L’itinérance rance

Je suis en Espagne, arrivé avec la canicule et quelques jours après la fin des frais de roaming en Europe – en français : des frais d’itinérance… ma louloute a justement un forfait assez sobre (2 heures de communications, et 1 giga-octets de données) chez un opérateur dont le sigle de 3 lettres commence comme Sierra. Et, pas de pot, il n’y a pas d’internet là où nous résidons, un petit trou peinard et verdoyant dans les Asturies, Asturias. Du cidre omniprésent et redoutable, ça oui, des clôtures et des murs et des chiens de garde partout, mais pas d’internet à la maison… mais un réseau téléphonique mobile 3G qui « passe » bien, c’est toujours ça. On fera de l’internet mobile, pensons-nous, pas de problème… vive donc l’Europe et la fin des frais d’itinérance.

Il y a déjà sur les paramètres du mobile « Autoriser l’accès aux données« , et là, grande nouveauté, on coche aussi, tout ému, « Autoriser l’itinérance des données » : comme au bon vieux temps le mobile nous met en garde « Attention ! ça peut coûter cher ! vous êtes sûr ?  » Oui oui, on confirme. Et, donc, accès internet par la 3G, allons-y Alonso…
Eh bien non ! que nibe ! « Vous êtes déconnecté« , dit obstinément le NIC, le Navigateur Internet Chromé. Comment se fait-ce ? déconnecté ? avec l’itinérance ? C’est que ce n’est tout simplement pas possible : notre opérateur chéri nous avise opportunément par SMS que «  l’accès internet en itinérance n’est pas possible avec la 3G / 3G+« . On est donc marrons.

Avec la 4G on n’a pas essayé, il n’y en a  pas dans notre coin ; mais si ça se trouve S.. avait déjà son petit message SMS tout prêt pour le cas-où : « Pas d’itinérance avec la 4G« , des fois que l’envie saugrenue nous aurait pris d’itinérer en internet sur le réseau mobile 4G espagnol. Bref, résumons : il n’y a plus de frais d’itinérance, et pour cause : il n’y en a plus, d’itinérance ! on dit merci qui ? merci l’Europe, et merci à notre opérateur télécom, qui a su affronter astucieusement cette délicate évolution sans y raboter le moins du monde ses profits. Nous vivons une époque moderne, comme on dit.

Tibert

PS1 – Moi en revanche j’ai pu sans problème itinérer au même endroit sur la 3G espagnole avec mon mobile à moi et mon minuscule forfait minimal chez F… car j’y avais droit, merci F… c’est sympa. Hélas avec 25 méga-octets de plafond, le chargement du bulletin météo du lendemain a quasiment épuisé le quota.

PS2 – Je lis ce truc dans Le Parigot : « Une blogueuse alsacienne décède après l’explosion d’un siphon à chantilly« . Avec la photo d’une jeune nana blonde et souriante en soutif bleu… si ç’avait été une « basketteuse auvergnate« , une « cruciverbiste picarde« , avouez, ça n’aurait pas eu la même gueule. Vous imaginez, mourir de l’explosion d’un siphon à chantilly, quand on est blogueuse, et Alsacienne ? le top.

De la plomberie écologique

Aujourd’hui on change complètement de sujet. Quand monsieur Macron entreprendra, comme promis, de scalper jusqu’à l’os les retraités et les classes moyennes – double peine pour les retraités des classes moyennes – on reviendra à la politique.

Oui, j’ai depuis longtemps une idée lumineuse et toute bête que, par flemme de concourir, je n’ai pas présentée au concours Lépine (*). Les écolos de tout poil ont apparemment l’électro-encéphalogramme plat de ce côté-là, préférant enchérir très à gauche sur des thèmes sociétaux où ils n’ont rien à faire. Il s’agit de ne pas gaspiller l’eau.

