Vous, et rien que vous

Il est de notoriété publique que la SNCF applique aujourd’hui pour ses billets de train une politique de prix hautement fantaisiste, délirante, aberrante… et favorisant injustement le TGV, comme si les pauvres clients des Corail, Theoz, Intercités, TER , et j’en passe, avaient le choix !

Mais bon, vous allez sur Internet, vous achetez un ou des billets SNCF (bon courage avec l’inénarrable site « Luna Park » de www.sncf.fr), vous vous les faites livrer par la Poste, ils sont à votre nom – pourquoi ? c’est abusif, mais bon… mais en fait ces billets sont utilisables par tout un chacun : il vous est possible, sur moult sites Internet, de revendre, acheter, échanger des billets, en principe nominatifs, mais pas trop. En fait, ils sont anonymes, ces billets, et c’est normal : pour acheter une tranche de steak, on ne vous demande pas votre identité… un passager de train, c’est un passager de train, c’est Anne Onyme ou Paul Personne.

Mais les avions ? ah évidemment, les avions… pas question !! trop facile, vous revendriez vos billets à n’importe qui… pas valable, pas correct, pas loyal vis à vis de votre compagnie aérienne chérie. Et pourquoi ? hein, pourquoi ? un avion, c’est un train sans rails et qui vole, pas plus. Alors, on vous taxe des assurances annulation, on vous coince à prendre des vols que vous ne pouvez pas prendre, vous perdez le fric de votre billet pour un empêchement X ou Y, bref : NOMINATIF ! le siège d’avion 17C est à vous, et rien que vous, madame Muche Paulette, monsieur Hochon Jules. Et contrôles d’identité, au pluriel, pour vérifier que Colette Duchemin n’a pas pris la place de Paulette Muche, ce qui serait gravissime !! pensez… l’aviation ne s’en remettrait pas !

Bon, on vous objecte aussi sec 2 arguments, le premier étant, bien évidemment, of course, la SECURITE !! Imaginez, vous achetez un billet Paris-Miami au nom de Paul Dupont, et vous revendez votre billet à Al Capone, qui s’est muni pour la circonstance d’un coupe-ongles parfaitement affûté : ciel ! (c’est le cas de le dire) ; inacceptable !! sauf qu’avec les passeports biométriques reliés aux bases de données des malfrats et terroristes, et les portiques de sécurité, monsieur Al Capone est bloqué aux divers contrôles (en chaussettes, sans ceinture, bientôt à poil), car il est sur les listes noires, et son dangereux coupe-ongles confisqué. Et, avouez-le, Al Capone voyage rarement sur les vols intérieurs français.

La deuxième objection,  c’est le fameux programme de fidélité : les « miles »… ils sont à vous, et rien qu’à vous. Bon, d’accord, on revend notre billet, on perd les miles… et alors ? on va pas en faire une jaunisse, un nervous breakdown… on perd nos miles, soit.

En fait, il n’existe aucune raison valable pour que les compagnies aériennes nous imposent des billets nominatifs… c’est juste pour s’en mettre un peu plus dans les poches. C’est parfaitement abusif, et probablement illégal. Mais c’est comme ça, hein, c’est comme ça, faut faire avec…

Tibert

Blé noir 2, le retour

Ce blog a des ratés, le flux jadis régulier des billets- tous plus ineptes les uns que les autres, certes – se tarit, de même que se tarissent les puits en cette chaude période de coups de soleil, de serviettes de bain et d’huile à bronzer. Je vous le dis tout net, j’envisage de mettre un placard « fermé en Août » sur la devanture de mon blog. Car, soyons clairs, c’est de l’actualité que se nourrit ma prose, et l’actualité, hein, le Tour de France, les plages… pas terrible.

