Congelons des rillettes

Le « Monde sur Toile », qui fait pourtant volontiers dans le lénifiant et l’idéologie rose-Bisounours, nous assommait hier d’une bonne douche froide. Ma foi ça réveille et ça fait redescendre sur terre. Il s’agissait de la fermeture de la dernière boucherie traditionnelle « gauloise » à Pantin, dans le 93. En gros, on ne peut plus manger non-hallal à Pantin quand on est carnivore et qu’on tient à acheter chez le boucher.

Ce reportage ne fait pas dans le style trémolo, genre « la dernière classe » d’Alphonse Daudet, quoique… on y sent la nostalgie des rillauds, de la côte dans l’échine et du paleron bien paré. Mais c’est un constat accablant de :

– la nullité de nos filières d’apprentissage, qui produisent à la pelle des BTS « forces de vente » et de marquétinge – massivement chômeurs – quand on a massivement besoin de bouchers, de plombiers, de menuisiers.

– la mentalité communautariste des commerçants musulmans, qui sont musulmans avant que commerçants, point-barre, et ne souffrent pas qu’on puisse commercer autrement. Ce qui vous oblige à leurs pratiques alimentaires – pas de porc, pas de vin, que du Hallal. Vous reste encore la liberté de ne pas faire la prière 5 fois par jour, les fesses tournées vers Londres.

Que faire ?

– déménager ! eh oui, à Singapour on trouve du porc sans problème. Les Chinois du XIII ème à Paris en mangent aussi, et en Bretagne, en Auvergne…

– si l’on tient à Pantin, prendre le bus, le métro, sa bagnole, et chercher, s’il en reste, une boucherie normale, non religieuse. Y faire massivement emplette de viandes non-hallal, acheter un énorme congélateur pour stocker ça. Et prier pour que l’EDF fasse son boulot sans défaillance.

– ou bien vous résigner à la viande hallal, mais en le sachant  – situation bien plus confortable que d’en manger sans le savoir !

– à défaut, se mettre au végétarien et à l’abstinence d’alcool.

Reste que la religion chrétienne est masochiste et désarmée. L’obligation de manger du poisson le vendredi est un rempart pitoyable au hallal (et au casher, donc). Il faut urgemment que le pape nous ponde une encyclique « Ad sanctam carnis manducationem » interdisant à ses ouailles de manger – sous peine d’excommunication – de la viande bénie par tout autre que le curé ou son diacre. Voilà qui emmerdera les compagnies aériennes, les cantines scolaires, les abattoirs, mais redonnera du boulot et de l’allant à nos ecclésiastiques démotivés.

Tibert

Parcours du fou sur la diagonale des soins

Les économies avec la Sécu, c’est facile.

J’ai déjà proposé qu’on mesure les taux de coagulation des gens qui ont des problèmes (de coagulation) avec des appareils légers, déplaçables, rapides, et n’appartenant pas à l’ère néanderthalienne des labos d’analyses médicales. Voir mon billet « Une médecine de (casque à) pointe. Aux dernières nouvelles, on aurait nommé une commission…

Mais v’la aut’chose ! tenez, vous avez des soucis de coeur. Pas à cause de la Saint-Valentin, tant mieux, et votre médecin traitant officiel – appelons le « Dr Référent » vous donne une ordonnance pour aller consulter un cardiologue, échographie des coronaires, que sais-je. Bien … vous y allez donc.

Ledit cardiologue vous trouve ceci, cela, ouais mais… faut voir…  vous fumez ? vous faites du sport ? à votre âge… je vais vous prescrire un test d’effort. Et de téléphoner à son pote Schmurz de la clinique Des Forts, qui fera ça très bien etc. Il vous fait une ordonnance pour. Et vous raquez, disons 70 euros.

Vous allez donc, muni de votre ordonnance du cardiologue, pédaler à la clinique Des Forts chez Schmurz, le copain du cardiologue, qui vous donne vos résultats, pas mal, c’est pas Anquetil mais bon, rien de pendable mais soyez prudent gnagnagna. Et vous raquez, disons 80 euros.