Tout d’abord, vous avez déjà démonté un siphon de lavabo ou d’évier, bouché ? le pas de vis en plastique gris est coincé, ça force, les tuyauteries prennent du jeu, l’endroit est inaccessible… alors vous y balancez, lassé ou par crainte de mal vous en sortir, une grande rasade de soude quasi pure : un massacre ! alors qu’il suffirait de disposer de fonds de siphon (un siphon, font, font…) faciles à ouvrir : comme les bonnes vieilles bouteilles de limonade de notre enfance, avec leurs bouchons de faïence à bascule. On débouche d’un doigt, on rebouche très simplement, une fois le désordre réparé… évidemment les plombiers « c’est foutu faut tout changer » façon SOS-Plombard vont faire grise mine, on n’aura plus besoin d’eux.

 

 

Simple et génial, non ? mais poursuivons : si vous rincez une pêche, si vous lavez la salade, l’eau est ré-u-ti-li-sa-ble telle quelle ! eh oui… elle n’est pas polluée par du détergent, des graisses ou que sais-je ? Bref : vous avez sous votre évier un gros bac de 40 litres, et deux écoulements, avec un inverseur à votre choix : soit vers le siphon normal (eaux vraiment usées), soit vers votre gros bidon, ou une citerne idoine au sous-sol, ou toute autre réserve d’eau utilisable pour lessiver le carrelage, arroser le potager, laver la bagnole, etc. On peut perfectionner ce système rustique ; on fait des électro-vannes très chouettes de nos jours, et les éviers sont souvent électrifiés en Amérique du Nord, avec des broyeurs de déchets… pourquoi pas des électro-vannes ?

Voilà… ce que je fais là, ça s’appelle tirer les marrons du feu pour l’entrepreneur écolo et un peu démerde qui déposera les brevets et produira les éviers ou lavabos du troisième millénaire. S’il se reconnaît, qu’il me contacte, je prends 10 % sur les ventes.

Tibert

(*) Chaque fois que je passe devant les grands panneaux lumineux annonçant « La Belle Epine » dan le 9-2, je me demande comment ça se fait qu’aucun furtif artiste de rue n’ait eu l’idée de supprimer le E majuscule.

Si vous voulez des billes…

Eh oui, chers auditeurs, nous causions il y a peu des effectifs trop souvent excessifs, incontrôlés – et coûteux ! – des fonctionnaires des collectivités territoriales : disons qu’à effectif global inchangé – si vraiment c’est trop dur de faire la cure d’allègement nécessaire à la Fonction Publique Territoriale, si ce malheureux pays n’est pas modernisable – il y aurait salement intérêt à faire migrer ces bataillons de mains souvent oisives vers la fonction publique hospitalière, où là en revanche ça fait défaut… mais il y faudrait de la formation ! et tout gratte-papier municipal spécialiste chevronné de la photocopieuse, du congé de maladie et des looongues pauses-café n’est pas susceptible de devenir une compétente aide-soignante surmenée !

Bref, passons à autre chose : Le Parigot tartine sur l’affaire Ferrand – pugnace, Le Parigot ! aussi teigne que pour monsieur Fillon, et ma foi c’est assez équilibré dans la férocité journalistique – et j’y relève quelque approximation, tenez : « Par ailleurs, LR (Les Républicains, NDLR) veut savoir si les deux autres offres de location proposées étaient «réellement moins-disantes», comme l’affirme le ministre : Mme Doucen pouvait avoir eu préalablement connaissance des prix proposés par les deux autres propriétaires ayant répondu à l’appel d’offres « . Expliquons : madame Doucen est la compagne (non encore Pacsée, ça viendra trois ans plus tard) de monsieur Ferrand… elle aurait effectivement pu jeter discrètement un oeil aux offres concurrentes faites à la boîte dirigée par son compagnon – ça s’est vu ailleurs – et du coup savoir pile-poil à quel prix un peu mieux placé elle pouvait être sûre d’avoir l’affaire : en tant que « moins-disante », et « mieux-disante » itou. C’est là que Le Parigot est confus – ou c’est la citation des LR qui est erronée : on retient en général l’offre la « moins-disante » (la moins chère) ; on peut aussi justifier – par des considérations qualitatives souvent spécieuses – le choix d’une offre plus chère mais plus sexy, qualifiée alors de « mieux-disante ». Ici le ministre affirme que l’offre de la SCI de sa compagne était bien « la moins-disante ». Rappelons que cette SCI sera créée plus tard et enregistrée fin mars 2011, alors que la mutuelle de R. Ferrand a signé l’affaire en janvier de la même année… l’affaire, c’était un local acheté par R. Ferrand lui-même en décembre 2010 (*).