Mais bref, foin de morosité, réjouissons-nous et marquons ce billet d’une pierre blanche, car le blé noir breton est de retour, c’est du moins Le Monde-sur-Toile qui nous l’annonce, et je ne résiste pas au plaisir de vous répercuter ce scoop, pas plus que je ne résiste au plaisir d’une galette de sarrazin bien dosée, bien cuite et luisante de beurre salé pas chipoté.

On apprend au passage que le « blé noir » de nos crêperies vient essentiellement de Chine, du Canada, de Pologne… la coiffe Bigouden de la serveuse, elle, vient évidemment d’Inde ou du Pakistan. Donc, vive le blé noir breton, et formulons le voeu que les porcheries industrielles qui fleurissent là-bas, défigurent le paysage et embaument le lisier cèdent la place à des entreprises agricoles moins connes – le porc, il y en a trop – plus agréables à l’oeil et moins polluantes.

Tenez, avant-hier, au supermarché du coin, les oignons… d’Argentine, qu’ils arrivaient. Et les tomates (fin Juillet, hein, pas en février) : de Hollande ! la Hollande, l’autre pays des tomates en plastique. C’est décidément très chouette, la mondialisation.

Tibert

Botanique et citoyenneté

Clin d’oeil à l’impertinent livre de monsieur François Vermorel : « La ferme aux professeurs – journal d’un stagiaire », le titre qui surplombe dangereusement mon texte – il faudrait étayer ça – ce titre traite, le traître, de la canneberge, une fois.

Qu’est-ce qu’il vient nous faire ch… avec ses plantes et simples ? vous dites-vous… il n’a pas d’autres sujets à traiter ? tiens, cette superbe photo du socialisme à la française , cette hilarante brochette de croque-morts, notables, députés-maires (cumuleurs de mandats électifs) socialistes coincés dans leur beau costume, et dont on suppose qu’ils assistent à un enterrement ? Dany le Vert et Olivier le postier trotsko ont des allures un peu moins coincées !

Ben non, botanique et citoyenneté, quasi un sujet de stage en IUFM : la canneberge, dis-je, alias atoca au Canada, « grande airelle rouge d’Amérique », s’appelle aussi chez les Rosbifs cranberry. « Cran », qui veut dire grue, et « berry » , la baie,  comme toutes les « berries »… presque toutes les baies, sauf le cassis et la baie des anges, se nomment en effet « berry » pour les anglophones.

Hier je faisais mes courses : je lis sur un emballage de jus de fruits « Nectar de cranberry et mûres »… ah… voyons voir, voyons voir… un emballage Gaulois, fabriqué en France, mais « cranberry » !  et pourquoi pas canneberge ? vous buvez du vin-blanc-blackcurrant, vous, quand vous vous enfilez un kir ?

Lisant des articles sur la Toile et sur la canneberge, je suis tombé sur Wikipedia, évidemment, incontournable Wikipedia… il y est dit  ceci : « En France, on nomme cette plante également grande airelle rouge d’Amérique du Nord. Cependant le terme anglais « cranberry » tend à s’imposer en France, du fait que l’industrie agroalimentaire et l’industrie cosmétique privilégient ce terme pour leurs produits ».

Disons donc leur merde – ou fuck you, s’ils aiment tant l’anglais – à l’industrie agro-alimentaire et à l’industrie cosmétique anglolâtres ! urinons-leur aux fesses ! la canneberge, c’est de la canneberge, et c’est bon pour la citoyenneté autant que pour ses propriétés anti-oxydantes.

Tibert

Hadopi-raté

… et Hadopi teux, hadopi toyable, etc. Que la très controversée loi Hadopi (anti-piratage sur la Toile) soit en partie retoquée par le Conseil Constitutionnel, laisse un répit aux télé-chargeurs enragés et sans scrupules (*) pour se faire des copies en toute impunité de toutes les nigleries disponibles, séries américaines clips films ziziques etc.  Avec les disques durs de 500 giga-octets et plus, ça fera de quoi passer les longues soirées d’hiver devant son écran à bouffer de la « culture » gratuite.

