Suicide collectif et museau vinaigrette

Nos fins limiers de l’identification des causes de mort approchent lentement de la vérité. C’est vrai aussi que c’est terriblement ardu, cette histoire d’une vingtaine de cochons de sangliers trouvés morts sur une délicieuse petite plage verte des Côtes d’Armor. Après moult remue-méninges, expertises, autopsies et recherches historiques, le commissaire Velet (à moins que ce soit Raymond Souplex) a frappé sa paume gauche du poing droit, en s’exclamant : « bon sang ! mais c’est bien sûr ! ». Et c’est ainsi, chers auditeurs, que l’hypothèse des algues vertes tueuses se renforce, le canard nous l’annonce. « Sangliers morts en Bretagne : la piste des algues vertes se précise« . Ils sont très forts, disons-le.

Moi je trouve quand même que c’est un peu facile, là, comme explication. D’accord, le gaz sulfhydrique (H2S pour les intimes) a déjà tué un cheval, d’accord, le niveau de nitrates dans les eaux de surface et dans la nappe phréatique est épouvantable en Côtes d’Armor, d’accord, on sait qu’il y a là-bas beaucoup trop de porcheries industrielles, qui balancent leur lisier odorant dans le paysage ; bien entendu on sait pertinemment que ces algues vertes sont dues à cet excès de nitrates, et qu’elles produisent en se décomposant du H2S. Certes… et certes derechef, ça ne sent pas toujours la rose dans la campagne bretonne.

Mais bon, il y a d’autres pistes. Trop facile d’accuser les agriculteurs bretons ! tiens, on a déjà vu ça avec le Temple Solaire, avec la secte de Waco, avec tout un tas de groupuscules ; c’est sûrement un suicide collectif. Et ça tombe juste avant le début du mois du jeûne chez les Musulmans – du moins ceux qui veulent s’y conformer. Sachant la race porcine athée – je ne les ai jamais vus à l’église – on ne peut pas incriminer quelque lubie ésotérique. C’est manifestement un geste symbolique fort, une solennelle protestation contre l’ostracisme qui les frappe. On sait en effet que le porc est proscrit, « bio » ou élevé en batterie, par tous ces gens-là, et les Juifs pieux aussi, et c’est injuste, trop injuste. De mon point de vue, d’ailleurs, c’est à tort, j’apprécie les rillettes et le petit salé, le jambonneau et le boudin, et, cochonnes, cochons, laies et sangliers, vous avez toute ma sympathie. Quoique, le porc de batterie, je passe mon tour, il a vécu trop malheureux.

Tibert

Aïe à 2 drimes, euh gaïne !

Je lis ça, au petit matin de la gueule de bois d’après les flonflons de la Fête Nat’, et c’est beau : « J’ai rêvé que nous puissions remplacer ce défilé [militaire] par un défilé citoyen où nous verrions les enfants des écoles, où nous verrions les étudiants, où nous verrions aussi les seniors défiler dans le bonheur d’être ensemble, de fêter les valeurs qui nous réunissent ». C’est joli, non ? c’est du Joly, Eva pour ses groupies d’EELV, les écolos rangés derrière la bannière à lunettes rondes et fushia au bout du nez.

Je lis ça, et sur ce point au moins je suis complètement d’accord avec madame Eva, sauf que moi je n’en ai pas rêvé, pas eu besoin, du moins, de me prendre pour un avatar de Martin Luther King ; d’autre part, autre bémol, si « séniors » relève du vocabulaire latin, c’est en fait du Politiquement-Correct anglo-machin pur jus, pour ne pas dire « vieux », l’épouvantable et repoussant « vieux ». Pourtant, « où nous verrions aussi les vieux défiler…« , ça le ferait tout aussi bien, non ? allez, édulcorons, « les anciens« , si vous y tenez.

Mais bon, oui, sur le fond,  on en a marre nous aussi, non-EELV, ou à peine, de voir les militaires confisquer la fête nationale, et marre itou d’entendre des paroles historiques, certes, mais horriblement datées et sanguinaires sur la musique de notre Marseillaise. Qu’un rouget de l’île moderne et inspiré nous abreuve de ses couplets apaisés, c’est tout ce que je nous souhaite.