Résumons-nous : rien d’illégal, qu’ils disaient. Ouais, rmrhhhhmm… on verra ça peut-être un jour, si la Justice daigne y jeter un cil. Pour tout supplément d’informations, citons cette page Wiki qui (kikiki) ma foi me semble claire et assez complète sur ce sujet.

Tibert

(*) A la décharge du ministre, si effectivement le local en vue était l’affaire du siècle, si ça urgeait de le retenir, on peut comprendre qu’il l’ait acheté sur ses propres deniers, afin d’en faire profiter sa boîte… quelle vista ! quel esprit d’initiative ! gâché ensuite par un montage financier bizarre, curieux et pour tout dire clairement défavorable à la mutuelle au final.

 

Quand ça tire sur la pointeuse

J’ai entendu à la radio hier une histoire qu’elle est bonne, et qui apporte de l’eau à un moulin qui mouline l’enflure, le gâchis, le laxisme, la gabegie, la complaisance et les petits calculs électoralistes – tout ça ! –  dans les emplois de fonctionnaires territoriaux. Ne me faites pas écrire que c’est le cas partout et dans toutes les municipalités, régions, départements etc ; il y a des gens qui font correctement des boulots utiles – il y en a même qui aiment leur travail – et qui justifient leur salaire. Mais par ailleurs…

Mais, tenez, à Marseille, le SAMU-Social : c’est social, il s’agit d’un travail manifestement difficile, auprès de populations en difficulté ou en détresse, etc, quand bien même il semble que la misère serait moins pénible au soleil, si l’on en croit Charles Aznavour. Vive donc le SAMU Social, dont l’utilité n’est pas contestable. Mais sur quatre-vingt employés, une cinquantaine sont soupçonnés de participer à un double-vrai-faux système de pointage : je suis censé être là, j’ai pointé ou on a pointé pour moi ou toute autre manip similaire, mais en fait oui mais non je n’y suis pas : je suis à la pêche, je bulle, je bricole ou je joue aux boules. Les trente-cinq heures ? ouh là là elles sont loin d’y être.

Jetez donc un oeil à La vidéo de la page houèbe dont je vous ai causé : « Les salariés se défendent« . Un salarié qui se défend, ça donne des arguments de ce calibre :  1) la pointeuse ? quelle pointeuse ? où ça ? – 2) ça fait dix ans que ça dure, donc, hein, eh oh… – 3) évidemment que la hiérarchie était au courant, mais bien entendu non mais sans blague !

Pour achever le tableau, la municipalité dit avoir découvert l’embrouille en ouvrant le Canard Déplumé (*), et a porté plainte ; il y en aurait pour cinq millions d’euros de préjudice, ce qui est peu si ça dure depuis dix ans et pour autant de fraudeurs… ou alors ils sont mal payés ?

Vous me direz, ouais mais ça c’est juste à Marseille, Marseille c’est spécial… ah vous croyez ? permettez-moi de lever un sourcil sceptique.

Tibert

(*) Ce qui en dit long sur la rigueur de gestion de la ville. Dans le privé, il y aurait eu de l’élagage sérieux dans la hiérarchie.

Un petit mot vite fait, pour la route

Pas le temps pas le temps… trop à faire, et un programme long comme le bras. Il me semble cependant que le « système des dépouilles » états-unien n’a pas atteint pleinement nos rivages, du moins concernant la magistrature : aux USA le nouveau Chef en Chef vire tout le monde et installe ses équipes, ses copains, ses obligés ; ici le Parquet National Financier, le PNF – vous vous souvenez sûrement, c’était la vitesse de l’éclair – avait battu le record mondial de rapidité du démarrage d’enquête avec les « affaires Fillon » en janvier ; eh bien on n’a pas vu ses têtes se renouveler, on garde les mêmes. Et justement, il reste de marbre, le PNF, impavide, inerte face aux développements – ceux du jour sont assez croustillants –  sur les juteuses affaires du ménage Ferrand – légales, mais oui, pas de problème.

