Echelles de valeurs

( Au risque de me répéter – c’est signe que décidément il y a là un problème – la liberté d’aimer ou pas, de détester ou d’apprécier, est encore inscrite, sinon dans la constitution, du moins dans la nature. Vous n’aimez pas les rognons ? eh bien n’en mangez pas, voilà… la course à pied vous rebute ? vous avez tort, c’est excellent, gnagnagna… mais c’est votre choix. Tant que vous n’entreprenez pas de l’imposer aux autres ! Idem, quand la FFF, la fédération de foot, veut imposer aux footeux d’arborer un badge arc-en-ciel sur leur maillot, pour signifier, au choix, le désir de ne pas se singulariser, le rejet des violences homophobes, l’aversion envers l’homophobie, voire l’adhésion enthousiaste à la cause LGBT… il y a de l’abus : le respect des lois s’impose et suffit, la façon de penser reste libre. Il y a des footeux qui réprouvent l’homosexualité ? c’est sans doute dommage, mais pas illégal. Et allez donc demander au Vatican, en Arabie Saoudite, chez les Taliban, en Iran… qu’on hisse le drapeau arc-en-ciel : bon courage. )

Et puis deux morts notables, l’une peut-être pittoresque, l’ex-maire de Marseille, monsieur Gaudin, qui avait la faconde et l’accent pagnolesques à souhait, mais aura, à mon humble avis, mal mené sa ville, avec beaucoup de laxisme, et celle-ci en paye les conséquences. Mais, nobody’s perfect, paix à ses mânes… et puis l’autre, qui voit le « boucher de Téhéran » , alias le président de la République Islamique (*) d’Iran passer violemment l’arme à gauche : je sais plein de gens qui, à cette nouvelle, ont arboré une mine réjouie. Comme quoi les oraisons funèbres… il en est de tous les bords.

Tibert

(*) Religion obligée et République : un oxymore.

Grigris et parcours salvateurs

( Ouest-France nous offre un début d’article – payant ensuite, donc – sur la récente attaque de la synagogue de Rouen par un Algérien sous OQTF (comme un air de déjà vu, donc) et les protestations subséquentes, dénonçant l’anti-judaïsme haineux et meurtrier qui se manifeste de plus en plus ouvertement. Citation : « Ce matin, la bête immonde a frappé » . Ce qui prête à commentaire et à nuance : la « bête immonde » ce n’était pas, sous la plume du traducteur états-unien de Bertold Brecht (*) l’anti-judaïsme (alias antisémitisme, terme « ethnique » imprécis) mais le nazisme ! Le nazisme, et non pas le terrorisme islamiste, qui voulait frapper à Rouen. Il s’agit donc bien de DEUX bêtes distinctes, tout aussi immondes l’une que l’autre, mais pas de même nature… )

Et puis je suis resté abasourdi par cette initiative du Vatican, l’église catholique donc, qui propose l’absolution des fautes ( les « péchés » ) – ce qui signifie, le moment venu, un billet direct pour le Paradis – moyennant des parcours précis et balisés. Tenez : ça fonctionnera par exemple avec «  … un pèlerinage à Rome dans l’une des quatre basiliques papales ou en Terre sainte dans l’une des trois basiliques » . Ce truc me fait irrésistiblement penser au pèlerinage du « hadj » des musulmans, La Mecque, Médine… avec parcours fléché. A vrai dire, si ça a du succès avec une religion, pourquoi pas avec une autre, pas vrai ? il suffit de changer de Dieu. Les rémissions de péchés avec l’appli « Repentance et Absolution » téléchargeable sur GooglePlay et AppleStore, c’est pour bientôt.

Tibert

(*) Un peu de culture gratuite, merci Wiki : dans le texte original de la pièce « Arturo Ui » (Der Schoß ist fruchtbar noch, aus dem das kroch) : « Le ventre est encore fécond d’où c’est sorti » , Brecht désigne le nazisme par le pronom neutre allemand « das », signifiant « ça, cela ». La métaphore « la bête immonde » fut introduite dans la traduction états-unienne de la pièce, datant de 1941 (donc pendant qu’Hitler sévissait) : « The womb is still fertile hence arose the foul beast »… métaphore qui a été conservée dans la version française subséquente.

