Petit rappel de faits géographiques

Le prédicat – la nouvelle tarte à la crème des pédagos fous de l’Educ’Nat, qui va permettre de  passer à la trappe et en douceur le COD, le COI, la proposition subordonnée relative et j’en oublie, le prédicat est ici « très clair » (*), comme disent à tout bout de phrase nos politiciens :  « Make America great again » (rendre sa grandeur à l’Amérique) ; c’est ce que nous annonçait « Casque d’Or » hier lors de son investiture.

Quid de ce projet ? eh bien c’est totalement à côté de la plaque.  Car l’Amérique est un énorme continent, étranglé en son milieu, avec, au Nord de l’étranglement, le Canada (le plus vaste des pays américains), les Etats-Unis, le Mexique ; au milieu, le Guatemala, le Salvador, le Honduras, le Nicaragua, le Costa-Rica, Panama ; au dessous, le Venezuela, la Colombie, l’Equateur, le Brésil, le Guyana, le Surinam, le Pérou, la Bolivie, le Paraguay, l’Uruguay, l’Argentine, le Chili. Je continue avec les états iliens, Cuba, les Barbades, Saint-Domingue, Haïti, Trinidad-et-Tobago… et d’autres, je pourrais vous y ajouter des DOM-TOM divers et variés, Guyane française, Martinique, Guadeloupe etc… je m’arrête, ça suffit comme ça, comme a dit Goethe sur son lit de mort.

Que monsieur Trump emboîte le pas à tous ceux qui confondent abusivement les USA avec l’Amérique  – comme si pour désigner l’Allemagne on disait l’Europe ; on vous regarderait d’un drôle d’air … – c’est quasiment prévisible, normal, tant on tient communément pour quantité négligeable les nombreux pays qui partagent l’Amérique avec les USA. Mais c’est géographiquement, politiquement, humainement, économiquement, culturellement faux ! Monsieur Trump, je rectifie donc votre prose, avec votre permission : « rendre aux Etats-Unis leur grandeur« . Aux Etats-Unis et eux seuls, car je parie un paquet de cahuètes que vous vous contrefoutez de rendre, par exemple, au Chili ou au Mexique leur grandeur. Un bon mur, tiens, c’est ça qu’il leur faut, aux Mexicains, et « ten feet higher » si ça ne leur plaît pas, et qu’ils le payent.

Tibert

(*) On peut supposer que lorsqu’ils n’usent pas de cette annonce liminaire, ils sont beaucoup moins clairs, voire abscons.

Encore plus nuls que tout à l’heure

Un article du Monde me donne à mettre mon grain de sel, ou du grain à moudre, comme vous voulez, ou les deux – alors c’est du grain de sel à moudre. Ce canard, dans l’article référencé ici – oui ici ! – et dont auquel je vous cause,  se paye la margoulette de quelques ex-ministres « nuls en maths« . Bon, il épingle d’abord monsieur Montebourg car il n’arrive pas à compter jusqu’à quatre ; grand moment ! à mon humble avis il y aurait plus à tartiner sur les options programmatiques et le positionnement calculé au quart de poil – à gauche de la gauche libérale mais pas trop, un huitième de poil plus que Dugenou mais un chouïa moins que Schmolldu… c’est assez délicat à définir. Mais Le Monde poursuit, un coup à gauche, un coup à droite,  en flinguant monsieur Luc Chatel, ex-ministre de l’Educ’Nat’, qui s’est vu poser le problème suivant par un interviouveur de RMC, problème extrait du cahier d’évaluation des élèves de CM2, et soluble en principe par calcul mental.

10 objets identiques coûtent 22 euros. Combien coûtent 15 de ces objets ?

Je cite Le Monde: « Le même Luc Chatel qui préconisait de faire faire 15 à 20 minutes de calcul mental chaque jour aux élèves de primaire, a répondu 16,50 euros (au lieu de 33)« .