Vous avez une mutuelle, la Sécu fait donc suivre à la mutuelle, laquelle vous pond un décompte – on est moderne, ça se fait par email ; on vous retient 10 euros ! 10 euros de votre poche…

Ah mais, pourquoi ? Vous téléphonez, outré, car c’est le circuit nominal, une chaîne d’ordonnances bien motivées, pas des fantaisies de votre part. A la mutuelle, on vous répond que « ce n’est pas dans le parcours de soins ». Ce n’est pas le bon Dr Référent qui vous a prescrit ce test d’effort ? donc pas le parcours de soins. Dans le baba !

Mais c’est le Dr Référent qui m’a dirigé vers ce cardiologue, lequel m’a ensuite…

Mais non mais non mais non. Pas valable.

Moralité : il faut TOUJOURS repasser – connement, c’est clair – par la case du Dr Référent. Vous auriez dû opérer ainsi :

Le cardiologue : « je vous fais une ordonnance pour un test d’effort »

Vous : « non merci, sans façon, je vais y être de ma poche ; faites-moi plutôt un mot pour mon médecin référent dans ce sens« .

Puis vous reprenez dare-dare rendez-vous chez le bon Docteur Référent- 23 euros(*), merci – lequel, au vu du mot du cardiologue, vous fait, lui, une ordonnance pour un test d’effort. Là, vous avez bon ! là, vous avez perdu votre temps, fait perdre son temps à votre toubib, mais vous ne serez pas pénalisé de 10 euros. Vous ne serez pénalisé que de la retenue forfaitaire du toubib référent. C’est chouette, non ? merci la Sécu !

Tibert

(*) s’il est conventionné secteur 1, bien entendu. A vous de refuser les autres.

Fouzitout du lundi

C’est dingue, je découvre de jour en jour de nouveaux talents en matière de chanson. Après Amy Winehouse, dont j’ignorais totalement l’existence avant qu’elle parte en voyage sur les rives du Styx, c’est au tour de Whitney Houston de me révéler et son ex-existence et son défunt talent à l’occasion de sa mort tragique dans une chambrette de l’hôtel « Formule 1 » de Beverly Hills, à la Garenne-Bezons. J’ai eu longuement l’occasion de rattraper mon retard culturel hier devant ma télé, les chaînes d’information – sauf Al Jazeera en arabe – rivalisant d’hyperboles dans l’hagiographie Houstonienne.

J’ai eu bien évidemment droit à la « scène culte » (‘est comme ça qu’il faut dire, paraît-il) d’un vieux « Sacré soirée » d’archives, avec Michel Drucker, la défunte Houston et monsieur Gainsbourg, chanteur-compositeur ; « culte » car ce monsieur s’y montre d’une goujaterie rare, marmonnant assez clairement à l’adresse du présentateur « I want to fuck her« , et ce devant madame Houston, qui comprend l’anglais, et la France qui digérait – y compris les mouflets, et sans carré blanc. Il y a des claques qui se sont perdues ce jour-là.

Mais bon… continuons notre revue du week-end : l’annulation, 5 minutes avant l’heure,  du match de rugby prévu samedi soir à St-Denis (93) vers 21 h,  pour cause de pelouse gelée. On va siffler le début du match, et… putain, good Lord ! la pelouse elle est gelée ! quelle surprise ! quelle  cruelle déception inattendue, par ce froid polaire et à la nuit noire ! Il paraît que les annonceurs n’auraient pas admis, eux qui avaient déjà réservé, payé  et préparé pour cette tranche horaire leurs pub’s connes, débiles et inutiles – mais coûteuses – que l’on avançât à l’après-midi les hostilités sportives ; pourtant vers 14-15 heures ce samedi, ou le lendemain à la rigueur, on aurait eu de bonnes chances 1°) de trouver une pelouse accueillante et souple 2°) de rassembler le public qui de toutes façons avait payé et réservé sa demi-journée pour l’occasion – notamment tous ceux qui avaient fait le déplacement depuis l’Irlande.