Bouger ?

( Un bel article du Monde, relayant les craintes des assoces LGBTQIA+++ : elles crient au secours, que fait le gouvernement, car la LGBT(…)-phobie se développerait. Juste pour rappeler que la phobie (la crainte, la prévention contre) est une chose totalement inoffensive, tant qu’on ne la retourne pas contre les autres. Moi je souffre d’une légère acrophobie, eh bien je me la garde pour moi, et ça ne blesse personne. Entre craindre (et réprouver, si si, on a encore le droit de juger défavorablement une cause, voire de la détester), et attiser les haines, genre « ksss-kss cognez dessus » , il y a une béance sémantique, on me l’accordera. Cerise sur le loukoum, ces assoces LGBT…. se plaignent ! on n’en ferait pas assez pour elles, là-haut : « Nous faisons face à un silence gouvernemental abyssal sur les enjeux LGBTI, un silence coupable qui contribue à banaliser les violences LGBTIphobes ». Alors donc, Macronibus ne se retrousse pas suffisamment les manches pour l’enthousiasmante cause des transgenres ? )

Et puis cette abominable affaire d’un détenu extrait très violemment d’un fourgon cellulaire, au retour de son audition chez un juge… deux morts, trois blessés chez les accompagnants. Les fonctionnaires qui font ce difficile boulot de véhiculer les détenus le disent : on pourrait utiliser beaucoup plus la visioconférence, que ça plaise ou non aux malfrats. Et puis j’ai une autre idée, sûrement stupide, mais bon, je le dis quand même, des fois que… pourquoi ce ne serait pas le juge (*) qui se déplacerait ? les avocats le font bien, eux… ça n’est pas possible, ça ?

Tibert

(*) Et le greffier, évidemment ! un juge sans greffier, c’est un couteau sans manche et dépourvu de lame.

Evidences et approximations

( Un long article du Monde, qui enfonce le clou : les plus diplômés des Français d’origine arabe fichent le camp, et sans regret : en France on les traite en Arabes (c’est malheureusement péjoratif), à l’étranger on les voit comme des Français ! Citation : « Les musulmans qui quittent la France sont des individus surdiplômés, souvent conscientisés, à forte religiosité ». Le Monde admet néanmoins que l’étude du politiste qui a pondu ça est bancale, de par ses échantillons. Ici un extrait significatif :

« Votre enquête s’appuie sur un questionnaire que vous avez notamment diffusé par l’intermédiaire de réseaux militants, en particulier ceux du Comité contre l’islamophobie (CCIF) en France. Est-ce que cela ne génère pas un biais quant à la représentativité des réponses ?

– Notre questionnaire a d’abord été diffusé sur Mediapart, après quoi il a été activement relayé dans des réseaux antiracistes comme le CCIF, en effet. Cela constitue indéniablement un « biais de sélection », mais ceux-ci sont monnaie courante dans les études quantitatives. « 

Tu l’as dit bouffi : quand le questionnaire passe par Médiapart et le CCIF, ça donne comme une impression de militantisme. Mais n’en déduisons pas pour autant que c’est un article militant !  😉  Ce qui me navre là-dedans, c’est de constater que nonobstant des études supérieures (Bac + 5 souvent) les émigrants soient « à forte religiosité » : la science n’a donc pas assez d’arguments pour démonter les superstitions et les croyances, bref les grigris qui permettent de se raconter qu’on ne meurt pas… )

Et puis en point d’orgue à cette détestable foire de l’Eurovision, concours de mocheté, beugleries (en anglais ?) inintelligibles et non sous-titrées, fumigènes et lasers colorés, trémoussements de girls et de boys à paillettes : madame Ségolène Royal pense comme moi, et réciproquement, du moins sur ce… machin, pour rester poli. Sur son compte X-Thouitteur, elle sabre hardiment, et à juste titre, tant c’est mauvais. Je vous le donne in extenso :