Ah oui, tiens, autre chose : on a amplement pris connaissance,  à la télé, ces derniers jours, des désordres occasionnés dans les aéroports parisiens et marseillais par un « arrêt de travail d’une certaine catégorie de personnels » d’Air Algérie. En d’autres termes, c’était la merde ! eh bien, je suis allé voir, une fois, sur les sites du genre Le BilletLeMoinsCher.com, ou VoyagezPasCon.fr, les vols Paris-Alger, par exemple, au hasard… vous me croirez si vous voulez, mais il y a 9 compagnies qui assurent des vols Paris-Alger ; pas qu’Air Algérie ! Iberia, Lufthansa, Air France (Alitalia, c’est pareil), Aigle Azur, tout ça. Alors, les gars, un conseil : un clic du mulot sur VoyagezMoinsCons.org, et faites jouer la concurrence.

Tibert

Les cousses de l'amour

Mais non, voyons, c’est un contrepet idiot : il s’agit des cours de la mousse ! la mousse, le demi de bière est annoncé à la hausse, le saviez-vous ? non ? eh bien vous le savez désormais, et je vous encourage vivement à foncer vite fait au plus proche magasin SuperMegaFantasticDiscount pour y emplir un ou deux caddies de packs de bière, et à en stocker dans votre baignoire. Vous avez sûrement, dans votre sagesse, empilé 500 paquets de café sous votre escalier – le café flambe, ça va être hors de prix le petit noir – mais vous trouverez bien une petite place, je vous fais confiance.

Au passage, remarquons que le « demi » n’est qu’un quart, car les limonadiers s’y entendent à nous faire prendre des dés à coudre pour des barriques, et encore faut-il vérifier que le liquide servi atteint le trait fatidique des 25 cl sur la paroi du verre : avec combien de bistrotiers me suis-je fâché pour cause de niveau trop bas ! Il est pourtant de notoriété publique que 25 cl c’est vraiment le minimum vital pour s’humecter le gosier, et nos voisins du Nord de l’Europe,  où pourtant il fait moins chaud, y vont, eux, de 33, 40, voire 50 cl, ce qui commence à être correct, décent, bref de taille humaine.

Il fut un temps – vers l’an 2.000 – où la mousse au comptoir atteignait ses 11-12 francs. En salle, ou en terrasse, alors là c’était hors de prix, vous pensez bien que le serveur avait à vous facturer l’usure de ses semelles, car vous n’êtes même pas cap’ de prendre vous même le verre sur le zinc pour aller vous installer à un guéridon – chez les Rosbifs ça se fait, ils ne sont pas si feignasses, mais ici en France, le consommateur est très très statique : soit il se pose au comptoir, soit il s’installe en salle, mais  jamais il ne passera de l’un à l’autre, il se ferait gronder très sévèrement.

Désormais ça tourne entre 2,50 – 3 euros le demi au comptoir, ce qui nous aurait fait 16 à 20 balles au temps du franc, eh oui. Attendez-vous donc à y aller de vos 3 euros minimum, et bien plus si affinités.

C’est la faute à la sécheresse, bien évidemment, et si on n’avait pas eu la sécheresse on aurait eu les sauterelles, ou la tempête, ou la guerre en Lybie, ou le tsunami au Japon, ou la faible pollinisation des haricots, mais de toutes façons il y a une excellente raison pour que les cours montent. Et pour qu’ils baissent ? il n’existe pas d’excellente raison.

Enfin, ajoutons-y le fait que les Français ont oublié que l’Euro est divisé en dixièmes d’euro, voire, le croiriez-vous, en centièmes d’euro ! Donc on compte chez nous comme ça : 1 euro, 2 euros, 3 euros… jamais 1,25 ou 3,40 ou 2,70. Evidemment ça manque de nuance, vous admettrez.

Bon, en conclusion, je m’en vais paraphraser  la célèbre répartie du regretté Philippe Noiret, Ripou de cinéma, au bougnat qui lui proposait un cigare… « Vous prendrez bien une petite mousse ? – pourquoi, petite ?  »

Tibert

Comment dit-on "silence" en flamand ?