Wouahh le nul, s’exclame le journaleux hargneux. Sauf que, sauf que le problème est très mal posé. Je ne sais pas si  Luc Chatel l’aurait résolu à l’écoute d’un énoncé clair et précis, mais bon, au moins laissons-lui le bénéfice du doute  (ceci étant, je ne vois pas où il est allé pêcher ses seize euros cinquante !).

« 10 objets identiques coûtent 22 euros« …  chacun ? au total ? ce point essentiel n’est pas précisé. On nous dit qu’ils sont identiques, et alors ? on s’en tape, aucun intérêt : on cause du prix, pas de la tête des articles. Pourquoi auraient-ils des prix identiques, ces objets dits identiques ? eh bien c’est loin d’être une évidence. Moi la recharge de savon liquide « Le Petit Laton Raveur » de 20 cl parfum vanille je la trouve à 5,29 chez SuperMegaDiscount et à 4,95 chez CasiMono. On est chez le premier ou chez l’autre ? ce n’est pas dit… et, comme disait madame Aubry qui en connaît un rayon, « quand c’est flou y a un loup » !

Donc basta avec le loup, le floup 😉 et les énoncés de maths rédigés par des intérimaires en bâtiment : soyons précis. Et clairs, c’est pas plus cher.   « Soit une collection d’objets dans un magasin, tous affichés à un même prix.  Sachant que le prix total de dix de ces objets est de vingt-deux euros, calculer mentalement le prix total de quinze de ces mêmes objets. »

Et là, avec un énoncé clair et précis de chez Clairéprecy, je vous fiche mon billet que Luc Chatel aurait pas répondu une co… une ânerie. Ils sont pas si nuls, tout de même. Ils ont plein de défauts, ça c’est sûr, mais faut pas noircir le tableau.

Tibert, et huit font seize.

 

Lapsus de gauche et de gauche

Je lis les propos de madame Marie-Noëlle Lienemann (disons MNL, pour faire court), sénatrice PS version de gauche-gauche, et ma foi ils sont réjouissants. Il se trouve que monsieur Macron se lance ces temps-ci à faire des propositions, ébauchant l’esquisse de l’esquisse d’un programme, prudent… et bien entendu madame  MNL flingue, flingue forcément ce traître au parti de Normal-1er : « Macron est de droite et de droite », lance-t-elle, en écho au « ni de droite ni de gauche » du Macron en question.

Elle étoffe et poursuit sa diatribe anti-Macron… il se trouve que « Manu » Macron propose que les démissionnaires d’un boulot puissent bénéficier des indemnités de chômage (actuellement, nada ! il faut être licencié pour pouvoir profiter du chômage, et moult pseudo-licenciements du genre « on ne s’aime plus » sont en fait des démissions arrangées en ce sens). Je cite texto les propos de MNL :  » «Ce qui fait peur aux salariés, ce n’est pas de quitter leur emploi, mais d’en trouver !».

Voili voilà… donc selon MNL, ce qui fait plutôt peur au salarié, c’est de trouver du boulot !! Le RMI, pardon le RSA, les indemnités de chômage, les allocs diverses et variées, c’est tellement plus peinard. Allez, soyons sympas, disons qu’elle a fait un malheureux lapsus, madame MNL, mettons ça sur le compte de la fatigue. Elle est surmenée, madame Lienemann : vous pensez, le boulot au Sénat !

Tibert

PS : Et Leonard Cohen ? ce poète discret et classieux vient de nous tirer son feutre étriqué, et j’aurais cent fois préféré apprendre le décès d’un tas de pousseurs de chansonnettes franchement pas indispensables.  Il s’exprimait en anglais, Leonard, certes, mais lui articulait sans gesticuler connement, et ne poussait pas des fadaises ineptes en yaourt. Allez, sobrement :  So long, Leonard, we miss you.