« Ce n’était pas un concours de talent musical, mais un concours de laideur, de vulgarité, de grossièreté, d’exhibitionnisme ( sanctionné par la loi mais diffusé à des millions d’enfants et d’ado !! ) . Il faut espérer que pas un euro d’argent public ou européen ne soit allé à cette farce lugubre, (à quelques exceptions près), et que les questions sur l’entreprise de costumes et de mise en scène qui a sévit [sic] et sur ceux qui l’ont choisie, puissent être posées . Les chanteurs et chanteuses eux-mêmes ont ils eu la liberté de refuser les pitoyables vêtements maltraitants que les organisateurs leur ont fait porter ? Une enquête sérieuse sur les méthodes ainsi qu’un bilan financier détaillé de cette exhibition minable mais manifestement coûteuse s’imposent. La culture, la musique et l’Europe doivent se respecter sinon personne ne les respectera plus. » .

A part quelques bémols d’orthographe, si c’était de moi, je n’en changerais pas un mot.

Tibert

Variétés de justice

( Encore la Police-Justice des Moeurs, façon privative : c’est nettement plus expéditif, ça ne prend pas de gants, c’est rapide et sans appel, c’est le cas de le dire ; pas non plus de vice de forme, de renvoi en cassation : c’est bien plus simple, et l’on est sûr du résultat. Voyez, à Reims, une jeune fille, hélas sur la pente du « vice » , alors la famille, qui veille, y met bon ordre. C’est que la réputation, vous voyez, c’est primordial. Donc, kidnapping des « fautifs » , passage à tabac… il est vrai que la loi française ne prévoit pas de sanction pénale aux frémissantes fréquentations adolescentes, pas de rude punition pour celles qui osent mettre la photo d’un petit ami sur leur cellulaire… alors on y supplée, que voulez-vous. Tant que la Loi ne prévoira pas les sanctions nécessaires au maintien de la Morale et de la bonne réputation des familles. )

Et puis cette histoire, reflet de la grande réactivité de nos divers organismes de lutte contre les fraudes, malfaçons, contrefaçons, concurrence déloyale, bidouilles illégales… une affaire de faux meubles d’époque, estampillés (*), qui a vu un acheteur Suisse, connaisseur et soupçonneux à juste titre, alerter les services compétents dès 2015 (l’Office central de lutte contre le trafic de biens culturels, OCBC), puis d’autres services (le Conseil national des ventes volontaires, CNVV)… et puis la Justice, en l’espèce, le parquet compétent… cause toujours ! ce n’est que cinq ans plus tard que ça réagit, là-haut… enfin on a perçu quelque chose… on perquisitionne… on découvre…

Mais la Justice suit son cours, tel le Don Paisible, lent et majestueux. Nous sommes en 2024, bientôt neuf ans que le pot-aux-roses en bois de rose a été découvert, mais la procédure est enlisée, et les plaignants – les acheteurs de « beaux meubles anciens estampillés » , floués – ne trouvent pas d’avocat : dans la petite préfecture du 7-0, on ne veut pas se fâcher avec une « pointure » locale. Bref : outre que la Justice se montre là encore désespérante, que fichent les fonctionnaires chargés de pister les fraudes et les trafics ? je pose, naïvement, la question.

Tibert

(*) Les meubles d’époque non estampillés ne se vendent plus, ou à vil prix. Hic&A et autres revendeurs d’aggloméré « décor papier peint » à usage unique ont tué les armoires normandes et les secrétaires Louis XV.

Futile, ou pas

Trois bricoles : a) la Flamme Olympique va arriver, elle arrive, courez, braves gens ! Ou comment amuser le bon peuple avec des nigleries puériles et fort coûteuses. A-t-on besoin d’un trois-mâts grand luxe pour transporter une bougie ? … d’ailleurs, en a-t-on vraiment besoin, de cette bougie ? on arrête les jeux, si elle s’éteint par manque de gaz ? le ridicule ne tue pas, fort heureusement.