Bon, j’ai dit, j’ai pas le temps. Jetez-y un oeil tout de même, au lien du Parigot que je vous mets ici. Vous pourrez pas dire que Tibert y se décarcasse pas.

Tibert, pressé

Ils veulent nous brouiller l’écoute

J’étais alerté hier par une campagne de « 40 millions d’automobilistes » (je suis le numéro 12.456.357) concernant un projet assez curieux… et qui rame dans le sens inverse de l’Histoire. Paraboliquement, et en gros, ça ressemble à ça : vous disposez du gaz de ville ou de l’électricité pour cuire votre frichti ? ah non, désormais c’est interdit ;  c’est « pour votre sécurité », évidemment. La cuisinière à bois ! et rien d’autre.

Bref, si vous utilisez un assistant à la conduite – Coyote, Waze ou équivalent – vous allez devoir le mettre à la poubelle, car « face à la menace terroriste » ça gêne les forces de police et de gendarmerie – du moins, c’est l’argument qui nous est jeté en pâture. Il est clair qu’effectivement, si un kamikaze islamiste apprend d’un complice qu’un barrage de police inopiné est en place trois kilomètres plus loin, ça lui permet de prendre un chemin de traverse. Sauf que ni Coyote ni Waze ni No-Radaro désactivés n’empêcheront le complice de passer un SMS ou un appel téléphonique pour prévenir son terroriste de pote. Vous me direz, oui mais il est interdit de téléphoner au volant… certes, certes. Mais si le terroriste a un kit mains libres ? hein ? on l’a dans l’os.

Il est clair aussi que si un conducteur normal affronte à ses dépens une flaque de gasoil sur la route et manque, zzzzippp,  s’y foutre en l’air, désormais il ne pourra plus prévenir la communauté des automobilistes connectés. Tant pis pour eux, ils découvriront ça par eux-mêmes, re-zzzzippp.

Il est limpide enfin que la vraie raison de ce projet, cachée derrière le faux-nez de la sécurité, c’est que Coyote, Waze etc… font perdre des sous à l’Etat, et ça c’est trop triste. Les radars mobiles annoncés aux voisins, tout ça… vous réalisez ? Partons du principe évident (*) que les radars mobiles sont toujours placés en des endroits réputés dangereux, « accidentogènes »  😉

  • Si un conducteur non informé (via Coyote, Waze etc…) arrive en roulant trop vite, 1) il risque d’avoir un accident, voire de blesser d’autres automobilistes, 2) ou alors il se prend une prune – ou les deux !
  • S’il est prévenu du radar mobile, 1) il lève le pied et roule dès lors en sécurité, 2)  il échappe à la prune.

Qu’est-ce que vous préférez ? évidemment, vous préférez le second scénario, pas d’accident, pas de prune. Mais c’est très égoïste, ça ! car l’Etat n’y gagne rien, les gendarmes sont bredouilles (ils pourraient se consacrer à des tas de missions autrement utiles), bref c’est affreux.

Voilà où l’on en est. Et pour empêcher Coyote, Waze etc… de communiquer quand même – car ce projet va carrément dans le sens du rétro-pédalage technologique et sociétal – « ils » envisagent de brouiller localement les signaux, pour que les infos ne passent pas. D’où mon titre-contrepet…

Tibert

(*) Il n’y a évidemment aucun intérêt à placer un radar mobile dans une belle ligne droite sans danger mais grevée curieusement d’une limitation de vitesse inutilement basse et castratrice : personne ne ferait ça…

Y a aussi des perles, dans la purée

Robert V. (*), mon vieil ami de Montpellier – décidément pugnaces, les Montpelliérains ! – me fait remonter ceci : une page entière de l’hebdo local La Gazette avec un ééénôooorme  » 0 %  » en rouge : c’est le maire actuel, dissident PS, qui se fait sa pub. « Seule ville et métropole de France, 0% d’augmentation des taux d’imposition« .

