans les couloirs déjà bien étroits. Mais c’est ça ou les taxis, officiels ou pirates, ça ou les chers cars Air-France, ça ou les bouchons sur l’autoroute et aux portes de Paris (*). Bref c’est décourageant, c’est une contre-pub ; il faut vraiment avoir envie de venir ! Comme le ridicule ne tue pas, les arrivants à l’aéroport on droit aux banderoles « Paris vous aime ! » … et vous le prouve !

Pour Orly c’est ubuesque, c’est une histoire de bisbille. La SNCF (les RER) et la RATP (les bus) ne s’aiment pas, se le disent tous les jours, et se sont arrangées pour ne jamais se mettre d’accord sur une solution simple, pratique, rationnelle ; ceci sur le dos des voyageurs. On a donc fait des demi-trucs, des trucs tordus. La navette automatique OrlyVal, futuriste à son lancement, qui aboutit au fameux RER B (voir plus haut), est là depuis 30 ans, illustrant l’incapacité des décideurs à imposer des solutions pratiques et de bon sens. A part Orlybus (souvent saturé) qui relie proprement la capitale à l’aéroport – mais dans l’inconfort d’un bus brinquebalant et à rallonge – tous les autres moyens sont, excusez le mot, merdiques. C’est RER + bus, navette + RER. Mais voilà l’histoire, à partir de 2024, il y aura le métro de la ligne 14 jusqu’à Orly ! On va donc pouvoir enterrer OrlyVal, qui n’aura plus aucun attrait… OrlyVal, fruit d’un juteux contrat avec le groupe Matra ; « le train le plus cher du monde » (plus d’un euro le kilomètre), comme titrait cet article. On aura juste perdu 33 ans.

Tibert

(*) 2 h 30 de Roissy aux Gobelins en taxi : qui dit mieux ?

Sinistre contrition

Dans la ville de Nantes, certains irresponsables soufflent sur les braises quand il y a le feu. Ce dernier vendredi une manifestation « contre l’extrême-droite » a permis à des jeunes gens de casser, briser, incendier, bref se défouler « contre l’extrême-droite » , qui ce soir là ne menaçait personne. Il s’agissait en fait, clairement, de mobiliser ex nihilo, de tester sa force et d’occuper le terrain. Voyez cet article du Monde sur le sujet, qui nomme ce « comité nantais pour l’autonomie des luttes » , comité qui dit lutter pêle-même, allez hop, « contre le fascisme, le capitalisme, l’autoritarisme » : un programme fourre-tout qui ne fait pas le détail. Pour quel projet alternatif, ça en revanche, on le saura plus tard, pas vrai ?

Mais un élu de la ville, « Vert-Pastèque » comme tant d’autres maintenant – l’écologie comme cache-sexe d’un projet plus « ferme » – a cru pertinent, utile de faire mousser, renchérir, et a relayé l’initiative sur les réseaux-poubelles (en l’occurrence, sur Thouitteur)… bref, ça a bien moussé, dégâts, émeutes… le scénario classique des débordements de l’extrême-gauche quand elle a les coudées franches, ce qui ne semble pas émouvoir d’un poil notre ministre de l’Intérieur, qui regarde ailleurs.

Mais, retour de bâton, l’élu trop enthousiaste et rameuteur pour cette manif de saccage, devant les réactions indignées, a dû se repentir ! Il s’est donc fendu d’un sincère 😉 mot d’excuse. C’est bien le moins pour une intervention aussi irresponsable de la part, justement, d’un responsable. Vous pourrez déguster le texte de cette repentance en 140 caractères maximum, munie de l’incontournable, indispensable formule – c’est devenu une locution, avec des tirets, comme le « pied-de-biche » ou la « longue-vue » : le (la ?) « celles-et-ceux » que tout politicien se doit de pratiquer, sous peine de faillir – ridicule tic de langage, clin d’oeil minable à la gent féminine.

Autre chose… j’ai perdu la référence… mais je jetais un coup d’oeil fugitif à une page Houèbe, et je lis « Machin-Truc en direct-live » . Le direct-live rejoint la locution celles-et-ceux : c’est pour signifier le direct vrai de vrai, le direct en direct ! C’est un nouveau concept, ça veut dire que ça se passe pile-poil, brut de décoffrage, au moment où vous le percevez… du direct, quoi. Mais laïve, en fait. Vous voyez la nuance ? moi non. Mais avouez, en anglais, c’est nettement plus direct.