Reste que cette loi stupide tentait maladroitement et brutalement de répondre à une vraie question : de quoi vit le type dont les oeuvres sont diffusées sur la Toile, quand le piratage le met sur la paille ?

Reste aussi un constat, de plus en plus évident : l’accès à la Toile devient – est, en fait – un droit fondamental de la personne humaine – j’esquisse une grimace, écrivant ça, car l’accès Internet, au fin fond de la cambrousse, ça laisse sérieusement à désirer ! Dans cette logique, si l’huissier de justice laisse une chaise, une table, un plumard au malheureux qu’on saisit, complétons la liste : ET l’accès Internet ! évidemment, s’il saisit l’ordinateur…

(*) pas moins de scrupules que les éditeurs de CD qui vendent leurs galettes argentées 2 à 3 fois le prix normal.

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PS : un peu de vulgarisation scientifique, allez, pour changer d’air : pourquoi les avions s’obstinent-ils à mesurer leur vitesse avec des « sondes Pitot », au lieu de se brancher tout bêtement sur un GPS, comme tout le monde ? hein ? après le vol AF447, on se le demande bien… moi je contrôle ma vitesse, au passage d’un radar, avec mon GPS… un oeil sur la route, un sur le GPS, un sur le radar.

?? eh bien, ils n’en ont rien à cirer, les avions, de leur vitesse par rapport à la terre… leur fluide porteur, c’est l’air – et là haut c’est souvent venté – et la seule vitesse qui leur importe, c’est celle qu’ils perçoivent par rapport à l’air autour d’eux ! donc, tubes Pitot, eh oui, rustiques, et défaillants, parfois, surtout quand ils se bouchent !

Sur le pouce (du renforcement)

Comme la fête des mères approche à grands pas, les sollicitations pour des cadeaux tous plus stupides les uns que les autres pleuvent, dans les boîtes à lettres, sur la Toile, à la télé. Sur la Toile, au lieu des 5-6 spams habituels chaque jour, et toujours en anglais, on en est à 10-15 messages idiots, dangereux, sournois, en anglais toujours. Ca tourne généralement autour du fric, étonnant, non ?

Ces jours-ci, on me propose ainsi des réductions de 80 % sur le Viagra !! pas moins. On peut supposer,

1) que la firme Pfizer opère des déstockages massifs de ce produit, dans l’attente d’une nouvelle molécule plus érectrice… mais ça se saurait, on aurait déjà acheté des actions Pfizer,

2) que ce sont des palettes de ce médicament qui sont vendues « tombées du camion », à vil prix donc,

3) que c’est du plâtre moulé en comprimés et peint en bleu, aussi érecteur que la focalisation mentale sur une bordure de trottoir.

Mais de gros progrès sont maintenant perceptibles dans ces messages débiles : ce matin c’est en français qu’on me proposait de disposer, sous 2 mois, d’une rallonge d’environ 13 cm, pas moins ! de quoi honorer dignement la fête des mères, vous en conviendrez, du moins celle de l’an prochain, puisque le traitement dure 2 mois… mais sur la plage, cet été, ça devrait pouvoir fonctionner ?

Le titre du message était ainsi libellé : »Re : 2 mois. et 5 pouces du renforcement« . Texto. Je ferai remarquer que la norme internationale en matière de longueur de bites est et reste le mètre, pas le pouce, et vaut aussi pour les USA ; aussi loin que je me souvienne des concours de zizis, c’était en centimètres que ça se jouait, on n’a jamais utilisé nos pouces pour départager les concurrents ( un double décimètre suffisait). Et on appréciera les « pouces du renforcement »… à propos de renforcement, peut-être qu’avec une équerre et une entretoise ça serait encore plus solide ?

Bref, tenons-nous en aux colliers de nouilles peintes et aux boîtes de camembert revêtues de papier alu, valeurs sûres de cette belle fête.