Bob, Leonard, Georges et les autres

Il semblerait que Bob « Zimmerman » Dylan, après une phase de stupeur silencieuse, d’état de choc (« Fuck ! good Lord ! they nobelized me !« ) , ait recollé à la réalité : le voilà nobélisé « littérature », ce type qui s’obstine à chanter  à soixante-quinze ans, et, oui, il ira si possible à Stockholm, et pourquoi pas costumé en pingouin pour le traditionnel dîner des fracs de pingouins et des décolletés pigeonnants. Notons au passage que si les chanteurs à textes des années 50-80 arrêtaient de bosser assez tôt, soit que la Camarde les réduise au silence – Brassens, 60 ans, Gainsbourg, 62 – soit que, comme disait Goethe avant de mourir, « ça suffit comme ça » pour eux ou pour le public, ceux de nos débuts du XXI ème se montrent d’une longévité remarquable. Songez que Leonard Cohen va sur ses 83 ans, huit de « mieux » que Bob ; je vous épargnerai Aznavour (92), qui écrit et compose, certes, mais ne joue pas dans la même cour…  et Johnny (73) ? ah oui, Johnny… passons. Les membres du jury Nobel ont quand même le sens du ridicule.

Comme l’affirmait à Guy Béart un Gainsbarre sérieusement humecté au pastis, la chanson est peut-être un « art mineur », et ce n’est probablement pas pour ses musiques que Bob D. a été distingué, ni d’ailleurs pour son canotier blanc en peau de zébu. Mais c’est dommage, c’est castrateur : dans les textes des chansons à texte, il y a de la musique, et autour, et derrière, sinon ça ne fonctionne pas bien. Tenez, lisez (écoutez) :

« Hey, Mr Tambourine Man, play a song for me
I’m not sleepy and there is no place I’m going to
Hey, Mr Tambourine Man, play a song for me
In the jingle jangle morning, I’ll come following you »

Vous lisez ça, c’est orphelin de sa musique… c’est un irish coffee sans gnôle… un beurre blanc sans échalote. Les Nobel, vous devez faire un truc, là : lancez un prix de la chanson, texte et musique. Et tâchez de nous dégotter autre chose que les infâmes soupes de l’Eurovision, Conchita Saucisse et consort(e)s.

Tenez, un autre exemple, celle-là, que j’aime beaucoup :

« Trois petites notes de musique
Qui vous font la nique
Du fond des souvenirs
Lèvent un cruel rideau de scène
Sur mille et une peines
Qui n’veulent pas mourir.
.

C’est une valse ! une valse, nom de nom ! un beau texte aussi, bien sûr, mais Alida Valli et Georges Wilson dansent  pudiquement là-dessus, tendres et attentifs l’un à l’autre, et c’est la superbe voix de Cora Vaucaire, tout ça va z’avec, et c’est comme ça que c’est beau.

Tibert

PS – encore un PS !! pfffft… Mais celui-là vaut le coup. Tenez, monsieur Cazeneuve (et sa collègue du Logement, à l’unisson) : Meuhhh nooon, les « junglistes » de Calais ne sont pas venus à Paris, enfin ! quelle idée saugrenue ! Et à côté : « « Selon les associations qui font des maraudes ici, même si tout décompte est très compliqué, on est passé d’environ 1 500 migrants à 2 200 en quelques jours ». Comme quoi les Calaisiens, peut-être enfin moins sous pression, ont partiellement refilé le mistigri aux Parigots, qui vont pouvoir apprécier la situation. Il est juste dommage que la station de métro Stalingrad ne soit pas voisine du Faubourg Saint-Honoré.

 

Perles de Culture

Je me suis amusé ce matin à comparer les titres du Monde et du Parisien : monsieur Sarkozy était passé sur le gril -avec un seul L – à la télé sur la 2 de Pujadas hier soir.

Le Monde : « Bygmalion, terrorisme, immigration : les erreurs de Nicolas Sarkozy« .