Mais les impératifs des écrans publicitaires sont  impitoyables. Ce samedi après-midi, il y avait à la téloche un autre match de rugby, entre Soustons et La 1ère réserve de La Réole. Il eût été impensable de diffuser simultanément DEUX matchs de rugby, on aurait confondu les pub’s, vous pensez… il y a des pub’s pour l’après-midi (la bière, les biscuits pour l’apéro, les perçeuses à percussion…) et les pub’s pour le soir (fuites urinaires, mari qui ronfle…) : ça ne se mélange pas ! le désordre et l’à-peu-près  dans la réclame ou, pire, le rien du tout – pas de pub’, grands dieux ! ) , quelle  insoutenable perspective. Tiens, rien que d’y penser, le sang me caille.

Mais on le jouera, ce match, si si. Les spectateurs irlandais n’auront qu’à reprendre des billets d’avion, et les Français itou par le train. Quand on aime on ne compte pas, c’est bien connu.

Tibert

Quand le bâtiment va… grossir de 30 %

On le sait depuis hier soir, les immeubles de France pourront désormais, violant allègrement les règlements et normes sur les COS, gagner 30 % de surface sans paperasserie gênante : s’ils sont coincés latéralement, comme hélas souvent en ville, il leur sera donc permis de croître en hauteur ! exemple : un 6 étages + chambres dites « de bonnes » réhabilitées (relouquées) façon bobo, genre « rav stud, poutr-app, vue impr, cachet » (*)… disons 20 mètres de haut, cet immeuble, donc, va gagner 6 mètres, soit largement 2 bons niveaux, plus des chambres « de bonnes » qu’il sera possible de restyler façon bobo, etc etc.

L’histoire reste cependant assez évasive, et je dirais même que ça frise l’histoire belge – je m’explique :  est-ce qu’on a le droit d’agrandir les immeubles de 30 %, une fois ? parce que si c’est récursif, si l’on peut rehausser de 30 % un immeuble fraîchement remonté de 30 %, et qui  venait justement d’être étiré etc…  on va construire des gratte-ciels pas terribles !

Autre interrogation : les voisins vont peut-être apprécier moyennement leur nouvelle vue imprenable sur un beau mur surélevé… leur restera à rehausser suffisamment leur immeuble et acquérir le dernier étage pour retrouver leur panorama grandiose sur les poteries de cheminées et autres toitures en zinc. Et donc, les voisins des voisins, eux-mêmes, etc etc…

Mais bon, c’était juste un détail : c’est à n’en point douter une excellente initiative de notre Président-en-Chef –  qui n’a pas oublié que « quand le bâtiment va, tout va« , ça c’est bien vrai ça !  – et laisse enfin augurer d’une évolution positive, d’une rapide et ébouriffante sortie de crise. Et, l’astre butte notre liste, la vraie bonne nouvelle, c’est que les promoteurs vont enfin pouvoir nous construire des hauteurs sous plafond décentes ! ça les chagrinait, vous pensez…  au lieu des minables 2,5 mètres rikiki où ma grande perche de fiston se cogne au plafond en se passant un coup de peigne, ils vont nous faire du 2,5 x1,3 = 3,25 mètres. Un rêve : on va même pouvoir se faire une mezzanine, mémé !

Bébert, 30 % plus haut

(*) … et 7 étages à monter à pied.

Médecine de (casque à) pointe

Une mienne connaissance, vieux corps mâle fatigué, a eu la mauvaise idée de se déclarer une méchante maladie veineuse sous l’équateur… à Singapour plus précisément. Impossible de rentrer dare-dare et ventre à terre sous nos cieux et la douce protection de la Sécu, on l’a donc soigné sur place. Et bien évidemment, anti-coagulants, mesure religieuse du taux de prothrombine, et du fameux indice international de « fluidité » du sang, j’ai nommé l’ INR. Là-bas, ils utilisent un petit appareil, de la taille d’un sabot de paiement Carte  Bleue – on vous pique le bout du doigt, on tartine une petite bandelette de réactif d’une goutte de votre précieux sang, on attend une minute en papotant… et zboinnnng, le résultat : avec de la chance, hopefully comme ils disent, ce sera entre 2 et 3, disons 2.8 comme sur mon illustration.