Bonne nouvelle, la direction du métro bruxellois a décidé, une fois, de ne diffuser désormais en « musique » de fond aucune chanson en flamand ou en français. On en devine aisément la raison : il y a toujours des imbéciles de francophones qu’une chanson en flamand indispose, et symétriquement du côté des flamingants.

C’est malheureusement une demi-bonne nouvelle : si la zizique de métro s’arrêtait pendant les chansons censurées, si au lieu de « Le plat pays qui est le mien » on avait droit au silence, ce serait magnifique ! mais hélas la stupidité humaine étant redoutable, on aura remplacé les « blancs » sonores par d’autres chansonnettes en anglais, le plus probablement, ou en chinois, russe, ouzbèque, javanais et j’en passe.

La vraie bonne nouvelle, ce serait que les usagers du métro bruxellois se rebiffent à l’écoute de toute musique de fond, quelle qu’elle soit ! car d’une part, c’est extrêmement pénible de subir une musique qu’on n’a pas choisie, d’autre part on a droit au silence, au SILENCE, vous comprenez ? le bienheureux silence. Ce devrait être la rubrique numéro un des Droits de l’Homme : « Personne ne peut vous imposer son bruit ». A une époque où l’on punit très sévèrement celui qui impose une fellation à une femme de chambre, pourquoi laisse-t-on  impuni ce viol de nos oreilles ? je vous pose la question.

Et, tenez : métro, ascenseurs, galeries commerçantes, magasins de fringues ou de godasses, restos et bistrots… tous tant qu’ils sont avec leur zizique… vous entrez, vous trouvez la sono dans le coin à gauche derrière le rideau, vous arrachez la prise : qu’est-ce que ça fait du bien !

Tibert

Orange, oh désespoir…

C’est un hameau perché dans la montagne – vosgienne, jurassienne, auvergnate, que sais-je, et qu’importe ? Mais une montagne à paysans et à bois, à tracteurs 4 x 4 et grumiers – grumiers ? keskecé ? Des camions qui transportent de longs troncs d’arbres, de sapins en l’occurrence, des « grumes », quoi ! D’énormes grumiers hurlants et ravageurs, qui prennent les virages sur les départementales étroites en vous invitant à garer votre pauvre bagnole dans le fossé, et qui, vu la hauteur des empilages, passent comme ils peuvent sous les obstacles.

Tiens, un obstacle, oh trois fois rien : un câble de téléphone qui longeait un virage a morflé, il pendouille maintenant, le conducteur n’a peut-être même pas senti la rupture, et puis zut, ces bouzeux ont des « portables » (des mobiles), pas vrai ? Allez hop, on continue, on n’a rien vu.

Sauf que ledit câble, c’est le « 28 paires » qui alimente tout le hameau en téléphone – à 98 % des « Orange », et quelques hérétiques de Free ou 9Telecom. Sauf que ce hameau compte plein de vieux qui n’ont pas de mobile, trop compliqué, et puis les mobiles, ici, ça passe quand ça veut ! Au fond du jardin, sur un escabeau au grenier, peut-être… bref le hameau est coupé du monde, et l’on est vendredi matin.

Un débrouillard muni d’un mobile appelle Orange vendredi après-midi… on prend bonne note, on s’en occupe !

Vendredi soir… rien.

Samedi… rien.

Dimanche… rien.

Dimanche soir, un autre débrouillard – bibi – prend son mobile et appelle. Appel gratuit depuis une ligne fixe Orange (quand elle est en panne, allez chez le voisin, sinon au village à côté, sinon… payez !). Une voix synthétique – après de laborieux et coûteux préliminaires : « cet appel est gratuit gnagnagna », « cet appel sera enregistré blablabla », « bienvenue chez Dugenou bllbllbll » – m’invite à épeler le numéro de téléphone, puis à taper sur la touche Machin pour le choix que je veux faire. Ayant fait mon choix, je suis ensuite invité à énoncer clairement la cause de mon appel, par exemple, dit le monsieur synthétique, « Je n’ai pas la tonalité ».

Moi, bête et discipliné : « Je-n’ai-pas-la-tonalité » (et en plus, c’est vrai).

Lui : « Nous avons compris que vous n’avez pas la tonalité (putain, ils sont bons !). Nous vous mettons en relation avec un conseiller ».