Le Parigot : « Sécurité, Bygmalion, mariage pour tous : ce qu’il faut retenir de Sarkozy sur France 2« .

Comme ça vous saurez quel canard lire, selon que vous adulez ou détestez l’ex-président.

Mais ce n’est pas pour ça, les « perles de Culture » : je lis dans le Figues-Machin que la Cour des Comptes, décidément belliqueuse, cherche encore des poux dans la tête à des entreprises-phares de notre magnifique culture. Après l’INA et sa présidente qui ne savait pas conduire, après les lambris de la Maison de la Radio, voilà-t-y pas que l’Opéra de Paris se fait épingler : des notes de 100.000 euros de taxis en 2013 et 2014 ; cette même année, 52.000 euros de « frais de bouche » (gueuletons aux frais du contribuable) pour quatre heureux cadres-sup’ qui y ont droit, soit une moyenne de 13.000 euros chacun ; disons 10 mois de présence, ça fait 1.300 euros par mois, et effectivement ça permet de commander par ci-par là des filets de rouget sur lit de tagliatelle à la truffe blanche, arrosés de Puligny-Montrachet, pour le rayonnement de notre cuisine – pardon, de notre culture, mais c’est tout comme.

Mes amis, vous lirez avec profit l’article en question du Figue-Trucmuche, même si ce canard n’est pas votre tasse de Darjeeling, ce que je peux comprendre. Vous réaliserez ainsi l’utilité de l’effort financier qui vous  est demandé, pour que rayonne ce joyau de la Culture françouaise. l’Opéra parisien, ses frais de bouche, ses notes de taxis et ses charges salariales incontrôlables.

Tibert, steak haché-purée-Père Julien.

Deux trois idées et puis voilà

Sur fond de burkini communautariste et militant et de médailles zoolympiques espérées, attendues, quasiment obligatoires, la France essaye de fonctionner, avec les moyens du bord, au ralenti, en cet arrière-15 Août – fête surréaliste au pays de la laïcité républicaine ! songez que c’est juste depuis 1950, soixante-six ans donc,  que les Cathos considèrent la Dormition de la vierge Marie comme un dogme :  » Nous prononçons, déclarons et  définissons [« nous » : c’est le papam qui s’exprime, là, et il ne peut pas se gourer, NDLR] comme un dogme divinement révélé que l’Immaculée Mère de Dieu, la Vierge Marie, après avoir achevé le cours de sa vie terrestre, fut élevée corps et âme à la gloire céleste« . L’âme, bon, ça ne mange pas de pain, ça peut passer, personne n’en a jamais vu la couleur ; mais le corps avec, ça c’est fort de café… donc inutile de chercher la tombe de Marie : si par hasard il y en avait une elle serait vide. Envolée, Marie, littéralement. Incroyable, non ?

Incroyable également, mais pas du tout miraculeux : il est impossible d’acheter des tickets de parking « longue durée » dans certaines gares SNCF. La moderne société EFFIA, gestionnaire entre autres du parking-gare de Vichy dans le Zéro-Trois, premio ne permet pas jusqu’à présent d’acheter ses tickets de parking par internet ; il faut, c’est moderne, les acheter à un guichet (*) ; deuxio l’unique préposée au guichet de Vichy étant en vacances, eh bien… vous ne pouvez pas acheter de tickets de parking. Heureusement, il reste les automates des barrières à l’entrée : tarif horaire exclusivement, si vous laissez votre bagnole quinze jours ça va douiller ! remarquez c’est bon pour eux…