Je change de sujet : on me signale un remarquable indicateur, un thermomètre fiable de la reprise économique tant attendue, le signe sûr qui annoncera ou pas la sortie de crise, puisque, nous le savons tous, nous subissons une crise économique. Pas le prix du baril de pétrole, qui continue de varier au gré des tentatives de spéculation- les vautours sont toujours là – pas le nombre de bagnoles achetées, pas le cours du Napoléon… non, les tarifs des putes Lettones. Si, si, c’est très sérieux. Vous pourrez vérifier sur ce site en anglais.

Mauvaises nouvelles, d’ailleurs, pour la reprise : les pipes et les passes des putes Lettones sont toujours à un prix d’ami. Planifiez donc une virée à Riga en attendant la reprise.

Tibert

Repu de vresse

Ce frais matin, tout plein de neuves nouvelles, trop plein d’informations, tendancieuses bien entendu, à lire, toutes, avec des lunettes filtrantes !

Le présumé initiateur des sabotages de caténaires : on a fouillé la bibliothèque de Tarnac où il crêchait avec ses copains… c’est Libé qui l’annonce, et conclut : « Finalement, point de petit manuel du parfait saboteur de TGV. Mais une collection de brochures et de textes disponibles sur Internet ou en librairie« . Oui, sussure Libé, vous monsieur, vous madame, vous pourriez vous faire reprocher vos lectures, voire passer un sale quart d’heure, tout le monde possède des livres séditieux, de Lafargue à la Comtesse de Ségur. En revanche, aucun livre séditieux ne dit de quelle heure à quelle heure le 25.000 volt est coupé sur les caténaires.

Les prix des grandes marques auraient baissé, paraît-il, en un an, de 0,39 %, allez, soyons fous, 0,4 %, soit 4 pour 1000 : sur un paquet de pâtes « Rabilla » (grande marque s’il en est ! ) à 3 euros, je vais économiser 1,2 centimes, on arrondit à 1 centime, soit 2,99 euros : mais voilà !!! c’est donc pour ça que tous les prix sont à « virgule 99 » !! Sauf que depuis l’arrivée de l’euro les prix ont augmenté en gros de 35 à 40 %, on a encore du temps devant nous avant de retrouver les prix en Francs divisés par 6,55957. Et puis des produits « grande marques », il y a longtemps que je n’en achète plus, je fais mes courses à Lideule ou Lideur-Praïsse, le casse-coûts du coin.

Les « Conti » se fâchent : fâchés, donc, que le tribunal de Compiègne les déboute dans leur demande de suspension de fermeture de leur usine, les salariés de Continental-Clairoix ont saccagé la sous-préfecture de la ville. Très vilain, ça, pas bien du tout. Il faut savoir souffrir en silence, cacher sa peine. Et voilà que maintenant les salariés de l’industrie se mettent à imiter les agriculteurs ! mais sans discernement, « petit bras », pourrait-on dire : à voir les photos, ça a nettement moins de gueule que l’incendie du Parlement de Bretagne, à Rennes.

Pas trop Friendly, le 75

J’étais frappé, hier, lisant la presse et paressant devant les infos nationales à la télé, de la convergence des analyses et des commentaires à propos des nouvelles plaques d’immatriculation automobiles. Plusieurs fois on est revenu sur la question « quel département allez-vous afficher à droite de la plaque ? » ; plusieurs fois on a entendu cela : « surtout pas 75 » (c’est mauvais, on se fait emmerder, c’est mal vu…). Alors, les Parigots, aucune authenticité, honteux d’être Parigots ? vous qui brocardez pourtant si facilement la Province et ses ploucs… poussez votre logique, honteux du 75, allez donc vivre ailleurs, il reste des endroits vivables – chez les ploucs, hélas.