b) Les éboueurs marseillais se sont mis en grève, 3-4 jours avant l’arrivée du lumignon olympique dans le Vieux Port… simple hasard du calendrier, vous direz-vous ! 😉 et dans la même veine, les agents d’entretien des WC-Decaux à Paris (et ailleurs ?) menacent de faire grève à l’occasion des J.O. , avec les millions de visiteurs attendus. Citation : « Imaginez, si on ne nettoie plus les sanitaires » ! Effectivement, déjà qu’en temps normal c’est assez moyen, si ce n’est plus nettoyé… Déjà que pisser à Paris tient de la miction impossible, ça va devenir grandiose.

c) On a également vu le PDG de la SNCF, face à des menaces de « mouvements sociaux » des cheminots, leur arranger la sauce « départ en retraite » , façon de revenir sur les nouvelles dispositions déplaisantes prises l’an dernier dans la douleur… Bref, je résume : les J.O, les amis, c’est un super bras de fer – ooups, bras de levier – pour faire avancer le dialogue social : et ça marche !

Et puis, les Molière(s) il y a deux jours… cérémonie convenue, ronronnante ? pas vraiment. J’ai retenu, et pour une fois je vais manifester mon assentiment vigoureux, l’intervention de l’humoriste Sophia Aram, qui, primée, s’est exprimée… je sais, elle est assez clairement de gauche, vu qu’elle cause sur la Radio du Service Public, du même métal. C’est son droit, elle est du côté qu’elle veut, mais ladite radio a du mal à respecter le pluralisme des opinions… mais je m’égare. Bref, madame Aram a tenu des propos équilibrés, lucides, sur le conflit Hamas-Israël. Voilà :

« Nous devrions faire attention à nos silences (…) dans le brouhaha de nos indignations faciles, le silence, même relatif, après ce 7 octobre dans lequel 1 200 Israéliens ont été massacrés est assourdissant. (…) Comment être solidaire des milliers de morts civils à Gaza sans l’être des victimes israéliennes ? Comment exiger d’Israël un cessez-le-feu sans exiger la libération des otages israéliens ? Comment réclamer le départ de Netanyahou sans réclamer celui du Hamas ? ».

Les furieux bloqueurs de facultés, les Insoumis radicaux et autres adeptes du Grand-Soir-à-venir, bref tous ceux qui surfent, sincères ou hypocrites, sur la vague pro-palestinienne, pourraient utilement s’inspirer de ces propos.

Tibert

Les « Européennes » pour les cancres

( Une journaleuse franco-marocaine se distingue, ces jours-ci : elle a en effet – traitant de dispositions pour protéger la neutralité laïque dans les clubs de foot (*) – qualifié notre beau pays de « pays de racistes dégénérés » . Nous voilà donc collectivement traités de salauds déliquescents : assez ignoble, et raciste à rebours ! Une telle insulte n’a pas plu à tout le monde, ça se comprend, et il y a des réactions assez vives… mais l’article cité plus haut renverse les perspectives, l’insulteuse devient la victime : la pauvre, on l’agresse ! bon, je ne vais pas dire du bien des réseaux-poubelles, vous savez ce que j’en pense, haine, niaiseries, bêtise et fautes d’orthographe à tous les étages, mais somme toute, hein, qui c’est qu’a commencé ? )

Et puis on m’a dit, hier soir, à propos d’un spot-télé exhortant à voter aux élections européennes le 9 juin : comment ça marche, ce truc ? eh bien, les amis, je n’en avais aucune idée : « euhh… je sais pas… je vais voir... » .

Bon… si ça vous gonfle, allez sur un autre site, tant pis pour vous. Mais voilà, en détail mais je le fais court :

Un seul scrutin : en métropole, le 9 juin ; pas de second tour. Les députés européens sont 820, groupés actuellement en 7 familles politiques. La France en envoie 81.

Les 7 formations européennes :

– Parti populaire européen (PPE, centre-droit, où siègent Les Républicains), le plus gros.

– Sociaux et Démocrates (S & D, où siègent les socialistes)

– Renew-Europe ( libéraux, où siègent les élus macronistes).

– Les Verts, avec évidemment les Français du même métal.