Et puis tiens, j’ai lu hier que notre météoritique ex-ministre très éphémère de l’Educ’Nat’, Benoît Hamon, veut se présenter aux Primaires de la Gauche, pour faire Président l’an prochain. Y a pas de raison, pourquoi pas lui, zut quoi ? charismatique comme lui, ça le ferait, non ? en plus il a un programme…. 1) moins connement que les autres, lui il légaliserait la consommation de cannabis – enfin un peu de lucidité – 2) et puis il te foutrait en l’air la loi El-Khromri ( moi aussi je te la foutrais en l’air, cette usine à gaz acrobatiquement échafaudée et négociée, pour réécrire un Code du Travail deux fois moins épais, plus simple, plus clair, et surtout unique pour tous les salariés, de l’Etat ou pas) ; 3)  il instituerait un « revenu universel d’existence » pour ceux qui existent, c’est déjà assez dur d’exister, et puis qui ont vraiment des difficultés à travailler – et Dieu sait s’il y en a !

Ah oui, il faut aussi, selon lui, dépasser le débat sur le burkini, ça suffit comme ça de se focaliser sur l’identité ; clairement « la France a un problème avec l’Islam et les Musulmans« … confondant de lucidité. Lui il n’en a pas, de problème avec l’Islam ; l’Islam lui va bien : votez pour lui !

Tibert

(*) Payer en ligne, télécharger un code-barres sur son smart-faune, trouver sur place un automate distributeur de tickets à l’entrée du parking, c’est si compliqué que ça ? des tas de boîtes le font, en 2016.

A passer au hache-tagues

J’ai des remords… je constate qu’une fois de plus j’ai, pour mon désormais avant-dernier billet, appuyé sur le bouton de l’athéisme, ou à  tout le moins de l’agnosticisme. Vieux penchant naturel d’un blogueur navré de constater combien les croyances bizarres, fantaisistes et obscurantistes perdurent. On va causer d’autre chose, tiens, aujourd’hui on va taper, pour changer 😉 sur les journaleux qui n’aiment pas leur langue, baissent les bras, voire les ouvrent devant le Rosbif envahisseur. Je lis, tiens, ce matin, que le hashtag  #IslamHorsDEurope est repris en masse sur Touïtteur, non pour le populariser d’ailleurs mais pour l’éreinter…

Qu’est-ce qu’un hashtag ? techniquement dans les messages Touïtteur c’est une suite de caractères débutée par un presque-dièse : #, et ça définit un mot-clé qui permet de regrouper ou sélectionner les touïtts… vieille technique bien connue des rédacteurs de papiers universitaires, et que j’utilise aussi, tiens… ici sur ce blog ça se nomme une « étiquette ». Voilà, c’est tout con, c’est une étiquette, et le # une balise qui débute cette étiquette, ce mot-clé.

Et pourquoi « mot-clé », ça ne ferait pas l’affaire ? parce que ce n’est pas de l’anglais, donc pour les journaleux ça ne vaut pas. Voilà où on en est. Notez bien, la longueur du terme n’est pas en cause : hashtag c’est sept caractères, mot-clé aussi, allez, huit si vous écrivez clef au lieu de clé. Alors, pourquoi ? c’est simplement que l’anglais c’est tellement mieux : on se tord la bouche, ce ne sont pas nos phonèmes, mais justement, c’est pour ça… bon, que les chroniqueurs anglomânes du Figaro-Mâdâme se pâment devant la langue de Boris Johnson, on sait, ils / elles sont indécrottables. Mais Le Monde, qui se veut paraît-il exigeant,donne dans les mêmes travers. On serait en droit d’espérer des canards soi-disant huppés quelque affection pour notre langue : il y a des « modérateurs » au Monde ? qu’ils modèrent donc les expressions étrangères inutiles, sinon putassières.

Tibert (#TibertLeChat)

BlackBlanc sans Beur ?