Le conseiller est une conseillère, aimable au début. Puis ça s’envenime, car le cas « personne au hameau n’a la tonalité » ne figure pas au scénario. Moi, monsieur Schmolldu, ça se peut, mais « tout le hameau » ?? pas prévu. Connais pas. Et puis on est dimanche, pas de dépannage. A partir de lundi. On n’a pas le même statut que EDF, nous, ah non, on ne dépanne pas le week-end.

Ah bon… adieu, Service Public du téléphone… on se demande d’ailleurs – et je vous le demande – pourquoi il y a une permanence de dépannage le week-end, vu qu’on ne dépanne pas. Mais bon… nous restera à réclamer à tout hasard une improbable remise sur la prochaine facture, téléphone et internet.

Lundi 11 heures : une camionnette « Orange » se pointe. Etonnement du monsieur de la camionnette devant le câble qui pendouille : « Ah mais c’est tout le village alors ? ». Manifestement il est venu, comme on dit dans le jargon de ma profession, « avec une bite et un couteau », et n’a donc pas le matériel pour réparer. Cet après-midi, pas de problème, ils viendront réparer !

L’après-midi : rien. Non, ils ne sont pas un Service Public, et puis ils ont des horaires harassants.

Mardi, peut-être ? Un courageux a prévenu la mairie, qui n’était pas au courant, et qui d’ailleurs n’y peut rien. Et puis on a hurlé lundi soir dans le mobile pour essayer de décrasser les oreilles du dépannage. Qui sait ? en brûlant un cierge ? au lieu de se suicider en masse, s’ils venaient réparer le 28 paires du hameau ? on leur payerait même un coup.

Mardi 14 h 30 : alleluïa, louons le Seigneur. Ils sont là, ils mettent un câble neuf, ça marche. Soit une « panne » de 4 jours pleins. Mais attention, c’est normal, ce n’est pas un service public, ne confondons pas. Le monopole du téléphone dans les zones non dégroupées ? c’est bien eux, ils l’ont, le monopole. Pas de concurrence, pas d’alternative : c’est France Telecom / Orange et personne d’autre (hélas).

Tibert

On nous (loge)ment !

Ce n’est pas dans le cadre du feuilleton « Logement » que cet article paraît ; mais c’est un billet d’humeur, comme on dit, ça sort comme ça vient, et si c’est excessif, eh bien tant pis, on en sera quitte pour affronter les hordes de commentaires vindicatifs des lecteurs (et des lectrices itou).

La modernisation-mise aux normes des ascenseurs : tout d’abord, comment se fait-il qu’on tolère des immeubles sans ascenseurs, de nos jours ? De même qu’un ministère du logement devrait faire voter dare-dare une loi interdisant les plafonds sous 270 cm dans toute nouvelle construction collective, de même ledit ministère serait bien inspiré d’annoncer la démolition prochaine de tous les immeubles non dotés d’ascenseurs. Voilà qui assainirait le marché.

Et puis, les ascenseurs, parlons-en : il est des immeubles – parisiens, notamment – où l’étroitesse des cabines est telle qu’on ne peut s’y tenir à deux qu’embrassés, ou bite-à-cul, excusez l’expression. C’est sympa si vous tentez de séduire votre voisin(e)  d’ascension, mais si c’est le vieux du 5ème qui pue du bec… des ascenseurs pour limandes-soles, ou pour anorexiques, en somme.

Quant au marché super-juteux de cette mise aux normes d’ascenseurs, il se porte bien, merci, les syndics d’immeubles comptent leurs bénèfs avec jubilation, et les ascensoristes font des affaires. « Pour notre sécurité », ça raque sec dans les copropriétés. Si l’on fait le parallèle avec la route, où en gros, bon jour-mal jour il meurt environ une douzaine de personnes, l’ascenseur est super-super sûr, vu qu’il en meurt environ trois fois moins… par an ! Il est de notoriéré publique que les seuls ascenseurs dangereux sont ceux qui sont vandalisés.