Et encore la bagnole : Heuliez, célèbre et emblèmatique entreprise des Deux-Chèvres, « mise sur les véhicules électriques pour son sauvetage. » Donc il aura fallu la dernière extrêmité, le fond du désespoir, la détresse totale, pour envisager de se tourner vers les véhicules électriques ? c’est si atroce que ça ? soi-disant ce serait pourtant l’avenir ? du moins c’est c’est ce qu’on nous raconte… l’avenir façon pub’ de barbier : « demain on rase gratis« .

Et devinez comment elle va s’appeler, la bagnole électrique de monsieur Heuliez ? « Friendly« . Pas « L’Amicale », « la copine », « Ma pote » ; non ! du Rosbif, forcément, sinon, électrique, française, construite par une boîte sous perfusion de l’Etat : aucune chance ! Heureusement, « Friendly », ça va fonctionner, c’est du Rosbif. Achetez vite une « Friendly », ce sera une preuve d’amitié, et faites-la immatriculer 79 : les Deux-Chèvres.

Attention pièges

Une nouvelle et intéressante initiative de Bruxelles, qui a de curieuses idées sur la défense des consommateurs… après, par exemple, l’autorisation de n’importe quelle graisse dans la fabrication du chocolat et le rosé du 21ème siècle par mélange de vins rouge et blanc, après de multiples tentatives – restées vaines, heureusement pour nous – pour tuer le fromage qui a du goût, Bruxelles nous a préparé en douce, sans trop de pub’, et on les comprend, l’emballage « à la gueule du client », ou plutôt « aux bons soins des markéteux », les rois du  » virgule 99″ et des promos bidons.

Si vous achetiez votre beurre au quart ou au demi-kilo, eh bien vous allez le trouver, si ça se trouve, en paquets de 230, 372, 265 grammes, 493,99 grammes ou tout autre poids qui plaira au fabricant. Et pas que le beurre : tout plein de produits.

Il s’agirait, selon nos inventifs commissaires Bruxellois, et par un retournement subtil et dialectique, en permettant aux fabricants de faire comme bon leur semble, de défendre le consommateur !! si si.  Je vous engage, quitte à revenir ensuite lire la conclusion de mon billet – si ça vous dit – à consulter ci-après cet article instructif ; on en apprend d’édifiantes sur l’art et la manière de « biaiser » le consommateur.

Conclusion : puisqu’on ne pourra plus se fier aux étiquettes de prix, il faudra bien évidemment consulter avec attention le prix unitaire, prix qui, comme vous le constatez tous les jours, figure en minuscules caractères dans un coin des étiquettes. Ou bien emporter sa calculette, réviser ses règles de trois, un papier et un crayon, une loupe… il va y avoir du sport dans les rayons de nos supérettes. Merci Bruxelles, une fois !

"Les libraires tapis

… derrière leur comptoir attendent le client, moroses mais fiers. »

Cette phrase absconse, je vais avoir ici l’honneur et le plaisir de la commenter pour vous, cher lecteur.

[ Je ne dirai rien de la tuerie de Willenden en Allemagne, où un ado de 17 ans a fait 16 victimes violentes, en l’incluant dans le décompte. Je n’en dirai pas rien, mais juste ceci : comme toujours, ce sont des hommes, je veux dire des mâles, qui font ce genre d’horreurs. Merci aux femmes, ça adoucit un  peu ce monde de brutes.]

Donc, muni de mon ordinateur, je parcourais des yeux un blog de libraires, en ce beau matin lumineux de vendredi 13 (on s’en fout, la suite !! ) et je tombe sur un gars qui défend son bifteck, sous le titre « L’éternelle complainte du commerçant« . Ce libraire, donc, discute de la filière du livre, des marges des différents acteurs… ce qui me fait souvenir d’un épisode récent, rue Geoffroy-Saint-Hilaire à Paris (5ème) que je m’en vais vous conter ici, séance tenante.

Nous flânions donc, ma louloute et moi, sur le trottoir de cette rue, et avisons, devant la devanture d’une librairie, un étal de caisses de livres manifestement usagés, bref, de livres d’occasion. Bien rangés, avec le prix au crayon en haut de la page de garde.