Bravo, bravo, mais il demande à voir, Robert. Il me joint les chiffres sur ses taxes (foncière + habitation) de 2014, 2015, 2016. C’est une modeste maison de ville sans terrain extérieur, avec un garage.

Pour 2014, 4.805 €   ;   2015, 5.172 €   ;  2016, 5.220 €  ; 2017 ?

On pourrait détailler, mais bon, le cumul sur 2014-2016 donne : + 8,6  %. Pas anodin ! Donc, si le maire dit vrai, vu qu’il englobe 2017 dans son cocorico, il va y avoir une forte baisse pour fin 2017, afin d’obtenir au total un montant stable (celui de 2014) sur la période. Baisse qu’il est facile de calculer : soit X le montant pour 2017… hmmmmhbmmh… allons-y Alonso…  X = (4 x 4805) – 4805 – 5172 – 5220. Donc  X =  4.023 €.  Monsieur le maire, mon ami Robert attend donc des taxes locales pour 4.023 €, pas plus. Sinon, me dit-il, ce serait, mon cher Tibert, de la pub mensongère, non ?   Ouais… ça y ressemblerait. Wait and see, comme ils disent, je vous tiendrai au courant.

Autre : Le Parigot nous sort un clip de chansons – en anglais, façon « yaourt » :  paroles à peu près totalement incompréhensibles, et bien entendu non sous-titrées, tout le monde se fout apparemment de ce que brâme le chanteur (sur le clip, il se contorsionne beaucoup, ça doit aider à libérer le diaphragme et contrôler le souffle). Ce type, un jeune et avenant Belge à casquette, est interrogé sur son dernier album… il énonce ceci : « Mon album est un appel à la tolérance« .

Ah c’était donc ça ! on a tout de suite une meilleure idée du contenu de ses textes. Parce qu’avec ses borborygmes mâchonnés en anglais-yaourt, on n’avait pas perçu clairement (**). Ou alors  cette déclaration nous inviterait à nous montrer tolérants envers sa prestation ? indulgents serait plus précis. Allez, on va faire un effort, qu’il chante en paix – pourvu qu’il croise au large.

Tibert

(*) Pour des raisons de sécurité, les noms ont été changés.

(**) Quand l’autre Belge, là, Brel, chantait « … avec Frrrida la blonnnde... »  on comprenait clairement « avec Frida la blonde » ; ou bien Adamo : « … mmmais tombeuh la neigeuh… » : la neige tombe, d’accord. Mais les textes,  bof, les textes…

Clause toujours !

Je me suis bien diverti au dessin que vous pourrez voir sur cette page web, où deux ouvriers du BTP, sur un chantier du même métal (décor de grues, de fers à béton etc…) échangent ces phrases :

Philinte :  « Ce béton est à point : il serait avisé de ne point lanterner »

Cléonte : « Coulons-le sans délai ! ».

Eh oui, il s’agit de la clause Molière, qui stipule que tout travailleur étranger détaché en France doit maîtriser suffisamment notre langue – ce qui suppose donc que les échanges écrits et verbaux se font en français. On imagine donc les Roumains, Polonais etc… passer un exam’ de français avant de pouvoir bosser chez nous. Remarquez, ce n’est pas con : il me souvient d’un ami qui a récemment fait refaire son appartement parisien par une entreprise employant majoritairement des Polonais (c’était farpaitement légal, rassurez-vous, et il y avait dans le tas le légendaire plombier polonais cher à monsieur Bolkestein) : je l’ai trouvé un jour sur son chantier, cet ami, tentant péniblement, dans un allemand fort rustique, de dialoguer avec l’électricien pour lui expliquer le câblage des fils-pilotes des radiateurs. Bizarre, non ?