– La Gauche : pour les Français, La France insoumise et le PCF

– Identité et démocratie (ID), qui héberge les membres du RN,

– Conservateurs et Réformistes (CRE) avec chez nous « Debout la France », « Reconquête » , et puis les Italiens de FDI, la formation de madame Meloni.

( ID et CRE ne fusionnent pas, bien qu’ayant des liens idéologiques forts… il leur reste des points de gros désaccord, notamment sur la Russie poutinienne.)

Mais chez nous ça se regroupe de manière nettement plus touffue : voyez ici toutes les formations politiques qui prétendent à votre voix… on y trouve moult groupuscules, qui ne sont affiliés à aucun des 7 groupes européens constitués : ce sera juste pour vous faire coucou, pour exister ! (**) . Chaque liste doit comporter 81 noms, et respecter l’équilibre femmes-hommes. On vote pour UNE liste, globalement. Ne pas rayer de noms, pas caviarder, pas mettre plusieurs listes dans l’enveloppe.

Comment c’est décompté ensuite ?

Le décompte est global sur toute la France ; il faut avoir recueilli 5 % des suffrages pour pouvoir aller au parlement européen. Et puis ensuite c’est au prorata des voix ; plus on en a eu, plus on envoie de députés, avec au total 81. Je vous fais grâce des arrondis : on ne coupe pas les députés en rondelles, sinon il y aurait moins de candidats.

Tibert

(*) On peut voir en détail ce sujet ici. Certes on peut rouspéter, critiquer telle ou telle disposition ; certes les musulmanes cramponnées à une tenue supposément « pudique » sur les terrains de foot peuvent se sentir visées… mais c’est, une fois de plus, la seule religion qui pose problème. Je n’ai pas souvenance de récriminations spécifiquement chrétiennes, juives, boudhistes… encore moins athées, concernant les tenues de foot.

(**) Par exemple une liste « Esperanto langue commune » , qui a toute ma sympathie, vu son attachement à une langue véhiculaire universelle autre que le rosbif, et qui récoltera au moins 45 voix… et puis les inévitables chapelles trotskistes, et d’autres, plus exotiques. Tous ces braves gens, ou révolutionnaires grimés en démocrates, se feront recaler par la règle des 5% minimum, sauf grosse surprise.

Trop, la haine

Monsieur Mélenchon encensait, il y 4-5 jours, les « étudiants »- ou réputés tels – qui occupaient manu militari les locaux de Sciences-Po-Paris, cette ancienne gloire de l’enseignement supérieur, en empêchant le fonctionnement, prenant les autres étudiants en otages : ils étaient, selon lui, « l’honneur de notre pays face au génocide » (à Gaza). Mais en ce Premier Mai du muguet et des défilés, on a vu monsieur Glucksmann, qui voulait participer au cortège traditionnel à Saint-Etienne, se faire éjecter violemment, « casse-toi » etc, jets de projectiles et autres gracieusetés. On sait bigrement bien d’où ça vient, ça : des mêmes furieux qui sévissent à Sciences-Po. Il a fallu l’exfiltrer pour préserver son intégrité physique… Mais là, monsieur Mélenchon réprouve cette violence… c’est pas bien ! pas correct ! En démocratie, on doit pouvoir librement s’exprimer, y compris les affreux qui sont pas à LFI, même Glucksmann, tiens ! Si vous voyez comment ça fonctionne, là sous le crâne mélenchonien, un coup je glorifie la violence sectaire, un coup je la condamne… comprenne qui pourra.

Et puis j’ai pu lire que le jeune Afghan qui a « planté » mortellement Matisse, à Châteauroux, pour une histoire de coqs et d’insultes éventuelles – histoire qui aurait dû se solder au pire par quelques gnons – avait déclaré dans un post sur Poubelle-Réseau : « J’ai trop la haine » . Trop, c’est le cas de le dire ! Cet adverbe connement devenu l’équivalent de « très » permet de gommer les limites, limites que « trop » implique : « j’ai trop bouffé » , « tu en as trop mis » etc. Le langage a du sens…