Un petit appareil très pratique et inconnu en France
Appareil de mesure INR instantanée

Notez bien que ces petits machins sont en vente libre sur la Toile, au Canada, en Asie, un peu partout. Autour de 1.000 dollars.

Bon, de retour en France, mon brave ami continue son traitement… ah non cher monsieur, ce truc là ? ça n’existe pas chez nous. Donc, aller au labo, faire la queue, se faire tirer une demi-pinte de sang à la saignée du coude – bien bleue, la saignée du coude, au bout de 4-5 trous – puis attendre 3 à 4 heures, téléphoner pour avoir les résultats. La routine, quoi…

On me dit – le toubib à qui j’en ai parlé m’a dit : « c’est politique, les labos blahblahblah.. » ;  on me dit – la laborantine à qui j’en ai parlé m’a dit : « les labos ne veulent surtout pas de ça, c’est du bon pain pour eux tous ces gens qui viennent se faire trouer la saignée du coude ».

On m’a dit – un vieux retraité depuis 15 ans sous anti-coagulants m’a dit : « il faut aller au labo tous les 15 jours… moi je peux pas y aller à pied, alors il faut appeler l’ambulance… mais pas de chance, il n’y a jamais d’ambulance « assis » disponible, alors on me trimballe jusqu’au labo en ambulance « couché », et je m’assieds à côté du chauffeur… ça doit coûter un max, tout ça ».

Eh oui, faites les comptes, les labos, les ambulances… bon, vous avez compris le film ? comme les diabétiques, qui sont maintenant et heureusement plus autonomes, les centaines de milliers de gens qui sont sous anti-coagulants pourraient se faire leur petit test INR tout seuls chez eux, comme des grands, ou à la rigueur chez un voisin, chez le toubib du coin, ça coûterait bien moins cher, ce serait bien plus pratique… meuuh non, enfin, nous avons une médecine DE POINTE, nous, en France.

Allez, faites passer, parlez-en à vos copains, ça finira peut-être par faire bouger les lignes…

Tibert

Grands espaces

Les poules pondeuses « de batterie », ou d’abattage, comme vous voudrez, fournissent 80 % des oeufs de poule (eh oui…) produits en France. Elles disposaient réglementairement jusqu’ici de 550 cm2 dans leur enfer quotidien de chaleur, promiscuité, bruit, lumière permanente, mais vont bénéficier de la sollicitude de l’Union Européenne, qui leur octroie 750 cm2, plus un perchoir, plus un grattoir, plus… bref, s’il existe un enfer moins dur que l’enfer, voilà, c’est à ce doux enfer qu’elles vont avoir droit, ce dès le 1er janvier 2012. Merci Bruxelles, une fois.

Ceci pose tout de même un problème d’éthique, et si je ne rejoins pas madame Bardot, Brigitte, dans tous ses combats, sur ce point de la cruauté des hommes envers les animaux je ne peux qu’être de son bord. On a assez pleuré, boycottons. Boycottons les oeufs marqués « 3… », soit tous les oeufs produits en élevage de batterie. Et tant qu’à faire, seuls les oeufs  « 0… » (supposés « biomachin ») et « 1… » (poules élevées en liberté) méritent qu’on les bouffe. Les « 2… » ouais, c’est moins pire,  mais bon, elles voient pas la lumière du jour… vous vivriez comme ça, vous ?

Vous allez me dire – et une copine à moi le disait, haussant les épaules, « je ne vois pas la différence« . Certes ! le blanc est blanc, le jaune est jaune, un oeuf est un oeuf. Mais la poule, ELLE, elle la voit, la différence ! et comment. Faites donc rapidement un sondage débile façon Figues-haro auprès des poules lectrices de ce canard, du genre comme hier « La SNCF a-t-elle raison d’augmenter ses tarifs ? Oui- Non » (devinez la réponse) : « Poules, mes amies, préférez-vous une cage de 750 cm2 ou un pré d’herbe verte ? Cage – Pré  » vous verrez,  impressionnant, ça va faire genre plébiscite.