Il serait d’ailleurs intéressant que nos modernes philosophes à chemise blanche et col ouvert sans cravate ouvrent le débat sur le supposé besoin de sécurité. Les Socialistes au pouvoir avaient, en leur temps, inventé le brillant concept de « sentiment d’insécurité« . La petite mémé qui se fait arracher son sac à mains par deux courageux « djeunes » sur scooter trafiqué ressent un « sentiment d’insécurité », de même que les pompiers appelés pour un feu de poubelles et caillassés depuis le haut des immeubles. La Chiraquie, et la Sarkozie dans la foulée, ont rapidement vu tout le parti qu’on pouvait tirer de ce concept, non en améliorant la sécurité… des personnes et des biens, besoin pourtant élémentaire et primordial, mais en améliorant les normes de sécurité (des bagnoles, des ascenseurs, des huisseries, des canalisations d’eau, des câblages électriques, des émanations d’amiante, de gaz de ville ou de radon… sans oublier le sentiment d’insécurité lié aux termites qui boulottent tout en silence et dans l’obscurité. Et vous savez quoi ? l’amélioration des normes de sécurité, ça rapporte ! pas en termes de diminution du sentiment d’insécurité, non, en termes de picaillons.

Bref cette époque soi-disant soucieuse de sécurité – oh combien ! me semble surtout soucieuse de faire des affaires. Quel est le prochain diagnostic obligatoire que l’on va nous infliger ? au lieu de raser les tas d’immeubles insalubres, mal foutus, branlants que le 19ème siècle nous a légués – et n’oublions pas ceux de la glorieuse époque des cages à lapins des années 60-70 – on préfère nous obliger à énumérer dans le cadre de diagnostics à rallonge les défectuosités de ces cauchemars d’architectes. Tenez, il manque le diagnostic du bruit, celui de la hauteur sous plafond (j’y tiens), celui du grincement des parquets, et je dois en oublier.

Pour finir, une anecdote… on sait que le marché parisien – pas que lui, d’ailleurs – est hyper-tendu, que les agences immobilières se crêpent le chignon pour arriver à toucher leurs petits 5-6 % sur des biens à plusieurs centaines de milliers d’Euros toujours aussi rares. Il est fréquent que des tas d’agences se disputent un même lot. Et vous savez quoi ? pour « plomber » la concurrence, certains négociateurs – c’est comme ça qu’on dit – sèment de ci de là des seringues apparemment usagées au fil des cages d’escalier. Ca fait tout de suite bonne impression lors des visites suivantes ! évidemment, ça ne marche pas du côté des Invalides ou de la rue de Varennes, mais aux Buttes-Chaumont, place des Fêtes, ça le fait. Sympa, non ?

Tibert

On est choyés

On pense pour nous, on vient au devant de nos besoins, on nous dorlote. La vie devient de plus en plus paisible, sereine, sans stress ni nuisances : nous mourrons bientôt tous en bonne santé.

Tenez, d’ici quelques mois des motos banalisées équipées de radars vous « flasheront » à la volée sur la route, le jour où vous aurez oublié de river un oeil sur la route (des fois que…), un oeil sur les panneaux de signalisation – très importants, les panneaux – et un oeil sur le compteur de vitesse, le plus important de tout. Vous ne pourrez pas dire qu’on ne s’occupe pas de vous.

Tenez, moins de 4.000 tués sur les routes cette année, mais plus de 20.000 dans les accidents domestiques : c’est la prochaine campagne du gouvernement, le permis de bricoler « à points », avec évidemment contraventions pour une mèche de perçeuse qui dérape, « prunes » pour les escabeaux mal calés, et stages payants pour le rattrapage de points.

Elle est pas belle, la vie ? le gaz va augmenter de 5,2 % au 1er avril, ce n’est pas un « poisson », soit plus de 60 % d’augmentation depuis 2005. Sur le marché mondial c’est l’inverse, les prix baissent, mais vous, monsieur Dugenou, avec votre chaudière à gaz, vous avez accès au marché mondial du gaz, vous ? non ? vous vous fournissez chez GDF ? c’est surprenant… ou Antargaz ? Butagaz ? ne cherchez pas,il vous en reste 4 autres à citer, pas un de plus, c’est la « libre concurrence », n’est-ce-pas.