Monsieur Cantona – ex-footeux talentueux – qui accusait le sélectionneur des footeux français, monsieur Deschamps, de racisme (racisme anti-arabe, en fait) car notre équipe de foot nationale ne comporte quasiment pas de Maghrébin (*), excluant notamment les deux talentueux Benzema et Ben Arfa, monsieur Cantona, donc, a trouvé un relais, un écho, une alliée  au « Monde-sur-Toile ». Une journaleuse s’y emploie en effet à développer le thème suivant : décidément, « dans les banlieues populaires« , l’absence de ces deux footeux « ne passe toujours pas« . Lisez donc cet intéressant papier-  et les commentaires des lecteurs, qui valent le coup mais pour d’autres raisons – car c’est un modèle de défense et illustration, bref, d’apologie du communautarisme.

Citation : « ma génération est déçue qu’il n’y ait pas de reubeus des quartiers, des mecs qui nous ressemblent« , dit un reubeu des quartiers, justement. Notez le vocabulaire, « les quartiers » : les quartiers de noblesse ? les quartiers de viande ? non, comprenez : les quartiers de banlieues peuplées entre autres, voire majoritairement, de Français d’origine maghrébine. De Français, notez bien. L’auteur (l’auteure, si vous y tenez, allez…) de l’article parle des « banlieues populaires » : sachez donc que « populaire » = maghrébin. Donc tant pis pour les Français caucasiens, les Français noirs, les Français asiatiques, les… qui vivent, eux aussi, dans des banlieues populaires. Tant pis, tenez,  pour les Asiatiques : ils ne sont pas représentés dans la liste des vingt-trois footeux sélectionnés ; tant pis pour les Français d’origine italienne ou espagnole, ils n’y sont pas représentés non plus. Je pourrais continuer avec d’autres origines, migratoires ou sociologiques ou que sais-je…  mais aucun journaleux du Monde ne s’est fendu d’un article pour dire la tristesse des Français issus de l’immigration italienne ou espagnole ou vietnamienne, qui ne se reconnaîtraient pas dans cette équipe : eux ne rouspètent pas ! ou s’ils rouspètent ça ne mérite pas que « Le Monde » y consacre un article.

Alors qu’est-ce qu’il dit, cet article ? il dit bien clairement que le communautarisme sévit en France – et dans un groupe ethnique bien précis. Mais il le dit d’une façon détestable, parce qu’il le justifie. Venant d’un canard supposé avoir quelque hauteur d’analyse comme « Le Monde », c’est tout simplement injustifiable.

Tibert

(*) A ma connaissance, Adil Rami, qui joue dans l’équipe de France actuelle, a la double nationalité française et marocaine. Alors ? ça ne compte pas ? ce n’est pas un « reubeu des quartiers » ? et puis quand bien même ? c’est une équipe de foot, pas un patchwork.

Anatole France habite à Manhattan

Malgré le foot omniprésent, malgré ses mètres-cubes de bière et ses hooligans débiles et violents, malgré les pétages de plomb de quelques leaders syndicaux que l’éventuelle future Loi Travail « spécial secteur privé » empêche de dormir, malgré les grèves à répétition de « certaines catégories de personnels » contre la même Loi Travail qui justement ne les concerne pas, malgré les assassinats islamistes artisanaux – fin de mon anaphore,  virgule – on passe le Bac’ en France en ce moment.

Oh mais c’est que c’est dur ! et ça rouspète sur les « réseaux sociaux ». Il fut une époque où les réseaux sociaux n’existaient pas, et ça ne rouspétait pas, ou si peu. Par ci par là, rarement, localement, des pétitions, des protestations, mais dans l’ensemble on fermait sa gueule, on potassait son programme, on serrait les fesses et on attendait les résultats. Il est vrai que les taux de succès ne dépassaient pas 70 % en 1970, contre 91 % maintenant. Vous vous rendez compte ? seulement 9 % de mauvais élèves en 2015, et les profs se plaignent !  Mais s’ils réussissent en masse, s’ils sont savants comme jamais, nos bacheliers sont râleurs.