Je vous résume, et si vous en voulez plus, voyez ici  : « Imaginée par l’élu angoumoisin Vincent You, la Clause Molière est un dispositif qui, inséré dans les appels d’offres publics, rend obligatoire la langue française sur les chantiers pour des raisons de sécurité. Si les entreprises ne peuvent se plier à cette obligation, la clause leur impose d’embaucher un interprète assermenté par le tribunal. (…) La  Clause Molière a déjà reçu l’aval de la Fédération française du bâtiment… ». La Clause Molière est évidemment destinée à contrer les boîtes qui abusent des travailleurs étrangers détachés, surtout ceux dont le coût salarial est largement inférieur à ce qui est pratiqué en France. C’est encore, à mon humble avis, de ces règles pieuses, « en l’air », dont l’applicabilité n’a jamais été validée sur le terrain, inapplicables donc et qui ne le seront jamais – tout juste invoquées en cas de litiges. Des interprètes assermentés, et quoi encore ?

Mais il y a des cas où ça pourrait fonctionner : en effet des tas de Français travaillent en France avec le statut de travailleurs détachés ! par exemple, vous, Français, vous cherchez du boulot ? vous allez voir un recruteur, il se trouve qu’il est luxembourgeois, ou belge, ou… et il va vous embaucher dans une entreprise de son pays, avec les lois de son pays, et puis vous envoyer bosser chez vous en France. Molière est content, la Clause Molière tourne rond,  et c’est la société luxembourgeoise, belge… qui fait son beurre.

Clause Molière donc, pondue par un ou des ronds de cuir retranchés derrière leurs bureaux. Disons Clause Courteline, ce serait plus adapté.

Tibert

La Trabant made in Rust Belt

Je vous ai causé dans un vieux billet ancien de l’augmentation irrépressible de la longueur des shorts de nos footballeurs – du temps de Raymond Kopa ou de Roger Piantoni on pouvait apercevoir le slip, et plus si affinités quand ils levaient la jambe –  alors que bientôt on pourra serrer le short dans les chaussettes. Je ne vous cause même pas des basketteurs dans leurs chemises de nuit trop larges, et, tiens, des handballeurs qui font pareil : je voyais hier une vieille photo noir-et-blanc du handball des années 70, c’était aussi des shorts bien courts, pas comme maintenant, où l’on ne risque pas d’entrevoir la couleur d’un slip. Dame, c’est qu’on est devenus pudiques !

A cette époque les rois de la spécialité – maintenant ce sont les Français, cocorico ! – c’étaient les Roumains et les Allemands de l’Est. Ah la RDA ! ses athlètes improbables et imbattables, surtout les femmes, sa sécurité de l’emploi en béton : tous fonctionnaires, tous locataires… et ses Trabant ! la délicieuse Trabant, fumante odorante et pétaradante, rare aussi, et qu’il fallait savoir attendre des mois, des années, mais faite en autarcie et avec fierté, 100 % allemande de l’Est, de la DDR – mais non, pas la Date des Dernières Règles.

Bon, alors c’est la séquence nostalgie ? ben non, c’est le retour en boomerang. Tenez, prenez monsieur Trump, bien actuel, lui… eh bien il va refaire aux « States » la RDA, au socialisme près tout de même, grosse différence. Car il en a marre, monsieur Trump, de voir partout chez lui des bagnoles allemandes, coréennes, japonaises, et il va falloir désormais qu’on construise aux USA des autos états-uniennes, scrogneugneu, conçues par des ingénieurs autochtones, avec des techniques locales, de l’acier du coin, produit in the United States of America, et pourquoi pas dans les hauts-fourneaux renaissants de la « Rust Belt », ces vieilles cités industrieuses qui pourrissent lentement faute de boulot. On va donc sans doute revoir et l’on pourra  s’esbaudir devant ces trucs immenses, ces paquebots de la route pachydermiques et rutilants de chromes partout, les Cadillac et les Buick pleines de protubérances, les Studebaker en forme d’ailes de raie. Le repli sur soi trumpien – ou trumpesque ? – va permettre enfin de produire les Trabant états-uniennes voulues par Donald, et de faire un pied de nez nationaliste « America First » aux Merco, aux Audee, aux Béhèm et autres Totoyota. Avec le retour des bons gros vieux V8 culbutés sous les capots.