Reste qu’on ne peut pas, hélas, boycotter efficacement les oeufs « 3… ». Bicôse les restos, et les aliments industriels. Quel resto osera nous annoncer sur sa carte « Nous n’utilisons que des oeufs 0 ou 1« , quel industriel de la biscuiterie, des pâtes aux oeufs frais, de la ragougnasse en boîte affichera fièrement sur ses emballages « que des oeufs de poules en liberté chez nous » ?  Allez, on fera comme on pourra, on va quand même essayer. Ouvrons les boîtes d’oeufs, et « 3… » : Niet ! « 2… » ? que nenni. Oui, c’est plus cher, je sais. Eh bien, mangez-en moins, de toutes façons c’est bourré de cholestérol,  bio ou pas, donc allez-y mollo :  à ne bouffer qu’avec Parcimoni et Bonessian.

Bébert

Courses folles

Les tarifs du gaz, des trains, de ceci, de cela, vont augmenter en janvier, comme d’hab’ on commence à s’endurcir : même pas mal – et bien évidemment ceux des taxis.

Leur course folle aux sons de Radio-Côte-d’Ivoire ou d’une radio kurde, à payer en espèces exclusivement – si vous voulez une facture, vous aurez une fiche griffonnée au coin d’un feu de croisement – va désormais vous coûter au minimum 6,40 euros (et évidemment beaucoup plus la plupart du temps) sans oublier le pourboire, largement justifié vu l’amabilité et l’empressement.

Avancée majeure (pour eux), les taxis n’auront plus à montrer par signal rouge / vert s’ils sont libres ou pas… c’est idiot, c’était pratique, eh bien non, ça les gêne, donc on a supprimé ça. A vous d’agiter le bras frénétiquement et à tout hasard, tel un sémaphore désespéré au bord de la chaussée :  ILS choisissent.

Bon, résumons-nous : corporation à « numerus clausus », rare, peu disponible, de plus en plus et trop chère, pas très agréable la plupart du temps – puisque nos gouvernants, droite-gauche confondus (et merci tout particulièrement à monsieur Pasqua)  sont infoutus d’avoir un peu de courage et de réformer cette profession qui leur est si chère dans le sens d’un meilleur service (*), appelons de nos voeux l’avènement de moyens propres à envoyer ces gens-là rejoindre les allumeurs de réverbères, les réparateurs de bidets et les cardeurs de matelas.

Longue vie à Autolib, Velib et toutes ces sortes de choses !

Vivent les motos-taxis, les crypto-taxis, les taxis sans plaque, les camionnettes collectives et les minibus dégriffés !

Vive l’auto-stop  au coin des feux de croisement, avec une pancarte pour la destination et le billet de 10 qui dépasse de la poche !

Vive le covoiturage  en ville !

Bébert

(*) une commission Attali avait, il y a 3 ou 4 ans, fait des propositions positives, évidentes, sensées… elles ont fini à la poubelle, les propositions Attali sur les taxis.

Réfléchissons, voyons… réfléchissons..

Bonne nouvelle : « l’État réfléchirait sur la possibilité de modifier la formule de calcul des tarifs du gaz, qui se base plus sur les coûts d’approvisionnement de GDF Suez et moins sur l’évolution des prix de marché du gaz. L’application de cette nouvelle version pourrait aboutir à une augmentation de 6% plutôt que de 10%« .

Mais oui, ils y réfléchiraient, là-haut…  là, derrière leurs fronts altiers et savants. Voyons voir, voyons voir…  serait-il possible de changer la formule ? sachant que mon ami Mestrallet, de chez GDF-Suez, tient à  ce que ça ne change pas, sachant que les Français se sont déjà morflé 3 hausses violentes du prix du gaz depuis avril 2010, soit +9,7 %, +5 % puis enfin +5,2 %, soit au total + 21 % d’augmentation en 18 mois, sachant que le gaz, il y en a des réserves prouvées sans commune mesure avec le pétrole, et que les prix sur les marchés mondiaux sont bien plus bas, mais que justement, la formule de calcul, elle, fait référence au prix du pétrole, parce que ! c’est comme ça !, alors, on y réfléchirait, au conditionnel, chez le Ministre de l’Industrie, de l’Energie  et des Justes Prix. Si, si.