Tibert

Palmuche et maths roses

C’est patent : à part quelques irréductibles vieilles badernes, TOUT le monde a son téléphone mobile et cellulaire dans son étui, prêt à dégainer – on pourrait rejouer les duels de Westerns façon High Noon (*) – ou rivé dans la paume d’une main (de deux, bientôt, tant la surface enfle !). De une, ça et les inévitables QR-codes de mes deux qu’on trouve absolument partout, il faudra que la Sécu nous les rembourse : c’est devenu obligatoire, quasiment, presqu’au berceau, comme une pièce d’identité ; d’ailleurs il est question que ça remplace la pièce d’identité… de deux, l’ignoble appellation qu’on lui a peu ou prou imposée (« on » : des journaleux mal inspirés et anglomanes) me donne des boutons. Ce n’est plus un « phone » , un téléphone, qu’à 5 % du temps ; ça sert essentiellement à faire des crapettes pour tuer le temps (**), à texter de vains propos aux copains, à voir sur l’écran les mêmes trombines qu’on verra en vrai 10 minutes plus tard. « Smart » ? bof… c’est le programme qui est intelligent, pas l’engin. Bref, « smartphone » est le résultat d’un concours de laideur : trop long, inapproprié, pas français, hideux.

Donc on devrait lui trouver un bon nom, à cet engin de malheur. On a bien inventé informatique ; on a les frigo, delco, chärker, issus de marques ; de grands hommes nous ont légué l’anicroche (Rabelais), le pianocktail (Vian), badonguer (Claudel), le trouducteur (Céline) (***) : pourquoi ne pas créer un vocable bref, clair de son, non ambigu, agréable ? j’ai dans mon titre proposé palmuche (ça tient dans la paume, du moins jusqu’à présent ; c’est cocasse, frais, un poil long mais pas trop). A vos remue-méninges ! delendum est improbus « smartphone » .

Mais, je change de sujet : La Montagne (Pourtant… que la montagne est bêêêêleuu… comment… peut-on s’imaginer, gnagnagna…) nous sort un bon article bien écrit et précis sur les filles et les maths. L’illustre matheux Jean-Pierre Bourguignon, dont chacun a pu apprécier les travaux sur la Courbure de Ricci, déplore la baisse catastrophique des effectifs féminins dans les options Maths-Physique en Terminale. Je vous résume : avant la réforme du lycée, 47 % des bacheliers « maths-physique » étaient des filles ; maintenant c’est moins de 15 % (10 %, affirme Bourguignon, forçant un peu le trait). C’est lamentable, d’autant plus que les programmes sont nettement plus fournis, mais dans le genre « je survole et j’en assimile au mieux 20 % » ). On nous fabrique maintenant des hordes de « BTS Forces de Vente » ou de « DUT Packaging Durable » . A quand un prix Nobel du « Marketing B-to-B » ? bref, ça craint.

Tibert

(*) J’ai rarement rencontré une traduction française d’un titre de film aussi ridicule : « Midi pile » , « Midi pétante » , ça veut dire. Pourquoi diable faire siffler le train trois fois ?

(**) Téléchargez « La vie des hommes illustres » de Plutarque, c’est gratuit, et lisez ça à vos moments perdus, c’est plus nourrissant.

(***) Que les bons traducteurs ne m’en tiennent pas rigueur, c’est superbe, ce trouducteur !… nettement plus fort que traduttore, traditore.

Escapade au Kremlin (Bicêtre)

Notre ministre de l’Educ’Nat me déçoit : il regrette d’avoir choisi Ibiza pour passer quelques jours dans un coin sympa, loin des paparazzi, des enseignants syndiqués et vindicatifs, des embarras, du froid et de la saleté de la capitale ; Ibiza où dans la rue personne à ma connaissance ne l’a accroché par la parka en s’exclamant « Putain eh mais c’est Blanquer !  » . Monsieur Blanquer, il n’y avait pas faute ; le pénalty est injustifié. Les règles, vous les avez respectées, et donc un éloquent et vigoureux geste de mépris de votre part à vos contempteurs aurait été tout à fait approprié, aurait eu de la gueule : qu’ils aillent se faire voir chez les Grecs (Santorin, Mikonos… qui valent bien Ibiza).