Ma compagne et moi fourrageons – nous sommes des fous rageurs – et la voilà qui sort un bouquin ( « Le dieu des petits riens« , de Arundhati Roy), qui visiblement l’intéresse bigrement. Livre en assez bon état, mais pas trop… au prix de 10 euros (*). « Trop cher », dit-elle, et de remettre l’objet dans sa caisse, et de passer son chemin.

« Attends », lui lancé-je, « je vais voir si on peut l’avoir à moins, ça vaut le coup ». Armé du bouquin, j’entre précautionneusement dans la boutique, retenant mon souffle, non par émotion, mais parce que le libraire est en train de fumer un gros cigare, lâchant des nuages de fumée nauséabonde.

– « Ce livre, on peut l’avoir pour 7 euros ? »

(visiblement contrarié, derrière son écran de fumée) – « Je vends des livres, pas des tapis ! »

– « Mais pas de problème, c’est juste une proposition, c’est vous qui décidez, mais à 10 euros vous pouvez le garder. »

Et je sors, je remets le livre en place (je me fais engueuler car ce n’est pas le bon emplacement, paraît-il) et je m’en vais.

De retour chez nous, on a commandé ce livre sur la Toile ; chez « A-notre-zone » ils en avaient d’occasion autour de 5 euros. Il a certes fallu attendre 3 jours, mais on a tenu bon, on s’est occupés comme on a pu 😉

Moralité : il existe un marché du livre d’occasion, et tant mieux : lisons, lisons, c’est bon pour l’intellect. Que la Toile y joue un rôle, tant mieux aussi. Que certains libraires fassent comme si la Toile n’existait pas, tant pis pour eux. Ils ne vendent pas des tapis, soit ! noble objet que le livre. Noble métier que celui de libraire. Mais un livre (que ce soit Les pensées, de Blaise Pascal, ou une quelconque niglerie de chez Arleuquint), c’est aussi – et concrètement – du papier, de la colle, de l’encre, et basta. Et d’occasion, en plus !

(*) Contrairement aux markéteux débiles qui nous abreuvent de 9,99 ou de 14,99 ou de 39,95, les gens normalement constitués – et même les libraires fumeurs de cigares – proposent des chiffres suffisamment ronds.

TVA, réduction aux petits légumes

La France, cocorico, a obtenu, de haute lutte, le droit de baisser la TVA sur la restauration. Chic, vous dites-vous, on va pouvoir se payer de bonnes petites bouffes un peu plus souvent, ça va être moins cher chez Roger la Frite et chez Hipopote-à-mousse !

Grave erreur ! Premio, on n’a jamais vu que les restaurateurs aient répercuté la moindre baisse des produits alimentaires (le porc, par exemple). Pourquoi répercuteraient-ils la baisse de  TVA ? Moi je vais vous donner en avant-première et par avance tous les bons arguments qu’ils vont vous sortir pour justifier de s’en mettre un peu plus dans les poches :

– La restauration paye mal, on va pouvoir augmenter les salaires.

– Les effectifs sont justes justes, on va pouvoir embaucher.

– On ne vous a pas répercuté pleinement la hausse des matières premières (tu parles…), on va pouvoir se refaire un peu.

– On va pouvoir travailler un peu plus dans la qualité (traduisez : comme d’hab’, sauces en pots de 5 litres de chez Metro, micro-ondes et assemblage avec un cornichon en éventail et une feuille de salade).

– On va pouvoir investir, il y a longtemps que l’on galère avec du vieux matos.

Bref : TVA réduite, que du bonheur pour les cafetiers bistrotiers cuistots etc.

En revanche, baisser la TVA sur les ampoules à économie d’énergie, sur les produits écologiques, « verts » ? il n’en est pas question, ce ne serait pas pédagogique : comme la psychanalyse, il faut que ça coûte, sinon où serait la motivation ? je vous le demande.