Il y aura même un grand mur, The Wall pour surpasser Die Mauer. Ajoutons-y l’amitié indéfectible avec la Russie… manquera plus que la barbichette de Walter Ulbricht, mais Casque D’Or a d’autres arguments pileux.

Tibert

En apnée

Je ne sais pas comment vous vivez ça, mais moi je vais vous dire : je fais le dos rond et j’attends avec flegme la suite  des  séquences « La merde au ventilateur« , saison IV. Ce qui ne changera pas mon point de vue sur la suite à donner. Je me bouche le nez, je m’applique à respirer au minimum, bref je me mets en apnée.

Qui a fourni au « Coin-coin entravé » de vieilles fiches de paye de madame Fillon ? (*) C’est une bonne question, avant d’en poser une autre : et si c’était vrai ? Si c’était vrai ces accusations comme quoi madame Fillon a eu des boulots vraiment bien payés et quasiment sans rien produire en échange ? eh bien je vais vous dire : je suis en apnée, je m’en tape.
Je m’en tape parce que TOUS les politiciens ( et les politiciennes ? elle y sont aussi, car la grammaire, qui est très bien faite et se fout du Politiquement Lourdingue, permet cette formule sobre et synthétique : « tous les politiciens » ) usent et abusent de nos deniers publics. La petite casserole récemment accrochée aux fesses de monsieur Macron – encore un ami qui lui veut du bien – en témoigne ; il aurait paraît-il dilapidé, dépensé fastueusement son budget de fonctionnement : légal mais pas beau, nous susurre-t-on.

Et les diamants giscardiens ? et les voyages achetés par la famille Chi-chi avec des valises de billets ? et les frais de coiffeur de Normal-1er ? et le cireur de godasses à domicile à l’Elysée pour un de ses conseillers ? et les bottines de monsieur Dumas ? et la maîtresse de « Tonton » et sa fille bichonnées par la République ?  et le remarquable mémoire rédigé par madame Tibéri pour une somme rondelette ? et le compte occulte en Suisse de tel ministre socialiste ? et cet autre ministre du même bord qui ne déclarait pas ses impôts ? et… je continue ?

Non, je vous dis : TOUS usent sans vergogne du fric et des facilités généreusement offerts par la République. Peut-être pas tous-tous, allez, mais presque. C’est humain… vous prendriez le métro, vous, glauque à souhait, avec des tags partout et les pieds des « jeunes » sur les banquettes, alors qu’on vous propose gratis une voiture de fonction avec chauffeur, grise les jours pairs et bleu-nuit les jours impairs, avec une cocarde au pare-brise pour narguer les contractuelles ? (**) Et puis, comparez : les locaux de la Chancellerie allemande ou du Prime Minister anglais, et l’Elysée, l’Hôtel de Lassay, le Palais ( sic) du Luxembourg, Matignon… comme un léger décalage dans l’opulence ! nos politiciens pètent dans la soie, ils aiment ça, et ça vous surprend ?

Donc résumons : si monsieur Fillon a abusé du juteux système – pour le moment ce ne sont que des présomptions, menées au grand galop il faut bien dire – eh bien tant pis, gageons qu’il a compris le message, qu’il fera pénitence et qu’il ne recommencera pas. Car si l’on ne retient pour la course à la Présidence que des politiciens blanc-bleu, qu’est-ce qui va nous rester ? il faudra déclarer la Présidence vacante, et personne pour recevoir fastueusement le Roi de Mésopotamie – et accessoirement remettre ce pays à l’endroit.

Tibert

(*) Qui aurait pu avoir accès à ces papiers ? des bons copains, sans doute.
(**) Une exception pour madame Taubira, que je salue, car elle prenait souvent son vélo. Mais avec deux gardes du corps, et il y avait des caméras pour filmer ça.