Les contempteurs ? bien évidemment on trouve en première ligne le hargneux et méchant brûlot de monsieur Plenel, Pediamart, toujours à l’affût d’un truc prétendument pas net, d’un mec qu’aurait vendu du beurre aux Allemands sans ticket de caisse ; de préférence on y cible les gens de droite, ça va de soi. Eh bien, disons le, la mauvaise querelle faite ici à monsieur Blanquer est une crapulerie de plus. Villeneuve-sur-Lot, Pont-de-Claix, Maubeuge, Vaux-en-Velin… liste non limitative, auraient pu faire l’affaire, mais tout y était déjà réservé, hôtels, AirB’nB saturés, pensions complètes complètes. Alors, Ibiza ? moins de 2 heures de Paname par avion, le dépaysement linguistique (« dos cervezas y una tortilla de patatas, por favor » ), l’incognito, l’internet sur le palier pour faire de la visio-conférence, une télé pour les matches de foot… idéal. Et la playa, avec une grosse doudoune, tout de même.

Mais hier soir, pas une chaîne de télé n’a échappé à tartiner longuement sur ce mini-sujet : c’était LE scoop incontournable – minable, le scoop ! une tempête dans un gobelet. Et de chipoter sur la symbolique, bémoliser, condamner, pas élégant gnagnagna… voilà : Super-Journaleux a encore frappé ; l’Ordre Moral veille, tenons-nous le pour dit.

Tibert

PS1 – Aussi sec, la Cancel Culture a frappé : « Blanquer démission ! » qu’ils ont vociféré. Ils ne doutent de rien, les coupeurs de têtes de l’Officine d’Effacement.

PS2 – Ce billet « pro » Blanquer ne doit pas exonérer ledit ministre des devoirs qui lui incombent : remonter la pente ! On est de plus en plus ignares, à l’Educ’Nat, on le justifie (inclusivité, n’est-ce-pas…), et en plus on s’en glorifie !

Confusions

( Les bistrotiers, restaurateurs (de bouffe, pas de buffets Louis XV), limonadiers… ne veulent pas contrôler l’identité de leurs clients, après avoir dûment vérifié qu’ils présentent un passe sanitaire valide, vaccinal ou autre. Ils prétendent en effet que ce n’est pas leur rôle ! dingue, non ? mauvais esprit… refus de coopérer… eh bien ma foi ils ont raison. C’est une évidence : quand je vais écluser une mousse au troquet du coin, je ne m’attends pas à exhiber ma carte d’identité ! Chacun son boulot ; c’est déjà pas mal que le cafetier s’astreigne obligeamment à scanner les p… de QR-codes qu’on leur présente – de mauvaise grâce, qui plus est ! c’est aux flics et eux seuls, que revient l’honneur et l’avantage de nous demander nos fafiots.

Fafiots bien fragiles, d’ailleurs.. qui est qui ? une usurpation d’identité, c’est affreux, n’est-ce pas ? ça provoque des tas d’emmerdements à la victime, c’est difficile à démonter et démontrer, mais c’est extrêmement bon marché sur la Place de la Justice ! tenez, cet article de La Montagne… plus de 2 ans d’usurpation, des tas d’ennuis, permis confisqué, emploi perdu, etc. Le fautif (immigré clandestin) est en fuite, et encourt, si l’on parvient à le coincer, 18 mois de taule + 3.000 euros pour dédommager sa victime. A ce tarif, c’est cadeau. )

Mais – sujet sensible, chatouilleux, ouhlala ! causons de la toute récente condamnation de monsieur Z. en première instance, pour des propos tenus en septembre 2020 (sur CNews, what else ? ) sur les « mineurs isolés » . Vous lirez utilement cet article factuel et circonstancié du Parigot sur le sujet. Le parquet le poursuivait pour « provocation à la haine raciale » et « injures publiques à caractère raciste ». Bien… il se trouve qu’aucun des termes de la rude diatribe zemmourienne sur CNews ne fait référence à une ou des races. Clairement, monsieur Z. déteste les clandestins « mineurs isolés » , pour X raisons, notamment ceux qui ne sont pas plus mineurs que moi, ceux qui volent, violent… mais est cette provocation à la haine « raciale » ? je vais vous dire : il ne l’a pas dit – et d’ailleurs, quelle race ? ces « mineurs migrants » ne savent généralement pas de quel pays ils viennent – mais pour les magistrats du Parquet, c’est tout comme. Monsieur Z. étant raciste « par construction » , axiomatiquement, tout ce qu’il profère (« passe-moi le sel » , « il faudrait appeler le plombier » ) est nécessairement, substantiellement raciste. Les propos de Z. sont excessifs, injustes, c’est clair ; ces « mineurs isolés » ne sont pas tous délinquants, pendables et à expulser ; certains sont vraiment mineurs, vraiment en danger dans leur pays. Mais où sont les propos racistes ? on n’est plus dans le Droit, là, on est dans la chasse aux sorcières.

Tibert