Dans la même veine si je puis dire, on voit des maniaques de la menace de mort – encore des haineux – et anonymes bien entendu, s’en prendre sur les mêmes néfastes réseaux-égoûts à une magistrate, soi-disant responsable d’avoir laissé l’adolescent agresseur en liberté, alors qu’il est (tout de même !) sous le coup de deux inculpations pour vol avec violence. Le parquet de Bourges proteste, à juste titre : et de une, ladite magistrate n’est pour rien dans cette embrouille ; et de deux, les magistrats ne font que leur boulot, ces vociférations menaçantes sont inacceptables… ils s’indignent, ces magistrats, je cite, « contre le fait (…) de critiquer violemment l’action légitime de magistrats qui, etc etc… » . Là je tique : « violemment » , certes, mais quel « violemment » ? Il est en effet indispensable, en démocratie, que la Justice soit susceptible de se faire « botter le cul » – au figuré, évidemment (*) – quand elle commet des fautes. Elle a des comptes à rendre, la justice. Dans cette affaire, eh oui, un juge a commis une faute, flagrante, le surineur n’aurait pas pu suriner s’il avait été sous les verrous ; sa dangerosité a été largement sous-estimée. Ce n’est pas « la faute à pas de chance » ; c’est la faute d’un magistrat. Ce qui, bien entendu, ne justifie absolument pas de lui promettre la mort, encore moins anonymement.

Tibert

(*) On en est loin. Ces messieurs-dames sont pratiquement inaccessibles. Saluons, au passage, ironiquement, l’entêtement de notre Justice dans une gestion des mineurs totalement déconnectée de la sinistre réalité… chers petits anges !

Vanités

( Un titre rigolo de Ouest-France, ce matin : « Que se passe-t-il si la flamme olympique s’éteint ? On vous répond » . Je vais vous le dire, moi : on la rallume ! discrètement si possible, le porteur ou la porteuse fait par exemple semblant d’avoir envie de faire pipi, se trouve un petit coin. Avec une dotation comprenant de base un briquet, du papier journal, une boîte d’allumettes, un chalumeau de poche, un kit bâtonnet de bois durci- brindilles sèches-2 silex, alors avec ça si la flamme ne redémarre pas, c’est à pleurer. A ce propos, tout ce cirque autour d’une bougie, ces cérémonies, le retour vers la France en 3-mâts grand luxe, les chorégraphies de pom-pom girls athéniennes, c’est assez navrant ; le ridicule ne tue pas, décidément. Ces mascarades sont affligeantes, vivement qu’on passe à autre chose : il y a bien longtemps que le sport « olympique » est sorti de l’amateurisme naïf de Pierre de Coubertin. )

Et puis d’aucuns dissertent gravement sur la pertinence ou pas d’autoriser la pub pour les livres à la télé. Là aussi on en est à débattre du sexe des anges : ça existe déjà, la pub pour les livres, à la télé. Pas des spots « Soyez le trois-millionnième lecteur de Fantômas chez les Wisigoths, on se l’arrache » ou « Madame Michu, si je vous propose d’échanger ces 3 polars très moyens contre votre magnifique Du raisiné dans la choucroute ? – ah non non, pas question, je le garde » . Mais de la brosse à reluire, quand on reçoit l’écrivain MachinTruc à propos de son dernier opus, ça se fait, ça, et souvent. C’est d’ailleurs du même tonneau que lorsqu’une paire d’acteurs connus vient causer de la sortie de leur dernier film… si ce n’est pas de la pub, ça y ressemble bigrement. Mais bref… il s’agit de se demander si ladite pub pour les livres va inciter à lire plus, et plus éclectique, ou au contraire rétrécir le champ à quelques grosses pointures rentables, qui gagnent déjà très bien leur vie, et leur éditeur avec.