Tenez, au bac de français, option S : « «La question de l’homme dans les genres de l’argumentation, du XVIe siècle à nos jours», avec des extraits de Victor Hugo, Paul Eluard, Emile Zola, Anatole France. Qui c’est ce mec, là, Anatole France ? une station de tram, ouais, mais ?…(*)

Tenez encore, pour l’anglais, une pétition circule pour qu’on retire un texte du bac, texte qui «relevait d’une certaine complexité au niveau du sujet et nécessitait d’une certaine culture». Sachez qu’on demandait de nommer – en anglais, of course – la ville où se situe le lieu nommé Manhattan, ce qui, vous l’admettrez, « nécessite une certaine culture ». Réaction d’une lycéenne : « J’ai perdu du temps à réfléchir si Manhattan était une ville, alors qu’on est censé parler anglais, pas connaître la géographie des États-Unis !« .  Si je suis sa logique, face à l’abominable et traditionnel problème de certificat d’études primaires, robinet qui coule et baignoire qui fuit, je m’insurge à juste titre : zut quoi, c’est n’importe quoi cet exam, on passe l’épreuve de maths, pas le CAP de plomberie !

Tibert

(*) A contrario, extasions-nous sur la vaste culture de ces potaches qui tutoient Hugo, Zola, Eluard. Il faut savoir positiver.

Jour de deuil culturel

Affligé, je suis. Pensez, Amir n’a fait que sixième au concours Eurovision. Caramba, encore raté ! pourtant il avait, au milieu d’un superbe texte en français, inclus un refrain en rosbif – peine perdue. Tenez, ce refrain, entrainant et tout et tout, avec sa traduction :

You-ou-ou-ou-ou ( toiiiiiiiiiiiiii)
You’re the one that’s making me strong (C’est toi qui me rends fort)
I’ll be looking, looking for (Je vais chercher, chercher)
You-ou-ou-ou-ou (toiiiiiiiiii)
Like the melody of my song (Comme la mélodie de ma chanson)

Beau, non ? tout ça en pure perte… quelle déconvenue. Vraiment, la culture française est en deuil.

E puis, à Verdun – « Verdun est une fête« , auraient pu écrire Roland Dorgelès, ou Romain Rolland, ou Ferdinand Céline s’ils avaient eu de l’humour- on devait commémorer les innombrables morts et la boucherie 14-18 par un concert de Rap ! le Rap c’est festif, la jeunesse adore, et puis la jeunesse n’a rien à apprendre de Verdun, elle s’en tape de Verdun du moment qu’il y a du Rap gratoche. La grosse vedette du concert, Black-M, ce n’est pas le maire de Verdun qui l’a choisie, il nie vigoureusement en être responsable, tenez, « « Cette proposition a été faite à la ville de Verdun. Ce n’est pas l’Elysée ou un ministre qui a lancé l’idée, mais ça vient de l’Etat. Puis la décision a été prise collégialement dans le comité interministériel Verdun 2016 en avril, avec la Mission du centenaire, l’Etat, le département et les collectivités. ». Donc ça vient de là-haut, ce judicieux choix.

Et c’est de là-haut que ça rouspète et vitupère, maintenant que le concert de Black-M est annulé, vu que Verdun, finalement non, c’est évident, ce n’est  pas encore la fête de la Musique, pas la même ambiance… la ministre de la Culture, le grand-chef Cambadélis, madame Taubira, monsieur Lang, monsieur Hamon… tous furieux : « un ordre moral nauséabond et décomplexé« . Pourtant, au delà de la polémique sur Black-M et ses textes controversés, un concert de Rap  à Verdun, je vais vous dire, c’est une vraie grosse faute de goût, c’est très très putassier (« la jeunesse aime ça ! »), c’est chanter « Viens Poupoule » au milieu d’un enterrement, c’est un gros prout sonore et nauséabond au milieu de la Mort de Didon, de Purcell (*).

Bref des deux côtés on se bouche le nez.

Tibert

(*) je sais, je me répète, je l’ai déjà citée, la Mort de Didon, mais c’est tellement beau !