J’ai parcouru la page « Dolcevita » de GDF, qui nous explique doctement pourquoi il faut payer de bon coeur, pourquoi notre fille est muette, et pourquoi les prix du gaz augmentent inexorablement, tels l’entropie – c’est scientifique, très convaincant, tenez : « …Par ailleurs, les 2 énergies (gaz et pétrole, NDLR) sont en concurrence directe pour de nombreux usages, si bien que si la demande s’accroît pour l’une, elle s’accroît également pour l’autre« . Eh oui, si pour faire vos courses, Leclerc est en concurrence directe avec Carrefour, quand vous allez plus chez Carrefour, c’est forcément que vous allez également plus chez Leclerc, c’est clair, non ? non ? ah bon c’est pas comme ça ? c’est même le contraire ? zut alors.

Tibert

De l'art de louer

Tiens, une bonne nouvelle pour se mettre en jambes : madame Palin, Sarah, Etats-Unienne et républicaine, « Tea party » etc –  oh combien ultra-libérale sauf en matière de morale, ne se présentera pas à la course à la Maison Blanche. On va y perdre un peu de folkhlore, quelques bons mots involontaires, mais y gagner de la tenue. Le pittoresque réac’ poussé à l’excès lasse.

Une autre nouvelle, mais qu’elle est pas bonne, évidemment, vu qu’on ne lui souhaitait pas ça, c’est la mort de l’ex-patron d’Apple. Mais je ne vous apprends rien, c’est dans tous les canards, ça va tartiner un max pendant 3-4 jours là-dessus, hagiographie et pieuses images du garage oùsqu’il a bidouillé sa première babasse, etc. Apprêtez vous à en avoir jusqu’aux yeux, de l’Apple et du Jobs.

Et ça y est, c’est le dithyrambe, ça déborde, on lui dresse des statues, on le compare à Einstein. Les gars, un peu de tenue.. vous allez dire des bêtises, là…  remettons les choses en perspective, vous voulez bien  ?  humainement je ne sais pas, je ne fréquentais pas le bonhomme, sûrement un brave type, mais question boulot il y a de la nuance à apporter.

Apple est la boîte qui ferme ses machines (et se fait des couilles en or avec ses iTunes bien verrouillés). On connaît ça, les appareils dont on ne vous donne pas le mode d’emploi détaillé, pas réparables à la maison, assemblés avec des vis qu’on ne peut pas dévisser. Chez Apple, c’est quasi une religion. Comparé au PC qui se bidouille tant qu’on veut, un vrai Meccano, on a vite fait de choisir.

Monsieur Jobs a su s’entourer de bons stylistes, être exigeant sur ce point ;  les bécanes MaPomme sont minces, blanches, mignonnes, craquantes… rien à dire, c’est jouli (et je m’en fous). Mais surtout, c’est là son génie, monsieur Jobs était un excellent homme d’affaires, ce qui n’a rien à voir avec les facultés mentales d’Albert E=MC2. Il avait du charisme ? euh… je m’en fous aussi. Il était sûrement un génie, oui, du marquétingue ! Le marquétingue, l’art de vous obliger à acheter un truc dont vous n’avez pas besoin, parce qu’il est associé à un autre truc dont vous avez besoin. Le marquétingue, l’art de vous vendre le manche du couteau d’abord, pas trop cher, mais quand même, en laissant espérer que bientôt, on pourra se procurer, très cher, la lame qui va avec, mais bon, on n’est pas obligé de vous le dire tout de suite. Le marquétingue, l’imprimante jet d’encre à 24 euros virgule quatre-vingt-dix-neuf, et les quatre cartouches d’encre à 35 euros virgule quatre-vingt-quinze chacune.