Eh bien, tout ça est assez vain. Chez Carrouf’ ou autres hypermégastores, on ne trouve déjà que la grosse cavalerie des best-sellers ; chez les libraires dignes de ce nom, seuls les lecteurs invétérés s’obstineront à fourrager dans les rayons : les grosses promotions, ils s’en fichent, voire les fuient, alors la pub… Cependant que le gros de la troupe ne modifiera en rien ses choix : on ne lit plus ! Chacun concourt à l’abrutissement collectif, les yeux rivés sur l’écran lumineux 6 pouces-2/5 niché au creux de la paume, à la recherche compulsive des derniers gags rigolos ou des récentes préconisations commerciales d’une influençeuse spécialiste du recalibrage des sourcils ou des piercings du nombril. Tout un symbole de notre époque, le piercing du nombril.

Tibert

Gâchis

( Nestlé Waters – en français : les eaux de Nestlé, mais Waters ça le fait tellement mieux, on croit entendre la chasse d’eau – « détruit » 2 millions de bouteilles d’eau de Perrier de qualité douteuse, germes fécaux par ci par là etc. C’est fou ! Un rapide calcul… disons qu’entre les 0,25, les 0,5, les 0,75… la moyenne de volume soit de 0,4 litre par bouteille. Ce qui représente 800 mètres-cubes d’eau qui fait pschiiit : deux piscines ! Et on « détruit » ça ? quand le Roussillon manque cruellement de flotte ? quel gâchis. Quel dommage… ça aurait eu de la gueule, arroser ses petits pois, ses salades avec de l’eau à ressort. Tant pis.

Et encore du gâchis, chez la Pomme-Mordue, Appeul donc, on concasse des tonnes de téléphones. Des appareils pas récents-récents, pas forcément opérationnels, mais bien entendu réparables ! encore du gâchis. La raison ? comme le fait finement observer un observateur lucide, « Apple ne peut pas vendre un tout nouveau téléphone à 1 000 dollars s’il y a encore sur le marché des téléphones vieux de deux ans » . Et à moins de la moitié du prix, et qui font le même boulot ! Même moi j’aurais pu faire ce triste constat. Si l’obsolescence programmée ne suffit pas, on passe les appareils à la choucrouteuse, ça relève de la même exigence de renouvellement allegro-prestissimo, avec le jingle, l’antienne « achetez, achetez » .

Gâchis enfin, humain celui-là… le Parigot se lamente, usant de l’abusif « les » au lieu de « des » ; le titre : « La France n’a pas voulu de nous » : les musulmans diplômés, victimes de discriminations, s’expatrient. Eh non, ils ne s’expatrient pas tous, et heureusement, ce serait un affreux constat d’échec. On a là un article clairement alarmiste, comme c’est triste ma brave dame, mon bon monsieur. Mais c’est vrai, il y a du racisme, des amalgames injustes, des rancoeurs, et le bilan de la guerre d’Algérie n’a, je pense, jamais pu être tiré sereinement – la posture constamment hostile depuis 60 ans, agressive, du gouvernement algérien n’arrange rien. Le communautarisme sévit avec ardeur, les banlieues sont toujours aussi moches et désespérantes, et la religion par dessus le marché ! Avec des constats hélas clairs : le terrorisme, le frérisme, les atteintes à la laïcité, les femmes traitées en individus inférieurs, la police des moeurs (musulmanes) dans l’espace public, les pourcentages ethniques dans nos prisons… c’est toujours du même côté. Mais c’est vrai, il y a aussi des racistes, c’est très con le racisme, les torts sont quelque peu répartis.

Ceci étant, à titre personnel, je déplore que ce pays reste largement coincé sur l’identification d’une ethnie à une religion. Voyez, l’obscurantisme sévit encore un peu partout, le Papam s’obstine absurdement à refuser aux femmes le droit de dire la messe ; ailleurs il faut absolument qu’elles soient bâchées, sous prétexte que les mâles sont « par construction » infoutus de se tenir correctement… je ne vais pas plus loin, je n’irai pas évoquer les bûchers, lapidations et autres horreurs issues de coutumes hors d’âge. Puisque l’intelligence et le bon sens sont également répartis parmi les diverses populations de la Planète, on devrait pourtant y arriver : vivement que l’agnosticisme, le doute raisonné, la logique, l’humain… viennent renvoyer les contes à dormir debout, les croyances naïves, aux archives.

(Amen) – Tibert