Mais heureusement la municipalité parisienne, qui veille sur vous, chers lecteurs parisiens, et sur vos dépenses énergétiques, ainsi que sur le réchauffement climatique, la biodiversité, les micro-particules, la pollution sonore et j’en oublie, va bientôt interdire aux bistrotiers les chauffages de terrasses  au gaz (les « parapluies »). Les élus écolos en rêvaient, ça les fait marronner que l’on puisse avoir chaud dehors par temps froid, c’est une provocation, c’est contre nature, retour aux vraies valeurs : pull de grosse laine qui sent le suint, casquette fourrée (en fourrure synthétique, évidemment)  et couverture sur les genoux si vous voulez siroter votre cahoua à la terrasse – et en griller une, pour aggraver votre cas. Vous êtes fous ? inconscients ? vous coûtez cher à la collectivité, avec vos proches et probables cancers des poumons (mais combien coûte à la collectivité la survie de nonagénaires atteints de démence sénile et réduits à l’état de légumes, ça…).

La hausse du prix du gaz sera ainsi indolore pour les troquets parisiens, qui n’auront pas de raison d’en consommer : on veille sur nous ! et gageons que cet exemplaire initiative fera tâche d’huile dans les autres municipalités où s’ennuient des écologistes en mal de bonnes idées. Tenez, en voilà une ( bonne idée) : pourquoi ne pas interdire les chasses d’eau, qui sont des aberrations écologiques, et imposer les toilettes sèches, comme dans les parcs naturels aux USA ? gros potentiel pour la filière bois, qui comme chacun sait, est neutre, au plan du bilan carbone. La sciure de bois vendue chez Monop’ et Franprix par sacs de 1 ou 2 kilos, comme la farine… mais attention aux ententes illicites entre producteurs, il paraît que ça se fait.

Dans la farine, peut-être… mais pas dans le gaz, pensez-vous !

Tibert

82 % off ? vous aussi ?

Grande nouvelle, c’est la fin de semaine, et il pleut. On va dire que la loi de Murphy, alias « loi de l’emmerdement maximum » est en l’occurrence vérifiée ; sinon on aurait décrété que c’est l’exception qui confirme la règle. Comme ça c’est toujours  conforme aux dictons. D’ailleurs, c’est bien connu, « Qui à la St Joseph perd son fief, à la St Médard marche au radar ! » .

Autre grande nouvelle, le réseau d’ordinateurs zombies « Rustock » a été détruit, ou du moins désactivé. Vous pourrez lire ça, et y découvrir que, si ça se trouve, votre propre bécane servait, à votre insu, à envoyer tous les jours, et plusieurs fois par jour, des tas de messages stupides, frauduleux, mensongers, inutiles, malfaisants, vicieux… à des tas de gens qui n’en avaient que foutre, par exemple toutes ces femmes à qui l’on vantait des offres commerciales pour du Viagra en solde, allant même jusqu’à des réductions ahurissantes, des 80 ou 82 %, n’importe quoi.

Ouvrant ma boîte à lettres électronique, ce matin, je n’y ai trouvé aucune offre de durcisseur de verge, ni de montres d’une grande marque commençant par R… à prix ridiculement bas, ni de diplômes ronflants sans les avoir mérités, bref : rien !! des messages sans intérêt, la SNCF qui veut m’envoyer ailleurs à mes frais, des marchands d’ordinateurs qui m’enjoignent de changer de machine pour la 425 ème fois en 6 mois, un fabricant de GPS qui a les mêmes exigences concernant ses productions… rien d’intéressant.

Au moins, avec les spams, on se marrait un peu. On m’a même, récemment, fait l’honneur d’une tentative d’arnaque à l’héritage, arnaque dite « africaine » – le fric du soi-disant héritier était censé se trouver au Togo, ou en Guinée, j’ai oublié. Le texte savoureux, l’absurdité confondante de cette salade supposée appâter le pigeon m’ont bien diverti pendant quelques minutes… bon, attendons de pied ferme la prochaine vague de spammeurs invasifs et illégaux ; qui sait ? 85 % off ? à ce tarif, j’achète !