Le marquétingue, ou comment baiser le client, qui en redemande, et fait la queue pour être dans les happy few gogos qui se procureront dès le premier jour de vente le précieux, le superbe, le magique iMachin blanc et mignon comme tout, mais qui n’a pas de port USB (*) parce que les marquéteux ont prévu – sans vous le dire, évidemment – de l’en équiper avec la version suivante.

Bon, résumons nous, c’était sûrement un super patron, et probablement un type sympa, direct, pas m’as-tu-vu, et on se souviendra d’un remarquable bidouilleur. On va le regretter, lui et son Apple II.

Tibert

(*) je deviens technique, là… excusez.

Le temps réel, au bout du couloir à gauche

Cocorico de nouveau (après la Caravelle, le SECAM, le Minitel, Transpac et tant d’autres merveilles franco-françaises), EDF va nous installer gratoche – du moins vu de la surface ce serait, paraît-il, gratoche, mais va savoir… – un super nouveau compteur électrique intelligent et communicant. Waoowww !  évidemment il porte un nom à racine anglaise, what else, sinon ce serait nul de chez Nul : Linky, clin d’oeil à link, lien. On n’aurait pas pu le nommer Albert ou Josette, vous vous rendez compte la honte ? Bon, il sera jaune fluo, du meilleur goût, et on s’en fout, vu qu’il sera le plus souvent planqué au fond d’un placard, au bout du lotissement sur une borne collective, au sous-sol de l’immeuble dans une armoire technique.

Mais bonne nouvelle, on ne sera plus obligé de poireauter à la maison le jour où l’agent EDF viendra relever le compteur : il relèvera le compteur depuis son bureau, bien au chaud. Ahhhh ! et par ailleurs, l’autre intérêt de Linky, ce sera de nous permettre de suivre notre consommation électrique « en temps réel » ! j’explique : on allume une plaque pour faire bouillir l’eau des pâtes… on fonce au bout du couloir de l’escalier C, on ouvre l’armoire des compteurs avec la clé qui est accrochée au clou derrière la porte coupe-feu, on braque sa loupiote de poche sur son compteur, et on lit qu’on consomme, disons, à cet instant précis, 19,45 ampères, ou 4258 watt (sous 220 volt environ, ou 230, 228 ? allez, 228 !). En voilà une information qu’elle est utile !

Eh oui, voilà qui nous aide puissamment : on a la télé qui beugle, l’ordinateur du gamin avec l’imprimante en veille, un sèche-cheveux dans la salle de bains (réglé sur 1 ou 2 ? euh… la porte de la salle de bains est fermée à clé ), il y a 7 ou 8 ou 9, qui sait, lumières allumées, le frigo ? le frigo ? ah, on retourne chez soi en vitesse vérifier si le frigo ronronne ou pas, oui il ronronne !  la chaudière ? ah, la chaudière… on sait pas, elle est dans un placard. Attendons donc que le frigo s’arrête… ah zut l’eau des pâtes bout.

Non mais je suis vraiment trop critique, là.. je ne vois que le mauvais côté des choses, ma parole… je dénigre à plaisir… d’ailleurs, sachez-le, une expérience pilote a été menée, et 10 % des consommateurs ont tenu compte des informations de Linky pour modifier leurs habitudes. Enorme  succès ; les 90 % qui s’en sont foutus ont sûrement tort et ce sont des vieux schnocks.

Cerise sur le gâteau, c’est sur Internet que vous pourrez dépouiller au calme, le soir à la chandelle, vos passionnants relevés de consommation Linky. Quoi ? vous n’avez pas Internet ? bandes de ruraux arriérés, indécrottables otages de l’Opérateur Historique. Qu’est-ce que vous foutez à plus de 5 km d’un central téléphonique ? et comment ça se fait que vous n’avez pas l’argent pour vous payer Internet ? et vous ne savez pas vous servir d’un ordinateur ? mais qu’est-ce que vous avez appris à l’école ? ah bon y avait pas d’ordinateur ? c’est possible ça ?

Tibert