Tibert

Fiat lux de luxe

On peut le lire dans la livraison de ce jour du quotidien L’Hibernation : une abonnée EDF (comme quasiment nous tous) qui payait d’habitude 60 euros par mois s’est vue réclamer 88.242 euros. Et comme EDF est bonne fille, on lui a proposé de payer en 10 fois, on veut pas vous mettre sur la paille ma p’tite dame, mais faudrait voir à consommer plus raisonnablement. Cette pauvre femme qui a sûrement oublié de débrancher son fer à repasser, laissé le four allumé et la télé aussi, branché son aspirateur en même temps que son lave-linge etc… a tout de même eu le culot de protester, et voilà maintenant qu’elle attend des excuses (*) !

Mais comment a-t-elle fait, bon sang ?  88.242 euros… soit, si l’on prend le kilowatt-heure à 13 centimes, c’est bien payé, environ 678.700 kwh. Sachant que le compteur de la petite dame doit plafonner – 60 euros mensuels, c’est un petit abonnement – grand maximum à 12 kw, donc 60 ampères, en faisant tourner à donf’ son compteur 24/24, 7/7,  ça donne 56.500 heures de fonctionnement chauffé à blanc.

Un rapide calcul nous indique alors que Mme LaDépensière a grillé du kilowatt-heure à fond les manettes pendant 2.354 jours, soit 78 mois, ou encore environ 6 ans et demi. Ben dis-donc ils sont un peu lents à la détente chez EDF, la facturation suit pas, attendre plus de 6 ans pour réclamer une facture…

Tibert

(*) il paraît que le formulaire administratif  « Lettre d’excuses » n’existe pas chez EDF  ? eh bien c’est l’occasion de le créer.

Ville-musées

On le sait, ça se dit volontiers dans les milieux bien introduits, les musées de Province sont ringards, pauvres, alignent trois croûtes miteuses et poussiéreuses sur leurs murs. Il n’est de musée que de Paris, très chère. Certes… mais voilà que le Monde, oui, Le Monde, le journal, se plaint que  (c’est le titre de l’article) « les musées de la capitale [ soient ] déconnectés de la vie parisienne » !   Et de se poser – et nous poser – gravement la question « Les musées de la ville de Paris sont-ils adaptés au mode de vie des Parisiens ?  » ah ah… horaires de rombières provinciales – 17 heures : « on feeerme !  »  – , pas de nocturnes sauf par ci par là de temps en temps, sans oublier les grè-grèves chroniques.

Notons toutefois qu’il est un domaine où les musées parisiens se montrent très très parisiens : on y fait la queue tout à loisir !! activité typiquement parigote de la queue : la queue chez le boulanger à 11h 45 – il n’est pas parisien du tout d’aller chercher sa baguette avant 11 heures – , la queue devant le distributeur de billets, devant le cinéma, la queue pour aller s’asseoir dans un resto, la queue pour sortir du métro, la queue aux guichets des musées, avant de se retrouver à une trentaine entassés devant chacun des objets exposés.

Disons-le : Paris monopolise abusivement les musées et leur contenu, au mépris de tout équilibre territorial. Chaque nouveau musée – les Arts Primitifs, la future Maison de l’Histoire – se doit, selon nos Maîtres, d’être situé à Paris ; pas à Lyon, ni à Grenoble, encore moins à Bordeaux, à Rennes… non, bien évidemment à Paris ! On peut certes déplorer que certains musées ne puissent tout simplement pas être parisiens ; par exemple, tenez, ce plouc d’Arthur (Rimbaud) a eu la mauvaise idée de naître et vivre à Charleville-Mézière :  forcément, sa maison natale… à Charleville, eh oui, que voulez-vous.

Bref, pour prolonger l’article du Monde, qui a de bien grosses oeillères : les musées parisiens ne sont pas, de facto, destinés aux seuls Parisiens, mais aussi bien, puisqu’on les y force, aux Provinciaux. Eh oui, il est des Provinciaux qui prennent le train pour aller voir des expos à Paris, le croiriez-vous ? car, contrairement aux chanteurs populaires qui font la tournée des métropoles provinciales, les expos parisiennes, elles, ne se déplacent pas. Remarquez, ça permet de goûter aux délices du métro et des queues très parisiennes, et de se faire jeter des musées à 17h 12.

Tibert